Cercle vertueux

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Je vous ai dit dans la première partie que les langues, « C’est accessible à n’importe qui ayant un minimum de capacités mentales »… C’est le moment d’expliquer tout ça. Vous connaissez les aires de Broca et de Wernicke ? La première est la zone du cerveau responsable de la production du langage, celle grâce à qui on formule les mots, et la deuxième gère la compréhension du langage, celle qui nous sert donc le plus dans le processus. En gros, la première est active, la deuxième est passive. Ce sont les plus importantes zones que notre cerveau utilise pour communiquer.

Si vous y arrivez, ça veut dire que vous avez ce « minimum de capacités mentales ». Vous êtes déjà, de base, capables de vous débrouiller avec votre langue natale et, de fait, avec une potentielle autre langue, ou plusieurs. Il faut bien entendu les utiliser toutes les deux, autant que possible, à égalité, car vous vous réaliserez vite que « vous comprenez mais ne savez pas parler la langue », ce qui implique certainement un déséquilibre entre les deux aires : vous n’avez pas assez entraîné votre « capacité de production » de la langue.

On dit souvent que « plus on apprend de langues étrangères, plus il est facile d’en apprendre d’autres ». Ce n’est pas un mythe. Grâce à leurs liens historiques, les langues – ici, les indo-européennes – possèdent de nombreuses similitudes.

Ainsi, en apprenant l’anglais, vous vous rendrez compte que nous, Français, avons beaucoup de mots en commun avec eux et que l’inverse est aussi vrai. N’avez-vous jamais eu l’impression que des mots comme « marriage », « journalist », « merchant », « industry », « respect » ressemblent juste à des mots français avec une prononciation anglophone ? De même, des mots aussi anglais que « suspense », « custom », « tunnel » ou encore « butler » sont d’origine française (« suspens », « costume », « tonnelle », « bouteillier »).

En italien, il vous suffit de penser au français « occire » pour retenir que « tuer » se dit « uccidere » ; en allemand, l’anglais « shoulder » vous aidera à reconnaître l’ « épaule » derrière le mot « schulter ». Pareil pour « schal » en allemand qui désigne l’ « écharpe », ou le « châle ».

Plus basiquement, l’allemand « leben » est proche de l’anglais « to live » pour « vivre » ; « gehen » ressemble à « to go » pour « aller » ; « schwören » s’assimile à « to swear » pour « jurer », et cetera…

Mais ça ne dépend pas que du vocabulaire. Certes, plus on en connaît, plus c’est facile. Mais cela relève aussi de l’entraînement : plus vous apprenez des langues, les pratiquez, les mémorisez… plus vous vous entraînez à jongler avec tout ça. On peut avoir l’impression que tout ça met un joyeux bordel dans la tête, mais avec un peu d’entraînement, il est possible d’arriver à tout ranger, trier. Vous saurez faire la différence entre « el mismo » en espagnol et « lo stesso » en italien ; ou encore « descubrir » et « scoprire ». Comme la différence entre l’espagnol « conejo », l’italien « coniglio » et le portugais « coelho » (comme l’écrivain Paulo, et ça se prononce « coëlio ») qui équivalent tous trois à notre « lapin » français. C’est comme ça que tout devient toujours plus facile : le vocabulaire et l’entraînement. Le cerveau, comme tout muscle, a besoin d’être entretenu, voire renforcé.

Un truc dont on parle peu, c’est la capacité à reconnaître les accents. N’avez-vous jamais remarqué que, de l’Angleterre à l’Écosse ou aux États-Unis, l’accent anglais n’est pas le même ? Probablement non, si vous ne parlez que très peu l’anglais. Il est même probable que vous ne voyiez que l’anglais étatsunien comme le seul véritable, ce qui se comprend vu son omniprésence médiatique.

Sauf que si vous regardez Harry Potter, Troie, Game of Thrones – oui, oui – ou encore V pour Vendetta, dont la distribution est quasi-exclusivement Britannique, vous entendrez un tout autre anglais que dans vos séries préférées (genre Friends, Breaking Bad, Supernatural, Dexter, The Big Bang Theory…). J’ai déjà lu un commentaire très intéressant disant que les acteurs de Game of Thrones « prennent soin de bien articuler » : ils parlent tout simplement avec un accent britannique, qui est différent de son homologue nord-américain (États-Unis et Canada). Si les détails vous intéressent – ici, ce serait compliqué à expliquer et on s’en fout –, des vidéos YouTube s’en chargent très bien.

Encore une fois, l’anglais est à l’honneur car c’est la langue « par défaut », mais il existe également plusieurs accents en Allemagne : le r est roulé dans certaines régions alors qu’il ne l’est pas dans la prononciation standard. De même, tous les italiens ne roulent pas le r – on dit qu’ils grasseyent le r ou ont « la r moscia ». Il y a d’autres accents en anglais, comme celui d’Australie, d’Inde, d’Écosse, ou des différentes régions de l’Angleterre même, mais la différence la plus classique reste celle entre le britannique et l’étatsunien.

En sachant ça et aiguisant votre oreille, vous serez capables assez rapidement de déterminer l’origine britannique, étatsunienne, ou autre, plus pointue, d’un acteur ou une actrice en l’entendant parler quelques instants. Ça ne marche pas à tous les coups, car l’accent ne correspond pas toujours à la nationalité, mais ce n’est pas souvent.

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