Un rencontre décisive, c'est quelque chose qui ressemble au destin

13 minutes de lecture

[Tahar Ben Jelloun]

Anna

« […] intervient dans des situations où la santé psychique, physique, émotionnelle, ou encore cognitive de l'enfant est gravement menacée. Il s'agit des cas bien connus de maltraitance et de négligence infantiles qui peuvent conduire à de dramatiques [...] ».

Mes doigts survolent le clavier de mon ordinateur à une vitesse folle. J’adore ce moment où je me mets enfin à rédiger le fruit de mes recherches, lorsque l’inspiration atteint son point culminant et que mes idées se transforment avec facilité en paragraphes fraîchement …

— Mais qu'est-ce que tu fous ? Tout le monde t'attend en salle de réunion !

Je sursaute et me tourne vers Mina, qui me toise d’un air contrit.

— Déjà ?

La jolie blonde lève les yeux au ciel.

— Oui, madame !

Un regard rapide à ma montre me confirme qu’en effet, la réunion d'équipe hebdomadaire a démarré depuis un bon quart d’heure. Programmée de dix à midi tous les jeudis, elle a pour but d'échanger sur les reportages en cours. Parfois, il s’agit aussi de gérer les tensions institutionnelles ou les réclamations de certains quant aux salaires gelés et aux heures supplémentaires payées au lance-pierre.

Agacée de devoir m'y rendre alors que je suis en pleine transe rédactionnelle, je grogne avant de daigner suivre ma collègue jusque dans une grande salle sobrement décorée. À l’intérieur trônent une large table ovale, une trentaine de chaises et autant de journalistes qui nous regardent nous faufiler vers les deux dernières places libres.

— On ne vous attendait plus !

Les yeux rivés vers mes chaussures telle une gamine prise en faute, je marmonne quelques rapides excuses d’usage qu'il accepte d'un hochement de tête. Tandis que je me sers du café et attrape un beignet, il poursuit la réunion et distribue les sujets aux volontaires, réglant habilement les jalousies des uns et les déceptions des autres. N'étant pas directement concernée, je n'écoute que d'une oreille en ingurgitant mon petit déjeuner tardif.

— Anna, tu as bientôt achevé le dossier sur les enfants ?

Prise de court par cette interpellation à laquelle je n’étais pas préparée, je me dépêche d'avaler ma bouchée avant de réagir.

— On fignole, boss. Il me reste quelques paragraphes à écrire, une interview cet après-midi avec un psychologue, puis on aura fini. Nous serons largement dans les temps, ne t'en fais pas pour ça.

Bon, je l’admets, la perfectionniste que je suis s’avance peut-être un peu.

Contre toute attente, loin de s’inquiéter, John secoue la tête d’un air absent. Apparemment, ce n'est pas ça qui le tracasse. Étonnée, je pose la fin de mon beignet sur le bureau et me redresse pour fixer avec curiosité le cinquantenaire dont la silhouette efflanquée semble crispée. À bien l'observer, je ne l'ai jamais vu aussi tendu.

— Très bien, parce qu'il y a probablement un autre gros sujet qui va sortir sous peu, et j'aimerais que tu le traites avec Clark et Mina. Étant donné l'ampleur que ça pourrait prendre, je rajoute Terry et Zoé dans l'équipe. Pendant que vous terminez votre projet, ils vont commencer à plancher dessus.

Maintenant, je suis tout ouïe. John vient d'exciter la reporter aux dents acérées et il le sait.

— Un truc brûlant, boss ?

Tout le monde se tourne vers Rémy, le petit plaisantin du groupe qui n'a jamais fait rire que lui. Contrairement à d’habitude, John ne le réprimande pas. Il se contente d’acquiescer, le regard perdu sur les feuilles qu'il tient entre ses mains. Si au fond de moi j'ai envie de les lui arracher pour connaître la raison de son attitude pour le moins étrange, je me retiens et attends avec impatience qu'il se décide en mordillant l’intérieur de mes joues.

