acte 4

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Acte IV

Scène 1 (Bérénice, seule. Elle boit)

Bérénice

Hélas ! Me voilà seule. Moments trop rigoureux,

Que vous paraissez lents à mes rapides vœux !

Je m'agite, je cours, languissante, abattue ;

La force m'abandonne, et le repos me tue.

Titus ne vient point ? Ah ! Que cette longueur

D'un présage funeste épouvante mon cœur !

Titus n'aura point de réponse à me rendre ;

Titus, l'ingrat Titus n'a point voulu m'entendre ;

Il fuit, il se dérobe, à ma juste fureur.

Il faudra qu'il me vienne expliquer ses erreurs...

(Titus entre, il boit)

Scène 2 (Bérénice, Titus)

Bérénice

Ah ! Seigneur, vous voici ! Il faut que je vous voie

Dans de vaines rumeurs tout mon être se noie.

Eh bien ? Il est donc vrai que Titus m'abandonne ?

Il faut nous séparer ; et c'est lui qui l'ordonne !

Titus

N'accablez point, Madame, un prince malheureux.

Qui ne sait plus hélas où fourrer sa grosse queue...

Un trouble assez cruel m'agite et me dévore,

Sans que des pleurs si chers me déchirent encore.

Je sais les précieux soins que réclame votre sexe

Mais il ne faudra point que votre cœur se vexe

Si ne puis à jamais déflorer vos muqueuses ;

Vous faire languir dans des poses voluptueuses.

Que je m'éloigne enfin de votre boite à nœuds

Qui ne connaîtra pas les vigueurs de mon pieu.

Il en est temps : forcez votre amour à se taire,

Et d'un œil que la gloire et la raison éclaire,

Contemplez mon devoir dans toute sa rigueur.

Vous-même, contre vous, fortifiez mon cœur,

Aidez-moi, s'il se peut, à vaincre ma faiblesse,

À retenir des pleurs qui m'échappent sans cesse ;

Les larmes de mes couilles ne coulent que pour vous

Elles ne combleront point votre précieux trou ;

Mais si ne pouvons retenir ces rivières,

Que notre âme soutienne cette sombre misère

Et que tout l'univers reconnaisse sans peine

Les pleurs d'un empereur et les pleurs d'une reine.

Car enfin, ma Princesse, il faut nous séparer.

Bérénice

Ah ! Cruel ! Est-il temps de me le déclarer ?

Qu'avez-vous fait ? Hélas ! Je me suis crue aimée.

Au plaisir de vous voir mon âme accoutumée

Ne vit plus que pour vous. Ignoriez-vous vos lois

Quand je vous l'avouais pour la première fois ?

A quel excès d'amour m'avez-vous amenée ?

Que ne me disiez-vous : "Princesse infortunée,

Où vas-tu t'engager, et quel est ton espoir ?

Ne donne point un cœur qu'on ne peut recevoir".

Ne l'avez-vous reçu, cruel, que pour le rendre,

Quand de vos seules mains ce cœur voudrait dépendre ?

Pour vos plaisirs secrets je vous offrais mon cul

Et je gardais pour vous la fleur de ma vertu ;

Je tétais votre bite quand vous branliez ma chatte,

votre langue sut donner à mes chaires écarlates

Des transports qu'envie même le si vaste Odéon

Quand j'espère qu'aujourd'hui vous défonciez mon con

Qui se réserve tapis au fond de mes jupons

Pour qu'une queue bien raidie perce enfin ce mignon ;

Et je ne vous crois pas, seigneur, assez cruel

Pour refuser ainsi ces douceurs éternelles,

Quand votre heureux amour peut tout ce qu'il désire,

Lorsque Rome se tait, quand votre père expire,

Lorsque tout l'univers fléchit à vos genoux,

Enfin quand je n'ai plus à redouter que vous.

Titus

Et c'est moi seul aussi qui pouvais me détruire.

Je pouvais vivre alors et me laisser séduire ;

Mon cœur se gardait bien d'aller dans l'avenir

Chercher ce qui pouvait un jour nous désunir.

Je voulais qu'à mes vœux rien ne fût invincible,

Je n'examinais rien, j'espérais l'impossible.

Que sais-je ? J'espérais de mourir à vos yeux,

Avant que d'en venir à ces cruels adieux.

Je sais tous les tourments où ce dessein me livre,

Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,

Que mon cœur de moi-même est prêt à s'éloigner,

Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner.

Bérénice

Eh bien ! Régnez, cruel, contentez votre gloire :

Je ne dispute plus. J'attendais, pour vous croire,

Que cette même bouche, après mille serments

D'un amour qui devait unir tous nos moments,

Cette bouche, à mes yeux s'avouant infidèle,

M'ordonnât elle-même une absence éternelle.

