Tabou

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Il est le fruit.
Défendu, celui dont elles veulent se rassasier.
Il est le fruit.
On me l'a interdit mais sa semence repose dans mon sein.
"Tu ne l'aimeras pas."
Confusion. Tout est confusion, contraste et tourbillon.

Que veut-il de moi ?

C'est dans la tempête qu'il est venu me chercher.
Je marche dans le noir.
Il me tient la main et son corps danse et vibre au rythme du mien.
Il est le fruit défendu.
Mon temple ne porte plus ses roses, les rouges et les blanches.

Elles sont fanées et leurs pétales couvrent le palier.
J'attends la saison des pluies. Ne me brûle pas.
On te dit consacré, touché par la grâce de Dieu, celui que mon cœur a égaré.
J'ai vu le soleil dans cette contrée, celle de mon père, là où mes ancêtres sont nés, mais c'est ta lumière qui m'a éblouie.
Ton regard caresse mon visage et je me sens femme.
Qui es-tu, noble bassa ? Le monde est à tes pieds, toi tu l'enjambes et le jongles, le noies dans un torrent de Harp et de rumba congolaise.
Je t'aime.
Je te vois, aussi clairement que la création de Dieu.

Je te vois. Tu brilles de mille feux et tes flammes sont froides de douleurs, rongées par la rancœur.
Qui es-tu donc, homme bassa, celui que mon cœur a osé désigner comme étant sien, inattendu et rebelle, dur contre le monde, si tendre envers moi.
Ils t'ont appelés...
Ton prénom est tabou chez moi.

Je ravale mes larmes et maudis les circonstances avant de me reprendre. Quelle importance ?
Je suis une reine.
Tu es un roi.

Nos couronnes invisibles écrasent nos têtes alors que le temps court devant nous, piétinent baisers volés, opportunités manquées et maladresses pardonnées.
Tu me manques.
Je suis devenue celles que je méprise.

Je cherche ton regard dans la foule. Me mépriseras-tu ?
Tu m'aimes ? "Non" , hurle le passé, "oui" susurre le présent, "attention, mon enfant" prévient l'avenir, celui que j'imagine dans tes bras, à tes côtés.
Tu es le fruit. Le roi. Le soleil.

Celui que je vois.

Le tabou que je tais devant mon père, le visage que je cache à mes frères, l'amour que j'enfouis devant ma mère.
Frappé de la flèche d'Artemis, tu ravages mon cœur, et les portes de mon temple te sont ouvertes.
Répondras-tu à mon amour ?

Car je ne sais aimer à moitié. Tu as rempli mon vase de tes mots et tes lèvres racontent notre histoire.

Je suis ta femme. La seule. Celle qui te voit et croit en toi.

Celle qui te sait capable, toi lion indomptable.
Reste. Roi, soleil, Son Excellence.
Je t'aim...

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