Combat à mort

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Je relevais vivement la tête suite à la révélation de son nouveau but. Il voulait m'évincer, et il s'était déjà allié avec la Cour. Il avait tout planifié minutieusement, et la fierté émanait de lui comme une odeur âcre. Il pensait pouvoir m'éliminer comme lorsqu'on écrase un insecte avec le pied : avec facilité et indifférence. Pourtant, ce qu'il n'avait pas prévu c'était que je puisse apprendre à maîtriser cette magie que je lui devais.

Je n'étais peut-être pas la plus précise ou la plus douée mais j'arrivais tout de même à diriger ma magie, à la façonner. Pour cela, je devais me concentrer, et c'est ce que je fis. J'inspirais et expirais profondément et avec lenteur. Mes yeux étaient de nouveau fermés, le noir me procurait la concentration dont j'avais besoin mais seulement pour une minute ou deux. J'avais besoin de plus de temps alors je me mis à fredonner ma chanson d'enfance. Tout d'abord lentement et presque silencieusement, puis de plus en plus fort jusqu'à ce que les Gardiens en contrebas puisse eux-même m'entendre.

Mes pieds se détachèrent du sol comme lors du combat dans les Bois de Cristal. J'entamais des mouvements gracieux avec mes bras, mes mains, mes doigts, mon corps tout entier. C'était comme une danse entre moi et ma magie qui se projetait en dehors de moi. Mon corps se mouvait, je laissais mon instinct prendre possession de moi, je me laissais faire. Je commençais à vouloir diriger ma magie vers mon ennemi. Je pouvais sentir la terreur dans l'aura qui entourait Connor. Il était terrifié devant le spectacle que j'offrais. Moi à deux mètres du sol, dansant avec ma magie, cette lueur rouge qui m'entourait et qui éclairait le combat tant son intensité était importante.

J'ouvris les yeux, ils étaient aussi rouge que ma magie, aussi étincelants que cette dernière. Je penchais légèrement ma tête vers la droite puis souris à mon ennemi.

- Tu devrais faire tes adieux à cette terre Connor, tant que tu le peux encore, car vois-tu, tu aurais pu réussir ta vengeance. Transformer tous les Gardiens, tuer ma mère, me tuer moi et prendre ma place. Mais tu n'avais pas pensé, tu n'avais pas envisagé que je puisse maîtriser ma magie. Comme tu peux le voir, tu aurais dû y penser car tu vas le payer de ta vie.

La terreur était maître de son corps, je le voyais, je le sentais. Sa lèvre inférieure tremblait, tout comme ses mains. Il voulait m'attaquer de son épée mais les tremblements l'en empêchaient. Il la jeta alors et ferma les yeux comme moi auparavant. Je discernais les ténèbres qui se rassemblaient autour de lui. Visiblement nous allions nous battre à égalité. Lui ne s'élevait pas dans le ciel, cela jouait en sa défaveur.

Il m'attaqua une première fois avec un jet de ténèbres que je contrais sans réelle difficulté. Ce jet alla s'écraser contre un arbre, le faisant pourrir et vieillir en à peine quelques secondes. Il recommença, mais une nouvelle fois, je le contrai. Cela dura encore pendant quelques minutes, sans que jamais je ne l'attaque. Je voulais qu'il s'épuise. Il me touchait à trois reprises mais cela ne m'empêcherait pas de le tuer. Je pris une nouvelle inspiration puis fis un mouvement de poignet sec pour que ma magie se dirige à une vitesse fulgurante vers Connor. Je vis alors une nouvelle fois la peur dans ses yeux avant de lui rompre le cou avec grâce mais d'une façon sèche. Cela fut rapide, il n'aurait pas eu le temps de réagir ou de contre-attaquer. Je ne voulais pas que ce combat dure dans le temps alors que l'issue aurait été la même. Connor aurait dû se douter que si ma force provenait des ténèbres mélangé à une malédiction, il n'aurait pas pu me battre. Il était mort et j'étais celle qui vivait. Personne ne prendrait ma place sur le trône, personne n'aurait ma couronne car elle était mienne par le sang.

