CHAPITRE 6 : 2/2
Alors qu'elle observait la pièce, Willow sentit une pointe de déception envahir son cœur. La probable possibilité qu'elle ait des frères et sœurs était tombée à l'eau. Rien qu'en observant le décor du salon, elle avait deviné que son père vivait seul. À part les fauteuils et la télévision, la pièce n'était décorée que de quelques bibelots et d'une petite armoire contenant des livres. Une légère grimace lui échappa et elle jeta un coup d'œil à son père en poussant un soupir. Il n'avait aucun goût en matière de décoration, et cela ne l'étonnait pas du tout. Même lorsqu'ils vivaient ensemble avec sa mère, c'était elle qui s'occupait de la déco de la maison. Et même après des années, il ne s'était toujours pas amélioré.
_ Allez, viens, je te montre ta chambre, dit l'homme en montant les marches.
Willow le suivit et ils empruntèrent un couloir menant à deux chambres situées côte à côte. Ouvrant la porte, son père se décala pour la laisser entrer.
Les yeux de Willow s'écarquillèrent lorsqu'elle découvrit sa chambre. Contrairement au salon, elle était magnifique. Tout était en parfaite harmonie : du tapis bleu au pied du lit au papier peint violet qui recouvrait les murs. Balayant la pièce du regard, ses yeux se posèrent sur le petit bureau prêt de la fenêtre, et des larmes lui montèrent aux yeux. Posé sur le bureau se trouvait un cadre avec une photo de sa mère, alors qu’elle la portait encore dans son ventre. D'un pas nonchalant, elle se dirigea vers la table et prit le cadre, qu'elle serra contre sa poitrine.
_ Elle me manque tellement, murmura-t-elle en s’asseyant sur la chaise.
_ Je sais, ma bichette, et elle sera toujours présente auprès de toi.
Alors que l'homme s'approchait pour la réconforter, il reçut un coup de fil et s'empressa de répondre.
_ Allô ? répondit-il après un soupir. Oui, très bien, j'arrive tout de suite.
Le visage de l'homme s'assombrit après l'appel, et il passa une main sur son visage. Bon sang ! Pourquoi avait-il décroché ? À peine, venait-il de retrouver sa fille qu'il devait déjà partir travailler. Il s'approcha de Willow et posa un baiser sur sa tête.
_ Désolé, bichette, il y a urgence, je dois y aller, s'excusa-t-il.
_ Ce n'est pas grave, papa, répondit-elle, ce qui fit sourire l'homme.
_ Je te promets de me dépêcher, dit-il. Il y a des restes de plat dans le frigo, descend et fait toi plaisir.
Willow hocha la tête et regarda son père quitter sa chambre. Alors que les bruits de pas s’estompaient, elle se leva et se jeta sur le lit, tenant toujours le cadre dans ses bras. Tandis qu'elle se remémorait les bons moments passés avec sa mère, une question lui vint à l'esprit. Une question qui la hantait depuis la mort de sa mère : qui l'avait assassinée ? D’après ce qu'elle avait entendu, la mort de sa mère semblait préméditée. Et depuis les suppositions de la police, elle était restée sans nouvelle des avancées de l'enquête. À croire que même la police était dépassée face à certains meurtres.
Cogitant sur les causes et les raisons de la mort de sa mère, elle finit par s'endormir.
***
Comme à l'accoutumée, Willow ouvrit les yeux et se retrouva dans la même maisonnette en bois, délabrée et éclairée par les rayons de la lune qui s'infiltraient à travers les trous de la toiture. Encore une fois, elle vivait le même cauchemar. Certaine de retrouver la bête à l'extérieur, elle s'assit au milieu de la pièce poussiéreuse et se mit à pleurer. Cela devenait trop difficile pour elle. Pourquoi se retrouvait-elle dans ce lieu à chaque fois ? Cela n'avait aucun sens.
Alors qu'elle sanglotait, elle entendit une voix masculine, douce et suave.
_ Pourquoi pleurs tu ? Demanda la voix.
Aussitôt, un vent souffla et la maisonnette disparut comme de la fumée, laissant place à un paysage des plus beaux. Au son des chants d'oiseaux, willow leva la tête et fut surprise de se retrouver au bord d'un lac, illuminé par les rayons du soleil couchant. Ébahie, elle se leva et regarda autour d'elle. Tout avait changé. Le décor macabre avait laissé place à un lieu magnifique. Désormais, elle se retrouvait sous un pommier, dont le sol était recouvert d'herbe fraîche qui caressait ses pieds nus. Appréciant la sensation de l’herbe sous ses pieds, elle fut envahie par un doux parfum qui titilla ses narines. Elle prit un grande bouffée d'air. Bon Dieu, qu'est-ce que c'était agréable. Emporté par ce parfum, un sourire se dessina sur ses lèvres.
_ Je préfère te voir ainsi, se fit entendre à nouveau la voix.
Interrompue, Willow sursauta et regarda autour d'elle, espérant apercevoir l'auteur de la voix.
_ n'aie pas peur, la rassura la voix. Je ne te veux aucun mal.
_ Alors montre toi ! cria-t-elle, sur la défensive.
À cela, un éclat de rire se fit entendre.
_ Ne soit pas si impatiente, mi Amor. Nous aurons le temps de faire connaissance. À bientôt.
Annotations
Versions