Chère "Autre Moi",

Désolée si mes propos te paraissent décousus : je suis encore victime de l'overdose d'adrénaline liée à la procédure de réveil.

Je tenais à te féliciter pour ton ingéniosité, mais pour ton romantisme... ça, non !

Quand j'ai vu ce sachet collé sous le battant des toilettes, j'ai cru qu'il s'agissait de l'une de leurs recommandations... J'étais prête à la jeter dans le vide-ordures, mais je suis d'une nature plutôt curieuse - et un peu maniaque, je l'avoue. Comme toi, peut-être ?

La lecture de ta prose m'a touchée... Oui, je me suis moi aussi posé toutes ces questions, le dernier jour. J'ai ressenti la même nostalgie, le même sentiment résigné.

Depuis, je cherche dans l'appartement des traces de toi, y compris les plus infimes... N'importe quel petit signe qui pourrait m'aider à mieux saisir qui tu es. Malheureusement, je n'ai pas senti ton parfum – comme tu l'as écrit, il est peut-être trop léger.

Il ne reste que Bubulle et les plantes. Je me demande si, d'une certaine manière, ils comprennent que je ne suis pas toi. Mais peu importe, en fin de compte...

J'ai failli oublier : pourquoi ne m'as-tu pas laissé une photo de toi ? J'en suis réduite à t'imaginer – en quelque sorte – avec mon visage. C'est plutôt dérangeant...

C'est pour cela que tu trouveras la mienne, parce que je ne veux pas que tu subisses la même frustration. La prise de vue est atroce et j'ai changé de coiffure depuis.

J'ai décidé que je t'écrirais une lettre le dernier jour de chaque mois. Je t'épargnerai la routine ; tu la connais déjà. Je te parlerai de tout ce qui fait que je suis moi, même si je ne sais pas si cela signifie grand-chose...

Rendez-vous fin janvier, donc !

Même si tu ne me liras pas avant un an.

Ton autre "Toi"