Enfin, au bout de trois minutes atrocement longues, il se détache de sa liasse de documents

— Kate Wallis, que je ne vous présente pas puisque sa carrière d'actrice explose depuis deux ou trois ans, accuse Mathew Cole de viol.

Mon ventre se tord dangereusement à cette annonce. Tellement, en réalité, que je manque de vider mon estomac sur la table devant toute l'assemblée. Putain, qu'est-ce qui me prend ?

Alors que mes nausées s’estompent, je dévisage mes collaborateurs, qui ont l'air aussi médusés que moi. Mathew Cole, célèbre réalisateur de cinéma, n'est pas un homme habituellement associé aux frasques que certains membres du show-business affectionnent, sans compter que la question du sexe entre acteurs et réalisateurs constitue une sorte de tabou connu de tous. Tout le monde baise avec tout le monde, pour un rôle, du fric, de la drogue, mais personne ne le dit.

— Euh, en quoi ça nous concerne, en fait ?

L’interrogation de Léane s’avère pertinente. Si ce genre de nouvelle ferait un bon sujet d'article mineur, il n'explique toutefois pas pourquoi John arbore un visage aussi sombre et crispé.

— Parce que cette affaire, c'est l'arbre qui cache une putain de forêt, nous précise le quinquagénaire, et que Kate y fout le feu, menaçant de tout brûler.

Il brandit les papiers qu'il regardait attentivement quelques minutes plus tôt.

— Les avocats des deux partis tentent encore de régler cette histoire en vase clos, sans couverture médiatique, mais les fuites commencent à se faire nombreuses. Depuis quelques jours, les tribunaux reçoivent des dizaines de plaintes d'actrices, productrices et réalisatrices, faisaient état de chantage sexuel, de viols ou d'abus de pouvoir contre plusieurs hommes du milieu du cinéma. Croyez-moi, ça ne va pas rester dans l'ombre très longtemps. L'affaire Kate Wallis est en train de créer un précédent et de fédérer la société féminine autour d'une cause commune, la fin du patriarcat.

Je hoche la tête, assez admirative, je dois dire, par cette union qui se dessine.

— Un mouvement vient de voir le jour sur les réseaux. Pour le moment, il gravite dans les hautes sphères, seulement, il y a fort à parier que les femmes de tous pays, de toutes origines culturelles et sociales, ne vont pas tarder à s'en emparer.

John se tourne et attrape un stylo Velléda avant d'écrire sur le tableau situé derrière lui.

« #iamher »

— Voilà leur credo.

Un silence suit ses explications. Abattue par le poids de ces mots, ma respiration s’emballe et mon rythme cardiaque s’accélère furieusement. Merde, ce n'est pas le moment pour une crise d’angoisse !

Pendant que je tente d'endiguer la panique qui monte, John s'avance vers nous. Son air est grave, signe que cette histoire le touche profondément.

— Ce mouvement féministe va faire une vague énorme. Il s’agit probablement du sujet le plus important de l'année, je veux donc que tout le monde y prête une attention particulière, même si vous ne faites pas partie de l'équipe principale assignée au dossier. Une info à ce sujet ? Un article. Un témoignage de personnalité publique dans ce sens ? Un article. Une réaction des gouvernements et autorités ? Un article.

Il se tourne vers moi brusquement.

— Dès que ton reportage est bouclé, Mina, Clark, Terry, Zoé et toi n'avez plus d'autres priorités que cette histoire et ses conséquences, ordonne-t-il. Je veux un communiqué de Kate ou de son avocat, idem pour Mathew. Je veux savoir qui se trouve derrière ce hashtag, qui commandite le mouvement, les actions prévues, les positions des différents pays concernés, les données en matière de violences sexuelles, en France et ailleurs. Je veux un suivi judiciaire de l'affaire et surtout, je veux que le lecteur sente dans chacun de vos écrits que World's View se positionne clairement contre toutes formes de violences, en particulier à l'encontre des femmes.

Stupéfaite par son ton irrécusable, je me contente d'acquiescer, oubliant un court moment mon cœur qui bat à tout rompre ainsi que ma poitrine oppressée.

— Des questions ?

Personne ne pipe mot.

