Chapitre 1

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C'était le matin, le bruit de la ville m'avait réveillé comme tous les matins. Cependant, ça ne me dérangeait pas vraiment : j'y étais habitué. J'étais penché sur les échantillons que j'avais prélevé la veille sur le corps de la victime. Le garçon dormait encore ce qui m'offrit un moment de tranquillité pour me concentrer. La substance visqueuse était organique et correspondait à ma théorie de départ. Les autres échantillons ne m'avançaient pas à grand-chose. Certains résidus n'étaient rien d'autre que de la kératine, une substance qu'on retrouve notamment dans les ongles. Le reste semblait correspondre à des os mais seule une expertise plus approfondie pourrait me dire si c'était de l'os humain ou de l'os d'une autre créature.

  - Vous êtes déjà réveillé monsieur?

J'entendis une voix derrière moi. Je me retournai alors et vis le garçon. Sa chambre était adjacente à la mienne alors il avait dû m'entendre réfléchir à voix haute et me rejoindre. Il avait l'air encore endormi et se frottait les yeux... Comme un enfant...

  - J'ai le sommeil léger...

Il me regarda enfin et vit les échantillons devant moi. Il prit une expression gênée avant de continuer.

  - Pourquoi vous ne m'avez pas réveillé?

  - Parce que quand je me suis réveillé, il était 4 heure du matin. Tu n'aurais jamais tenu toute la journée...

Cette fois-ci il m'offrit un léger sourire.

  - Va déjeuner et rejoins-moi. Il faut qu'on trouve des pistes.

Il me fit un signe de la tête et quitta la pièce. Une fois qu'il referma la porte j'ouvris mon carnet pour relire mes notes et les comparer aux éléments que j'avais trouvé. Quand j'arrivai à la page ou j'avais reproduit le symbole étrange, je plongeai dans une profonde réflexion. J'étais certains de ne jamais l'avoir vu auparavant, mais il me semblait avoir déjà vu un symbole similaire avant. Je décidai donc de consulter tous mes livres concernant les créatures de l'ombres à la recherche de quelque chose pouvant y ressembler. Je trouvais dans les manuels les plus ancien un symbole y ressemblant quelque peu. Il s'agissait d'un croissant de lune autour duquel un serpent était enroulé. La tête du serpent était placée au centre du symbole. La personne qui avait dessiné le sceau sur le corps de la victime c'était peut-être inspiré de celui-ci. Je décidai donc d'en parler au garçon alors je descendis les escaliers pour rejoindre mon coéquipier dans la cuisine. Alors que j'allai ouvrir la porte, j'entendis ma sœur poser une question au garçon. Je me suis figé sur place quand j'entendis le son de sa voix.

  - Que pense tu de mon frère?

Le garçon ne répondit pas tous de suite. Il devait probablement chercher ses mots...

  - Et bien, je... Je ne le connais pas encore assez que pour avoir une opinion. Mais j'ai entendu dire que c'était quelqu'un de formidable dans son domaine.

  - Je ne parlais pas de son travail. Que pensez-vous de mon frère en tant que personne?

  - Hm... Et bien... Je ne sais pas trop comment agir avec lui.

Un moment de silence passa. J'étais toujours planté devant la porte à les écouter. J'ignore pourquoi d'ailleurs...

  - Je veux dire par là que parfois il est très froid avec moi... Mais il a l'air gentil en même temps....

J'entendis ma sœur soupirer comme si elle était sur le point de rire.

  - Vous croyez que ma présence le dérange?

Je me sentis bizarre quand j'entendis sa question. Je me sentais comme si j'étais coupable d'un crime abominable même si je savais que ce n'était pas le cas...

  - Non tu ne le dérange pas. Mon frère est très maladroit de nature quand il s'agit de personnes étrangères. Les gens l'ont souvent abandonné à cause de ça alors il est devenu froid et détaché avec les autres. Mais tu verras avec le temps qu'il est quelqu'un de très doux.

Ne pouvant plus écouter cette conversation une minute de plus, je décidai d'ouvrir la porte. J'entrai dans la pièce comme si rien ne c'était passé et posai le livre sur la table de la cuisine. Le garçon me lança un regard à la fois paniqué et surpris tandis que Silina se contenta de me sourire. Elle devait sans doute avoir deviner que j'avais tout entendu mais je m'en fichais un peu. Je lui adressai un bref regard avant de retourner mon attention vers le livre. Je l'ouvris et me remis à chercher la page qui avait attiré mon attention plus tôt.

