Chapitre 34
Julia :
Cette discussion m’avait énormément soulagé, même si je ne pu entièrement me confier à Olivier. La nuit avait été suffisamment reposante, voire trop.
-Julia réveille-toi, on est en retard. Si on se dépêche, on devrait pouvoir arriver à la boutique à temps.
Comment ça ? Il était quelle heure ? J’ouvris rapidement les yeux, espérant connaître l’heure exacte. Mon regard se posa sur le téléphone d’Olivier et je vis : 7h35 !
Effectivement, on avait exactement 25 minutes devant nous. Nous nous précipitâmes, nous habillant avec les premiers vêtements qu’on avait sous la main. Lui avec un jean et un tee-shirt qu’il avait porté la veille et moi les affaires que j’avais sur moi en venant ici.
-Ecoute on peut prendre ma moto, on ira plus vite.
-Ok !
Je sentais la colère monter en moi. Pourquoi ne s’était-il pas réveillé ? Il sait très bien que c’est important pour moi de me rendre tous les matins là-bas. A-t-il oublié ?
-Je serai en retard, tant pis.
-Pourquoi tu dis ça ?
-Je veux aller voir mes grands-parents.
-Julia, ne te gache pas la vie pour des gens qui ne sont même plus de ce monde ! Tu sais très bien que Mme. Alice ne te loupera pas.
Au moment où ces quelques mots sortirent de sa bouche il posa sa main dessus. À croire que cela fait longtemps qu’il le pense. Folle de rage, je quitta son appartement, accélérant le pas tout en étant blessé par la remarque d’Olivier. Je n’étais pas allé très loin, qu’Olivier s’était arrêté sur le bas-côté de la route avec un deuxième casque en main.
-S’il te plait Julia, j’ai été stupide. Laisse-moi t'emmener au travail. dit-il tout en me tendant le casque.
Voyant l’heure sur ma montre je n’avais pas réellement le choix. Et puis ce n’était pas de sa faute, je me suis laissé emporter, mais hors de question de l'assumer. Je monta et enfila la protection, puis fis le signe à Olivier qu’il pouvait démarrer. Nous étions arrivés avec 3 minutes d’avance, ce qui voulait dire que, pour la première fois depuis quatre ans, je n'irais pas parler à mes grands-parents.
La journée se passa sans aucune autre encombre, malgré le fait qu’Olivier et moi discutâmes très peu contrairement à d’habitude. Je me sentais responsable et cela pesait lourd sur ma conscience, car j’étais soulagé. Soulagé d’être capable de passer à autre chose. Je pensais être un véritable monstre, ce qui refroidissait d’autant plus l’atmosphère.
Olivier me lança de temps à autre un regard, s'inquiétant de ce que je pouvais ressentir ou bien penser de lui. Je l’aimais toujours autant, voire plus. Mais est ce que c’était bon pour moi ? Est ce qu’il n’allait pas tout bousculer sur son passage. Il débarque à chaque fois à l’improviste et j’aime ce qui est organisé. J’aime que tout se passe comme je l'avais prévu, comme c’est marqué sur l’emploi du temps. C’était rassurant, réconfortant même. Je ne sais pas si je suis prête à tout sacrifier pour quelqu’un. Pourtant, c’est le seul pour qui j’ai ressentis des papillons lorsque j’apprenais son arrivé à la dernière minute. Un peu comme si, j’aimais qu’Olivier me surprenne.
La fin de la journée arrivée, je remarqua que nous n’avions pas avancé autant que prévu. Olivier était un homme qui, lorsqu’il est impacté par quelque chose, n’arrive pas à le laisser de côté. Je voyais bien qu’il était tracassé et que c’est en partie pour cela que nous n’avons pas énormément travaillé aujourd’hui. Moi aussi, je n’étais pas réellement là, j’étais bien trop occupé à compter le pour et le contre de notre relation. Même si cela me brisait le cœur, il fallait que je réfléchisse. Ce qui me fit d’autant plus mal lorsque Olivier m’avait dit :
-Est-ce que tu voudrais que je te ramène ?
