Chapitre 1 : L'appât (Partie 3/3)

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Au cours de notre marche, mon client m’expliqua que les sous terrain dataient en partie de la Seconde Guerre mondiale puis furent prolongés au fil des décennies afin de couvrir l’ensemble de Marseille. Selon ses propos : la communauté LGB, oubliée des livres d’histoires, œuvra à protéger les siens grâce à son réseau de résistance qui, en ce temps, n’avait pas droit au chapitre.

Tantôt, j’avais l’impression que nous nous enfoncions sous Terre ; tantôt, il me semblait remonter vers la surface. À certains endroits, je pouvais humer l’odeur d’eau de mer exhalée des pans de murs friables. Plus j’avançais, plus mon angoisse grandissait. Savoir que je n’étais pas dernier de la file fut la seule chose qui ne me fit pas sombrer dans l’hystérie la plus folasse. Ma peur devait se sentir, car la demoiselle me posa une main sur l’épaule ; et, dans un murmure d’ogre, me dit :

— T’inquiète mon bichon, on y est presque.

Effectivement, nous parvînmes peu après dans un cul-de-sac dévoilant un ascenseur, du genre qu’on trouve généralement dans les buildings ou les hôtels de luxe.

Et pour y avoir réalisé quelques passes avec de riches homos refoulées (ne porte pas de jugement, car en certains cas la faim, comme la fin, justifie les moyens), je reconnus celui de l’Intercontinentale Marseille. Cela m’est arrivé une dizaine de fois, mais attention, jamais pour des clopinettes. Je tarifais 4000 euros la night, ce qui me permettait de ne pas renouveler l’expérience trop souvent. Ne t’imagine pas qu’il s’agissait de vieux libidineux. Les mecs inscrivant plus de 35 ans sur leur profil, sont mis au rebut de l’homosexualité. Pas qu’ils soient tous dégueulasses ; l’âge est juste un facteur psychologique. Même sans contrepartie j’en aurais fait mon casse-dalle. Mais ce genre de gars n’apprécient pas le refus, et sont prêts à tout pour obtenir un oui qui contenterait leur égo. Un peu à la manière de cet étrange client dont je ne connaissais pas encore le nom. Je sentais qu’il escomptait mes questions, mais je ne lui ferais pas le plaisir qu’il me pose ses réponses comme une faveur à ma personne.

L’ascenseur s’arrêta au 4e étage, celui des appartements haut de gamme.

— Les filles, rejoignez vos chambres !

Elles s’élancèrent en un déhanché à la Naomie Campbell qui me décrocha la mâchoire et les princesses nous délaissèrent. Il fut presque dommage que « Crazy in love » ne se joue pas en fond sonore tout au long de leurs défilés. Ces minutes de silence gênantes furent enfin brisées par Monsieur :

— En gros, j’attends que vous persuadiez le boss que la proposition du procureur n’aura aucun impact sur ma loyauté et que, quoi qu’il arrive, je ne parlerai pas.

Ces propos animèrent illico ma réflexion juridique. Il devait connaitre mon talent d’analyse, car malgré ma torpeur cérébrale, je devinais son air satisfait.

— OK ! Je suppose que l’on va vous arrêter sous peu, pour faire croire à votre non-coopération. De ce fait, les flics agiront assez vite pour ne laisser aucun doute planer quant à votre fidélité vis-à-vis du milieu. Mais en amont, vous avez déjà trahi. Sinon, à quoi bon flipper et donner deux millions à un avocat novice, encore hors du système judiciaire ? Sauf si vous aviez besoin d’une personne sur laquelle votre patron n’avait pas d’emprise.

— Christopher ne s’était pas trompé à votre sujet ! Vous avez l’esprit vif.

— Tu cherches juste à ne pas crever pendant ta garde à vue. Ton supérieur en taule, tu n’as plus qu’à récupérer le business et vendre des infos aux keufs. Qui est Christopher ?

— Pour l’instant, restons en là ! Si vous réussissez, vous en serez davantage.

— Deal !

