82. Ce type est un grand malade

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Angel

— Ben, tu es sûr de ce que tu fais ? Tu sais que tu es en train de commettre une infraction ?

Je regarde tout autour mais ne vois personne nous prêter attention. Ben, lui, est bien occupé à essayer de crocheter la serrure. Je ne lui connaissais pas ce talent, mais rapidement, le clic se fait entendre.

— Tu veux la retrouver ou pas ? Parce que d’après Morgan, impossible de trouver quoi que ce soit sur lui, hormis cette adresse. Donc, soit on la joue James Bond, soit on attend gentiment que les flics la trouvent, et je peux te dire que ça va prendre une plombe.

— Il a raison, Angel. Il faut y aller.

Si même Morgan s’y met, qui suis-je pour m’y opposer ? Je pousse la poignée de la porte en faisant attention à ne pas faire de bruit. Je sors mon arme et entre dans le logement, suivi de Ben. Je baisse vite mon flingue car la pièce est clairement vide. Par contre, le décor est… glauque ? Atroce ? Obsessionnel ? Les murs sont couverts de photos de Rafaela plus ou moins nue, et le gars a dessiné des pénis en rouge sur toutes les images. C’est quoi, ce truc ?

— Putain, je crois qu’on a vraiment trouvé le barjot, là. Attention où vous marchez ou mettez les pieds, vu le décor, ça doit pas être propre partout.

— C’est horrible, murmure Morgan en tournant sur elle-même. Il faut qu’on se dépêche, je n’ose même pas imaginer ce qu’il a déjà pu lui faire…

— La fouille va être vite faite, vu la taille de ce logement. Morgan, tu te sens de regarder son ordinateur ? Il l’a laissé, là, sous le magazine, ajouté-je en retirant le magazine avec mes gants.

— Tu as de quoi désinfecter le clavier ? Je suis sûre qu’il doit coller, c’est répugnant… grimace-t-elle en récupérant l’ordi.

— Fais pas ta chochotte, on n’a pas le temps. Tu penses que tu vas savoir le hacker ?

— Bien sûr ! Tu me prends pour une débutante, ou quoi ? J’ai encore besoin de faire mes preuves ?

Je fais le tour de la pièce rapidement et découvre dans un placard le papier à lettres utilisé par le fou. C’est clairement le même que celui qu’on a reçu chez Rafie. Ce gars est bien le malade qu’on recherche depuis des mois. Après quelques minutes, Morgan pousse un petit cri de victoire car elle a réussi à trouver le mot de passe du gars.

— C’était quoi ? Tu as trouvé comment ?

— Pas besoin d’être Einstein, pour le coup… Il suffit d’observer l’environnement. La date de naissance de Rafaela ne collait pas, mais il semblerait qu’il soit carrément obsédé par l’idée de la voir en tenue d’Eve. Le gars a quand même choisi la date de publication des photos d’elle sous la douche !

— Ah oui. Bon, dépêche-toi, il faut qu’on la retrouve. Tu as regardé son historique ?

— Tu crois que j’enfile des perles, là, ou quoi ? Je suis en train de regarder, une minute, je ne peux pas aller plus vite que mes deux mains et cet ordinateur.

— Plus le temps passe, plus on va galérer. Oh, mais c’est quoi, ce site ? demandé-je alors qu’elle clique sur un lien de location de gites de vacances.

— Oui, je sais, Angel. Et le dire et le répéter ne fera pas avancer les choses plus rapidement. Attends, j’essaie de me connecter… Même mot de passe, évidemment… Et, ça, c’est le jackpot, Partner ! Il a réservé une cabine et doit y être en ce moment ! On a la localisation !

— Bravo, ma Puce, tu es la plus forte ! applaudit Ben alors que je regarde la route qu’il va falloir faire pour le retrouver.

— Ce n’est pas juste à côté… Il faut qu’on y aille vite. Et qu’on prévienne la police. Là, ce n’est plus de notre ressort…

— Prévenir la police ? Et comment tu leur expliques les infos qu’on a trouvées ?

— On ne peut pas continuer tout seuls, Ben. Il nous faut du soutien. Je risque de perdre ma licence si je fais une connerie comme ça. En tant que détective privé, dès qu’on a la preuve qu’un crime a été commis, on doit le dénoncer.

— Et être ici, c’est légal ? Comment on leur explique ? Et combien de temps ils vont mettre avant de se décider à y aller ? Je n’ai aucune envie de perdre du temps à devoir leur raconter toute l’histoire avec ce taré plutôt sur d’y aller maintenant.

— Tu as sans doute raison… On risque de perdre un max de temps si on les attend. L’urgence est d’aller sauver Rafaela. Et si je suis viré, je sais en quoi je pourrai me reconvertir. Il y a un poste d’assistant de disponible, je crois. J’espère juste que ce n’est pas déjà trop tard. Vous imaginez s’il est en train de la toucher ? Oh, j’ai des hauts-le-cœur tellement ça m’angoisse et me dégoute.

— Espérons qu’il se contente de la toucher, marmonne Morgan en sortant du tiroir du bureau ce qui ressemble aux restes d’une poupée gonflable.

Je suis horrifié par ce que je vois. On dirait qu’il l’a lacérée et réduite presque en miettes. Il y a des lambeaux de plastique qui pendent un peu partout. Ce type est un malade.

— Morgan, retourne au bureau. Quand on te donne le signal, tu préviens la police. Ils arriveront en retard, mais au moins, ils ne pourront pas dire que nous ne les avons pas prévenus. Ben, tu viens avec moi ?

— Bien sûr que je viens. Je t’attends, d’ailleurs.

Je jette un dernier coup d'œil à la pièce où Rafaela apparaît partout. J’espère que ce ne sera pas ce que vont faire tous les fans quand ils apprendront sa mort dans des conditions atroces. Je n’arrive pas à me défaire de ce sentiment de culpabilité que je ressens en me disant que c’est la première fois que je merde autant sur une histoire et que c’est vraiment con que ça tombe sur celle qui concerne l’amour de ma vie. S’il l’a touchée ou pire, s’il l’a tuée, je vais devenir fou. J’ai besoin d’elle dans ma vie, je ne peux pas m’en passer.

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