Cette bouche qui mile fois sut peigner ma toison,

Écarter mes dentelles, faire jouir mon tison ;

Cette bouche si habile, cette bouche si adroite,

Qui me faisait passer l'envie que je me doigte.

Moi-même j'ai voulu vous entendre en ce lieu.

Je n'écoute plus rien, et pour jamais : adieu...

Pour jamais ! Ah, Seigneur ! Songez-vous en vous-même

Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,

Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?

Que le jour recommence et que le jour finisse,

Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,

Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?

Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus !

L'ingrat, de mon départ consolé par avance,

Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?

Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.

Titus

Je n'aurai pas, Madame, à compter tant de jours.

J'espère que bientôt la triste Renommée

Vous fera confesser que vous étiez aimée.

Vous verrez que Titus n'a pu, sans expirer...

Bérénice

Ah Seigneur ! S’il est vrai, pourquoi nous séparer ?

Pourquoi m'enviez-vous l'air que vous respirez ?

Titus

Hélas ! Vous pouvez tout, Madame : demeurez,

Je n'y résiste point. Mais je sens ma faiblesse :

Il faudra contenir cette queue qui se dresse

Dès qu'elle sent tout près d'elle vos douces et rondes fesses

Il faudra contenir toutes mes maladresses

Et il me faudra craindre toute la plèbe sans cesse

Et sans cesse veiller à retenir mes pas,

Que vers vous à toute heure entraînent vos appâts.

Que dis-je ? En ce moment mon cœur, hors de lui-même,

S'oublie, et se souvient seulement qu'il vous aime.

L'onde pure ondoyante qui fléchit à vos pieds,

La caresse consolante de vos souffles mouillés,

Toute la chute humide de vos reins ondulés

Savent tous les regards que mon cœur fatigué

Ne sait plus retenir sous ses dehors meurtris.

Il sait tout ce que perd cette si puissante vie

D’un empereur barbare, cruel, sanguinaire,

Qui assassine ainsi dans une rage sévère

La déesse qui planta dans ce cœur téméraire

La flèche d'un amour qui doit sur l'heure se taire.

Il est temps maintenant que ce vagin ouvert,

Tendre et si généreux comme la bouche d'une mère,

Vierge et frais comme les mains d'une fille pubère,

Qui s'entrouvre et qui bave de ses fragiles chairs

Se referme sur les plaintes douloureuses et douces :

Vos désirs s’échappant parfumés de votre gousse...

Bérénice

Eh bien, Seigneur, eh bien ! Qu’en peut-il arriver ?

Voyez-vous les Romains prêts à se soulever ?

Titus

Et qui sait de quel œil ils prendront cette injure ?

S'ils parlent, si les cris succèdent aux murmures.

Nous connaissons bien l'exemple de révolutions

Qui pour moins de raisons ont vaincu des nations.

Bérénice

Vous ne comptez pour rien les pleurs de Bérénice !

Titus

Je les compte pour rien ? Ah ciel ! Quelle injustice !

Bérénice

Quoi ? Pour d'injustes lois que vous pouvez changer,

En d'éternels chagrins vous-même vous plongez ?

Rome a ses droits, Seigneur : n'avez-vous point les vôtres ?

Ses intérêts sont-ils plus sacrés que les nôtres ?

Dites, parlez.

Titus

Hélas ! Que vous me déchirez !

Bérénice

Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez !

Titus

Oui, Madame, il est vrai, je pleure, je soupire,

Je frémis. Mais enfin, quand j'acceptais l'empire,

Rome me fit jurer de maintenir ses droits :

Je dois les maintenir. Mais je n'ai plus la foi...

Je sais qu'en vous quittant le malheureux Titus

Ne reconnaîtra plus les chaleurs d'un anus

Qui sut ravir si bien son si puissant phallus.

Il oubliera aussi ce si cher utérus,

Ce vagin appelant qui de ses lèvres suce

Tout le suc de mon âme et ce fringant prépuce

Qui rêve de s'ouvrir comme un beau coquelicot

Pour s'encastrer recta dans cet étroit fourreau.

Me croyez-vous indigne de toutes ces faiblesses

Témoin devant les dieux de toute ma tendresse ?...

Bérénice

Non, je crois tout facile à votre barbarie.

Je vous crois digne, ingrat, de m'arracher la vie.

De tous vos sentiments mon cœur est éclairci ;

Je ne vous parle plus de me laisser ici.

J'ai voulu vous pousser jusques à ce refus.

C'en est fait, et bientôt vous ne me craindrez plus.

