Un tribunal d'anges
Il se trouvait sur un petit nuage et était aux anges. Autour de lui, le silence. L'on attendait qu'il parle, l'on était suspendus à ses lèvres.
- Monsieur Ramait, nous attendons.
-Je m'excuse, votre Honneur.
"C'était une éternité de mai, et j'avais pris ma décision.
Je rentrai dans mon hôtel particulier et me saisis de mon arc. Je repoussai ma femme, venue m'importuner à propos de je ne sais quelle ennuyeuse lettre. Sortant de mes appartements, je me dirigeai vers les Fenêtres où je savais qu'il passait tous les jours. Caché derrière un remous d'eau condensée, j'attendis. J'attendis près d'une heure. Une heure de concentration. Il ne fallait surtout pas rater."
"Enfin, Il parut. Le petit amour parut. Tout rose, rayonnant, sautillant, il souriait à la vie. A sa vie. La rage au coeur, je me redressai de toute ma hauteur, imposant, et décochai ma seule et unique flèche. Cupidon s'écroula. Une vie prise au Paradis des morts."
- Et avez-vous saisi quelque dernière parole, monsieur Ramait ?
- Oui, Maître.
"Alors que la Mort déposait son dernier baiser sur ses lèvres, il m'a dit : "Ton dernier admirateur se meurt, Valentin.""
- Je vous remercie, monsieur. Le jury va maintenant délibérer.
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- Le jury est-il parvenu à un verdict ?
- Oui, votre Honneur. Coupable.
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