"Tu es sûr que Trime va tomber dans le panneau ?" demanda une voix aigue depuis la salle de bain de Loïc et Tom.

"Mais oui, Maria, répondit Loïc. Je t'assure, il est tellement stupide qu'il n'y verra que du feu. Maintenant mets-toi bien dans ton rôle.

-J'adoooore les combats de chiens, montre-moi donc tes biceps, ironisa la voix aigue depuis l'autre côté de la porte. Ça te va ?

-Ne quitte plus ton rôle, répondit Loïc. Tu as bien mis les lunettes noires et la capuche ?

-Oui, et tout le reste."

La silhouette qui sortit de la salle de bains était habillée d'un ample sweat-shirt rouge, capuche rabattue, d'où s'échappaient de longues boucles brunes. Un visage carré, dissimulé en partie par de grosses lunettes noires, se cachait de son mieux dans l'ombre de la capuche. Un jean et une paire de baskets rouges complétait son attiral. Les deux poches avant du jean étaient gonflées.

"Tu emportes le coup-de-poing américain et le spray au poivre ? s'étonna Loïc.

-Oui.

-Bon."

Il ne protesta pas plus. C'était déjà un miracle que la personne qu'il escortait désormais vers l'ascenceur de la résidence étudiante ait accepté de l'aider.

Ils traversèrent le campus le plus naturellement possible.

"Je viens de repérer un débiteur de Trime, souffla Loïc à la personne qui l'accompagnait. Fais comme on a dit.

-Où est-ce que tu m'emmènes, Loïc ? demanda une voix haut-perchée. T'as dit que j'allais aimer mais ça m'a l'air un peu bizarre. En plus il va faire nuit, faut que je sois rentrée chez moi avant vingt-et-une heures ou ma coloc' va s'inquiéter."

Le débiteur de Trime les regarda avec des yeux ronds. Puis il s'approcha de Loïc et lui dit :

"On est bien d'accords que t'as déguisé ton frère Tom en Maria ?

-Oui, répondit Loïc.

-Mais son déguisement est pourri !

-Oui.

-Dis-moi que tu as un meilleur plan !

-Oui."

Le débiteur eut l'air rasuré, et lui dit :

"Entre toi et moi, je suis fier qu'au moins une personne tienne tête à Trime. Mais je suis très inquiet pour ma peau vu qu'il m'a demandé de vous surveiller pour voir si tu tenais parole. Tu peux me dire ce qu'est le reste du plan ?

-Oui, répondit Loïc. Mais je ne le dirai pas parce que je ne sais pas si tu ne vas pas me dénoncer à Trim.

-Ah. Bon, ben je vais me taire, alors, dit le débiteur.

-Bonne idée."

Loïc se tourna vers Tom, qui rajustait les deux sacs congélations pleins de chaussettes qu'ils avaient fixés à sa poitrine, et lui dit :

"Allez, Maria, en avant !"

Ils arrivèrent peu de temps après chez Trime. Deux chiens attendaient de s'affronter dans leurs cages.

"C'est où, ça ? demanda Tom d'une voix haut perchée.

-Chez un ami, répondit Loïc. EH ! TRIME !"

Trime se tourna vers eux, et, comme prévu, ne se rendit pas compte que Maria était Tom avec deux kilos de chaussettes et une perruque brune.

"Voilà ta petite copine, dit Loïc. Tu viens l'accueillir ?"

Le roi des abrutis sauta près d'eux - il était derrière un semblant de barrière, dans l' ''arène'' - et fut très surpris de recevoir successivement un jet de spray au poivre dans les yeux et un coup de coup-de-poing américain dans le menton. Il s'écroula - la dernière fois que Tom l'avait mis KO, c'était sans aide, mais là il avait préféré prendre ses précautions - et Loïc bondit en équilibre précaire sur la barrière, agitant les bras pour que tout le monde l'entende.

"Ohé ! Ce lieu est illégal et le reste avec. La police arrivera dans cinq minutes, je les ai appelés avant de venir. Vous avez trois cents secondes pour dégager. N'essayez pas d'aider Trime, de toute manière si il va en prison pour combats de chiens clandestins, vous n'aurez plus à le rembourser."

Le dernier argument emporta les hésitations des autres, et Tom et Loïc purent remettre Trime à la police - ce n'était pas du bluff - dix minutes plus tard.

Tom et Loïc rentrèrent chez eux sans problème. Tom ignorait, évidemment, que Loïc l'avait pris en photo quand il était déguisé en Maria. Si il refusait de s'intéresser à Sylvie, Loïc le ferait chanter... il n'aimait pas tant que ça jouer les entremetteurs, mais il aimerait beaucoup connaître la réaction de Maria si elle apprenait que Tom avait pour passe-temps de se déguiser en elle ! Sans le contexte, ce serait encore plus drôle !

FIN