11 - LUI et ELLE
Grégoire ne peut enlever cette idée folle de sa tête. C’est impossible…mais si ça l’était. Si Sabine avait su, par n’importe quel moyen…si elle l’avait suivi un jour où il avait menti…
Elle le lui aurait dit, elle n’aurait pas imaginé une chose aussi horrible. En puis, en voyant Fanny, sa jolie frimousse de femme fragile, elle n’aurait pas pu… non, c’est n’importe quoi, il divague totalement, perd pied et ne sait plus quoi imaginer pour se faire peur.
Sans y penser il se connecte à sa boite mail. Un message non lu. Adresse inconnue. Son cœur s’emballe. En ouvrant le mail, rien, il est vide.
Grégoire se frappe la tête, c’est une horreur, un cauchemar. Une pièce jointe, il ne l’avait pas vue.
Il clique, c’est une vidéo.
Une femme lui parle. Plan serré sur le visage. Il ne la connait pas. Il ne l’entend pas. Pas de son. Transi de peur il en a oublié d’allumer ses enceintes.
Retour au début.
- Bonjour Grégoire. Je suis Marina. Vous me reconnaissez j’espère ?
Merde. Non. Qui est-ce ?
- Vous êtes un très bel homme Grégoire. Elégant, gentleman, je vous ai vu vous comporter avec elle. Elle… Vous la protégez, vous l’aimez, vous lui faites l’amour…Ahhh Grégoire…quelle erreur avez-vous commis… M’éconduire ? Pour cette petite conne… Tous les jours c’est pareil, des couples viennent, baisent et repartent. Mais vous, vous Grégoire, si distingué, si attentionné… vous avez oublié ça je crois…votre sublime cravate…mais regardez, je lui ai rendue. Regardez.
La vidéo se coupe. Et Fanny apparait à l’écran. Grégoire se met à pleurer. Il ne comprend pas, donne un coup de poing sur son bureau. Hypnotisé par les images, il veut hurler, mais rien ne sort.
Fanny est en train de prendre du plaisir…seule ? Elle crie, il connait ses cris, par cœur, il les a entendus mille fois au téléphone, ses cris de plaisirs, il les a vécus en réel, il les connait, elle ne feint pas…mais pourquoi ? qui ? où ?
La femme réapparait à l’image.
- Ah elle est belle votre petite salope Grégoire. Mais moi ? Moi ? Ne suis-je pas à la hauteur ? Je ne mérite pas vos faveurs ? Quand vous êtes arrivés la première fois, vous avez été plus qu’agréable. D’une rare courtoisie, avec un sourire ensorcelant. Oui, c’est cela, vous m’avez ensorcelée. J’ai été aux petits soins pour vous, vous m’avez complimentée, plusieurs fois, vos yeux pétillaient…j’étais séduite. En à peine quelques minutes auprès de vous.
Grégoire se tient le visage. Qui est cette folle, qu’a-t-elle fait à Fanny ? Il veut appeler les flics, mais non, impossible, quelle merde, quelle horreur…
- La seconde fois Grégoire, vous étiez magnifique. En ce mois de juin. Vous m’avez touchée le bras, vous vous souvenez ? Ma culotte en est encore trempée. Vous m’avez provoquée Grégoire, je ne suis pas sotte. Ce contact était volontaire. Du moins je le pensais. J’y ai cru…et quand je vous ai vu arriver la troisième fois…j’ai su que vous veniez pour moi. C’était mon tour de profiter de vos talents d’amant. C’était à moi que revenait le droit de jouir, d’être considérée comme une femme, votre femme.
Grégoire se concentre…Marina...trois rencontres…100…la chambre 100…elle avait beaucoup ri en lui tendant la clé…
- Mais non, non, au lieu de ça, elle est arrivée. Oh bien sûr, elle n’a rien dit, rien montré, mais j’ai tout de suite compris qui elle était pour vous, et qu’elle allait me priver de vous. Votre petite salope vous a eu pour elle toute seule…tandis que moi…moi j’attendais, j’espérais, un regard, une invitation…mais ce jour-là vous ne m’avez quasiment pas adressé la parole Grégoire… à cause d’elle…
Grégoire n’en revient pas. Tout lui arrive en pleine face.
Bordeaux, l’hôtel, la réceptionniste, Marina. Une femme dans la quarantaine, assez bien faite, tactile, souriante, aimable, professionnelle…elle l’avait félicité pour son élégance…mais pourquoi…
- Fanny…C’est son prénom hein…Fanny, votre Fanny…rassurez-vous, elle va bien. J’ai juste voulu lui faire peur, lui faire comprendre que vous n’êtes pas à elle, non, NON Grégoire, vous n’êtes pas à elle… Elle pourquoi elle et pas moi ? Vous qui êtes si tendre, si puissant, accordez-moi un instant de bonheur Grégoire, juste un, et je relâche votre petite pute.
Ne soyez pas fâché…j’ai tout prévu…il n’est que 13h30 à l’heure où vous regardez cette vidéo. Vous avez un train dans 30 minutes. Vous me retrouvez, à mon hôtel. Une heure de bonheur et de plaisir Grégoire, une heure et je la libère. Si vous ne venez pas, vous ne la reverrez pas, et je sais pertinemment que vous n’avez pas les moyens de prévenir quiconque, même pas son cocu de mari. Grégoire…Grégoire…28 minutes…faites vite je vous attends…
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