Le matin de Noël
Fatigué par une nuit de travail, je rentrais chez moi dans ce petit matin glacial. La ville dormait, tout le monde dormait, pas un bruit, pas de voitures dans les rues, pas de lumière derrière les fenêtres. Quelle idée, franchement… C’était bien parce que ma mère avait insisté :
« Quand même, Jean-Balthazar, tu pourrais aider ton père… » gna-gna-gna… Ouais, en plus ils m’ont baptisé Jean-Balthazar…
Bref, j’avais froid, faim, et j’étais fatigué.
Je montai les escaliers de mon immeuble en silence, un peu de pitié pour les voisins quand même, et sans prendre la peine d’allumer la lumière, je me délestai de mes bottes sitôt la porte refermée, de mes affaires que je laissai tomber dans un coin, de mon manteau que j’envoyai au jugé sur la patère derrière la porte. Puis je me trainai dans la salle de bain pour une bonne douche chaude qui allait me revigorer…
J’en sortis une dizaine de minutes plus tard, réchauffé par l’eau brulante que j’avais laissée couler sur mon corps pendant tout ce temps. Mes cheveux longs étaient encore bien humides, ils sécheraient tout seuls. J’avais dit de me raser, mais là j’avais la flemme, franchement. On verrait plus tard. Ça faisait bien dix jours que je disais ça…
Je me dirigeai vers le coin cuisine de mon appartement minuscule, pour manger le premier truc qui me tomberait sous la main. Voyons… la boite à biscuits était vide, j’avais oublié d’acheter du pain la veille, ah, une clémentine, ça ferait l’affaire… Je l’épluchai rapidement et l’avalai tout aussi vite, le regard perdu en direction de la porte du frigo où j’avais aimanté des papiers à traiter de façon plus ou moins urgente, de la liste de courses à la facture d’électricité.
Je contournai le comptoir qui séparait le coin cuisine du reste de mon studio et me servait aussi bien de table que de rangement, et sursautai. Là, juste devant la cheminée qui était la seule coquetterie de mon logement minuscule, il y avait une fille. Si, si, une fille. Une femme, même. Pas très vêtue, endormie sur le tapis, les cheveux en vrac, la joue posée sur son bras, une main pas loin de mes pantoufles que j’avais laissées là pour qu’elles sèchent (j’étais sorti avec sur mon balcon microscopique, la veille, et elles étaient mouillées).
Je m’agenouillai et me penchai sur elle pour la regarder. J’écartai ses cheveux, en prenant soin de ne pas la réveiller. Derrière les mèches blondes que je repoussai en arrière, je vis apparaitre le plus beau visage que j’aie jamais vu. Elle avait les traits fins, un petit nez mignon, des lèvres pleines, de jolis sourcils bien dessinés au-dessus de ses yeux fermés. Un grain de beauté, en plein milieu de sa joue, que j’ai eu l’irrépressible envie d’embrasser...
Marie-Noëlle !
La petite Marie-Noëlle avait bien grandi, depuis l’époque où nous étions camarades de classe…
Sur ses bras nus, sa peau se hérissait de chair de poule : elle avait froid. Vite, je craquai une allumette, et démarrai le feu que j’avais préparé avant de partir. Je surveillai les flammes orangées dévorer le papier journal, lécher le petit bois puis les bûches empilées proprement par-dessus, en craquant doucement. La chaleur déjà se propageait hors du foyer. Une cheminée à bois en plein centre-ville, pas mal de monde trouvait ça inutile, mal pratique voire dangereux, moi j’adorais. L’odeur, la chaleur inimitable, le bruit aussi, et la lumière, me rappelaient mon enfance.
Une fois certain que le feu avait pris, je replaçai le pare-feu devant le foyer, puis je pris la fille dans mes bras. Je n’allais pas la laisser dormir par terre, tout de même… Je la déposai sur mon lit, et le mouvement lui fit ouvrir les yeux.
Sous les sourcils, les iris étaient verts. Ou gris-bleus, je n’avais jamais su le dire. En tout cas, magnifiques. Ses paupières battirent un peu encore, puis son regard se fixa sur moi et elle écarquilla les yeux. Je la tenais toujours dans mes bras, en souriant.
