Le bout du tunnel
C’est là qu’elle fut stoppée.
Saisie par le bras par une force qui lui semblait surhumaine, son dernier mètre parcouru vers l’avant le fut encore plus rapidement vers l’arrière.
Ceinturée puis plaquée contre le mur froid du bâtiment, elle sentit sa dernière heure arriver, stupéfaite, transie de peur. Un souffle chaud et animal lui parcourait la nuque. Sous la force de cet homme, sa joue s’incrustait petit à petit dans la pierre gelée.
Les mots qui purent sortir de sa bouche le furent d’un souffle, comme une faible plainte :
- S’il vous plaît, non !
C’était maintenant, un avant-bras qui écrasait sa tête dans le mur.
Ne sachant que faire, elle n’osait pas bouger, attendant l’inéluctable, elle voyait le pire s’annoncer.
Le corps de cet homme plaqué contre le sien, cette main qui commençait à devenir impudique et intrusive... son cœur semblait exploser dans sa poitrine, il battait à tout rompre.
Collé à elle, cet homme semblait lui renifler les cheveux, lui procurant encore plus de frissons d’effroi dans la nuque, pendant qu’il grognait presque de plaisir.
Elle pleurait en gémissant : - non non...
Pas de réponse, juste des gestes de plus en plus brusques !
- Prenez mon sac si vous voulez ! Laissez moi partir s’il vous plaît !
- Ta gueule !
Que faire ? Tout se mélangeait dans sa tête, mais une chose devenait claire… il n’était pas là pour la voler. Ses grosses mains, ces sales mains, ces espèces de gros appendices devenaient vraiment intrusifs.
Non, elle ne voulait pas, surtout ne pas subir ça, ce n’était seulement pas possible.
Non seulement, la panique la gagnait mais également le refus et la révolte qui enflaient en elle.
Elle tenta de se dégager se repoussant du mur, se dégager de là, sortir fuir, juste parcourir les quelques mètres du passage et recouvrer la liberté, enfin.
Il fut surpris, quoi ? Une seconde. Puis sa réaction fut sans appel, un coup violent s’abattit sur son visage. Une douleur vive sur la pommette droite, son œil fermé au premier coup.
Tirée en arrière, elle tomba sur les fesses et fût traînée par les cheveux : Retour au point de départ, retour en enfer.
Et ce n’est pas le sol froid et humide qu’elle sentait mais le poids de l’agression sur elle. Combien de mains avait-il ? Elle ne parvenait pas à se dégager et il gagnait en fureur, deux autres coups à la tète, et…
La force semblait l’abandonner, à commencer par celle d’hurler, d’appeler au secours…mais, ce qu’il tenta maintenant devait la réveiller :
Dans sa tête, un hurlement : « Non pas ça ! pas les jambes ! » elle refusait de les ouvrir sous la force de cet homme.
Le reflet métallique d’un couteau sortit de la poche.
La lame est venu déchirer son manteau et le reste de ses vêtements, une douleur vive, un liquide chaud qui coule sur sa peau et imprègne le tissu…
C’est l’été, elle est allongée dans l’herbe, au bord d’une rivière de montagne, la chaleur du soleil, la lumière donne un ton orangé au travers de ses paupières fermées, le vent caresse ses jambes nus sous sa robe légère.
Au loin, un cri de marmotte résonne dans les combes environnantes.
Un soir d’hiver, une lame s’abat encore et encore sur un corps meurtri.
Elle se lève, et marche maintenant pieds nus, ses mains caressant les fleurs champêtres qui tendent leurs pétales vers le soleil, de rares insectes volent ça et là au milieu du chemin, haut dans le ciel, un rapace vole majestueusement, au dessus des falaises...
Loin devant elle, une ouverture entre les roches, un col. Dans sa douce mélodie, le vent fait danser les arbres environnants et lui effleure les cheveux.
Elle tourne la tête vers la lumière, sa vue se brouille, une larme coule au coin de son œil et qui finit sa course dans la neige froide.
Une vaste lumière dans ce cadre bucolique et ce site magnifique, et tout s’éteint.
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