L'attente -2
Me voici un matin. j'étais assise sur le balcon, dans mon fauteuil roulant ; un moment à moi. Ce n'était pas le moment de vérité, mais il était à moi, ce moment, pour en faire tout ce que je voudrais.
Tout ce que je voyais était beau, mais appartenait à cette Maison. Il y avait maintenant une tristesse dans mon regard, j'aimais cette pelouse, cette herbe verte coupée, taillée ou non, mais ce n'était pas mon herbe. Avant d'entrer dans cette Maison comme patiente, j'habitais un petit appartement tout près. Ma fenêtre donnait sur le parc et je voyais arriver des gens, des patients, parfois en fauteuil, parfois soutenus par des infirmiers. Je n'aurais jamais cru qu'un jour je vivrais là.
C'est un vieux batiment austère de style victorien qui rappel un monastère. On l'appelle simplement la Maison. Au début, je disais le Monastère ; j'aurais préféré. Rien que des hommes. Je savais m'y prendre avec eux. Ils n'ont pas a répondre à toutes ces questions "Quelle robe voulez-vous porter aujourd'hui ? - Et vos cheveux ? On vous les coiffe à la Marie-Antoinette ? - Avant qu'elle ne perde sa tête bien-sûr !!" Les hommes peuvent rester bien assis dans leur fauteuil pendant que les infirmières cherchent, non pas un petit ruban rouge à attacher à la tête chauve de madame Gisèle, mais des choses qui leur vont bien, des casquettes de chasse ou de beaux chapeaux...
Quoiqu'il en soit, chauves ou chevelus, les hommes s'en tirent mieux que les femmes à la Maison.
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