7. Fixette contraceptive
La chambre suivante était libre. Sans échanger un mot, nous nous désapâmes puis nous frottâmes les parties génitales. En moins de temps qu’il n’en faut à un pharmacien pour refourguer à son client un traitement contre la calvitie et l’excès de morve hivernal (même en été), l’acteur hissa son pavillon égrillard (une tête de gland surplombant deux œufs de caille).
Seulement, au lieu de me combler les orifices comme un grand nombre de mâles, lui louvoya. Il fit glisser sa pine le long de ma colonne vertébrale, mordilla mes lobes d’oreilles, renifla mes mollets et ma chatte. Une véritable anguille qui n’arrêtait pas d’onduler autour de mon corps et de me manipuler comme un casse-tête (heureusement que j’étais souple !).
Était-ce donc cela l’amour à la française ? Un mélange de kinésithérapie et de yoga ? En tout cas, l’effet était moyen, je mouillais tiède et au compte-gouttes.
- Baise-moi, l’encourageai-je d’une voix langoureuse.
L’autre fit la sourde d’oreille et continua ses préliminaires fastidieux. Si bien que je voulus lui attraper la queue. Hélas, lorsque ma main l’effleurait, elle parvenait toujours à se dérober. « Cassée ! » disait alors J. J. Dujardin en se marrant comme un bossu.
À force, j’en eus marre et le dégageai d’un coup de pied.
- Qu’est-ce qui te prend ? s’étonna-t-il, outré.
- Écoute, faut que tu choizes, fis-je sévèrement. Soit tu pratiques l’ostéo, soit tu fais des blagues ou soit tu baises, mais pas tout en même temps !
- OK, OK, grogna-t-il. On baise.
Et il s’introduisit en moi. Au début, je ressentis du plaisir. Puis, petit à petit, le sourire bloqué de l’acteur allant et venant m’accapara.
Comme tout à l’heure, l’angoisse m’envahit. Qui avait installé ce maudit rictus sur son visage ? Était-ce un savant fou ? Un docteur en marge ? L’homme qui avait opéré J. J. Dujardin avait-il récupéré ce sourire sur un cadavre ?
J’imaginais l’acteur le bas du visage ensanglanté sur une table en bois et au-dessus de lui, le sourire neuf tenu par des câbles. Des éclairs intermittents éclairant la scène et le rire démentiel du tailleur de barbaque.
J’avais beau essayer de me concentrer sur l’ébat, la vue de ce sourire récurrent me rendait malade. Et à qui appartenait-il ? Le chirurgien hors-la-loi l’avait-il prélevé d’un psychopathe ?
Plus je le voyais et plus j’en étais convaincue. Oui, ce sourire n’avait rien de bienveillant. C’était un sourire de tordu, jubilant à l’accomplissement du mal.
Alimentée par cette idée, une vision d’horreur m’apparut. Le sourire se flétrit et projeta des larves !
Ce fut trop !
- Stop ! dis-je en freinant le coup en instance.
- Quoi encore ! éructa J. J. Dujardin, furax.
- La lumière. Faut l’éteindre. Je jouis mieux dans le noir.
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