14 h
Très chère « X »,
Il est quatorze heures.
Je me demande pourquoi j'éprouve le besoin de le préciser. Ça n'a pas beaucoup d'importance. Cela signifie juste qu'il me reste encore pas mal de temps à tuer.
J'ai fait la queue pendant deux heures devant un restaurant automatique pour découvrir qu'il n'avait plus que des spaghettis à la carbonara, avec ou sans parmesan. J'ai choisi la version sans, vu que je n'aime pas le fromage - mais tu t'en moques probablement. Le plat n'avait aucun goût : pour mon dernier jour, j'aurais apprécié quelque chose de plus festif et savoureux.
Les rues sont pleines de groupes enlacés qui rient à s'étourdir et tentent de se saouler avec autre chose que de l'alcool. Je ne serais pas surprise qu'il en circule en douce.
J'ai croisé un garçon avec qui j'ai eu une brève aventure il y a six mois. Il m'a proposé de l'accompagner chez lui afin de pouvoir « en finir en beauté ». Cela va peut-être t'étonner, mais l'idée d'une étreinte charnelle débridée sur fond de musique hurlante ne m'a pas séduite. J'ai envie de passer ce dernier jour seule avec moi-même. Il paraît que notre profil psychologique est proche. Tu dois me comprendre.
Mon appartement ressemble à une coquille vide. Je me demande quelle sera la première chose que tu feras en arrivant. Moi, j'attends toujours quelques jours avant d'ouvrir mon conteneur. Je ne sors que le nécessaire... Il faut vraiment que le service m'annonce qu'il va passer le reprendre pour que je me décide à tout déballer.
Peut-être qu'après tout, j'aime les coquilles vides...
Ta dévouée...
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