Chapitre 44

5 minutes de lecture

Date : 17 mars 2027

Heure : 14h00

Le soleil d'hiver s'était à peine frayé un chemin à travers les lourds nuages gris qui planaient sur le village. Une brise froide parcourait les rues désertes, faisant vibrer les volets des maisons endormies. À l'intérieur de la petite maison, un calme tendu régnait. Mariana regardait par la fenêtre, ses pensées tourbillonnant autour de la récente visite de la Confrérie.

Cela faisait quelques jours que Violette et Matheo semblaient plus lucides, presque normaux. Les moments où ils revenaient à eux étaient de plus en plus longs, et cela avait donné à Mariana une lueur d’espoir. Lucas, de la Confrérie, lui avait rendu visite plusieurs fois, observant de près l’évolution des enfants. Mariana avait commencé à lui faire de plus en plus confiance, voyant dans ses mots et ses explications une clé pour comprendre ce qui leur arrivait.

Mais aujourd'hui, Lucas avait proposé quelque chose de totalement inattendu. Un choix déchirant. Un choix qui pourrait changer leur vie à jamais.

Heure : 15h00

Assise à la table de la cuisine, Mariana fixait l’enveloppe que Lucas lui avait donnée. À l’intérieur, une proposition détaillée : la Confrérie croyait que Violette était la clé pour percer le mystère de **Céleste**. Selon eux, sa lucidité prolongée n’était pas simplement un signe de guérison, mais une preuve que Violette avait développé une connexion spéciale avec l’entité. Ils pensaient que si Violette passait plus de temps avec eux, sous leur surveillance constante, ils pourraient approfondir leurs recherches et potentiellement trouver un moyen de contrôler, voire de neutraliser Céleste.

Le problème, c'était que cela signifiait que Violette devait partir. La Confrérie demandait à la garder avec eux pour une période prolongée, loin de sa famille. Ils avaient promis de la traiter avec soin, mais Mariana ne pouvait pas ignorer l’angoisse qui lui rongeait le cœur. L’idée de se séparer de sa fille, même temporairement, la terrifiait. Et malgré toutes les assurances de Lucas, elle savait que la Confrérie avait ses propres motivations, qui dépassaient peut-être la simple volonté d’aider.

Mariana se prit la tête entre les mains, submergée par l'angoisse. Elle ne pouvait pas faire ça seule. Elle devait parler à Arnold.

Heure : 17h00

Lorsque Arnold rentra du travail, l’atmosphère dans la maison était déjà lourde. Il salua brièvement Matheo, qui jouait avec ses blocs en silence, et échangea un regard avec Violette, assise sur le canapé, un livre ouvert devant elle. Son visage enfantin paraissait plus détendu, plus serein qu’il ne l’avait été depuis des semaines. Arnold esquissa un sourire forcé, mais une part de lui restait sur ses gardes.

Mariana attendait dans la cuisine, l’enveloppe toujours posée sur la table. Quand Arnold entra, elle le fixa avec une expression qu’il ne put ignorer : elle était bouleversée.

« Arnold, il faut qu’on parle, » dit-elle d’une voix faible, presque brisée.

Arnold fronça les sourcils.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Elle lui tendit l’enveloppe sans un mot. Arnold prit l’enveloppe et la déchira avec une impatience contenue, lisant rapidement le contenu. Plus il lisait, plus son visage s’assombrissait. Ses mains se crispèrent sur le papier, ses mâchoires se serrèrent.

« Non, » dit-il finalement, sa voix froide et tranchante.

Mariana sentit son cœur se serrer.

« Arnold, écoute-moi… ils pensent qu’ils peuvent l’aider. Ils pensent que Violette est spéciale, qu’elle peut les aider à comprendre Céleste et à la contrôler. »

Arnold éclata d’un rire amer, jetant l’enveloppe sur la table.

« Tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu veux leur donner notre fille comme… comme une sorte d’expérience scientifique ? Ils ne la sauveront pas, Mariana. Ils la détruiront. Ils la manipulent pour leurs propres intérêts, et toi, tu leur fais confiance ? »

Mariana secoua la tête, les larmes lui montant aux yeux.

« Ce n’est pas ça, Arnold ! Ils veulent l’aider. Ils veulent comprendre ce qui se passe pour tous nous sauver. Tu as vu comme elle va mieux ces derniers jours. Tu ne peux pas nier qu’ils ont fait des progrès. »

« Des progrès ? » cracha Arnold. « Tu veux dire ces moments où elle est normale pendant quelques heures, puis redevient une marionnette sous l'emprise de cette entité ? Ce n’est pas un progrès, c’est un piège ! »

Le silence tomba dans la pièce. Mariana se sentait déchirée entre sa confiance en la Confrérie et l’avertissement d’Arnold. Mais elle croyait en ces instants où Violette était revenue à elle, où elle avait parlé avec tant de clarté et de peur. Comment pouvait-elle ignorer ça ?

« Arnold, je ne veux pas perdre Violette. Si elle peut être sauvée, si ça implique de lui faire passer plus de temps avec eux, je dois le considérer. Je ne peux pas la laisser dans cet état. »

Arnold se leva brusquement de sa chaise, le visage déformé par la colère.

« Alors quoi ? Tu vas leur confier notre fille, juste comme ça ? Tu veux vraiment la voir disparaître dans leurs laboratoires, sans savoir si elle reviendra ? »

« Je fais ça pour elle ! » cria Mariana, les larmes coulant maintenant librement sur ses joues. « Je fais ça parce que je crois qu’ils peuvent l’aider ! »

Arnold secoua la tête, incrédule.

« Non. Je ne peux pas te laisser faire ça. Si tu continues dans cette direction, Mariana, si tu choisis de leur faire confiance, je prendrai **Matheo** et je partirai d’ici. Je ne peux plus rester là et te regarder les laisser détruire notre famille. »

Le cœur de Mariana se brisa en entendant ces mots. Elle savait qu’Arnold était sérieux. Il n’avait jamais été aussi catégorique, aussi décidé. La fissure qui s’était créée entre eux s’élargissait à chaque seconde, menaçant de les séparer à jamais.

Heure : 19h00

La soirée était sombre, étouffante. Mariana se tenait dans la chambre de Violette, regardant sa fille dormir paisiblement. Les événements de la journée tournaient en boucle dans son esprit. Elle se sentait perdue. Elle ne pouvait pas abandonner Violette, mais pouvait-elle vraiment prendre le risque de la confier à la Confrérie, en sachant qu’elle pourrait ne jamais la revoir ?

Elle se souvenait de ce que Lucas lui avait dit. Violette était spéciale, différente des autres enfants touchés par Céleste. Si elle pouvait vraiment aider à comprendre cette entité, alors peut-être qu’ils pourraient sauver Matheo aussi. Peut-être que tout cela en valait la peine.

Mais le doute restait. Arnold avait raison sur un point : la Confrérie n’était pas totalement transparente dans ses intentions. Et si elle faisait une erreur ? Et si elle perdait non seulement Violette, mais aussi Matheo et Arnold ?

Heure : 22h00

Mariana s’assit sur le canapé, son esprit tourmenté par le choix qui l’attendait. Elle savait qu’elle devait prendre une décision rapidement. Mais cette décision allait fracturer sa famille. Peu importe le chemin qu’elle choisirait, il y aurait des conséquences. En donnant Violette à la Confrérie, elle risquait de la perdre à jamais. Mais en refusant, elle risquait de condamner ses enfants à l’emprise de Céleste pour toujours.

Son téléphone vibra sur la table basse. Un message de Lucas :

« La Confrérie est prête à agir dès demain si vous acceptez. Nous croyons que Violette peut être la clé. »

Mariana ferma les yeux, laissant échapper un long soupir. Le choix était là, devant elle, et il n’y avait pas de retour en arrière possible.

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