Chapitre 40

5 minutes de lecture

Date : 4 mars 2027

Heure : 10h00

Le lendemain matin, la tension dans la maison était palpable. Mariana s’agitait dans la cuisine, ses mains tremblantes tandis qu’elle préparait le petit-déjeuner. La nuit avait été longue, remplie de pensées tourmentées et de cauchemars éveillés. Les paroles de Lucas tournaient en boucle dans son esprit :

« Si nous n’intervenons pas, ils pourraient être perdus pour de bon. » La possibilité que la Confrérie ait des réponses, ou même une solution, avait fini par prendre racine dans son esprit. Elle savait que Arnold n’accepterait jamais leur aide, mais elle n’avait plus le luxe d’attendre.

Arnold, de son côté, était assis dans le salon, une expression sombre sur le visage. Il jetait de temps à autre un coup d’œil à Matheo, qui jouait silencieusement dans un coin, son regard vide et absent. La scène le rendait fou. Son propre fils, transformé en une sorte de marionnette, contrôlé par une force qu’ils ne comprenaient même pas. Et Violette, elle, continuait de jouer à proximité, ses yeux violets suivant chaque mouvement de son frère comme si elle tirait les fils invisibles qui le manipulaient.

Le silence entre eux devint insupportable. Finalement, Arnold brisa la glace.

« Mariana, » dit-il d’une voix tendue, sans la regarder. « Nous devons faire quelque chose. Je… je ne peux plus supporter de les voir comme ça. »

Elle hocha la tête, sans se tourner vers lui. « Je sais. »

« Mais tu n'as pas vraiment l'air de comprendre ! » Il se leva brusquement, faisant sursauter Mariana. « Cette situation devient insupportable. Matheo n'est plus lui-même, Violette… elle est liée à cette… chose. Et maintenant, cette Confrérie rôde autour de nous. Je refuse qu’on les laisse entrer plus dans notre vie. »

Mariana se mordit la lèvre, incapable de répondre immédiatement. Elle savait que ce moment allait arriver. Elle se retourna lentement, posant la tasse qu’elle tenait sur la table.

« Arnold, écoute-moi… je crois que Lucas avait raison. Nous avons besoin de leur aide. »

La phrase tomba comme un coup de tonnerre dans la pièce. Arnold se figea, ses yeux s'écarquillant d'incrédulité.

« Quoi ? Tu plaisantes, j’espère ? »

Mariana se força à maintenir son calme, bien que son cœur batte à tout rompre.

« Non, je ne plaisante pas. Nous ne savons pas ce que nous faisons. Nous sommes dépassés. La Confrérie connaît cette entité, Céleste. Peut-être qu’ils peuvent sauver nos enfants. »

Arnold la fixa, une colère froide traversant ses traits.

« La Confrérie ne veut pas les sauver, Mariana. Tu ne vois pas ce qu’ils sont vraiment ? Ils nous observent depuis des semaines. Ils veulent utiliser Matheo et Violette pour leur propre compte, pour des expériences. Tu crois vraiment qu’ils agissent par altruisme ? »

« Et si c’était notre seule option ? » répliqua Mariana, la voix tremblante mais résolue. « Et si c’était la seule façon de sauver Matheo avant qu’il ne soit complètement perdu ? Tu l’as vu, Arnold. Il revient à lui parfois, mais à chaque fois, Violette le tire de nouveau dans cet état… mécanique. Je ne peux plus attendre en espérant que tout revienne à la normale. »

Arnold secoua la tête, les mâchoires serrées.

« Non. Il y a forcément une autre solution. On n’a même pas tout essayé. Ces gens ne sont pas là pour nous aider. Ils veulent comprendre pour contrôler, pas pour libérer. »

Le silence s’installa à nouveau, lourd et oppressant. Mariana sentait l’angoisse monter en elle. Chaque mot prononcé par Arnold résonnait en elle, mais la peur pour ses enfants surpassait tout. Elle savait qu’il avait raison sur un point : la Confrérie avait ses propres objectifs, mais si c’était le prix à payer pour sauver Matheo et, d'une certaine manière, Violette, était-elle prête à refuser leur aide ?

