Chapitre 5
Le troupeau se déplaçait. Il était temps de partir. William, à l'arrière avec Napoléon, observait les paysages. Le Lac Blanc était un endroit magnifique.
-Yuki, sur la gauche ! Allez hop !
Le patou aboya furieusement pour rabattre les brebis. Et dire qu'un aussi gros chien pouvait tenir tête à un ours. Mais William savait qu'il ne ferait jamais le poids face au mastodonte aperçu la veille, qui mesurait peut-être plus de trois mètres de long ! Le jeune homme leva les yeux, avisant un oiseau de proie qui tournait en cercle. L'animal descendit jusqu'à fondre en piqué, remontant avec une marmotte entre les serres.
Il n'y avait plus de point d'attache pour l'âne qui fut laissé en liberté pendant quelques heures. William en profita pour parcourir une zone rocailleuse. Certains rochers arboraient de la mousse et des arbustes poussaient ça et là. Il finit par se retrouver plus loin qu'il ne l'aurait cru, ne sachant guère où il était.
-C'est une blague ?
Il soupira. Alors, au tournant d'une rocaille, le jeune homme tomba sur un ours occupé à déterrer des racines. L'animal tourna la tête et William recula de stupeur. La bête se dressa sur ses postérieurs et rugit, furieuse qu'on ose venir la déranger. Le jeune berger recula lentement sans gestes brusques. D'ordinaire, un ours s'en serait arrêté là, mais celui-ci semblait particulièrement irrascible. Toujours debout, l'ours fit un pas, puis un autre, rugissant en battant l'air de ses pattes. William accéléra sa marche arrière, se retrouvant bientôt coincé contre un rocher.
-Ok, là j'suis dans la merde !
Il ferma les yeux. Mais alors que l'ours allait le frapper, quelque chose le percuta violamment, l'envoyant rouler. William rouvrit les yeux. Le Roi des Montagnes ! L'ours se redressa et rugit, d'autant plus furieux que tout à l'heure. Nullement intimidé, la bête cornue secoua la tête et racla le sol de ses griffes. L'ours se cabra et exhiba ses crocs. L'imitant, son adversaire le surplomba, poussant un rugissement plus grave encore. De tout son poids, il s'écrasa sur l'animal brun qui s'effondra. Un bruit de craquement retenti, signe qu'il lui avait brisé les côtes. Le Roi des Montagnes recula et secoua la tête, grondant. Son adversaire s'en tirait à bon compte, pour cette fois. La créature pivota vers William qui était sidéré. Assis contre la roche, il était en état de choc, les yeux écarquillés. Le Roi des Montagnes s'approcha et vint le renifler. Un coup de langue suffit à ramener le jeune homme. Ebhété, il cligna des yeux. L'animal cornu émit une sorte de ronronnement grave et redressa la tête.
-Merci...
Son sauveur souffla.
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