N'attendez pas ici que j'éclate en injures,

Que j'atteste le ciel, ennemi des parjures ;

Non ; si le ciel encore est touché de mes pleurs,

Je le prie en mourant d'oublier mes douleurs.

Si je forme des vœux contre votre injustice,

Si devant que mourir la triste Bérénice

Vous veut de son trépas laisser quelque vengeur,

Je ne le cherche, ingrat, qu'au fond de votre cœur.

Je sais que tant d'amour n'en peut être effacé,

Que ma douleur présente, et ma bonté passée,

Mon sang, qu'en ce palais je veux même verser,

Sont autant d'ennemis que je vais vous laisser ;

Et, sans me repentir de ma persévérance,

Je me remets sur eux de toute ma vengeance.

Adieu.

(Elle sort, il boit)

scène 3 (Titus seul, il boit)

Titus

Hélas ! Oh ciel ! Ma tête va éclater !

Et l'alcool de ce verre ne peut plus m'enivrer !

(Il le jette violemment)

Le monde est à la violence gratuite et sans but ;

Je ne suis que feuille morte que le vent persécute ;

Vacillation de doute, d'erreur et d'illusion ;

Me voilà bien certain d'être sans conviction.

L'amour n'est plus que l'ombre qui terrorise nos nuits ;

Le fantôme qui vient et puis qui nous détruit.

Plus rien n'a d'importance en ce jour tout se meurt ;

Espérances qui se noient dans l'eau rance de nos pleurs,

Tous les sanglots du monde éclateront en tonnerre,

Dans la nuits résonneront des souffrances de cette terre :

Cette panse ventrue, ce gouffre ouvert béant

Qui engloutit nos vies dans ce puits de néant,

La bouche grande ouverte sur ses belles dents claquantes

Attend la décadence de nos vies innocentes

Sans une dernière fois nous bercer d'illusions

Frémissantes dans la voix de nos consolations...

scène 4 (Anthiochus, Titus)

Antiochus

Oh prince ! Qu'avez-vous fait ! La reine en ce palais

Hurle furieuse et veut tout son sang verser !

Titus

Hélas je suis perdu, je n'y pourrai survivre...

Antiochus

Courons à son secours ! Allons, il faut la suivre...

Quoi seigneur !

Titus

Hélas je ne sais ce que je dis ;

L’excès de la douleur accable mes esprits

Car il faut avouer... non !

Antiochus

Que cachent ces pleurs ?

Titus

Que je n'ai nulle peur !... inutile langueur...

Je suis au fond d'un puits sans fond et sans mémoire

Rien n’arrête la chute de tout mon désespoir...

Venez à mon secours ! Prince !

Antiochus

Dites le trouble

Qui noie ce cœur sensible...

Titus

J’aime...

Antiochus

Oui ?

Titus

Ah ! Je brûle, tout entier me consume ;

Je ne suis plus que cendres qui volent comme une plume...

Mon amour...

Antiochus

Quoi seigneur ?

Titus

cette terre solitaire

Qui avale tout mon cœur n'est plus faite pour me plaire

(un temps)

ce silence me pèse, car il faut avouer...

Antiochus

Quoi seigneur ?

Titus

Sans retour j'aime et ne peux prononcer...

Antiochus

Quoi seigneur ?

Titus

Vois cette peur, je t'en prie comprends !...

Antiochus

Quoi seigneur ?

Titus

Il faut taire pour toujours ces tourments...

Antiochus

Quoi seigneur ?

Titus

(à lui-même)

Mais je l'aime ! Mais je l'aime pour toujours !...

Antiochus

Quoi seigneur ?... (un temps) Courez vite lui confier votre amour !...

Titus

(comme dans un songe, il boit)

Et lui confier ma bite à ce cul qui habite

Sans cesse mes esprits...

Antiochus

Mais quel cul ? Quelle bite ?

Titus

Laissez-ça mon ami...fuyez loin de mes yeux,

Car mon cœur vous confier à jamais je ne peux...

(Il sort)

scène 5 (Anthiochus seul, il boit)

Antiochus

Mais quoi seigneur ? Mais quoi !... Hélas je ne comprends

Quelles peuvent être les raisons de ces puissants tourments...

Le destin de la reine occupe tous nos esprits,

Mais il ne veut hélas me confier ses envies !

Je crains tout pour nos âmes perdues dans ce brouillard,

Sur cette onde poisseuse et ce marais blafard

Où nous tous nous sombrons comme vapeur dans la nuit...

Il faut que de cette vie à tout prix je m'enfuis...

Que je trouve une issus à ce monde meurtri ;

Que je taise mon amour, qu'il sombre dans l'oubli....

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