Douce vie de doudou
J'ouvre les yeux. Sa présence m'avait animé je crois. Ou peut-être sa main qui m'avait saisi sans douceur. J'observe mon nouveau compagnon avec attention, il ressemble à tous les autres : glabre, potelé et maladroit.
Il dégage une chaleur enveloppante et son odeur de caramel m'enivre , je m'endors avec lui.
Nous nous apprivoisons. Moi, doudou; Toi, bébé.
Je suis gris clair, ma trompe est longue et douce, si longue que sa main s'y aggripe sans cesse et si douce que ses doigts s'y enroulent.
Il pleure, me serre, je le réconforte. J'ai froid, il me serre et me réchauffe.
Nous sommes inséparables. Son lit est mon paradis, la crèche, un enfer bruyant et la maison de mamy sent le vieux poireau. Je suis son premier mot.
Il ne veut que moi et je ne veux que lui. Mon parfum unique le rassure pour la maternelle. Il pleure à peine.
Son lit est ma prison. Ma trompe est usée et j'ai perdu un oeil. Voici la première primaire, il part une figurine à la main.
Je ne réconforte plus personne et grisaille de poussière.
La fin déjà. C'est arrivé si vite. Le sac poubelle se referme sur moi.
Une vie courte, de calins caramel, à éponger les rires et les larmes.
Une belle vie de doudou.
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