Je sentais mes pieds qui touchaient de nouveau le sol. Je n'entendais rien, pas un seul bruit d'épées qui s'entrechoquaient. Seul un silence pesant régnait autour de moi. Je laissais le corps inerte de Connor derrière moi pour me précipiter en bas de la colline. Le spectacle qui s'offrait à moi était affreux. Des dizaines et des dizaines de corps sans vie jonchaient le sol. La plupart des corps avaient encore les yeux ouverts, cela rendait cette vue plus terrifiante encore qu'elle ne l'était déjà.

Je me déplaçais avec grande peine, les quelques blessures que m'avait infligées Connor étaient rares mais profondes et douloureuses. Je perdais du sang mais je pouvais survivre. Je criais le nom d'Owein et de Lume. Aucune réponse ne me parvenait. La peur me saisit sans retenue. Je tentais de courir tant bien que mal tout en continuant de crier le nom de mes amis. Owein. Lume. Llion. Et même EÒghan. Toujours sans réponse. L'inquiétude prenait possession de mon corps. J'hurlai, je pleurai encore et encore pendant de longues minutes. Je m'effondrai de douleur et de fatigue, pourtant je continuais à appeler mes amis avec désespoir.

Le temps passait, mes larmes se tarissaient mais la douleur restait la même. Je sentais des gens qui passaient ça et là. Aucun d'entre eux ne vint me voir, cependant je sentais leur regard peser sur moi, ils m'observaient, me jugeaient peut-être. Le silence fut remplacé par des discussions pleines de douleur, des corps qu'on bougeait pour pouvoir dignement les enterrer ou les brûler. Ma respiration se faisait plus calme, plus apaisée, c'est à ce moment que j'entendis une voix masculine crier mon prénom à s'en arracher les cordes vocales. Owein. Il était vivant et me cherchait. J'hurlais son prénom en retour, me relevais avec peine et cherchais des yeux l'homme que j'aimais. Une fois que mes yeux se posèrent sur lui, j'oubliais tout. J'oubliais la douleur de mes blessures, j'oubliais les personnes qui devaient se déplacer pour ne pas que je leur fonce dessus. Je courais rejoindre Owein et une fois que je fus assez près, je lui sautais dans les bras. Celui-ci me tint avec fermeté, il m'embrassait sans interruption et ne cessait de répéter à quel point il était soulagé de me voir en vie. Je lui répondais que je l'étais tout autant. Puis vint le moment où je lui ai demandé quand était-il des autres.

Son regard se fit plus sombre, plus triste. Il me déposa alors sur le sol, me prit la main et commença à me diriger plus loin, vers la forêt. Je ne comprenais pas bien mais je me laissais faire. Ce n'est qu'une fois que nous atteignîmes les abords de la forêt et que je vis le groupe entourer une personne qui semblait au sol que je compris. L'un d'entre nous était gravement blessé. Peut-être même mort. Mais qui était-ce?

Je lâchais la main d'Owein pour courir vers mes amis. Debout il y avait Seimon, Cilistro, Amaël, Loravere qui était revenue et Llion. Où étaient Lume et EÒghan? J'arrivais à hauteur du groupe et les poussais pour me frayer un chemin vers la victime. EÒghan. Il était allongé, peinant à respirer, le sang coulait de son corps comme une rivière. Mes jambes me firent me rapprocher pour ensuite me lâcher. Je m'effondrais à côté de cet homme que je connaissais à peine et qui, pourtant, était la seule personne que j'aurais aimé connaître il y a des années. Mon père mourrait sous mes yeux. Il s'était battu pour moi depuis tout ce temps, jamais je ne l'avais remercié et voilà qu'il allait quitter ce monde. Sa respiration était sifflante, ses yeux commençaient à se révulser, me faisant pleurer de plus belle.

