Prologue -Partie 2-
Les deux amies pénétrèrent dans le grand hall qui s'ouvrait à elles. Tout était d'une blancheur immaculée, comme le sas qu'elles venaient de traverser. Une histoire d'hygiène, sans doute, songea Gaëlla, même si beaucoup d'autres bâtiments qu'elle connaissait étaient tout aussi blancs.
— Regardons sur le formulaire... dit Lasia en baissant les yeux sur le papier qu'on leur avait distribué.
Il indiquait le règlement à respecter et donnait une carte précise des lieux, ainsi que d'autres indications. Gaëlla fit de même et promena son regard sur tout le document. Un point rouge indiquait "Hall d'entrée" pour les aider à se repérer. Le bâtiment se divisait en étages qui étaient tous absolument identiques, eux-mêmes divisés en cellules carrées, elles-mêmes divisées en rangées.
— Ça a beau être immense, on en aura vite fait le tour, dit Lasia en relevant la tête. Il suffit de visiter une cellule et voilà, c'est comme si on avait vu tout le quartier des grands carrés.
— Oui, mais regarde ça, objecta Gaëlla en pointant du doigt des lignes sur la carte. La légende indique qu'il y a un parcours réservé aux visiteurs qui permet de passer au-dessus de toutes les cellules pour avoir une vue d'ensemble sur l'étage.
— Bon, c'est parti, on verra bien, dit Lasia en se mettant en marche en direction de deux grandes portes devant elles.
Le hall était vide, à l'exception d'un bureau blanc derrière lequel il n'y avait personne. Les deux jeunes filles se présentèrent donc devant les grandes portes fermées, qui s'ouvrirent conjointement pour les laisser passer. De là, elles se retrouvèrent devant une autre porte fermée sur laquelle était écrit : "Strictement réservé au personnel habilité". Un écriteau à leur gauche indiquait : "Entrée des visiteurs", avec une flèche en direction d'un escalier, qu'elles empruntèrent sans bruit. Elles se retrouvèrent devant une nouvelle porte, qui s'ouvrit sur leur passage, et qui menait à un tunnel en plexiglass, au-dessus de quatre mètres de vide.
Gaëlla passa devant et une fois dans le tunnel transparent, elle vit en bas une étendue de berceaux à perte de vue.
— Ben ça... murmura Lasia avec de grands yeux.
Elles s'avancèrent à pas lents le long de la passerelle transparente, qui leur donnait une vue plongeante sur l'étage, comme l'avait signalé le formulaire. Les cellules n'étaient pas séparées par des murs ni des cloisons, de simples lignes au sol les démarquaient les unes des autres, avec une lettre et un numéro écrit par terre au centre de chaque. Elles se divisaient en trois parties : les berceaux, disposés en ligne et espacés d'un mètre chacun, les tables à langer ainsi que le matériel pour changer et laver les nourrissons, et de longues tables trouées par intervalles d'un mètre aussi. À cause de l'angle de vue qu'avaient Lasia et Gaëlla, cette dernière ne comprit pas tout de suite leur utilité, puis devina qu'il s'agissaient de tables créées pour nourrir une dizaine de bébés chacune. Percées à vingt centimètres dans la largeur afin d'accueillir les nourrissons telles des chaises à manger à la chaine, elles avaient des dossiers pourvus de coussins. En regardant tout autour d'elles, Gaëlla constata qu'en effet, toutes les cellules alentour étaient aménagées de la même façon.
— Ils sont minuscules, remarqua-t-elle en détaillant les bébés. Ils ont l'air tout fragiles.
— Ouais, et ils ne sont pas très beaux, enchérit Lasia. On dirait qu'ils sont chauves !
C'était la première fois qu'elles voyaient de si jeunes enfants. Tous les bébés de la ville étaient âgés de trois mois minimum. Les deux jeunes filles poursuivirent leur visite, décontenancées par l'allure repoussante des nourrissons.
Annotations
Versions