A FRIEND
Il était une fois...
A cinq ans j'avais un ami imaginaire. Enfin, au début je croyais qu'il était imaginaire. J'ai grandi avec lui, il est devenu mon meilleur ami. Mon confident. Il venait dormir à la maison. Ma mère le voyait. Il n'était donc pas le fruit de mes rêveries. J'étais une enfant solitaire. A l'école je m'isolais dans la cour, pour observer les arbres, les oiseaux. Je voulais attraper ces instants. Il m'avait offert un appareil photo. Un jour qu'on se promenait au cimetière, profitant de la sérinité de cet endroit mystique où le temps s'arrête, je fut choquée de découvrir que le nom de mon ami était inscrit sur l'une des pierres tombales. Alfred n'avait pas l'air d'être surpris. Il me disait constamment qu'il n'avait pas sa place dans ce monde. Je n'imaginais pas que c'était au sens littéral ! Quand son double est mort ici, c'était comme si une faille avait creusé son sillon dans le tissu même de l'espace entre les dimensions.
Le monde brûle. L'univers s'effondre. Mon âme s'embrase. Le doute m'embrume. Je suis prisonnière. La folie me libère.
Je m’appelle Alisson Moriarty. La photographie est mon journal de bord. Le temple de mes réflexions. Mon évasion de ce monde sans saveur et le reflet de mon univers intérieur. On m'a diagnotiquée schizophrène, à dix-neuf ans. Mais je sais que je ne suis pas malade. Il y a d'autres mondes, là-bas dans les étoiles et bien au-delà. Je suis différente, la civilisation veut me normer. La communauté humaine s'est perdue dans les méandres du contrôle obsessionnel. La masse a englouti l'individualité. Et la société fut créé. Au dépend de la communauté. La tête est maître, devenue le geôlier du cœur, le foyer de l'âme. La société, ce dictat, qui nous déshumanise. Ses codes alambiqués nous font croire que notre destin est tracé, qu'il faut rentrer dans le rang, alors que c'est à nous de l'écrire, en écoutant l'éther. Cet espace entre les univers où la pensée sculpte la matière. On nous soumet à la volonté d'un Dieu cruel, pour nous faire oublier que nous pouvons nous même devenir des dieux, créateurs de réalités diverses. Mais avant de devenir Maître de l'Ether, il faut apprendre. Alors je voyage. Je voyage au travers de ma folie, cherchant à révéler les mondes. Mes clichés, témoins d'une sphère invisible. Ouvrant le portail de l'impossible, je vois ce que d'autre ne peuvent imaginer, enfermés dans leur bulle de certitudes. Les romans de Lawrina M. me confortent dans l'idée que je suis saine d'esprit. Un chapitre m'a été dédié dans son premier tome, Maître des Limbes. J'ai le pouvoir de traverser les dimentions par un biais inhabituel. Je traverse les limbes, les rêves, l'illusion éveillée au delà de ce qui est palpable. Ils appellent ça schizophrénie.
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