— Bon, dans ce cas, on s'arrête ici pour aujourd'hui, conclut-il avec autorité. On reprendra les choses la semaine prochaine. En attendant, si quelqu'un a vent de quoique ce soit, je le veux dans mon bureau dans la minute.

Sur cette déclaration, il quitte la salle, aussitôt suivi par le reste du journal. Au moment où je passe le seuil de la pièce à mon tour, une voix attire mon attention.

— Tu vas bien, Anna ? Tu as une tête à faire peur...

Je lève les yeux vers Clark, dont le regard empathique accentue mon malaise.

— Rien de grave, affirmé-je en feignant un sourire rassurant. Juste un peu de fatigue. Je vais aller me mettre de l’eau sur le visage.

Convaincu par mon argument fallacieux, mon collègue m’adresse un rictus compatissant auquel je réponds par une moue penaude. Tout, pourvu qu’il ne me tienne pas la jambe et me laisse filer d’ici.

Heureusement, le géant brun semble comprendre l’urgence qui m’anime. Il me regarde déguerpir sans le moindre commentaire. Une fois dehors, je fonce vers les toilettes des femmes du second étage, la plupart du temps inoccupées, et m’enferme dans la cabine.

Je frissonne, j'ai froid, je tremble, je manque d'air. Il me faut bien une vingtaine de minutes pour retrouver mes esprits et quand mon corps s'apaise enfin, je suis lessivée. Lessivée et inquiète. Si j’ai déjà expérimenté quelques crises d'angoisse, en particulier depuis ma séparation avec Peter, je n'avais encore jamais affronté une au travail.

Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

***

Il est près de quinze heures quand je sonne à l'interphone de ce ravissant petit immeuble dans le IXe arrondissement. La porte s'ouvre presque immédiatement et je pénètre dans une salle d'attente agréable, aux couleurs chaudes et à la décoration élégante. Tout est agencé, des fauteuils brun orangé aux murs ornés d'affiches en tous genres, pour créer un cocon charmant sans confiner à la familiarité. Je me sens à l'aise dans ces lieux. Détendue. Apaisée.

En attendant l’arrivée de monsieur Hopkins, je m’installe dans un des sièges à disposition, diaboliquement confortables au demeurant, puis attrape un magazine quelconque que je lis distraitement. Un quart d'heure s'écoule avant que je ne m'inquiète de l'absence de mon interlocuteur. Sur le mur du fond, une porte entrebâillée, celle qui mène sans doute au bureau, semble me narguer. Peut-être qu’il faut que je m’annonce ?

Hésitante, je me lève et commence à tourner en rond dans la pièce. Si dans deux minutes, il n’a toujours pas montré le bout de son nez, je …

— Vous cherchez quelqu'un ?

Je pousse un petit cri de stupeur et fais volte-face, prête à me présenter, mais les mots restent bloqués dans ma gorge quand j’avise l’homme devant moi.

Simon Mercier, associé ténébreux de mon rencard professionnel, me fixe attentivement, une tasse de café à la main. À cet instant, la seule chose que mon débile de cerveau est en mesure de noter, c’est que la photo sur Instagram ne lui rend pas justice. Vraiment pas.

Quel. Putain. De. Canon.

Ses yeux d'un bleu profond me transpercent et je distingue une lueur amusée dans ses prunelles. Manifestement, il trouve ma réaction plutôt drôle. En même temps, il y a de quoi.

Allez, Anna, ressaisis-toi ! Parle !

— Oui, Raphaël Hopkins, énoncé-je d’une voix que j’espère claire. Nous avions rendez-vous à quinze heures, et il est presque vingt.

Je soutiens son regard sans ciller. Hors de question qu'il comprenne à quel point sa présence masculine me fascine et me trouble à la fois.

— Je suis...

— Anna Klein, journaliste, termine-t-il de son timbre suave. Raphaël m'a montré une photo de vous. Vous devez le rencontrer à propos d'un article sur les maltraitances infantiles, je crois ?

Il a vu une photo ? De moi ?

