Chapitre 16

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Le ventre plein, je me laisse aller à une douce somnolence. Le cauchemar de la nuit dernière m'a trop ébranlée pour que je me réveille reposée. En face de moi, assis négligemment en tailleur sur sa chaise, en rien fidèle à son image de riche pédant, Nathan joue avec sa nourriture.

  • Pas faim ?

Il sursaute. Ma question l'a tiré hors de ses pensées. Vu l'air maussade qu'il affiche, je comprends qu’elles n’étaient pas joyeuses.

  • Ça va ? questionné-je, inquiète.
  • Oui, oui, évite-t-il de répondre avec un geste vague de la main. Ça va.

Je soupire. Pourquoi s'obstine-t-on à tout garder pour soi quand on ne va pas bien ? C'est définitivement stupide. Quel comportement typique des humains !

  • Tu sais que tu peux te confier à moi si tu en as besoin, n’est-ce pas ?

Il sourit tristement.

  • Oui, je sais. Merci, Adri.

Je hoche la tête et m'apprête à ajouter quelque chose à propos de communiquer, partager ses problèmes pour ne pas les porter seul, etc., mais la sonnerie de mon téléphone m'interrompt avant même que je n'aie ouvert la bouche. C’est Julia.

  • Excuse-moi. Je vais répondre.

Je sens le regard de Nathan me suivre tandis que je m'éloigne de la salle à manger.

  • Allô ?
  • Putain, Anna ! T’es où ? On est tous super inquiets ! Je peux savoir depuis quand tu découches sans prévenir ? Tu vas bien ? Entière ? Pas de gars bizarres ?

J’éloigne le téléphone de mon oreille au déchaînement soudain de ma cousine, qui manque de me perforer le tympan, et attends calmement qu'elle ait fini.

  • Ju. Je vais bien. Je ne suis pas blessée. Il ne m’est rien arrivé. Et je suis désolée de ne pas vous avoir prévenus que je ne rentrais pas.
  • Merde, Anna. Tu nous as fait peur. Les gars étaient prêts à retourner la ville pour te retrouver, je me rongeais les sangs, et Nash voulait même faire un signalement de disparition à la police.

Je rougis, honteuse.

  • Pardon...

Julia prend une grande inspiration, et je sais qu'elle fait de son mieux pour reprendre son calme. Quelques secondes s'écoulent, interminables.

  • Bon. Ce n’est pas grave, Adri. Je te pardonne. Je ne sais pas ce qu’il en sera des garçons. Tu leur dois des explications et des excuses.
  • Oui, Julia.
  • Allez, j’arrête de t’engueuler. T’es où ? Je vais passer te chercher.
  • Ne t’inquiète pas, je pars tout de suite. Je me débrouille.
  • Sûre ?
  • Oui.
  • À tout de suite, chérie.
  • Ciao, Julia.

Je raccroche et soupire en me passant la main sur le visage. Retour à la réalité. Il va maintenant falloir assumer mes actes.

Un raclement de gorge discret m'avertit de la présence de Nathan. J'affiche un sourire forcé qui a pour but de le rassurer, mais n’a probablement pas l’effet recherché.

  • Ça va ?
  • Il faut que je rentre. J’ai découché après une crise de nerfs sans prévenir personne. Je vais devoir m’expliquer...
  • Je vois. Tu penses que tu vas y arriver ?
  • Ben... je n’ai pas trop le choix. Quoi qu’il en soit, merci beaucoup, que ce soit pour ton hospitalité ou pour ton soutien.
  • Je t’en prie. N’hésite pas, c’est un plaisir de prendre soin de toi.

Je me sens rougir. Où est donc passé le jeune homme au sourire éclatant de blancheur et à la conduite snob ? Il est aimable et gentil, et je ne sais pas quoi faire de ça.

Il semble sentir ma légère gêne et détourne les yeux en toussant.

  • Bon... Je te laisse y aller alors. N’oublie pas tes affaires.

Je hoche la tête et disparais.

Quelques minutes plus tard, je descends en courant la grande rue qui mène au centre-ville pour attraper le prochain bus.

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