Prologue : L’amour fou du fan obsédé

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Le fan

Mais qu’elle est belle ! Franchement, je crois que quand Dieu créa la femme, il avait la Perfection en tête et ce n’est pas Brigitte Bardot qui aurait dû jouer le rôle dans ce film culte, mais c’est elle. Oui, elle : Rafaela Lovehart. Cette femme est tout simplement magnifique. Elle a tout pour plaire, ce que me confirment ses photos sur les réseaux sociaux que je suis en train de parcourir en attendant qu’elle daigne faire son apparition. Nous sommes une bonne cinquantaine à l’attendre devant son hôtel, mais je suis le seul qui a pris la peine de tout faire pour lui montrer à quel point je l’aime. Je porte une petite chemise de couleur bleu nuit car j’ai lu dans un article que c’est ce qui la faisait craquer. J’ai une casquette avec une photo d’elle dessus et surtout, j’ai un petit cadeau pour elle que je compte bien lui remettre quand sa voiture s’arrêtera.

Rafaela est en retard, mais ce n’est pas grave. Comment le lui reprocher alors qu’elle vient de dévoiler au monde entier le nouveau chef-d'œuvre dans lequel elle tient le rôle principal et pour lequel, j’en suis sûr, elle va pouvoir prétendre à un Oscar ? La conférence de presse après la projection a dû prendre du retard car cela fait déjà bien trente minutes que je suis arrivé après l’avoir admirée durant l’heure et demie que j’ai passée au cinéma. Je commence à m’impatienter mais enfin, une limousine noire aux vitres teintées fait son apparition au bout de la rue et vient se garer devant nous.

Un flic à l’air débonnaire nous observe, s’assurant que nous ne franchissons pas le cordon pour ne pas déranger la star, il sourit quand il entend les cris et les sifflements poussés par mes congénères dévergondés à mes côtés. Quand je vois à quel point ils ressemblent à des singes, je me dis que la solution finale a été mal utilisée et qu’il reste encore bien trop de cons et de dégénérés dans notre monde pour qu’on y vive bien. Moi, je sais comment attirer son attention et j’attends qu’elle sorte de la voiture pour me faire remarquer.

J’ai de la chance car le chauffeur vient ouvrir la portière qui se trouve du côté où je me trouve. Quand il se décale sur le côté, j’aperçois l’objet de tous mes fantasmes, la femme de tous mes songes, celle avec qui je rêve de pouvoir finir ma vie. La compagne idéale directement créée par Dieu. Une jambe nue apparaît en premier et j’admire son magnifique pied qui se plie légèrement lorsqu’elle touche Terre, comme si c’était une créature d’un autre monde qui venait nous honorer de sa présence. La deuxième jambe, toute aussi longue et bronzée que la première, la rejoint et elle se redresse pour sortir de sa limousine. Sa robe est un miracle de design, avec des paillettes argentées un peu partout et du tissu placé intelligemment pour dévoiler ses charmes tout en cachant l’essentiel.

Je reste sans voix devant tant de pureté. La Beauté, c’est elle. Le Charme, c’est aussi elle. Le Sex-Appeal, c’est toujours elle. Je pourrais continuer des heures comme ça. J’admire ses longs cheveux bruns qu’elle a fait boucler et qui dessinent son splendide visage. Ma Reine. Je l’aime tant ! Et ses yeux qui se dissimulent derrière de grandes lunettes noires mais que je sais être si expressifs…

— Rafaela ! crié-je à mon tour ! J’ai un cadeau pour toi ! Un bijou papillon d’une rare beauté ! Viens voir et je te l’offre contre une dédicace et un bisou !

A ma grande surprise, elle tourne son attention vers moi et s’approche alors qu’un grand malabar, un garde du corps sûrement, s’interpose entre mon idole et moi, me bloquant la vue. Mais elle le repousse et, ô miracle, elle m’adresse la parole ! Sa Sainteté Rafaela me parle ! Dieu est bon, Dieu est grand ! Je suis au centre de son attention, ça va être à moi de jouer !

— Vous avez un stylo ? Vous savez bien que vous n’avez pas besoin de m’offrir quoi que ce soit, quand je ne signe pas d’autographes c’est que je n’ai pas le temps, mais c’est gentil, me dit-elle en récupérant le feutre d’un type à côté de moi.

Je lui tends le petit paquet que j’ai préparé et une photo d’elle que j’ai fait développer chez un vrai photographe afin d’avoir une qualité professionnelle.

— Tu es tellement belle, tu me donnes tant de joie tellement tu es sublime, que c’est normal que je te le rende un petit peu avec ce petit cadeau, expliqué-je en souriant, ravi de cette interaction avec elle.

— Merci, c’est très gentil, sourit-elle en signant ma photo rapidement après avoir déposé le paquet dans les mains de son garde du corps.

— On peut se faire un selfie ? demandé-je en tendant déjà mon téléphone, une fois la photo dédicacée récupérée.

