NEW KILLER STAR
Wonderland Realm, le parc d'attraction récemment construit près de Londres, accueillait des centaines d'enfants se hâtant d'explorer la nouveauté de la région. Le château des esprits damnés, le cirque des monstres, la tour des Enfers, le train magique et tant d'autres divertissements, plus variés et féeriques les uns que les autres :
— Waaaaa ! C'est le Pays des merveilles ici ? Où est Alice ? Je veux voir le Lapin Blanc !
— Attends un peu, nous n'avons pas encore payé nos entrées.
— Je veux voir le Fairy Manor !
— Patience Luc, on y va.
Wonderland Realm, le monde où l'imaginaire prend vie. Le petit Luc tira sa maman par la main pour entrer plus vite dans le Manoir Féerique.
— Qu'est-ce qu'il fait noir ici. Luc ne t'éloigne pas trop, tu vas te perdre.
L’enfant, envoûté par l'endroit, n'entendait plus que les battements de son cœur, excité à l'idée de découvrir les merveilles de ces lieux.
— Aah ! Luc esquive de justesse le crochet du capitaine du même nom : ouf cette automate m'a fait peur ! Quel réalisme ! C'est fou !
Luc avançait dans les couloirs sombres :
— Peter Pan ! Oh, le chat et le loup de Pinoccio ! Il faut que je me méfie d'eux, ils sont louches, dans l'histoire ils piègent la pauvre petite marionnette dans un horrible théâtre de poupées esclaves !
— Bonjour, mon garçon, lance le chat.
— Bonjour, le chat.
— Alors mon garçon, te serais-tu perdu dans nos contrées fabuleuses ? demanda le renard.
— Non, je suis venu visiter le château. Mais vous êtes des automates, comment se fait-il que vous parliez comme si vous étiez vivants ?
— Ici, les choses sont bien plus qu'elles ne paraissent. Regarde.
Un lapin blanc surgit d'une des galeries et lui fit un signe de la main.
— Va mon petit, suis-le. Si tu veux en voir plus, ajouta le loup.
L'enfant partit à la rencontre du personnage, qui tourna les talons aussitôt.
— Vite, vite, mon ami, nous allons être en retard !
— En retard pour aller où ?
— En retard pour rejoindre la Reine des Songes !
Luc avait du mal à courir après l'animal, ce dernier était très rapide.
— Ça te dirait d'apprendre à voler Luc ? On arriverait plus vite au pays des songes, n'est-ce pas ? Mais ne t'inquiète pas, notre Reine va t'apprendre.
Le garçon avait hâte de rencontrer cette magicienne, qui l'intriguait de plus en plus. Ils s'arrêtèrent devant une toute petite porte dorée.
— J'ai la clé. Tu es assez fin pour te faufiler, suis-moi, lui lança le lapin en s'engouffrant dans l'ouverture.
L'enfant se mit à quatre pattes, puis suivit son nouvel ami. La trappe en or menait à une pièce vide au milieu de laquelle une jeune femme vêtue de blanc était assise :
— Bienvenue, messire Luc, lui dit-elle d'une voix chantante.
— Bonjour, madame la Reine des Songes.
— Mes amis m'ont dit que tu voulais apprendre à voler, afin d’être plus rapide, pour rejoindre notre monde à ta prochaine visite.
— Oui madame, lança l’enfant enthousiaste.
— Il s'agit, cependant, d'un sort secret. Personne ne doit voir mon sceptre, autrement le charme ne pourrait opérer. Tu devras fermer les yeux.
— D'accord.
Luc ferma les yeux. La jeune femme sortit une machette de sous sa jupe blanche immaculée et lui trancha la gorge. Puis elle lui transperça le cœur en enfonçant violemment la lame dans la poitrine du petit cadavre.
L'enfant s'envola au-dessus du Manoir.
— Oh c'est magique ! Regarde maman, je vole !
Quelque part, dans l'une des chambres de la bâtisse, un hurlement d'horreur mêlé de désarroi retentit, jusqu'à faire tressaillir les murs.
*
LE TUEUR D'ENFANTS A ENCORE FRAPPÉ .
Cette fois-ci la victime est une fillette de neuf ans, de Fulham. Talia Thorne était allée chercher sa petite sœur à la maternelle, mais on ne la vit jamais arriver. Son corps fut découvert quelques rues en contrebas de son domicile, la gorge tranchée et la poitrine transpercée.
*
La Reine des Songes, penchée au-dessus du lit des parents endormis du jeune Benjamin, récitait un sortilège destiné à les garder enfermés dans un sommeil aussi profond qu'un coma. Le petit Ben se brossait les dents dans la salle de bain.
— Viens ici Ben, sors de ta cachette. Je te sens. Je sens ton odeur nauséabonde. Trouvé.
Ben, surpris, réussit à s'échapper de la salle d'eau.
— Papa, maman, au secours la tueuse d'enfants, elle est là, elle est chez nous !
Le gamin se rua dans la chambre de ses parents, les secoua, leur monta dessus pour tenter de les réveiller. Rien n'y fit.
— Mon sort est puissant, lança la jeune femme adossée au chambranle de la porte.
Le pistolet de papa, dans le tiroir ! pensa le petit. Il se jeta sur le meuble à côté de son père endormi, puis en sortit un revolver qu'il se hâta de braquer sur la psychopathe. Le coup de feu partit sans prévenir, la touchant à l'épaule :
— Sale petit démon, je vais te tuer !
Ben ouvrit la fenêtre à côté de lui et sauta aussitôt. Il atterrit sur le toit couvrant l'entrée de la maison, puis se laissa glisser le long d'une des poutres de maintien, non sans quelques égratignures. Il leva les yeux, vit la tueuse à la fenêtre. Blessée, elle s'était résignée à ne pas le poursuivre. Ben s'enfuit dans les rues.
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