Prologue : Rencontre fortuite 

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La sonnerie venait de retentir au sein de l’établissement, annonçant la fin des cours en même temps que résonnait le seizième coup de la cloche de la cathédrale. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’un flot compact d’étudiants se ruent à l’extérieur des salles de classe, prêts à profiter de cette pause plus que méritait pour apprécier les rayons du soleil dans ses dernières heures. Il faut dire qu’en cette fin de mois d’avril, le temps était particulièrement doux à l’académie de Pralsya.

Un groupe de trois élèves marchaient légèrement en retrait, bien trop occupé à colporter les derniers potins pour se presser. Celle ouvrant la marche, Serah Farron, était de taille moyenne et arborait des cheveux aussi roses qu’une fleur. Son visage, aux traits fins, était illuminé de pupilles bleus aux lueurs espiègles. Sa jupe d’uniforme, rose, était retroussée de sorte qu’elle s’arrêtait à mi-cuisse, laissant voir ses jolies jambes, dont les pieds étaient cachés dans des bottes souples.

L’autre jeune fille, Terra Branford, était légèrement plus grande qu’elle. Elle arborait des cheveux tout aussi longs, blonds pâles et attaché en une longue couette volumineuse. Elle avait de belles pupilles de cristal rendant son regard singulier. Son port de l’uniforme était bien plus irréprochable que celui de sa camarade, sa jupe descendant jusqu’aux genoux et ses jambes cachées dans des bas rouges et blanc. Par ailleurs, sa chemise blanche était recouverte de la veste d’uniforme, contrairement à l'autre jeune femme qui l’avait abandonnée ci tôt les premiers beaux jours arrivés.

Enfin, le dernier membre du trio, Tidus Karima était le seul homme du petit groupe, et dépassait facilement les deux jeunes femmes en taille. Il avait des cheveux blonds d’un blond plus foncé que son amie, et un visage illuminé de pupilles bleus aux airs rieurs. Tout comme Serah, il avait retiré sa veste d’uniforme qu’il avait négligemment jeté sur son épaule, et retroussé les manches de sa chemise pour profiter davantage de la brise printanière.

— Ce cours sur les fondements de la magie élémentaire était à mourir d’ennuis, assura la rose en rejetant une mèche de ses longs cheveux roses par-dessus son épaule. Surtout qu’on l’a déjà étudié l’année dernière.

— Pour ma part, je l’ai trouvé très intéressant, se défendit la deuxième demoiselle. Il est toujours bon de revoir les bases si l’on veut se perfectionner.

— Oui. Enfin, tu dis ça parce que tu es douée en magie élémentaire. Pour ceux dont ce n’est pas le cas, ou qui ne veulent pas en faire une spécialité, ce cours est juste à mourir d’ennui !

— Tu exagères Serah, ce n’était pas si terrible, déclara Tidus . C’est juste que si notre enseignant était plus jeune et plus dynamique, ce serait un peu moins soporifique.

— Ben c’est bien ce que je dis !

— Mais il va falloir t’y faire, car c’est une matière qui tombera à l’examen de fin d’année. D’ailleurs, puisqu’on aborde ce sujet, que comptez-vous faire une fois votre diplôme en poche ? questionna la blonde.

— C’est évident ! Lightning fait partie de la garde civile et Noel en fait parti aussi. Ils doivent parfois réaliser des missions dangereuses et ils peuvent se blessés facilement. Je suis venue ici pour apprendre les bases du combat afin de pouvoir les accompagnés et les protéger en cas de besoin !

— C’est très noble de ta part !

— Et toi Terra ?

— Moi, je compte tout faire pour devenir chevalière et me faire enrôler dans l’armée du duché de Fraldarius. Après tout, Locke sera amené à prendre la succession de son père à la tête de son territoire, et c’est ce que je pourrais faire de mieux pour lui venir en aide.

Tidus écoutait la conversation silencieusement. Il était vrai que ces deux amis étaient en couple depuis un moment maintenant, et avaient tout naturellement réfléchi à un moyen de pouvoir bâtir un avenir avec leurs moitiés. Si il devait être parfaitement honnête, il en était envieux.

— Et toi Tidus ?

Cette question la tira de ses pensées, le faisant revenir brutalement au moment présent. Voyant que ses deux compagnes le dévisageaient avec insistance, il leur adressa un sourire penaud, se grattant la nuque d’un air gêné.

