Scène de combat
Les muscles en sang et en sueur, je levais haut mon épée. J'allais frapper si mes bras voulaient bien m'obéir. Le métal retomba tel une masse sur mon opposant qui s'écarta d'un bond leste, le sourire aux lèvres. J'étais trop lent. Je trainai mon arme jusqu'à lui, la lui lançant dans les jambes. Il esquiva. J'allai lui couper le bras. Il parât. J'allai la lui enfoncer dans le ventre. Il me repoussa. Je n'y arrivais pas. Peu importe ce que je faisais, rien ne semblait l'attendre.
-Arg ! J'en n'en peux plus. J'arrête ! Ça m'énerve ! Comment veux-tu que je m'entraine si je n'arrive même pas à te toucher ?
- C'est le but. Que tu essais de m'atteindre. Ça t'entraine.
-Oh s'il te plait arrête ! Ça redresse juste ton égo en montrant que tu es plus fort. J'arrête ! Je ne veux plus continuer comme ça.
-Caddman. Tu ne peux pas abandonner comme ça. C'est le but de t'entrainer tous les jours et de te pousser jusqu'à tes limites. Sur le champ de bataille, tu seras obligé de te battre jusqu'aux bout car ce sera ta peau que tu essayeras de sauver.
-Oui, oui on est en paix. Je n'en ai pas besoin.
-Ce n'est pas sur le tas et à la va vite que tu pourras apprendre à te défendre.
-Mais je n'ai pas besoin de me battre.
-Ce n'est pas avec cette attitude que tu arriveras à muscler ces bras chétifs.
-Je m'en fiche !
-Caddman, écoute-moi. Caddman !
- ...
J'étais déjà parti. A quoi cela me servait-il d'écouter ? Il me servait la même sauce depuis une semaine. A quoi bon essayer de faire bonne figure et de le croire ?
Il m'énervait plus que jamais. J'en avais marre ! Franchement !
C'est avec lassitudes et énervement que je terminais cette journée mal commencé. Mes études furent d'un ennui à tuer un buffle à coup de poing : inutile et inefficace.
Le diner fut fort fade, froid et sans goût. Ce cours de défense avait vraiment ruiné ma journée. J'avais perdu mon temps et ma journée considérant que je n'avais pas eu la force de rattrapé les dégâts de mon humeur. Ce n'est pas, non sans calme, que je voulu quitter cette humeur noire. Oublier et dormir. Laisser partir mes tracas. J'étais prêt à me coucher tôt, bien avant que le soleil ne se couche. Dans mes draps brodés, mon lit de léger duvet, j'attendais avec impatience de pouvoir passé mes pensé au dieu du sommeil. Mais le soleil encore vivace m'empêcha d'accéder à cette paix pendant un moment. Je finis quand même par vaincre ce démon et glisser dans le sommeil mais pas dans la paix du repos.
Effroi ! Ces pensées me suivaient partout même dans mes rêves. Je sentais, encore à la limite de la conscience, que j'étais essoufflé. Mon corps se fatiguait. Quelque chose était en train de me fatiguer. Pourquoi m'agitais-je comme cela ? Quelque chose n'allait pas. Qu'est-ce qu'il était en train de se passer ? Quelqu'un... J'avais besoin de quelqu'un.
Je sombrais.
Je courrais. Vite ! Il fallait que je me dépêche. Le pire était à venir. Qu'est-ce qui était en train de se passer ? Non ! Il fallait que je me dépêche.
Quelque chose était arrivé, quelque chose était en train de se passer. Vite ! Il fallait que je coure plus vite. Mais j'avais mal. Mes poumons étaient hors de moi. Pourquoi cela faisait si mal ? J'étais comme une pierre. Un bœuf lourd pris d'un délire et fuyant. Fuyant quoi ? Il fallait que je me dépêche mais j'avais mal. Ma respiration était bruyante. Je me raclais la gorge plus que je n'inspirais. « Dépêche-toi ! »
Les branches me saisissaient, m'empêchaient, NON ! S'il vous plait ! Plus vite. Il fallait que j'aille plus vite. Lâcher moi, hors de mon chemin les arbres. La plaine m'appelait. La plaine m'appel...
Couverte de sang, noyer dans des eaux rouges. Les corps, les cris, les armes, leur raclement. Arrgh. Ah moi ! Il était trop tard. Ça avait commencer. Vite ! Il fallait que je fui. Je ne pouvais pas. « Retourne-toi vite ! » Je ne voulais pas !
« Court ! Pars ! Pars loin dans l'autre sens. » Il fallait survivre. Ne pas rejoindre les cadavres. Cadavres, ils jonchaient l'étendue. Nouvelle terre, feuillage rouge, des organes moue pour nouvelle herbe.
« Fuis ! Pars ! » Je ne pouvais pas supporter ça. Ma conscience. Qui me dictait ces mots ? C'était mon instinct ? Je devais l'écouter. Ah ah ! J'avais du mal à respirer, la bile envahit ma bouche.
Arrgh. Un bruit sourd éclata dans mes oreilles. Une épée vennait de transpercer mon voisin. Corps déjà flasque trop humide de sang pour se rigidifier. On ne le visait pas. Mais qui alors ? Moi ! L'épée devait venir me frapper.
« Vite fuit ! » Non je ne pouvais pas fuir. Il était devant moi l'épée prête à ...
« Part ! » J'avais l'épée à la main. Laquelle ? Une du tas.
« Attaque ! » Je soulevai l'arme.
« Attention ! » J'esquivais de peu un coup. Mais d'où venait-il ? De derrière ? On m'attaquerait à plusieurs ? Je n'avais aucune chance. Pourtant, je devais me débrouiller. Je devais sauver ma peau.
Alors je m'élançai, il fallait que la peur me quitte, que la rage m'emporte.
On ne croit pas au lendemain lorsqu'on se bat. On croit juste qu'on va y rester et ce n'est pas acceptable. Du moins, c'est ce que je pensais sur le moment. Je levai, parai et évitai, il fallait que je prenne part au combat, pas que je me défende avec les dernières secondes du désespoir.
Je me fis plus aventureux, j'essayais d'ouvrir des brèches dans leur garde, d'ouvrir des brèches dans leur chair. Ce combat était un jeu d'acteurs, il voulait me tuer, moi aussi ! L'épée n'était plus une arme, mais une clé. Quelque chose qui ouvrait vers une autre possibilité. Autre que le sang poisseux. Je voulais...
Que ce passait-il ? Je voyais des points de lumière, du noir. Mon regard essayait de capter quelque chose de ma réalité : mes adversaires, leur visage, l'épée ensanglantée surgit de mon abdomen. J'étais transpercé ? Déjà froid ? A moitié mort ? Comment avais-je pu ? Le... et l'avenir ? Ma famille... Non ! La douleur était-elle là ? Venait-elle ? Aah Je respirais difficilement.
Que ? Qu'est-ce que... ma chambre, mon lit, la lumière, le soleil. La sueur, partout sur mon corps, c'était ? Un rêve ? J'étais en vie, mais mon esprit croyait encore que la mort me guettait, que ma sueur n'était que du sang croûteux. Je me levais, aïe ! J'étais fourbu. J'étais mort au combat ! Je devais calmer ma respiration ! J'étais encore dans les brumes du rêve. J'étais encore dans les brumes de la peur, peur qui se reflétait sur moi. Devant le miroir, je ne voyais qu'un squelette, je ne voyais que la mort.
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