Chapitre 47

5 minutes de lecture

Date : 31 mars 2027

Heure : 08h00

Le soleil se levait lentement derrière les nuages épais, projetant une lumière froide et diffuse à travers les fenêtres de la maison. Les ombres, longues et immobiles, semblaient accentuer le vide que Violette avait laissé derrière elle. Mariana fixait son téléphone posé sur la table de la cuisine, espérant un appel de la Confrérie. Chaque minute qui passait sans nouvelle la rongeait un peu plus. Le silence était devenu oppressant, un rappel constant que sa fille n’était plus là, et que quelque chose, quelque part, ne tournait pas rond.

Le bruit des pas de Matheo dans le couloir lui fit tourner la tête. Il entra dans la cuisine, traînant légèrement ses pieds, ses cheveux en bataille. Mariana observa son visage, cherchant des indices, des signes que Céleste pourrait encore avoir un contrôle sur lui. Mais depuis quelques jours, elle avait remarqué un léger changement chez son fils. Il semblait moins distant, moins pris dans les murmures qu'il avait parfois avec Violette. Peut-être que l'emprise de **Céleste** s’affaiblissait.

« Salut, mon grand, » dit-elle doucement, essayant d’ajouter un peu de chaleur dans sa voix malgré son angoisse.

Matheo leva les yeux vers elle, ses paupières encore lourdes de sommeil.

« Salut, maman, » murmura-t-il, avant de s’asseoir à table, silencieux.

Il y avait une lueur dans ses yeux, quelque chose qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Ce n’était pas de l’euphorie ou de la joie, mais un éclat, une lucidité qui l’avait quittée depuis que Céleste s’était insinuée dans leurs vies. **Mariana** sentit son cœur se serrer d’espoir, mais elle savait qu’il fallait être prudent. Elle ne voulait pas se précipiter vers une conclusion qui pourrait être illusoire.

Heure : 11h00

Alors qu’elle nettoyait la maison, tentant de distraire son esprit, le téléphone se mit à vibrer sur la table basse du salon. Mariana sursauta et se précipita pour répondre, son cœur battant fort dans sa poitrine.

« Allô ? » dit-elle, la voix tremblante.

« Mariana, c’est Lucas. » La voix calme du membre de la Confrérie résonna à l’autre bout du fil. « Je voulais vous tenir au courant des derniers développements concernant Violette. »

Le soulagement immédiat fut rapidement remplacé par une vague de tension.

« Comment va-t-elle ? Elle va bien ? »

Lucas marqua une pause, et ce silence pesa lourdement.

« Nous observons un comportement intéressant chez elle. Elle est stable, mais elle parle souvent de Matheo. Ce qui est... inhabituel. Elle semble convaincue qu’elle peut le voir. Comme si elle était toujours connectée à lui, malgré la distance. »

Les mots de Lucas s’enfoncèrent comme des couteaux dans l’esprit de Mariana.

« Connectée à Matheo ? Que voulez-vous dire ? »

Lucas hésita, choisissant soigneusement ses mots. « Nous pensons que l'emprise de Céleste sur Violette est plus profonde que nous l’avions estimé. Elle utilise probablement cette connexion pour rester proche de son frère. C’est un lien mental puissant que nous essayons de comprendre. Pour l’instant, nous continuons les observations. Mais sachez que tout ce qui affecte Violette pourrait également affecter Matheo. »

Le téléphone tremblait légèrement dans la main de Mariana. Cette idée la terrifiait.

« Est-ce que cela signifie que Matheo est encore en danger ? »

Lucas prit une inspiration audible.

« Nous ne pouvons pas l’exclure. Mais il semble montrer des signes de résistance. C’est un bon indicateur. Cependant, nous devons rester vigilants. Si vous remarquez quoi que ce soit d’étrange, appelez-moi immédiatement. »

Mariana acquiesça, bien que Lucas ne puisse pas la voir.

« D’accord. Merci, Lucas. »

Elle raccrocha, ses pensées tourbillonnant. Matheo semblait s’éloigner de l’influence de Céleste, mais si Violette était encore connectée à lui, tout pouvait basculer en un instant.

Heure : 15h30

Arnold était absent depuis plusieurs jours, ne rentrant que brièvement le soir pour éviter les conversations prolongées. Il avait trouvé refuge dans son travail, mais Mariana savait qu’il cherchait aussi des réponses ailleurs. Elle avait surpris quelques appels, des recherches frénétiques sur la Confrérie, mais ils n’en parlaient jamais directement.

Ce jour-là, lorsqu’il franchit la porte de la maison, son visage était marqué par la fatigue, mais aussi par une colère sourde. Il posa ses affaires sur la table de l’entrée et entra dans le salon, où Mariana était assise, tentant de rassembler ses pensées après l’appel de Lucas.

« Tu as eu des nouvelles de Violette ? » demanda Arnold, son ton froid et détaché.

Mariana hocha lentement la tête.

« Oui. Lucas m’a appelée ce matin. Il m’a dit qu’elle est... stable, mais qu’elle parle de Matheo. Ils pensent qu’elle est encore connectée à lui d’une manière ou d’une autre. »

Arnold grogna, un rictus de mépris apparaissant sur son visage.

« Connectée à lui ? C’est absurde. Ils jouent avec nos enfants, Mariana. Je t’ai dit que la Confrérie ne cherchait pas à les sauver, mais à comprendre quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas. Ils manipulent Violette, et maintenant, ils essaient de te convaincre que Matheo est aussi impliqué. »

Mariana sentit la colère monter en elle, mais elle savait qu’il n’était pas le moment de se disputer à nouveau. Pourtant, elle ne pouvait pas rester silencieuse.

« Matheo semble s’éloigner de Céleste. Je le vois. Il va mieux, Arnold. Peut-être que Violette... »

« Peut-être quoi ? Qu’elle reviendra guérie ? » coupa Arnold, les yeux brûlants de rage. « Ils te mentent, Mariana. Ils mentent depuis le début. »

Il se leva brusquement, traversant la pièce d’un pas furieux.

« J’ai découvert des choses sur eux, des histoires d’enfants qui ne sont jamais revenus. Tu penses vraiment que Violette va revenir indemne après tout ça ? »

Mariana resta immobile, les mots d’Arnold la poignardant. Elle savait qu’il avait raison de se méfier, mais elle ne pouvait abandonner l’espoir. Pas encore.

Heure : 18h00

Alors que la journée touchait à sa fin, Mariana remarqua un changement subtil chez Matheo. Il semblait plus calme, plus présent. Depuis le départ de Violette, il avait montré des signes de désorientation, parfois parlant tout bas, comme s’il entendait des voix. Mais aujourd’hui, ses mouvements étaient plus assurés, et son regard moins vague.

Alors qu’elle s’asseyait à côté de lui pour le dîner, elle sentit une étrange sérénité dans son comportement. Il ne mentionnait plus Violette, et ne parlait pas non plus de ses étranges visions.

« Matheo... tu te sens comment, mon chéri ? » demanda-t-elle doucement.

Il leva les yeux vers elle, ses prunelles sombres brillantes d’intelligence.

« Je vais mieux, maman. Je ne l’entends plus... Céleste. »

Mariana sentit son cœur se soulever.

« C’est vrai ? Tu n’entends plus sa voix ? »

Matheo secoua la tête.

« Non. Elle est partie... ou elle ne peut plus me trouver. »

Cette révélation lui apporta un soulagement immense, mais aussi une nouvelle source d’inquiétude. Si Céleste avait perdu sa prise sur Matheo, cela signifiait peut-être que son attention s’était entièrement tournée vers Violette.

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