NEVER GET OLD

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Londres, Favart road.

Mme Montgomery se réveille en sursaut, puis se rue dans la salle de bain pour se regarder dans la glace : des sillons creusent son visage, l'âge reprend ses droits. Elle regarde son talisman qui rougit par intermittence. Louise le prend dans sa main, puis la retire brusquement. Une importante brûlure lui colore la paume. Elle hésite à enlever le collier, mais se ravise aussitôt. Regardant à nouveau son reflet, elle murmure, furieuse :

— Elles ont osé.

*

W. Agency. Victoria.

Le silence enveloppe l'agence, qui semble vide. La porte d'entrée s'ouvre doucement, Mme Montgomery entre. Elle regarde autour d'elle, s'avance vers le centre de la pièce. Law sort brusquement de la cuisine, puis la maîtrise avec une clé de bras. Le pendentif se pare d’une lueur sanguine.

— Lâchez moi ! crie-t-elle surprise par l'assaut.

— Ren, le collier !

L’associée se jette sur l'objet, l'arrachant du cou de sa propriétaire. Elle se brûle avec. Le saisissant alors par la chaîne, elle l'insère dans la partie haute du miroir de Felicia, posé sur le bureau.

— Bon sang c'est chaud ! lance la blonde, en secouant la main.

Le contour de l’artefact s'illumine, prenant une teinte dorée, puis s'éteint. À ce moment, Law jette violemment Louise par terre. Courant vers la table, l'enquêtrice s'écrie :

— Dégage du champ, Ren !

Aidée par sa collègue, Law soulève l’objet de tous les tourments. Les deux jeunes femmes le posent en face de Madame Montgomery, de sorte qu’elle s’y reflète. Levant ses yeux vers la glace, la cliente horrifiée plaque sa main contre la surface, afin de repousser l’accessoire. Un halo de lumière vive enveloppe la femme. Il miroite frénétiquement quelques instants. Puis, lançant un hurlement déchirant, Louise disparaît, absorbée par un vortex embrasé.

*

Paddington flat. Morning.

Allongée dans son lit sous une épaisse couette aux motifs écossais, Law regarde fixement le plafond. Les yeux grand ouverts, en pleine réflexion, la jeune femme esquisse une moue troublée.

Oui, je sais, je suis enquêtrice dans le domaine de l'étrange… Mais tout de même... Logiquement, l'oncle de Louise n'aurait pas dû survivre. Elle l'a empoisonné à la digitaline. Il était sur le point de mourir. Il aurait dû, mourir... Même dans un monde en apparence irrationnel, ce n'est pas logique.

Law ferme les yeux. Le gros nuage aux tons beiges et crème se met brusquement à bouger, c'est James qui se réveille. Il embrasse Law sur l'épaule, puis sort du lit.

Oh, ça va ! Je l’avais bien dit à Félicia, qu’il était beau gosse ! Et j’ai toujours eu cette tendance à me taper les mecs qu’il ne faut pas… Le bad boy, le pauvre chihuahua mouillé… même le mec parfait… Pas si parfait d’ailleurs, j’ai toujours envie de lui mettre des tartes… Mac...

Londres s'éveille.

Après un long moment à regarder le plafond, Law se lève, puis se dirige vers le salon. Le petit déjeuner est prêt. Un plateau rempli de délices trône sur la table basse. L'enquêtrice se sert son thé.

— Merci, Felicia. Tu penses toujours à moi. Quel ange !

La jeune femme sursaute en entendant du bruit dans la salle de bain, puis reprend tranquillement une gorgée de son breuvage, supposant que sa colocataire a pris un jour de congé. James sort, vêtu d’une serviette autour de la taille. S'approchant de l’enquêtrice, il l'embrasse sur la joue.

— Bonjour Law. Tu as bien dormi ?

— Bien. Oui, répond Law, surprise.

Effectivement il était dans son lit ce matin, mais plongée dans sa réflexion elle avait complètement occulté sa présence. Le beau garçon aux cheveux cuivrés s'assoit en face d'elle et met un bout de brioche dans sa bouche tout en se servant une tasse. Law le dévisage.

— Tu vas faire quoi maintenant ?

L'homme pose la viennoiserie.

— Rentrer à la maison.

— On est en 2009.

— Je m'adapterai.

James pose un regard bienveillant sur celle qui lui a sauvé la vie. Elle plonge son nez dans son breuvage, gênée.

*

Paddington flat. Afternoon.

Londres sous le soleil. Après la pluie, les rayons argentés remodèlent l'architecture avec des ombres singulièrement contrastées. Le calcaire mouillé des rues prend un ton doré sous cette douce lumière cristalline. Londres est particulièrement belle après l'orage. Law ferme la porte de l'appartement, s'adosse à elle, puis se laisse glisser par terre. Enfin seule à la maison pour prendre du recul.

— Ce n'est pas logique, prononce-t-elle le regard dans le vague.

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