Chapitre 7
Inutile de vous dire que la consommation d'alcool ou de quoi que ce soit d'autre n'avait plus la moindre importance. J'ai laissé la police croire que le coffre était ouvert lorsque je suis arrivé sur les lieux de l'assassinat de ma bien aimée. J'entrepris de lire le fameux manuscrit. De cet instant et jusqu'à mes dernières minutes, c'est la seule chose que j'ai faite. Je m'accrochais à ma curiosité, celle de savoir ce que pouvait contenir cet ouvrage pour justifier qu'il soit maintenu caché, et ce par tous les moyens. La réponse, vous la connaissez déjà. Après avoir déchiffré quelques formules cachées ça et là au cours des textes, je compris que j'avais dans les mains la porte des enfers, ou plutôt, une clé permettant à tout individu prononçant ces quelques mots d'y entrer.
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Vous ne me prendrez pas à révéler cette formule maintenant que je sais ce qu'elle permet de voir. J'étais d'un naturel sceptique mais affaibli par la mort de ma compagne. Alors j'y ai cru. Qu'avais-je encore à attendre de la vie ? Même la plus sombre des dépressions ne me permettait plus d'écrire ce que je n'avais pas déjà écrit. J'eus alors une idée qui me sembla d'un géni jamais égalé jusqu'alors.
"Hector, c'est l'heure d'avoir du courage. D'avoir le courage d'assumer tes opinions, et d'aller jusqu'au bout. Si la décadence, la dépression, et le malheur sont les vecteurs artistiques les plus puissants, alors je vais aller expérimenter l'horreur la plus absolue et produire le plus grand chef d'œuvre jamais écrit. Puis, je n'aurai plus qu'à mourir." L'occasion de vérifier les propos de Dante Alighieri était devant moi et c'est alors que j'ai prononcé les mots que peu d'autres avant moi avaient formulés et qu'à cet instant j'oubliai tout et je regrettai tout.
Si je suis aujourd'hui ici pour écrire ces quelques notes, mes dernières notes sans doute. C'est que la mémoire revenant, je compris que cette même formule, malheureusement oubliée trop vite, était la clé de sorti de mon terrifiant calvaire. Je suis revenu, à la même place, à la même heure, seul. Cette délivrance tant espérée avait fini par me trouver. J'ai commencé à écrire immédiatement ce qui est devenu l'œuvre de ma vie. Ce qui a fait entrer mon nom dans l'histoire et m'a fait atteindre la postérité. Ce sont de bien maigres réconforts devant la terreur qui a marqué mon âme et qui me suit désormais nuit et jour. Peut être que j'y suis toujours, que c'est une trêve temporaire accordée par celui qui m'observe toujours pour mieux me récupérer ? Louée soit l'ignorance des Hommes et maudite soit mon ambition passée. Je paye aujourd'hui la rançon du talent.
Ces lignes sont mes derniers efforts. Les angoisses permanentes qui vivent toujours en moi me handicapent et je sombre peu à peu dans la folie, je le sens, je le sais, et je ne veux pas arrêter ça. Je vais vivre, vivre aussi longtemps que possible, car j'ai peur d'y retourner, et cette fois par une entrée qui se scellera définitivement derrière moi...
H.NIVENNE
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