Je hoche la tête bêtement, incapable de formuler des pensées cohérentes. Je me sens mise à nue par son air observateur et, je l’avoue, peut-être un peu impressionnée par sa silhouette sportive, parfaitement valorisée grâce à une chemise ajustée et un pantalon en toile noir des plus saillants.

— Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas en train de vous analyser, se moque-t-il avec douceur.

Ses yeux rieurs et sa moue légèrement arrogante me coupent le souffle. De plus en plus gênée, je finis par baisser la tête.

— On fait souvent cet effet-là, en tant que psy, ajoute-t-il.

Contre toute attente, sa réflexion déclenche une hilarité que, malgré tous mes efforts, je parviens difficilement à contrôler.

— Désolée, murmuré-je une fois mon calme retrouvé. C’est… Ce n’était pas très poli.

— Vous avez un joli rire.

Un joli quoi ?!?

Décontenancé, ignorant quoi répondre à cette remarque inattendue, je me contente d’un sourire timide.

— Et je suis ravie que vous ayez ri, insiste-t-il. Je blaguais, votre réaction s’est donc avérée plutôt justifiée, non ?

— Vu comme ça…

Une brève seconde s’écoule, durant laquelle le visage du bel homme sonde le mien. Il ne paraît ni embarrassé ni mortifié, mais plutôt serein. Tranquille.

Tout le contraire de moi, en somme.

— Raphaël termine au foyer à quatorze heures trente, finit-il par reprendre. Il a souvent du retard, cependant, il ne devrait plus tarder. Un café pour patienter ?

Je ne sais pas pourquoi j'accepte. Peut-être parce que cet homme ne semble pas se trouver dans une optique de séduction ou bien parce que le calme qui se dégage de lui me met en confiance. Sans un mot, juste un hochement de tête, je le suis dans une pièce relativement petite où trône une cafetière pleine.

— Je vous en prie, me dit-il en désignant une des chaises.

Nerveuse, je m'assois et attrape la tasse qu'il me tend. Alors qu'il sert le précieux liquide noir, je le détaille de nouveau. Il émane de lui quelque chose d'envoûtant, une assurance tranquille, un sentiment de douceur. Même si une ombre, aussi furtive que réelle, traverse son regard quand il lève ses pupilles bleues vers moi.

— Du sucre ?

J'essaie d’ignorer la vague de désir logé dans le creux de mon ventre. Bon sang, comment peut-on rendre une phrase banale si sensuelle ?

Afin de reprendre le contrôle sur mes hormones, j’aspire une gorgée de café chaud. Face à moi, Simon, curieux et attentif, continue de me dévisager avec une intensité particulière.

— Donc Raphaël est spécialisé dans le traitement des enfants ? lancé-je pour tenter de faire la conversation, incapable de soutenir plus longtemps son regard pénétrant. Vous aussi ?

— Pas du tout. Lui et moi sommes plutôt complémentaires, tant dans notre amitié qu'au niveau professionnel.

— Oh, alors c’est quoi, votre spécificité à vous ?

— Les femmes.

Oh. Mon. Dieu. Il a vraiment dit ça ?

Malgré ma forte volonté, je ne parviens pas à empêcher les images salaces qui s'imposent dans mon esprit. Ces dernières mettent en scène le séduisant psychologue et une pléthore de nanas dans des positions inavouables. Mon teint devient encore plus écarlate, si possible, quand je m'aperçois que les visages de toutes ces femmes ne sont en réalité qu'un seul, le mien.

Franchement amusé par ma réaction à en croire le sourire en coin qu'il ne réussit pas à dissimuler, Simon lève le malentendu.

— Je voulais dire, les violences féminines, précise-t-il. Raphaël s'occupe des enfants maltraités, moi de leurs mères, leurs sœurs, leurs tantes et, malheureusement parfois, de leurs épouses plus tard.

Mes fantasmes se font la malle sans demander leur reste quand je comprends la gravité de son travail.

— Ma patientèle se compose en grande partie de femmes violées, poursuit-il. J'espère pouvoir réaliser bientôt une étude pour montrer les bienfaits d'une thérapie dans ce genre de drames. Je songe même à ajouter l'hypnose à mon protocole, quand j'aurai terminé ma formation le mois prochain.