  - Tu as eu le temps d'examiner le corps hier?

Je demandai au garçon. Il était toujours enfoncé dans son siège comme un jeune chiot pris en train de faire une bêtise. Je stoppai ma recherche et tournai la tête vers lui pour lui signifier que j'attendais une réponse de sa part. Il sembla comprendre et balbutia un non. Je baissai un peu la tête avant d'aller chercher une feuille et un crayon dans un tiroir. Je reproduisis le symbole avant de lui tendre la feuille. Il me fixa du regard puis se pencha sur la feuille. Une lueur étrange passa dans ses yeux.

  - Tu connais ce symbole?

  - Je pense que... Non je ne le connais pas... J'ai dû le confondre avec autre chose.

Sa réaction me parut étrange mais je décidai de ne pas plus le brusquer.

  - Ce symbole était gravé sur la peau de la victime. J'ignore ce qu'il signifie, ni ce qu'il représente... Cependant j'ai trouvé un autre symbole qui lui est similaire.

Je retournai à la recherche de la page et lui tendit le livre.

  - Mais... ce symbole...

  - Oui celui de la Communauté de l'Ombre. Il faut qu'on aille chercher dans leurs bibliothèque pour avoir plus de renseignements.

Le garçon me regarda avec hésitation. Visiblement, ses supérieurs avaient dû lui dire qu'il lui était interdit de pénétrer dans le domaine des Créatures de l'ombres.

  - Nous avons le droit d'y aller mais nous devrons respecter certaines conditions.

Je lui expliquai alors. Il hocha la tête et la tourna vers ma sœur comme pour avoir une autorisation de sa part. Je fronçai les sourcils en le voyant faire. Je soupirais et lui demandais de se préparer pour le long voyage qui nous attendais avant de récupérer le livre et de quitter la pièce. Je les entendis murmurer mais je n'y prêtai pas grande attention. Je retournai donc dans ma chambre et me prépara pour la route. Avant de commencer mes préparatifs, j'appelai mon cocher afin qu'il se prépare lui aussi pour le départ. Une fois que je finis de me préparer, je pris le fourreau de mon épée qui reposais sur ma table de chevet et je descendis vers les jardins de la maison. Une fois arriver dans le jardin, je refermai rapidement la porte et m'écartai assez loin. J'eus à peine le temps de m'écarter qu'un animal de la taille d'un loup sautai sur la porte. Il s'agissait en réalité de mon familier, un mélange de berger-allemand et de loup.

  - Bonjour Faran! On dirait bien que tu n'as pas réussi à m'avoir cette fois.

Je lui dis un peu amusé. La louve se retourna en chouinant un peu et s'approcha de moi alors que je m'accroupissais. Je lui caressai les flancs puis le dos alors que Faran s'assit. Du moins je pensais qu'elle s'asseyait... En réalité, elle prit appuis sur ses pattes arrière et s'appuya sur moi avec ses pattes avant pour me faire basculer. Je poussai donc un cris de surprise à cause de l'action et tombai donc à la renverse alors que Faran pris avantage de la situation pour commencer à me lécher le visage joyeusement. J'éclatai donc de rire en essayant de me protéger le visage alors que j'étais complètement à la merci de la louve. J'étais sur le point de me rendre lorsque que la louve s'arrêta brusquement et regarda vers la porte. Je repris mon souffle et me redressais pour trouver le garçon complètement abasourdis qui nous observait. Son regard se baladait anxieusement entre Faran et moi. Je lui adressai donc un regard interrogateur en inclinant légèrement la tête sur le côté.

  - J'avais entendu un... Alors je... V-vous allez bien?

Il balbutia en fixant ma louve du regard. J'arquai donc un sourcils avec curiosité.

  - Oui pourquoi ça n'irait pas...?!

  - J'ai euuuh... Je vous ai entendu crier...

Je fixai alors le garçon du regard, un peu étonné, puis je ris doucement en posant une main sur le dos de Faran qui, cette fois-ci, s'assit.

  - Ah ça! C'est un jeu que Faran et moi avons. Elle adore me faire tomber pour me souhaiter un bon retour.

Je lui expliquais avec un sourire, toujours assis au sol. Je penchai la tête en arrière avant de continuer.

  - J'avais enfin réussi à ne pas me faire avoir. Mais elle est rusée et m'a eu par surprise en faisant mine de vouloir me faire un câlin... Je me demande si elle n'a pas du sang de renard dans les veines parfois...

