Chapitre 14
La foule hurlait, beuglait plutôt, à la vue des combattants dans l’arène. Une euphorie incroyable, une agitation qui faisait branler les cloisons de l’arène de fortune. Surement une construction rapide et facile à abandonner. Les bêtes étaient encore retenues au sol par des chaînes. Un coup d’œil rapide dans l’arène permis au jeune sorcier de voir d’autres combattants. Ils n’étaient donc pas les seuls à être livrer en pâture. Elenwë suivit son regard, pour découvrir des enfants. Elle se crispa et serra les poings à s’en faire saigner. Tom était beaucoup plus indifférent, ce soucier des autres n’avait jamais fait partie de ses préoccupations. Il n’allait certainement pas mourir ici, il se le refusait tout simple. Il regarda les bêtes.
La colère gronda en lui et sembla embrasser son cœur. Pour qui le prenait-il se petit nain grassouillet, il avait joué la comédie un temps mais s’en était terminé. Il tira de la poche de sa cape qu’il avait pu conserver grâce à l’incompétence et la bêtise des loups-garous pour sortir sa baguette. Son poids lui insuffla un sentiment d’invincibilité et de force. Comme le touché du bois l’avait tellement manqué ! Un sentiment d’extase le traversa. Il allait les tuer. Tous, sans exception. Il glissa un coup d’œil à Elenwë qui semblait très clame. Le calme avant la tempête surement. Il ne se demanda plus si elle allait sortir vivant de ce guêpier, ça semblait une évidence vu ce don elle était capable. Une évidence bien suspecte pour le jeune sorcier. Elle vit la baguette mais ne fit aucun commentaire.
Cette elfe était plutôt surprenante. Elle lui avait sauvé la vie uniquement pour servir son propre intérêt. Ce simple constat conforta le sorcier dans son jugement vis-à-vis d'elle. Elle avait un but, et il était tout aussi noir que le sien. Rien que pour ça il ne l’avait pas encore tué. Il aurait pu, au moins des dizaines de fois. Mais il n’avait rien fait. Cela le contrariait au plus au point. C’était comme un bête qui s’amusait à le piquer en permanence mais qu’il ne parvenait pas à écraser pour qu’il soit enfin tranquille. Pourquoi ne pas la tuer maintenant ? Il n’était plus dans la forêt et il trouverait bien un autre elfe plus docile et moins revêche maintenant qu’il avait sa baguette. Mais quelque chose l’en empêcha. Il avait le sentiment qu’elle savait qu’elle chose qu’il fallait qu’il sache également. Son instinct lui soufflait de ne pas la laisser partir, qu’elle lui serait bien plus utile que ce qu’il pouvait imaginer. Et surtout, elle était étrange. Mystérieuse même. Son élan de compassion dans la cellule l’avait passablement ennuyé mais il avait bien joué le jeu, ne sachant pas ce qu’il allait advenir d’eux. Il avait bien remarqué le changement d’attitude de l’elfe, qui tout comme lui devait penser que leure heure serait bientôt arrivée.
Ce n’est que lorsqu’elle commença à raconter l’histoire de Morwën Qorwyn que son avis sur son sujet changea radicalement. D’une part, elle avait appelé l’histoire de cette femme une légende alors que tout porte à croire qu’il s’agissait de magie noire, celle qui intéresse justement Jedusor. D’autre part, son opinion sur la magie noire et le fait qu’elle ne semblait pas le moins du monde la redouter ni même aborder le sujet, convaincu le jeune sorcier. Ce n’était pas une elfe comme les autres et elle savait beaucoup plus de chose que les autres. D’où l’importance selon lui de rester avec elle pour le moment et de jouer la comédie pour se rapprocher d’elle. Cette idée le révulsa. Jamais il n’avait avoué des souvenirs et des pensées si personnelles mais cela en valait peut-êter la peine. Après tout, si on veut dompter un loup, il faut trouver son point faible pour mieux l’achever par la suite.
La curiosité commençait à ronger un petit bout de sa raison et rien que pour ça Jedusor se détesta. Jamais il n’avait porté de l’intérêt aux autres, ou plutôt à qui que se soit, mise à part son ancien mentor qui lui a tourné le dos. Ce petit caillou dans la chaussure devait disparaître le plus vite possible. De fait, voir la jeune elfe si calme, les muscles bandés, et la tête haute, le revigora à son tour et lui changea les idées.
- Quand nous sortirons d’ici, me diras-tu pourquoi tu es ici ? lui demanda t-elle. Cette question le surpris à moitié, il était évident qu’elle voulait savoir ce que faisait un sorcier dans leur petite forêt sacré à la noix.
- Si tu me dis pourquoi tu tiens tant à me garder en vie, lui répondit-il, après quelque instant de réflexion.
- Entendu.
Son regard brulait, irradiait plutôt d’une détermination et d’une force qui remua légèrement le sorcier. Un énorme gong sonna et des cloches retentirent.
- Peux tu protéger les enfants ? lui demanda t-elle doucement. Les enfants n’ont rien fait pour se retrouver là. Pendant ce temps je me charge des bêtes. Si tu es d’accord, conclua t-elle.
- Et si je ne le suis pas ? lui répond il, curieux d’entre sa réponse.
- Je te brisera les os en milles morceaux, declara elle le regard perçant.
- Heureusement pour toi j'ai besoin de survivre à ce masacre. Je les protégerais comme je peux.
Il n'avait que faire des enfants, ils pouvaient bien se faire décapiter où couper en deux, cela ne lui ferait ni chaud ni froid. Mais vu la force qui se dégageait de l'Elenwë, il décida de se fier à elle. Bien qu'il ait envie de vomir à cette simple idée. Dans sa vie, Ton n'avait compté que sur lui même et il comptait bien suivre ce chemin le plus longtemps possible. Elle n'était qu'un pion de plus dans la partie. "Tant mieux" se dit-il.
Annotations