Une partie de moi s’intéresse à ses propos tandis qu'une autre se fige et contient un haut-le-cœur aussi inattendu que désagréable.

— Un problème ? s’enquiert Simon, à qui mon attitude n'a pas échappé.

Je secoue la tête en essayant de calmer les battements de mon cœur.

— Je... J'ai heurté votre sensibilité ? insiste-t-il.

J'entends la question en filigrane. Est-ce que vous avez été victime, ou un de vos proches, de ce genre d'abus ?

Je cligne des yeux. Non, bien sûr que non. Certes, Peter n'a pas toujours été tendre dans ses propos — il avait tendance à me rabaisser constamment — mais il n'a jamais été un compagnon violent au sens propre du terme. Je n'ai pas à me plaindre de ce côté-là.

— Ça va. Juste des brûlures d'estomac.

Ma réponse, sortie toute seule, me tire un hoquet de surprise. Moins glamour, tu meurs. Et pourquoi pas une diarrhée aussi, hein ?

Simon lève un sourcil, interloqué, puis sourit.

— Il y a une pharmacie au coin de la rue si...

— Non, non, merci, ça ira, m’empressé-je de répliquer, désireuse d’éloigner la conversation de soucis digestifs inexistants.

Un silence passe, un peu malaisé, pendant lequel nous terminons nos tasses.

— Et donc vous, vous êtes journaliste, finit-il par relancer. Reporter, c'est ça ?

— Absolument, confirmé-je avec fierté.

— Vous vous intéressez surtout aux domaines de l'enfance ?

— Non. Ni aux femmes d'ailleurs.

— Ce sont les hommes, dans ce cas, votre sujet de prédilection ?

Je rêve où on flirte ?

Prise au dépourvu par cette question outrageusement rentre dedans, je pince les lèvres et réponds, presque du tac au tac :

— En effet. Enfin, à condition qu'ils ne soient pas psy, bien évidemment.

Cette fois, Simon éclate franchement de rire.

— Je paierais cher pour me transformer en petite souris et assister à votre entretien avec Raphaël. Votre intelligence et votre répartie vont avoir raison de sa grosse tête.

— J'enregistre toujours mes interviews. Pour un bon prix, je peux vous fournir une copie.

— Vous me tentez, chère Anna.

Le ton est gourmand, pas suffisamment toutefois pour déterminer s’il s'agit réellement d'un sous-entendu.

— Merde, putain, Simon, je suis à la bourre, tu sais pas si la journaliste...

Le beau blond que j'ai eu l'occasion de reluquer sur le portable de Mina apparaît sur le pas de la porte. Au moment où ses yeux se posent sur moi, son teint vire au verdâtre.

— Anna Klein, me présenté-je en me levant. La fameuse « journaliste ».

Confus, le psychologue serre la main que je lui tends dans un sourire penaud.

— Désolé pour le retard. En fait...

— Ne vous inquiétez pas, le rassuré-je avec force amabilité. Votre associé a pris soin de m'expliquer la situation.

Il hoche la tête, soulagé.

— Parfait. Du coup, on peut y aller tout de suite, si vous voulez, histoire de ne pas perdre davantage de temps.

— Je vous suis.

Avant de le rejoindre dans la pièce adjacente, je pose une dernière fois mes yeux sur Simon. La puissance de son regard empourpre de nouveau mes joues. J’éprouve un sentiment étrange à l’idée de le quitter. Je songe alors que dans les mois à venir, j'aurais sans doute besoin d'un correspondant capable d'évoquer les violences faites aux femmes et que je pourrais le contacter dans cet objectif. Cette idée me réconforte. Tu as envie de le revoir.

Perplexe face à ce constat irréfutable, je l'entends à peine me saluer.

— Au revoir, Anna.

— Au revoir monsieur Mercier

Son sourire, qui se fait enjôleur, manque de me faire vaciller.

— Simon, je vous en prie.

Sans répondre, je m'engouffre à la suite de Raphaël.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Petitebrume ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0