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Je tremble un peu, mais je ne saurai dire si c'est la vue de la piscine par delà la fenêtre grande ouverte, qui me fait ainsi éprouver les vestiges d'une presque noyade ou bien seulement l'intéraction avec mon père. Tu as été assez gâtée ! Une autre façon d'attirer l'attention ? Comme si je l'avais jamais attirée. Jamais même avec un bac mention très bien, et l'acceptation au sein d'une école prestigieuse. Prenant une inspiration pour mettre l'ordre dans mes idées, mes larmes tombent en rafale. Foutu lundi. Je me suis promis pourtant de ne plus accorder de crédit à l'indifférence de mon père vis-à-vis de moi. Se guérir avec le même processus que l'on adopte lorsque on subit un refus amoureux, une indifférence amoureuse. Mais les liens de sang sont plus forts que tous, les déchirure familiales restent pour de bon des déchirures.

Entendant des pas qui s'approchent de la chambre d'amis, j'essuie rapidement mes larmes et me compose à la va-vite une mine potable, un visage neutre que rien n'a ébranlé juste avant. Je ne sais plus depuis quand je me cache de mes émotions, et depuis quand je me cache de ma soeur. Layla me sourit. Elle doit être mécontente après avoir manqué de respect à mon père. Quand même citer des serviettes hygiéniques. Ce n'est pas dans nos traditions de briser la pudeur comme je l'ai ainsi fait.

— Tu vas bien ?

Je hoche la tête, commence à me déshabiller en essayant de masquer le tremblement de mes bras et mes jambes.

— Tiens, un pyjama pour toi. Je te l'ai acheté au centre commercial de Bab ezzouar.

Je suis surprise par un tel geste.

— Ça doit t'avoir coûté une blinde.

Le centre commercial de Bab ezzouar, édifice énorme, moderne avec des escalators, des boutiques aussi chiques les unes que les autres, malheureusement pas fait pour les habitants de la banlieue d'Alger.

Layla hausse les épaules et me tend le pyjama. Je l'attrape, excitée par le cadeau et le déplie fiévreusement.

— Wow ! Il est trop beau.

De couleur crème, t-shirt avec pantalon, il est à l'effigie de trois personnages que j'adore. Le trio inséparable, dont les ennuis sont fans, de Vampire Diaries. Elena, Stephen et Damon qui posent le torse nu, la fille en robe sang.

— Merci, dis-je en me tournant vers elle, à fleur de peau. Ce n'est pas, par contre, un pyjama que je porterais devant grand-père !

Elle éclate de rire.

— J'ai pas oublié à quel point tu de fan de cette série.

Son sourire est tendre, ses yeux appellent la nostalgie du bon vieux temps. Je me souviens encore lorsque j'économisais mon argent de poche, au lycée, pour pouvoir me payer la série phénomène des vampires. Grand-père n'était pas du genre à me payer un compte Netflix ni le Wi-Fi tout court. J'avais dû batailler des jours avec lui pour qu'il me laisse utiliser son poste de télévision qu'il garde au chaud dans sa chambre. Car regarder une série teenager avec bisous et sexe à gogo en plein living-room avec en plus ses grands-parents qu'un simple je t'aime à la télé offusque n'est décidément pas la meilleure idée.

Je m'habille et me sens beaucoup mieux. Lorsque je me mets au lit dans l'attention de dormir, Layla me rejoint à ma grande surprise. Je ne me souviens même plus de la dernière fois que nous sommes restées ensemble pour se raconter nos potins.

— Si tu savais combien j'ai eu peur aujourd'hui.

Elle me caresse le visage tendrement. Ses yeux sont grands, ses cils recourbés naturellement. Layla est une simple beauté avec ses cheveux roux, ses iris noirs et son petit nez. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais même plus comment je me suis retrouvée à deux doigts de mourir.

Layla se mord les lèvres. Elle veut dire quelque chose, mais n'ose pas. Et je sais de toute manière de quoi il s'agit. J'anticipe tout en accusant le coup. Ce n'est jamais facile de se remémorer le passé et l'idiotie de nos actes.

— Je suis plus comme ça, Layl'. Détrompe-toi.

Elle hoche la tête, peu convaincue. Et comment l'être en me voyant noyée ? Moi-même je ne sais plus comment je me suis retrouvée en plein piscine. J'ai beau me creuser la tête, la dernière chose dont je me souviens, c'est d'avoir consulté mes messages et d'être inquiète à propos des interrogations écrites. Avais-je glissé malencontreusement ? Ou… ? Je chasse cette idée. Je ne suis pas désespérée pour tenter stupidement de me noyer toute seule afin de noyer soit-disant un chagrin que j'ai dépassé fort longtemps déjà.

— J'ai essayé de nager un peu. Je crois que c'est d'avoir mangé juste avant qui m'a fait du tord, lui dis-je, essayant de me convaincre moi-même.

Layla se laisse aller à mon argument, et sans que je la vois venir, elle s'allonge à côté de moi, ferme les yeux pour s'endormir, ses mains sur les miennes.

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