Bottes de pluie
Aujourd'hui il pleut. Et j'adore la pluie. Alors, en grande amoureuse de cette dernière, je suis sortie. J'avais un parapluie avec moi, mais il ne me protégeait pas de grand chose. Parce que la pluie, ici, elle est souvent accompagnée d'un mistral décoiffant. Et lorsque je sors mon parapluie malgré ce vent, il passe de convexe à concave, m'obligeant à le ranger sous peine de devoir le jeter.
Mais ce n'est pas grave, car j'aime la pluie.
Aujourd'hui, j'ai suivi des chemins aléatoires, armée de mes bottes et de mon imperméable. Sur mon passage, je sautais dans les flaques, me mouillant de la tête aux pieds. Après tout, l'humain est déjà composé à 60% d'eau. Je n'étais plus à quelques pourcents près.
À chacun de mes sauts, des milliers de gouttelettes s'éparpillaient avant de se mêler à leurs consœurs. Parce que ces gouttes sont solidaires, et elles vont toutes dans la même direction.
Au détour d'une rue, je suis tombée sur une enfant. Deux tiers de ma taille, un cinquième de mon âge, cette fillette courait et sautait là où ses bottes la guidaient. Ses parents la regardaient, amusés par la joie que lui procurait ses actions. Puis ils posèrent les yeux sur moi, avec un mélange d'incompréhension et de pitié. Parce qu'il arrive un âge où il faut être mature. Et une fois cette limite franchie, il y a une interdiction de s'amuser sous la pluie.
Enfin, ça c'est dans la théorie.
Dans la pratique, je me fiche d'être trop grande pour ci, trop âgée pour ça. Parce qu'une limite pareille n'a pas à exister. Parce que ça m'amuse de sauter dans les flaques, de me balader sans parapluie, puis de chouiner parce que je suis encore tombée malade.
On m'a dit que la jeunesse c'est dans la tête. Moi je crois qu'elle est dans le cœur. Et je suis persuadée que j'ai un cœur d'enfant dans un corps d'adulte, car je le ressens les jours de pluie.
Annotations
Versions