promenade onirique

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Cette nuit, j’ai rêvé  que je marchais dans un village désert. J’arpentais les rues sans rencontrer âme qui vive. L’air était doux en cette fin d’après-midi. Le parfum des lilas mauves me chatouillait le nez comme une plume. Un chat passa, me fixant de ses yeux jaunes.

J’arrivai sur une place au sol recouvert de terre, bordée de platanes. J’allai me placer en son centre puis attendis. Quelqu’un arriva, une femme habillée de rouge. Sans parler, l’air dénué d’expression, elle me rejoignit sur la place et attendit sans rien dire. Une autre personne, un homme habillé en bleu, arriva à son tour, puis fit de même. D’autres personnes, habillées de bleu, de rouge ou de jaune arrivèrent et rejoignirent les premières. Toutes silencieuses, au regard inexpressif. En quelques minutes, une foule compacte et silencieuse s’était amassée sur cette petite place. On aurait dit qu’ils attendaient quelque chose.  

Soudain, des cris déchirèrent le silence compact. Des oiseaux bleus, rouges, jaunes se posèrent sur les toits. Les personnes sur la place regardèrent alors vers le ciel, et levèrent leurs bras en même temps. Ils s’envolèrent dans le ciel bleu, puis disparurent.

Six coups résonnèrent alors dans le silence. Je me dirigeai vers l’église. Sa façade était toute grise, ainsi que celle des maisons autour. Les oiseaux se posèrent sur les toits qui devinrent rouges. D’autres sur l’église qui devint bleue. Je traversai un pont en pierre qui enjambait une rivière et regardai l’eau en contrebas. Sur la surface, un reflet dansait. Je regardai mieux. Le visage d’une jeune fille se reflétait dans l’eau, me fixant de ses yeux bleus. J’étais pourtant seule sur ce pont. Un peu effrayée par cette vision, je ne pouvais en détacher les yeux. Son regard insistant semblait m’appeler. Je résistai à grand-peine à l’envie de plonger, puis réussis à en détacher les yeux. Les oiseaux sur les toits s’envolèrent. Le rouge, le bleu le jaune se mêlèrent et tout se brouilla.

Plus de village. Je marchais dans des champs détrempés de pluie. Le ciel, la terre, les arbres, tout était gris. Je me dirigeais droit devant moi au hasard. Je devais trouver un abri. A chaque pas, la terre collait un peu plus à mes bottes et il devenait de plus en plus difficile de les en extirper.  Je distinguais à peine le paysage derrière le rideau de pluie.

Je vis au loin quelques taches de couleur mouvantes. Peut-être des gens ? Je me hâtai. Il me sembla reconnaître trois personnes marchant sous leur parapluie. Il fallait que je les rattrape, elles pourraient sans doute m’aider. Au moment où j’arrivai près d’elle, elles s’évanouirent, laissant la place à trois rochers gris.

 La pluie cessa. Le soleil fit de nouveau son apparition, pour se coucher. Le rouge, le jaune, le bleu composèrent une symphonie bariolée dans le ciel, faisant flamboyer les nuages. Dans l’un d’eux, je vis un visage apparaître, me faisant face, puis un deuxième, de profil. Les couleurs du couchant les animaient d’une vie irréelle, les irisant de feu, de fauve, de glace. Je les contemplai, fascinée.  Puis leurs traits, lentement, se défirent, poussés par le vent.

A mon réveil,mon regard se posa sur la toile que j’avais laissée vierge la veille au soir. Un visage y était esquissé. Je frissonnai en reconnaissant le visage de la jeune fille, entrevu dans mon rêve. Son regard bleu, si intense, me fixait.

 

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