Avant de rejoindre l’antre du boss, il envoya un message. De la porte au fond du couloir sortirent deux Mens in blacks sculpturaux à m’en faire baver de désir. Pourtant, je demeurais de marbre. Je flairai le regard du plus craquant s’éterniser sur mon petit cul, enserré dans un pantalon de costume slim.

Sans un mot, nous pénétrâmes la chambre d’hôtel. Étendu à la manière d’une sirène sur un magnifique canapé Napoléon III, remis au gout du jour, s’apercevait le plus charmant des travestis.

En dehors de sa pomme d’Adam proéminente, rien n’aurait laissé deviner que sous ses atours fleuris Versace se cachait un homme. Ses délicates jambes galbées teintées de soleil et s’achevant dans une paire de hauts talons Jimmy Choo m’hypnotisèrent. Comment un être pouvait-il éveiller autant de désir sans agir ?

Majestueuse, elle se leva. On sentait dans sa démarche raffiné qu’elle eût longuement été étudiée. Son interminable chevelure d’ébène parsemée de brins d’or brillait tant que la lueur des flammes de la cheminée s’y reflétait. À mon niveau, elle me tendit le dos de sa main, que de mes lèvres j’effleurais à peine.

— C’est le plus divin baise-main, que l’on m’ait fait !

Le cristallin de sa voix finit de m’envouter. J’adoptais mon timbre le plus suave :

— Milady. Nul ne m’avait préparé à rencontrer notre Reine.

— Installez-vous, Maître Chems. Vous savez j’entends jaser de vos performances sexuelles depuis quelques années, me feriez-vous jouir de vos délices.

Je lui lançais mon regard le plus coquin, quittais ma place pour la rejoindre. Ma bouche s’approcha de la sienne. Un bref instant je lui fit partager mon souffle pour, finalement, caresser ces lèvres des miennes. Ce simple contact lui procura un frisson de plaisir qu’elle ne put réprimer. Ses doigts cherchèrent mon érection, alors, je me dérobai pour retourner d’où j’arrivais. Échaudée, Milady eu besoin d’un moment pour rassasier ses hardeurs.

Lorsque j’emploie Reine pour parler de Milady, c’est au sens littéral. Je ne pense qu'il s’agit d’un truc mystique ou quoi, mais l’ensemble de la communauté porte allégeance d’instinct à la Reine des Gays et au Roi des Lesbiennes en leur présence. Ce qui advient à peu d’élus.

Tout ceci changeait la donne. Le regard insistant de mon client me fit prendre une décision radicale.

— Votre Altesse, pourriez-vous faire venir « The Blues Brother » ?

— À quelle fin ?

— Pour l’instant, je suis tenu au secret professionnel. Mais faites-moi confiance, il en va de votre sécurité.

Comprenant que j’entrais dans la phase des pourparlers, le bras droit redevint soudain charmant. Curieuse de ma requête, elle tapa des mains, les gardes du corps nous rallièrent.

J’accostais celui qui m’avait maté. Un ravissant blondinet a la croupe travaillée. Ses pectoraux saillant sous sa chemise blanche laissaient entrevoir ses tétons pointés. Je m’approchais délicatement de son oreille, tout en passant le doigt à l’arrière de son pantalon sous lequel il ne portait aucun sous-vêtement.

Alors que je lui révélais la traitrise de mon client, il sortit son arme et lui colla une balle entre les deux yeux.

Milady ébaucha un sourire.

— Tu as réussi ton test. Désormais, tu es mon avocat.

— Donc vous saviez ?

— Rien ne m’échappe. Mais j’avais bon espoir que tu m’accordes ta loyauté. Dans le cas contraire, l’hôtel aurait dû sacrifier deux magnifiques tapis.

Sa robe glissa le long de son corps chimérique ou le distinguo entre le mal et la femelle n’existait plus. Sa nudité exposée m’affriola, mais pas autant que les Mens In blacks.

— Peuvent-ils se joindre à nous ?

— Plus on est de fous, plus on jouit, Darling.

Ainsi ma carrière d'Avocat de la pègre s'entamais sur un meurtresuivit d'une partouze.

Tout ceci à t-il un rapport avec l'inconnu de Grindr... bien sur que oui car,

tout dans ma vie, depuis ma venus au monde, est en lien avec ce monstre.

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