Je commentais plus pour moi-même que pour le garçon alors que Faran ballotais la queue joyeusement. Je crois qu'elle vit un lapin ou un écureuil au loin parce qu'elle se leva soudainement et se mit à courir à pleine vitesse vers le fond du jardin. Je vis du coin de l'œil le garçon faire un bond en arrière pour ne pas être emporter par la louve et tandis que j'observais mon familier jouer.

  - Faran... C'est... son nom?

Je tournai la tête pour regarder le garçon dans les yeux avant de me souvenir que j'étais toujours au sol avec les joues humides. Je sortis donc un mouchoir pour me les essuyer.

  - Faran est la louve que tu vois là-bas. Pour être plus exacte, elle est à moitié Berger-allemand, à moitié louve et elle est mon familier de surcroit. Je l'ai recueillie lorsqu'elle était encore petite... Son ancien propriétaire l'a abandonnée à moitié morte et affamée dans la rue, et depuis que je l'ai sauvée, elle me suit partout. Maintenant tu veux bien m'aider à me relever?

Le garçon me lança un regard interrogateur.

  - Le sol n'est pas très confortable...

Il réprima un rire et me tendit une main. Je la saisis et me releva avant d'épousseter mes vêtements. Faran revint bredouille mais non moins joyeuse et se frotta contre une de mes jambes.

  - Tu as eu le temps de te préparer?

Demandais-je au garçon. Il hocha la tête.

  - Nous allons vraiment sur leur territoire?

  - Oui. C'est le seul endroit où nous pourrons trouver des réponses concernant ce symbole. Maintenant vas te mettre au chaud, le cocher ne devrait pas arriver avant un bon quart d'heure.

Il s'inclina légèrement, se retourna et se dirigea vers la porte d'où il était arrivé.

  - Oh et Gabriel...

Il se retourna vers moi, l'air surpris.

  - N'aie pas peur. La seule raison pour laquelle ce voyage pourrait mal se passer c'est que l'un de nous ne tombe malade. Les Templiers ne subissent que très rarement des attaques.

Le garçon ne répondit pas et cligna plusieurs fois des yeux. Nous restâmes quelques instants à nous observer avant qu'il ne m'offre un grand sourire et rentre dans la maison. Une fois que la porte fut refermée je retournais mon attention vers Faran qui me regardait avec curiosité. Elle couina légèrement comme pour me reprocher de repartir. Je lui caressai donc la tête en souriant.

  - Ne t'inquiète pas pour mon départ.

Elle grogna sourdement et baissa la tête. Parfois, elle me donnait vraiment l'impression de me parler, et en ce moment, elle devait certainement me bouder.

  - Je te l'ai dit pourtant! Tu n'as pas à t'inquiéter pour mon départ puisque tu vas venir avec moi.

Elle redressa vivement la tête en ballotant la queue. Je me redressai donc et rentrai donc dans la maison suivi par Faran. J'entendis du bruit dans le salon. Ce n'était autre que ma sœur occupée a réarrangé les livres d'une des bibliothèques. Elle ne m'entendit pas tous de suite et je m'appuyai donc contre le chambrant de porte, les bras croisé. Faran quant à elle reniflait un peu partout. Je l'observais un moment en souriant.

  - Tu sais, tu les avais déjà rangés la semaine passée. Je suis sûre qu'ils étaient bien rangés.

Je vis Silina sursauté légèrement avant de se retourner. Elle me tira la langue et m'offrit un sourire taquin.

  - Si mon frère était là plus souvent, peut-être que je m'ennuierais moins et donc je lirais moins.

  - Ah oui? Vraiment? Mais qui va s'occuper des grands méchants alors?

Je lui demandai en feignant l'innocence alors que je me rapprochai d'elle.

  - Mmh, le père noël?

Je me stoppai et la fixai alors du regard complètement pris de court par sa réponse. Mon expression devait certainement parler pour moi puisque le sourire de ma sœur se transforma en sourire triomphant. Nous nous sommes tous deux mis à rire après un moment de silence. Faran entra dans le salon et nous observa. Une fois que nous nous sommes calmés et avons repris notre sérieux, nous nous sommes assis.

  - Tu vas prendre Faran avec toi alors? Tu as peur qu'il arrive quelque chose en chemin?

