- Arrête tes conneries ! Faut que tu disparaisses quelques temps.

- C'est hors de question et tu le sais." la voix de la tueuse à gage est froide, sans appel.

- C'est beaucoup trop risqué. Les services de police te recherchent, ils ont ton ADN sur une scène de crime. Tu es à ça de passer quelques années à l'ombre." dit Al en laissant un interstice de quelques millimètres entre son pouce et son index pour appuyer son propos.

- Tant mieux, tu me fileras tes contrats sur les prisonniers. Ca fera le ménage.

- Babe, tu peux pas tout prendre à la légère comme ça." souffle Al.

- Je prend rien à la légère. J'ai besoin de travailler, sans m'occupera l'esprit."

La jeune femme farfouillait dans les dossiers. Elle en sortit un, triomphale :

- Voilà, ça se sera parfait.

- Babe, tu n'écoutes rien...

- Je t'ai déjà dit, ne m'appelle pas Babe."

Pour une fois, elle avait radoucit son ton. Cela ne disait rien qui vaille.

°°°

Iona, Ecosse

Jeudi 5 Avril

Le couple avait choisi une jolie guide touristique. En lune de miel en Ecosse, ils avaient été séduit par la proposition de tour de la région de cette femme à l'accent typique. Un peu surpris de commencer la visite par une traversée sur une vieille barque en partance de l'île de Mull, pour rejoindre l'île d'Iona, ils s'étaient laissés guider. Les trois compères accostèrent sur une plage de sable fin, déserte. Le couple se délectait de cette occasion inespérée de tranquillité, de contact avec la nature, loin de la civilisation. La guide leur laissa tout loisir de profiter du paysage. Après avoir quitté la plage, ils traversèrent les verts paturages écossais jusqu'à gagner la célèbre Abbaye d'Iona. Même les nuages bas ne pouvaient gacher leur plaisir. Admirant les ruines et s'étonnant de ne croiser aucun touriste, le couple interrogea la guide.

- Avec ces nuages, j'ai bien peur que les touristes aient eu peur de l'averse. Mais vous savez quand on est écossais, ce n'est pas la pluie qui nous empêche de sortir.

Le couple se détourna. L'homme ne vit pas venir le coup, assomé d'un roc de belle taille en pleine tête, son crâne se fendit, il s'effondra. La jeune épouse poussa un cri d'effroi, se retourna et fit face à la tueuse. Son regard était noir, dénué de toute émotion. Elle sortit un poignard.

- Jusqu'à ce que la mort vous sépare." murmura-t-elle, en enfonçant la lame dans le coeur de la femme.

La tueuse se saisit ensuite d'une barre de féraille d'un des anciens toits, et l'enfonca à l'emplacement du coup de couteau. Elle quitta ensuite les lieux, gagna le port et prit le ferrie qui la ramena sur l'île de Mull à temps pour s'abriter d'une pluie fracassante. L'eau laverait les plaies, les autorités locales conclueraient à des touristes inconscients et tués dans un malheureux accident.

Al avait tord, elle était tout à fait capable.