Je me jetai sur sa bouche pour l’embrasser, et elle répondit à mon baiser. Ses bras fins s’enroulèrent autour de mon cou, elle glissa les doigts dans mes cheveux pour mieux tenir ma tête et dévorer ma bouche, ma langue. Le souffle court, nous avions chaud tout à coup, alors même que le feu démarrait seulement et qu’il n’avait pas pu chauffer la pièce. Je sentis sa jambe bouger, son pied glisser le long de mon mollet, derrière mon genou et ma cuisse, sa cuisse à elle se posa sur ma hanche, et son mollet sur ma fesse. Ses doigts ne lâchaient pas mes cheveux, et son autre main descendit dans mon dos, jusque sous le débardeur que j’avais enfilé en sortant de la douche. Je frissonnai délicieusement en sentant ses petits doigts frais sur ma peau brulante, et lui rendis ses caresses.
Elle aussi était légèrement vêtue. Une sorte de… nuisette ? Robe ultra-courte ? Bref, un vêtement court, décolleté, près du corps, qui ne me cachait rien de ses formes. Elle laissa mes mains prendre possession de ses hanches fines, les serrer, pétrir ses fesses comme de la pâte à pain. J’en remontai une, une seule, pour aller saisir sa nuque qui disparaissait entre mes doigts. J’avais l’impression que, si je serrais trop fort, j’allais lui casser le cou. Elle était si délicate… J’avais toujours eu cette impression, le sentiment de ne pas la mériter, qu’elle était trop belle pour moi… Et je n’étais pas le seul, a priori, son père aussi…
Ses petites dents pointues serrèrent ma lèvre, et de sa gorge s’échappa un gémissement aigu. Visiblement, elle appréciait la pression de ma cuisse sur son entrejambes. Ou mes doigts qui caressaient sa fesse. Les deux, peut-être.
Je roulai sur le lit avec elle toujours dans mes bras, elle se retrouva au-dessus de moi et je pus lui ôter sa robe. Dessous, elle portait juste une jolie culotte de dentelle, que je fis disparaitre également, et des bas couleur chair, que je lui laissai. Elle s’était redressée pour m’aider, et ses seins pointaient à hauteur de mes yeux. Je n’eus qu’à tendre le cou pour saisir délicatement un téton entre mes lèvres. Pas les dents, pas encore…
« Balthazar… » murmura-t-elle dans un soupir. Un instant, je craignis qu’elle me demande d’arrêter, mais non. Je continuai, la caressai encore et encore, et elle aussi. Ses mains, réchauffées à présent, étaient posées sur mon torse. Elle tira sur mon débardeur, je fis marcher mes abdos pour me redresser. Mon vêtement vola dans la pièce, et avant même qu’il atterrisse elle s’attaquait à mon caleçon.
Sa mine gourmande en voyant mon sexe fièrement érigé ne me laissa aucun doute quant au plaisir qu’elle trouvait à la situation. Elle fondit littéralement dessus, et au moment où ses lèvres se refermèrent autour de mon gland, je sentis la fatigue me quitter. Je n’avais plus la moindre envie de dormir. J’étais en pleine forme, en fait.
Je m’appuyai en arrière sur l’oreiller pour mieux regarder Marie-Noëlle me sucer. Ses lèvres serraient ma verge, elle creusait les joues pour serrer plus encore, créant un effet de succion fort agréable. Elle montait et descendait sur ma longueur, jouant de ses doigts sur mes bourses. Je m’accrochai à la couverture, une fois ou deux, en grognant de plaisir. Elle allait me faire jouir, si elle continuait comme ça !
La douceur de sa langue, de ses lèvres, eurent presque raison de moi, et alors que je me tendais en soufflant lentement pour me contrôler, elle relâcha doucement mon sexe et remonta vers ma bouche en déposant au passage de petits baisers sur mon ventre et mon torse.
J’accueillis ses lèvres avec impatience, les pénétrai de ma langue, je l’entourai de mes bras pour la serrer contre moi, puis la renversai sur le lit. A mon tour j’entrepris de lui prodiguer du plaisir grâce à ma bouche et à ma langue. Elle commença à soupirer quand je m’occupai de ses seins magnifiques. Je les caressai longuement, laissant glisser mes doigts sur les douces rondeurs tout en tétant avidement les bouts turgescents. Elle se mit à geindre lorsque j’abandonnai sa poitrine, mais se calma en comprenant que j’allais la caresser plus bas. J’embrassais et léchais la peau douce de son ventre tout en descendant vers le saint des saints, encouragé par ses gémissements et ses frémissements.
La douce moiteur de son entrejambes accueillit mes lèvres et ma langue, et mes doigts. Elle était douce, déjà ouverte et mouillée. Je la caressai longtemps, lapant et buvant, lui arrachant des soupirs de désir et des tremblements de plaisir. Elle me regardait faire. Elle était belle.