Je ne pouvais accepter et lui fit non de la tête avant d’ajouter :
-Désolée, mais j’aimerais rattraper ce que je n’ai pas pu faire ce matin
-Je comprends. dit-il, l'air sincèrement désolé et abattu. Rentre bien, à demain.
-A demain Olivier.
Olivier partis de son côté les mains dans les poches et je fis de même. Enfin arrivé devant leur tombe, je ne pouvais dire ne serait-ce qu’un seul mot. Les genoux à terre, je fermais les yeux et leurs accordais toutes mes pensées. Par automatisme, je nettoyais le lieu en enlevant les plantes séchées et me dirigeais ensuite vers la sortis. Je marchais sans vraiment regarder où j’allais, cela n’avait jamais posé problème, jusqu’à aujourd’hui. Je heurta une personne et releva la tête voulant voir de qui il s'agissait ainsi que de m’excuser le plus rapidement possible.
-Désolée, désolée. dis-je sans même avoir pu voir qui c’était.
-Ce n’est rien Julia.
-Mme. Alice.
-Et oui, on à tous des proches à qui on rend visite de temps en temps. Et il se trouve qu’aujourd’hui je ressentais le besoin de voir mes parents.
-Oh je suis désolée de l’apprendre.
-Ne soyez pas navré, ils ont perdu la tête.
Cette réflexion me fit froid dans le dos, qui pouvait parler de ses parents décédés comme ça. Il me suffit de penser à mes grands-parents pour avoir envie de pleurer et elle, elle les traitait de fous. Je ne comprendrais jamais le monde dans lequel je suis… Je lui fis signe que j’y allais et continua ma route.
Une fois rentrée chez moi, la soirée s'étirait lentement, laissant place à la solitude dans mon appartement. Le silence était oppressant, seulement brisé par le tic-tac régulier de l'horloge murale. Assise sur le canapé, je laissai mes pensées divaguer, me perdant dans les méandres de mes émotions. Je repensais à cette journée chaotique, marquée par les remous de nos sentiments entremêlés. Olivier était là, toujours présent, mais quelque chose avait changé. Une distance s'était insinuée entre nous, un fossé invisible qu'aucun de nous n'osait franchir.
Je me sentais déchirée, partagée entre l'amour que je portais à Olivier et la peur de m'engager dans une relation tumultueuse. Était-il vraiment l'homme qu'il me fallait, celui avec qui je pourrais envisager un avenir serein ? Ou bien étais-je en train de me mentir à moi-même, refusant de voir les signes qui pointaient vers une impasse ? Je secouai la tête, chassant ces pensées sombres de mon esprit. Ce n'était pas le moment de céder à la confusion, il me fallait prendre du recul, prendre le temps de réfléchir à ce que je désirais vraiment.
Soudain, mon téléphone vibra, interrompant le silence pesant. C'était un message d'Olivier.
-Je suis désolé pour aujourd'hui. Je sais que quelque chose te tracasse et j'aimerais en parler. Peux-tu me rejoindre quelque part ?
Son message me prit au dépourvu. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse le premier pas pour entamer une discussion franche. Malgré mes doutes, je sentis une lueur d'espoir naître en moi. Peut-être que nous pourrions surmonter ces obstacles ensemble, si seulement nous avions le courage de nous confronter à nos véritables sentiments. Sans plus attendre, je lui répondis :
-Je suis d'accord. Retrouvons-nous au café près de chez toi dans une heure.
La décision était prise. Nous avions besoin de clarifier les choses, de mettre les cartes sur table. Peut-être que cette discussion serait le premier pas vers une résolution, qu'elle nous permettrait de voir plus clairement l'avenir qui s'offrait à nous.
Avec cette pensée réconfortante en tête, je me levai du canapé et me préparai à affronter la nuit qui s'annonçait, pleine d'incertitudes mais aussi d'espoir.
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