Et si...
Que se passerait-il si j’avais pris tes menaces au sérieux, si j’avais arrêté de boire, cessé de jouer au gamin ? Si je n’avais pas oublié mes promesses, pas remis au lendemain mes projets d’une vie à deux, une vie à un plus un je veux dire, une plus un pour être précis. Si j’avais été l’une de ces deux âmes qui soutient l’autre quand elle flanche et qui, dans sa belle confiance, sait qu’elle ne tombera pas très bas en cas de mauvais pas, elle peut compter sur son alter ego. Une de ces deux moitiés qui progressent de front pour affronter la réalité et repousser l’inacceptable.
Si je n’avais pas été ce boulet qui salit ce qu’il touche, oublie de se réveiller une énième fois pour se faire virer par un énième employeur avec qui il est à deux doigts de se battre. Si je m’étais occupé de ce gosse comme toi tu l’as fait et le feras encore. Si je ne m’étais pas vautré dans la certitude de l’amour que tu me témoignais, un amour tellement toujours renouvelé que je le savais éternel. Le croyais.
Si tu ne m’avais pas quitté.
Il se passerait que ce soir, assis sur la rambarde de ce balcon du treizième étage, je pourrais me contenter de te dire, en plagiant Bohringer,
– c’est beau une ville la nuit,
et retourner danser.
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