Ses gémissements s’intensifièrent, je redoublai d’ardeur, mais elle m’arrêta en tirant sur mes cheveux pour m’écarter de son clitoris.
« Je te veux, Balthazar, je te veux maintenant ! »
Elle me laissa quand même le temps de chercher un préservatif, m’aida à le dérouler sur ma verge tendue vers elle, pour elle. Puis elle se recoucha sur le dos, m’attirant sur elle, entre ses cuisses qu’elle écarta pour m’accueillir. Je sentais ses talons, sur mes fesses, appuyer doucement pour me dire de la pénétrer.
Je pris mon temps, elle était impatiente, et moi aussi, mais je voulais savourer ce moment, je voulais m’en souvenir toute ma vie. J’en rêvais depuis si longtemps…
« Viens… viens… » Elle psalmodiait presque ces deux mots, appuyant sur mes reins avec ses pieds, et sur ma nuque et mes épaules avec ses mains. Lentement, très lentement, je m’enfonçai en elle. C’était une torture d’aller si lentement, mais c’était tellement bon que je voulais en profiter. Et lui en faire profiter elle aussi… C’était une torture, mais c’eut été un sacrilège de la pénétrer d’un coup. Comme de gober d’une traite un toast de foie gras, ou vider cul-sec un verre de très bon vin. En toutes choses, il fallait savoir savourer.
Je lui fis l’amour, longtemps, longuement. Elle gémissait de plaisir, et moi aussi. Plusieurs fois, je dus m’immobiliser en elle, serrer les dents et fermer les yeux, penser à autre chose pour faire redescendre un peu la pression et pouvoir continuer à l’honorer. J’avais vraiment cette impression d’honorer une déesse. Ma déesse personnelle, dont on m’avait promis qu’elle ne serait jamais à moi… Elle était là, dans mon lit, dans mes bras, et je ne rêvais pas !
Elle ouvrit la bouche pour crier un souffle, puis d’autres, et seulement à ce moment je laissai libre court à mes pulsions les plus profondes, pour la pilonner de plus en plus fort, de plus en plus vite, et la regarder s’envoler de plaisir. Sa bouche ouverte, ses yeux fermés, et un petit pli entre ses sourcils froncés… Son souffle, d’un coup, se coupa, plusieurs fois de suite, je sentis son vagin se resserrer autour de mon sexe, venant à bout de ma résistance. Je jouis, à mon tour, grognant mon plaisir dans son cou tout en l’écrasant de mon poids contre le matelas, j’en ai peur…
Je roulai sur le côté pour la regarder, et je devais avoir sur les lèvres un sourire un peu fanfaron, parce qu’elle me caressa la joue en murmurant :
« Ne fais pas le fier-à-bras… Je suis tombée là par hasard. »
Comment ça, par hasard ? Et comment ça, tombée ?
« Pourquoi crois-tu que j’étais devant ta cheminée, Balthazar ? J’ai glissé…
_ Mais…
_ Mon père vieillit, ça fait plusieurs années que je fais une partie de sa tournée pour le soulager. J’ai glissé en me penchant au-dessus de ta cheminée… je suis tombée chez toi. J’aime bien ta cheminée, d’ailleurs. »
Je me trouvais bête. Sans voix.
Elle me caressa à nouveau la joue « Tu le sais bien, que nous deux c’est impossible… »
On s’aimait depuis l’adolescence, mais son père s’opposait farouchement à toute relation entre nous. Il l’avait changée de lycée en apprenant qu’on se fréquentait. Et maintenant encore…
« J’étais juste venue t’apporter ceci… même si tout le monde ne pense pas que tu le mérites… » ajouta-t-elle en désignant, posé sur le tapis là où je l’avais trouvée endormie, un petit paquet enveloppé de papier brillant.
Déjà, elle était levée, avait remis robe et culotte, enfilé son manteau rouge à capuchon fourré de blanc, ses bottes, et elle se dirigeait vers la porte.
« Attends… » appelai-je faiblement.
Elle se retourna, souriant tristement.
« On se reverra ? » ai-je supplié, tendant la main vers elle.
« Je ne sais pas. Laissons faire le hasard… Bye, Balthazar… »
Je fermai la porte à clé derrière elle, me demandant si cette soirée était un rêve, une erreur monumentale ou un espoir à chérir, un souvenir à cultiver...
C'était la fille du Père Noël,
J'étais le fils du Père Fouettard.
Elle s'appelait Marie-Noëlle,
Je m'appelais Jean-Balthazar !
https://www.youtube.com/watch?v=8i6-EcyxoHE
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