Elle me demanda avec un air faussement confiant. Elle essayait souvent de se montrer confiante envers mon frère et moi, mais son regard trahissait toujours son inquiétude. Je voulais la rassurer et lui dire que tout allait bien se passer, mais je me rappelai la promesse que mon frère, Abraham Van Helsing, ma sœur et moi nous étions faits: nous ne devions jamais nous mentir quand l'un de nous était obligé de se placer dans une situation dangereuse.

  - Nous ne savons pas encore à quel genre de créature nous avons affaire... Mais si mes soupçons sont fondés, alors nous devons rester prudent...

Silina baissa la tête.

  - Je vois...

Je lui redressai la tête avec une main.

  - Tu n'as pas à t'en faire pour nous. Notre adversaire ne sait sans doute pas encore que nous avons une piste. Et même s'ils le savaient, je doute qu'ils s'attaquent à nous de front.

Elle sourit faiblement et me pris dans ses bras. Je retournai donc le câlin pour la rassurer et essayai de changer de sujet.

  - Tu sais où est passé Gabriel?

Elle s'écarta afin de pouvoir me répondre en face.

  - Il m'a dit qu'il allait rester dans la cuisine pour attendre le fiacre. Il semblait vouloir réfléchir...

Je repensais à l'expression qu'il avait eu en voyant le symbole présent sur la victime et je ne pus m'empêcher de faire le lien entre les deux. Silina était sur le point de me demander quelque chose quand le garçon fit irruption dans la pièce. Il s'écarta, légèrement surpris par la présence de Faran, et me prévint de l'arrivée du fiacre. Je lançai un regard à ma sœur mais elle fit signe d'y aller en souriant. Je déposai donc un baiser sur son front et me dirigeai vers la sortie en compagnie du garçon et de ma louve. Le garçon sembla surpris de voir un fiacre plus grand que celui de la veille. Je saluai mon cocher avant d'ouvrir la porte du véhicule et m'écartai pour laisser Faran passer. La louve bondit à l'intérieur à la surprise du jeune homme et je grimpai à mon tour. Une fois que nous étions tous installé, je donna notre destination à mon cocher. Celui-ci hocha la tête, referma la porte et prit place à l'avant du fiacre. Je remarquai que le garçon avait le regard fixer sur Faran, une fois encore.

  - Vous... prenez votre familier avec vous? Mais ne va-t-on pas l'empêcher de rentrer?

  - Non. Les territoires appartenant à la Communauté de l'Ombre n'interdissent en aucun cas la présence d'animaux dans les bâtiments publiques. Après tout, s'ils le faisaient, certains peuples le prendrait probablement pour du racisme.

Le garçon me répondit simplement par un "oh".

Le voyage dura plusieurs heures durant lesquelles le garçon observait le paysage, Faran dormait et je lisais un livre que mon frère m'avait offert. Une fois arriver à la frontière, deux démons vinrent nous contrôler et, une fois le contrôle passé, nous sommes arrivés à la bibliothèque. Nous avons commencé à chercher dans toutes sortes de livres pendant une demi-heure mais nous ne trouvions pas ce que nous cherchions. Je sentais le garçon s'impatienter à mes côtés quand soudain quelqu'un vint à notre rencontre. Il s'agissait d'un homme grand au teint pâle et aux yeux semblable à deux améthystes. Il avait de longs cheveux argentés et portait des habits élégant. L'homme était également flanqué de deux garde du corps à la carrure de gorille.

  - Vous êtes Oswald Van Helsing?

L'homme me demanda avec une voix glacial. Je sentis le garçon se figer à mes côtés mais décida de ne pas bouger ni prononcer un mots.

  - Qui le demande?

Le garçon lui répondit sur le même ton. Les deux individus commencèrent à se toiser du regard tandis que je soupirai discrètement, la tête appuyée sur une main. Je remarquai un détail qui aurait pu m'échapper si le garçon n'avait pas irrité l'inconnu. L'homme avait des branchies à la base du coup. Tout devint alors clair pour moi.

  - Gabriel, calme-toi. Cet homme est peut-être très impoli mais il pourrait bien nous apporter de gros ennuis si nous ne faisons pas attention.

Les deux se retournèrent vers moi, visiblement intrigués par mon intervention.

  - N'est-ce pas, seigneur Amalgith Mac Diarmada?!

Les yeux du garçon s'écarquillèrent en entendant le noms de l'homme. L'intéressé m'adressa un sourire impressionné.

  - Vous voulez dire, le président des Créatures de l'Ombres?

  - En personne...

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