L'arrestation
Une dague vient heurter le poignard du roi dans un bruit d'entrechoquement métallique, désarmant par la même occasion notre adversaire. Fidel se tient sur le seuil de la porte, bras tendu et main ouverte. Il fixe le souverain avec une expression de défi. Ce dernier lui demande, d'une voix menaçante :
- Tu oses défier ton roi ?
- Mon seul maître est le duc de Westforest et je lui ai promis de veiller sur ces dames. Je ne vous laisserai donc pas leur faire de mal, dussé-je périr pour cela !
J'observe le jeune brun avec des yeux brillants d'admiration et de gratitude. Éric, quant à lui, dit à notre protecteur :
- Oh, mais tu es celui qui fait jaser toute la cour, celui que l'on surnomme "l'homme à l'oeil du Diable". J'ignore si le fait que tu oses te pavaner avec cet oeil jugé maudit est dû à ton courage ou à l'inconscience qui te pousse à t'opposer à moi aujourd'hui.
- Je suis fier de cet oeil et fier de servir ceux qui m'ont sauvé.
- Es-tu tout aussi fier de ton crime de lèse-majesté ?
- Et vous ? Êtes-vous fier de massacrer vos innocents sujets qui comptent sur votre protection ?
- Et toi ? Es-tu fier de m'avoir tendu une perche pour me permettre d'obtenir ce que je veux ?
Les yeux de chacun d'entre nous s'arrondissent d'étonnement, tandis que le roi de Forestisle appelle :
- Gardes ! Que l'on mette ces criminels aux arrêts sur le champ !
Les hommes du monarque débarquent aussitôt dans la chambre et leur maître leur désigne mes deux amis. Fidel bondit sur le côté pour éviter d'être attrapé et entoure Calista d'un bras, dégainant son épée de l'autre. Ses adversaires sortent à leur tour leurs armes de leurs fourreaux et s'approchent de mes alliés. Je cours dans leur direction pour tenter de les rejoindre, mais le roi m'attrape fermement par le bras et me tire contre lui, puis me murmure à l'oreille :
- Un seul mot, un seul geste et j'ordonne leur exécution dans l'immédiat.
Je m'immobilise donc afin de les protéger, pendant que Fidel se bat à l'épée contre les deux gardes. La tâche semble difficle, mais il s'en sort admirablement bien, jusqu'à ce que l'homme aux yeux violets, sans doute lassé par sa résitance, tende sa jambe. Le jeune brun trébuche dessus et tombe, rattrapé juste à temps par Calista.
Je reste bouche bée face à ce geste de pure lâcheté ! Éric en profite pour ordonner :
- Qu'on les jette en prison, ainsi que la vieille femme qui servait de nourrice au duc de Westforest. Ils sont tous complices de cette trahison.
Ses hommes s'exécutent et sortent, emmenant les pauvres innocents avec eux. Je les regarde s'éloigner les larmes aux yeux, impuissante. Le souverain de ces terres m'explique alors :
- Leurs vies sont entre vos mains. Tout dépend désormais de votre choix. Faîtes donc vite et bien. . .
Sur ces mots, il sort à son tour, en refermant la porte. J'entends bientôt le bruit d'une clé tournant dans la serrure et je comprends que je suis coincée dans cette chambre. Je n'ai que deux possibilités : soit j'accepte d'épouser le roi de Forestisle et je sauve la vie de mes amis, soit je refuse et ils seront tous tués.
Je me laisse tomber à genoux et entoure mon ventre de mes bras, en sanglottant.
Annotations
Versions