100 - le souffle des saisons

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Le matin nous réveille sans bruits. Un rai de lumière bleue effleure nos joues. Nous sommes là, allongées, nues, entrelacées. Nos corps s’ajustent sans y penser. Maëlle respire doucement. Sa poitrine s’élève contre la mienne. Son lait perle pour moi. Je l’absorbe sans faim, avec gratitude. Le jardin nous appelle. Nous descendons sans parler, comme chaque jour. Les pieds nus, la terre tiède, les graines de Aurélie entre les doigts. Des semences rondes, vivantes, tremblantes d’avenir éternel. On les dépose dans la terre humide, comme on s’enlace, sans violence et sans efforts. La serre devient notre cathédrale. Les gouttelettes sur les vitres, la buée de nos corps. Des plantes lèchent l’air, vertes et tendres. On les arrose avec soin, à la main, à la bouche parfois. Une tomate éclate sous nos dents. Une fraise fond sur sa langue. Nous nous mangeons, nous nous goûtons, nous sommes ce que nous plantons dans les jours de printemps puis d’été qui passent. Les nuits aussi se ressemblent. Fraîches, elles nous ressemblent. Chaudes, elles nous rassemblent, aussi, autant. L’Ambassade Zéro Universelle ne nous appelle plus. Les missions s’éloignent dans un brouillard bienveillant. L’histoire continue sans nous et c’est très bien comme ça. Nous nous sommes mises en disponibilité comme on se met en disponibilité de soi-même, pour mieux appartenir à l’autre. Nos cheveux poussent, notre peau change, nos cycles se fondent. Je sens que mon état primaire touche à sa fin. Plus de soubresauts. Plus de pics. Un calme étrange m’habite. Mon corps ne crie plus. Ma tête ne pense plus. Je ressens. Tout simplement. Maëlle est magnifique. Devenue moi-même, elle ne se cache plus d’elle-même. Elle rit en regardant le ciel la nuit. Elle chante parfois dans le jardin. Elle me fait l’amour comme on peint une fresque. Avec lenteur. Avec feu. Avec Foi. Nous cuisinons. Nous dormons. Nous nous lavons l’une l’autre. Rien ne presse. Rien ne manque. La maison est pleine de nos silences sans dialogues ni conflits. Le monde peut bien tourner, s’agiter, tomber encore s’il veut. Ici, tout tient. Tout pousse. Tout aime. Un matin, Maëlle me dit simplement :

  • On reste ici, pour toujours et à jamais dans notre éternel septième jour vers l'infini.
  • Tu lis trop la Bible. Tu devrais écrire plutôt, je suis sûre que tu le peux, avec amour.

Je m’endors dans ses bras. Je lui chuchotte une histoire en commençant par la fin : "Et ainsi, nous vécûmes heureuses et eûmes beaucoup d’extases dans le souffle des saisons."

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