CHAPITRE 12 : 1/2
Elle le savait. Elle l’avait pressenti. Cette journée s’annonçait encore plus ennuyeuse qu’elle l’avait imaginé. Une éternité s’était écoulée depuis qu’elle s’était postée derrière le comptoir, sans qu’un seul client ne daigne franchir la porte.
Accoudée à la vitrine, elle laissa échapper un soupir en observant la rue déserte. Pour une journée merdique, on ne pouvait faire pire. Bon sang, pourquoi avait-elle accepté de venir ici ? Elle aurait dû rester chez elle, s’enfermer à clé et se noyer dans des émissions stupides.
Un deuxième soupir, plus bruyant encore, s’échappa de ses lèvres alors qu’elle collait son front contre la vitre froide. Que quelqu’un vienne me sauver…
Alors qu’elle maugréait intérieurement, le carillon de la porte tinta, la faisant sursauter. Elle releva vivement la tête, son regard accroché par la silhouette athlétique.
Un jeune homme, les bras chargés de sacs de courses, franchit le seuil d’un pas décidé, ignorant royalement sa présence. Sans un regard, il se dirigea vers l’arrière-boutique, disparaissant derrière la porte de la cuisine.
Déconcertée par son indifférence, elle haussa les épaules et sortit son téléphone, tentant de se distraire avec un jeu.
Quelques minutes plus tard, alors qu’elle s’énervait contre son écran, la voix tonitruante de son oncle retentit, engueulant l’inconnu. Intriguée, elle se glissa près de la porte, tendant l’oreille… Quand soudain, la porte s’ouvrit violemment, la projetant au sol.
_ Willow ! Qu’est-ce que tu fais par terre ? s’exclama Ethan, stupéfait.
Tétanisée par la douleur qui lui traversait le dos, elle resta muette, les dents serrées. Une fois la souffrance dissipée, elle tenta de se relever… quand une main se tendit vers elle. Machinalement, elle l’attrapa et se retrouva face à des yeux brun clair, lumineux, accompagnés d’un sourire à faire fondre un glacier.
Boum. Boum. Boum.
Son cœur s’emballa, tel un tambour de guerre, tandis qu’un frisson délicieux parcourait sa peau.
_ Salut !, dit-il d’une voix douce comme du miel. Moi, c’est Charles.
Willow, hypnotisée, ne réagit pas, perdue dans le vertige de son regard.
Gêné par son insistance, Charles lâcha sa main et recula d’un pas, la ramenant à la réalité.
_ Oh ! Désolée… balbutia-t-elle, détournant les yeux, les joues en feu.
Pour masquer son trouble, elle feignit l’épuisement, s’étirant avec une nonchalance exagérée avant de leur tourner le dos. Non mais sérieux, c’est quoi ce bordel ? Elle ne pouvait pas tomber amoureuse en cinq secondes. C’était ridicule. Impossible.
Pourtant, ses mains tremblaient encore.
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