— À vrai dire… je ne sais pas vraiment ce que je ferais une fois parti de l’académie, je n’y ai pas encore réfléchi. Mais ça va, il me reste un an pour le faire.

— Oui. Tu as encore le temps de trouver d’ici là, approuva Serah. D’ailleurs, si on allait boire une bonne tasse de thé pour en parler davantage ? Il fait beau, c’est l’occasion d’en profiter !

— Bonne idée ! De toute façon, je dois retrouver ma Pripri là-bas alors autant faire le chemin ensemble !

— Ce sera sans moi les filles, désolé, s’excusa le jeune homme. Je dois passer à la bibliothèque pour chercher un livre sur la magie blanche. Je vous retrouve plus tard.

— Ça marche.

Il adressa un dernier signe de la main à ses deux amies avant de prendre congé, se dirigeant vers le bâtiment principal, abritant sa destination. Sur le chemin, il ne put s’empêcher de repenser à la question de Terra. L’année scolaire de cette académie commençait en avril, et se terminait en mars, et déjà un mois était presque passé depuis la rentrée. Contrairement à ce qu’il avait affirmé, si les jours défilaient aussi rapidement, il allait très vite être pris par le temps. Cependant, rien ne l’emballait plus que ça. La seule vocation qui l’avait vraiment intéressé avait été celle des chevaliers pégases, comme ce qu’était Serah. Malheureusement, ces gracieux animaux ne se laissaient monter que par des femmes, ce qui avait réduit en fumée ses espoirs. En dehors de ça, il n’était pas forcément un très bon combattant, ni même un bon magicien. C’était à se demander ce qu’il faisait dans cette académie. Finalement, il aurait peut-être mieux fait de faire comme son frère et de se trouver une autre voie…

Soupirant, il secoua la tête pour chasser ses sombres pensées, et tourna au coin du couloir qui le séparait encore de la bibliothèque avant de se heurter violemment à quelque chose. Ou plutôt à quelqu’un compte tenu de la plainte qui en résulta.

— Pardon, je ne regardais pas où j’allais, s’excusa aussitôt le jeune homme.

— Ce n’est rien, je ne regardais pas non plus.

La voix qui lui répondit était à la fois grave et douce. Tidus regarda le jeune homme face à lui se relever avant d’épousseter son uniforme impeccablement repassé et sombre. Ils étaient sensiblement de la même taille, lui donnant un bon aperçu du visage de son interlocuteur. Il avait des cheveux d’un noir comme la nuit foncé, coupés en dégradé et légèrement ébouriffés. Deux longues mèches encadraient parfaitement son visage aux traits fin et doux. Ses pupilles bleues étaient frangées de longs cils. Son teint était dénué de toute imperfection et ses lèvres parfaites esquissaient un léger sourire des plus ravissants. Il était beau. C’était la seule pensée qui parvenait encore dans l’esprit de Tidus.

— Savez-vous qu’il est fort inconvenant de dévisager de la sorte une personne que l’on rencontre pour la première fois ? Et cela, même si son visage est absolument divin.

Le blondinet sentit une vague de chaleur empourprer ses joues et décida de se baisser pour ramasser les livres que son interlocuteur avait laissé tomber afin de dissimuler sa gêne. Quant à ses lectures, elles ne semblaient tourner qu’autour de l’art de l’épée. On pouvait donc aisément en conclure qu’il devait être épéiste. Il empila proprement les ouvrages avant de les tendre à celui qui les avait empruntés.

— Et voici.

— Je vous remercie.

Le jeune homme reprit ses biens et adressa un dernier sourire à Tidus avant de s’en aller, ne laissant que son parfum flottait dans l’air comme preuve de sa précédente présence. Le jeune homme resta un moment dans le couloir, regardant le coin où il avait disparu.

— C’est curieux, je ne l’avais jamais vu avant aujourd’hui. Pourtant, il passe difficilement inaperçu... Et qu’est-ce qu’il est beau…

Il mit cependant un terme à ses pensées avant d’entrer dans la bibliothèque. Celle-ci était quasiment vide, le beau temps y étant certainement pour beaucoup. Un élève se trouvait dans un coin, endormi sur un grimoire ouvert devant lui. Veillant à ne pas faire de bruit, le blondinet commença à marcher le long des rayonnages, lisant distraitement les titres ornant les reliures. Il prit quelques livres traitant de la magie blanche, et de sorts de soins particuliers. Puisque c’était l’un des rares domaines où il n’était pas trop mauvais, il allait commencer à s’orienter dessus. Il pourrait au moins tenter de devenir médecin s’il ne trouvait rien d’autre qui l’attirait davantage avant la fin de l’année.

