d’aimer
Et puis, un jour, elle fit ce qu’elle aurait dû faire, depuis toujours, depuis le premier jour.
Elle commença à choisir ce qui était bon pour elle, au lieu de se précipiter sur tout ce qui n’était absolument pas pour elle.
Elle écouta sa logique et sa cohérente raison au lieu de discuter des heures avec sa seule intuition. Ou son aveugle passion.
Elle fit l’effort de se reculer pour mieux voir et observer la personne désirée.
Elle mesura les sentiments de l’autre au lieu d’être obsédée par les siens et de les chérir, en son sein.
Elle osa donner moins, voire plus rien. Elle osa même retirer sa main.
Elle se tut devant les silences, elle disparut face aux absences.
Elle ne fit plus l’immense effort de parler pour que ses mots réparent la réalité malmenée.
Elle accepta les vides et les pots cassés.
Elle cessa de se battre pour l’amour, sans insister pour comprendre les silences ou les étranges mots du jour.
Elle cessa de courir après ceux et celles qui ne se manifestaient pas, ne répondaient pas, n’appelaient pas, ne donnaient pas, ne croyaient pas, ne venaient pas, ne voyaient pas, ne voulaient pas, ne faisaient pas confiance, de ceux qui n’étaient pas présents au présent.
Elle cessa de se détruire pour prendre la lune avec ses dents ou décocher le soleil pour ceux qui ne traversaient ni la rue ni la porte. Et que le vent les emporte !
Elle ne s’intéressa plus au vide des cœurs, ni aux désirs sans consistance des gens qui n’entrent jamais dans la danse.
Elle commença à se trouver belle d’être elle, à être fière de ses cicatrices ou de sa crinière.
Elle commença à s’aimer.
Elle commença à aimer ceux qui savaient aussi l’aimer.
Et ça, ça, c’était nouveau.
Nouveau et beau.
- Martine Sdy Benzaquen -
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