Heure : 12h30

Mariana, assise près de la fenêtre, observait Violette qui jouait dehors sous la surveillance de son grand-père. Le contraste entre l’innocence apparente de la scène et la gravité de la situation la perturbait profondément. Matheo, quant à lui, restait à l’intérieur, son regard vide fixé sur la télévision. Il semblait être dans un monde à part, déconnecté de la réalité qui l’entourait.

Elle sentit un nœud se former dans sa gorge. Chaque jour, la situation empirait. Elle voyait son fils disparaître un peu plus dans les profondeurs de ce qu’elle imaginait être l’emprise de Céleste, et malgré l’amour qu’elle portait à Violette, cette dernière devenait de plus en plus une étrangère pour elle.

Finalement, elle se leva et sortit son téléphone. Ses doigts tremblaient tandis qu’elle composait le numéro de Lucas.

Heure : 15h00

Lucas était revenu dans l’après-midi, comme convenu. Mariana l’avait accueilli avec un mélange de peur et d’espoir. Elle savait que son choix allait provoquer une rupture avec Arnold, mais elle ne voyait plus d’autre solution. Elle devait sauver ses enfants, quoi qu’il en coûte.

Ils étaient maintenant dans le salon, assis autour de la table. Lucas observait les enfants en silence, ses yeux sombres suivant chacun de leurs mouvements. « Je comprends que cette situation soit difficile pour vous, Mariana, » dit-il doucement. « Mais je vous promets que nous ne voulons qu’aider. La Confrérie a vu ce genre de choses avant. Nous avons étudié des cas similaires et nous pensons pouvoir affaiblir l’emprise de Céleste. »

Mariana hocha la tête, bien que son estomac soit noué.

« Et… comment comptez-vous faire cela ? »

Lucas se pencha légèrement en avant.

« Nous devons d’abord établir un contact direct avec Matheo et Violette. Ensuite, nous évaluerons l’intensité de l’influence de Céleste. Ce ne sera pas facile, ni immédiat, mais nous avons des moyens de la repousser. Cependant… cela nécessitera plusieurs sessions. »

Mariana déglutit, ses mains se serrant nerveusement sous la table. « Et vous êtes sûr que ça fonctionnera ? »

« Aussi sûr que nous pouvons l’être dans ces circonstances, » répondit Lucas.

Soudain, la porte d’entrée s’ouvrit avec fracas, laissant entrer un Arnold furieux.

« Qu’est-ce que tu fais, Mariana ? » cria-t-il, ses yeux remplis de colère. « Tu les laisses entrer dans notre maison ? Tu les laisses toucher à nos enfants ? »

Mariana se leva rapidement, essayant de calmer la situation.

« Arnold, s’il te plaît, écoute-moi ! Je fais ça pour Matheo, pour Violette. Nous ne pouvons pas continuer à les voir se perdre ainsi. »

« Non, » rétorqua Arnold, sa voix emplie de rage. « Je refuse de les laisser nous manipuler. »

Lucas resta silencieux, mais l’atmosphère dans la pièce s’était tendue. Mariana, les larmes aux yeux, sentait le poids de la situation écraser ses épaules.

« Arnold, je t’en prie. Si nous n’agissons pas, nous allons perdre Matheo et Violette. Je ne peux pas vivre avec ça. »

Arnold secoua la tête, visiblement déchiré entre sa colère et l’inquiétude pour ses enfants.

« Et si on les perdait en les confiant à la Confrérie ? » demanda-t-il, d’une voix plus douce mais tout aussi désespérée. « Tu n’as pas pensé à ça ? »

Mariana ne savait plus quoi répondre. Elle regarda Lucas, puis Arnold, se sentant piégée entre l’homme qu’elle aimait et ses enfants qu’elle voulait sauver à tout prix.

« Je ne peux plus attendre, Arnold. Je dois essayer, » murmura-t-elle finalement.

Arnold resta silencieux, l’expression dure. Puis, sans un mot, il tourna les talons et quitta la maison, laissant Mariana seule avec son choix.

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