12 : Les rivières pourpres
« Y'a trop d’trucs dans ma tête, trop d’tentations, et des fois c’est trop dur… »
Samuel Le Bihan à Marie Guillard, dans La mentale (2002), long métrage réalisé par Manuel Boursinhac.
Meythet (74)
le 17 mars 2008
Il doit être 11 heures et des poussières.
Je n’ai plus la notion du temps, son filtre s’érode et me corrompt.
Un kaléidoscope, une mosaïque émaillée de femmes, celles qui peuplent ma mémoire.
Le Mali est le terreau âcre de mes ancêtres et de mon existence.
Et même si depuis, on m’a replanté en cette terre d’exil, le fleuve Niger coule toujours dans mes veines ; ses flots engloutissent Fatou et ma mère, probablement morte de chagrin.
Les eaux de ton lac sont plus calmes mais t’éloignent tout autant de moi ; elles deviennent écarlates.
Écarlates comme cette mare d’hémoglobine dans laquelle tu baignais le matin de ta disparition.
Je caresse la crosse de mon héritage, j’épouse son corps, le tien.
Jérémie a empoché tout le reste sur un compte : le produit de la vente de ta maison, de tes bagnoles, de tous tes biens.
Il n’y a plus que ce flingue qui me raccroche encore à toi.
Et puis tous mes souvenirs…
Parfois, dans mes songes, c’est Werner qu’on retrouve noyé dans son sang, c’est lui qui se fait exploser la tête.
Et c’est toi qui triomphes…
Qu’est-ce qui t’a tuée, Solenn ? Sa haine ou celle de ton môme ?
Je revois cet insolent me cracher à la gueule la première fois que tu me l’as présenté.
je le revois saccager sa chambre, celle que nous venions d’aménager pour lui dans ta nouvelle villa.
Paul lui a appris à te détester, viscéralement.
Madame Avryle, maman ?
Un rôle à contre-emploi, une erreur de casting…
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