— Oui, oui, rapidement alors, je suis pressée, grimace Rafaela en se penchant pour approcher son visage du mien.

Je n’en reviens pas qu’elle dise oui à tout ce que je demande ! Je crois que je lui ai tapé dans l'œil, ce n’est pas possible autrement ! Je souris à la caméra et j’appuie sur le bouton, en m’approchant le plus possible d’elle qui esquisse un petit sourire. Je n’ai pas le temps de profiter que déjà elle s’éloigne et retourne vers son hôtel, ignorant les demandes des autres fans présents à mes côtés. Si ça, ça ne veut pas dire que je suis spécial, je ne sais pas quelle autre preuve je pourrais trouver !

Je publie le selfie sur tous mes réseaux sociaux, tout fier, en indiquant en légende : “Moi et ma future femme”. Tous mes potes sont jaloux et moi, ça me rend trop fier. Je me dirige vers ma voiture quand une pensée s’insinue doucement dans mon cerveau. Et si elle était vraiment charmée par mon petit cadeau et qu’elle cherchait à me retrouver ? J’aurais dû rester devant l’hôtel au cas où elle viendrait essayer de me voir, non ? Sans plus hésiter, je fais demi-tour et cours pour reprendre ma place devant l’hôtel. Tous les autres sont partis, même la police n’est plus présente. Je m’adosse contre le mur en face de l’entrée et décide de patienter jusqu’à ce que mon Amour vienne me rejoindre.

J’observe la photo que j’ai prise et je me mets à imaginer tout ce qui nous attend dans cet avenir où nous serons réunis. Là, dès qu’elle redescend, je vais pouvoir monter dans sa chambre avec elle. Nous serons sages ce soir, juste des bisous, on ne couche pas le premier soir, quand même ! Même si dans ma tête, ce ne sera pas une première, vu le nombre de fois où je nous ai imaginés nus à forniquer. Mais bon, il faut préserver la bienséance. Par contre, demain matin, au réveil, on ne sera plus le premier soir. Et là, feu d’artifice, c’est sûr ! J’ai tellement hâte qu’elle arrive, je suis tellement excité. J’ai vraiment bien fait de lui acheter ce petit cadeau, quand même !

Ne la voyant pas arriver, je commence à m’inquiéter mais je me dis qu’elle a dû se dire que j’étais parti. Peut-être même qu’elle est venue quand j’ai été con et que je me suis dirigé vers le parking. Il faut que je la prévienne que je suis là, à l’attendre, et comme ça, elle descendra ou me fera monter immédiatement. Je me dépêche donc de traverser la rue avec la ferme intention de m’annoncer à la réception de l’hôtel, mais quand je pousse la porte du bâtiment, elle apparaît au bout du couloir. Et encore une fois, je suis époustouflé par sa beauté. Elle a troqué sa belle robe de tapis rouge pour un tailleur plus simple mais tout aussi féminin qui souligne son décolleté et ses jambes galbées par ses escarpins à talons, et se cache à nouveau derrière des lunettes de soleil qu’elle ôte lorsqu’elle regarde son téléphone. Mon cœur s’arrête presque de battre tellement je suis heureux de voir qu’elle a enfin exaucé mon vœu et que nous allons pouvoir être libres de nous aimer ! Je sens que je souris bêtement et m’efforce à prendre un air distant et fier qui je suis sûr lui semblera irrésistible.

Lorsque nos regards se croisent, j’ai l’impression de ne pas exister à ses yeux et je ne comprends pas ce qui arrive. Elle joue à la séductrice inatteignable ou quoi ? Et puis, c’est qui ce mec à ses côtés ? Non ? Elle est encore avec ce type ? Je croyais qu’ils avaient rompu il y a quinze jours ! Mais c’est quoi ce bordel ? Et pourquoi il l’embrasse comme ça ? Non, mais sérieusement ? Elle ne le repousse pas alors que je suis là, à quelques mètres ? Elle veut quoi ? Que je le tue tout de suite ?

Pris par toutes ces questions qui bouleversent mon esprit, je ne réagis pas quand ils me frôlent tous les deux pour sortir de l’hôtel et s’engouffrent dans un taxi qui les attend. Là, je crois que c’est trop, toute cette provocation. Non mais, pour qui ils se prennent ? Et lui, il croit quoi ? Qu’il va s’en sortir comme ça ? Que je ne vais pas me venger ? Il est en train d’essayer de voler l’Amour de ma vie alors qu’elle était prête à céder à mes avances ! S’il pense que je vais le laisser faire, il se met les doigts dans l'œil. Elle, je peux la pardonner, c’est une simple femme avec une faible volonté, on ne peut pas en vouloir au sexe faible. Mais lui… il vient de signer son arrêt de mort. Il ne faut jamais m’énerver, j’ai horreur de ça. Moi, on me cherche, on me trouve.

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