Le Pot des Fléaux
Une année lunaire sous l’aile du titan du Recul s’écoula.
Pandṓra percevait quelques fois de l’urne des plaintes murmurées.
Généreuse et curieuse, elle prêta attention aux sanglots du Maudit,
Libéra le Fléau rugissant, libéra ses vils maux sur la Terre.
Le Phóbos effroyable, le Deîmos terrifiant, et Enȳō La Discorde
Parmi eux, nés du feu et pensées du Guerrier pour la bell’ Aphrodite (1).
Mais aussi Maladie et Famine, tous les maux qui attir’nt sur les Hommes
Le regard des enfants de la Nuit, la noir’ Nyx : Thánatos et Moîrai,
Maîtresses du Destin et la Mort. Quoiqu’en vrai, l’amphore contenait
Bien et mal pour n’avoir pas toujours renfermé Le Vautour destructeur.
Pandṓra referma le couvercle, mais une chos’ demeura piégée.
Quelle est-elle ? Nul ne sait puisqu’elle n’a pas franchi les remparts de la jarre.
Quelques uns suggèrent qu’il s’agit de l’espoir, désespoir, ou tourment,
Mais ceux-là, les hommes et les femmes de la Terr’ les connaissent intimement (2).
(1) Hésiode ne fait évidemment pas sortir Árēs et ses enfants (nés de son union avec Aphrodite) de l’urne.
(2) Chez Hésiode, Zeús referme le couvercle avant que le dernier mal ne s’échappe. De longs débats traitent de sa nature : la traduction littérale la plus approchante du grec est « l’attente », qu’on traduit souvent pas « espoir ». Ce peut être l’espoir des bonnes choses comme celui des mauvaises. L’intervention de Zeús laisse à entendre que c’était la seule bénédiction de l’urne, quoiqu’il est possible qu’il ait simplement voulu éviter à ses adorateurs de mourir trop vite. Reste que si l’espoir est toujours enfermé, comment peut-il affecter les hommes ? Ces contradictions apparentes semblent toutefois s’expliquer si l’on admet qu’Hésiode se réapproprie les mythes plus anciens précédemment évoqués.
Annotations
Versions