Lume m'entourait de ses bras tandis que je pleurais toutes les larmes de mon corps. Elle ne parlait pas mais je sentais qu'elle avait quelque chose à dire, alors je l'ai regardé dans les yeux et je l'ai supplié de me dire maintenant ce qu'elle avait à dire. "Achlys...Il lui reste tout au plus quelques heures, mais ce sera dans la souffrance,il faudrait...abréger sa souffrance tu ne crois pas?" Je la regardais, la bouche ouverte, les larmes salées coulant sur mon visage tâché du sang de victimes. Je ne savais pas quoi dire jusqu'à ce qu'Owein intervienne.

- Je ne suis pas sûr de ce que je vais dire mais, lorsque j'étais à deux doigts de mourir, des Gardiens de Terre avaient tenté de me soigner grâce à leur magie. Cela vaudrait dire que j'en suis capable...Du moins avec de l'entraînement…

Je regardais cet homme sans qui je n'aurais jamais survécu jusqu'ici et le suppliais de tenter la guérison. "Je ne peux pas perdre mon père… Je t'en supplie Owein…". Il finit par hocher la tête les yeux ronds à l’entente du mot “père”. Il s'approcha d'EÒghan. Il posa ses mains sur la plaie, située sur le côté gauche de son ventre. Il tenta une fois mais rien ne se produisit.

Pendant de longues minutes, Owein tentait encore et encore de soigner mon père, en vain. Il n'y arrivait pas. Lorsqu'il décida d'essayer une dernière fois, je posais ma main sur son épaule en signe d'encouragement. Cependant, une étrange lumière dorée se répandait sous ma main. Je sentis tout d'un coup de l'épuisement. Owein aspirait de mon énergie pour soigner l'homme à nos pieds, alors je le laissais faire, je le laissais siphonner autant d'énergie qu'il le voulait. Après encore quelques secondes, EÒghan put reprendre une grande bouffée d'air et s'asseoir. La joie me submergeait tellement que j'en vins à prendre mon père dans mes bras et à l’embrasser, à plusieurs reprises, les joues. Lui aussi me serrait fort dans ses bras, il me caressait les cheveux avec tendresse, pendant que des larmes coulaient sur ses joues et finissaient leur course sur moi. Nous ne nous lâchions pas pendant encore quelques minutes puis finalement je me détachai de mon père pour prendre Owein dans mes bras. Du moins, je lui sautais une nouvelle fois dessus avant de l'embrasser sans retenue. Je sentais son sourire grandir, il me serrait fort contre lui malgré l'épuisement, et j'en faisais de-même. Après ce baiser, nous restions collés, nos têtes l'une contre l'autre. Nous reprenions notre souffle avant de nous sourire.

J'aurais aimé rester là des heures durant, mais je revins à la réalité lorsque mes yeux se posèrent sur le restant de la Tombe d'Ignis. Ce lieu était définitivement détruit et cela prendrait des années avant que la reconstruction soit finie. Un long soupir s'échappait de mes lèvres tandis que je me dirigeais vers les Gardiens de Feu encore en vie pour compter combien ils étaient et voir s'il n'y avait pas trop de blessés, ou alors rien de critique.

*****

PdV Owein

Nous regardions tous Achlys qui s'éloignait de nous. Je voyais bien que tout le monde était choqué de voir qu'elle n'était pas restée longtemps au chevet d’EÒghan, qui se révélait être son père. C'était bien le seul d'ailleurs qui ne semblait pas trop s'en formaliser. Je me tournais vers lui pour l'avertir que la guérison serait probablement instable dû à mon manque d'expérience. Celui-ci ne répondit rien d'autre que "Merci", je lui souriais donc avant de prendre la parole.

- Achlys avait un cœur de pierre à la limite de l'acier, mais elle a su s’en délivrer. Nous lui devons respect et loyauté. Elle est notre Reine.

A suivre…

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