Une fois la pile de grimoires qui l’intéressait bien en main, il s’arrêta devant le bureau du bibliothécaire, vide, et prit soin de remplir les fiches d’emprunt. Voyant qu’il restait encore du temps avant l’heure du dîner, il décida de sortir dans les jardins afin de retrouver ses amies.

Et, conformément à leurs dires, il les trouva sous la tonnelle de la petite terrasse, où se trouvaient des chaises de jardin disposées un peu partout. Elles avaient également été rejointes par Priya Aishwarya. Grande et le teint légèrement hâlé, du fait de son origine indienne reconnaissable par le bindi qu’elle avait sur le front, elle avait des cheveux mi-longs bruns, encadrant son joli visage, éclairé de ses grands yeux bleus. Son uniforme était dénué de veste et elle avait retroussé les manches de sa chemise, laissant voir les tatouages au henné qu’elle avait sur les mains.

D’autres étudiants les entouraient, ayant visiblement eu également l’envie de se détendre autour d’une tasse de thé. Se frayant un chemin parmi eux en veillant à ne bousculer personne, Tidus arriva finalement à leur table pour s’asseoir sur la seule chaise encore libre.

— Te voilà enfin Tidus ! On commençait à se demander ce que tu devenais !

— C’est vrai que tu as mis un peu de temps. Pour preuve, Serah a quasiment dévoré tous les biscuits que nous avions commandés avec notre thé.

— Tu en as mangé autant qu’elle, Terra, constata Priya, amusée.

— Ah bon, tu crois ?

Le jeune homme leur sourit, n’étant pas sans savoir que ses deux amies avaient un sacré appétit.

— D’ailleurs, tu veux boire quelque chose ? proposa Terra. Je te le paie si tu veux !

— C’est gentil, mais non merci. Je ne suis pas spécialement amateur de thé.

— Comme tu veux.

— Je vois que tu ne reviens pas nous voir les mains vides, constata l’Indienne en désignant sa pile de livres d’un signe de tête. Tu as trouvé ton bonheur ?

— Disons que ce sont des livres qui peuvent m’apporter beaucoup. Il faut juste que je trouve le temps de les lire, et l’énergie de mettre en pratique ce qu’ils peuvent m’apprendre.

— C’est vrai que c’est un autre souci.

— Et sinon, tu n’as toujours pas de belle en vue ?

Priya et Terra ne purent s’empêcher de jeter un discret coup d’œil à Tidus. Après tout, le jeune homme leur avait confié une fois, en apprenant l’orientation sexuelle de Priya, qu’il était comme elle, et n’était pas intéressé par les personnes du sexe opposé. Cependant, l’académie de Garreg Mach, outre son prestige, était construite dans un monastère, dont les règles étaient très strictes. Ce genre de relation amoureuse était purement et simplement interdite, ce qui valait aux personnes homosexuelles de se cacher. Ainsi, même Serah n’était pas au courant de son penchant pour les hommes. Il s’en voulait un peu de ne pas l’avoir mise dans la confidence, mais préférait essayer de garder cette information aussi secrète que possible.

— Eh bien… je dois avouer qu’avant d’entrer dans la bibliothèque, je me suis heurté à une personne qui était plutôt agréable à regarder.

— Oh là là, la rencontre lors d’une collision ! C’est cliché, mais ça reste une valeur sûre ! Rappelons que Terra a rencontré Locke en lui tombant dessus après avoir raté une marche dans les escaliers.

— Serah, s’il te plaît, ne remet pas cet épisode honteux de ma vie sur le tapis, soupira la concernée.

— Ça avait peut-être mal commencé, mais ça s’est bien fini, constata sa meilleure amie. Pas de quoi avoir honte de ce souvenir, il n’a pas qu’eu du mauvais.

— Tu as raison Pripri.

— Surtout que dans mon cas, pour le moment, il ne s’est absolument rien passé, ajouta Tidus. J’ai juste constaté que c’était une belle personne, mais je ne la connais pas plus que ça. D’ailleurs, je ne l’avais jamais vu avant aujourd’hui.

— Il faut dire qu’il n’y a pas mal de classe et que le monastère est grand, déclara la blonde. Si cette « étudiante » n’a jamais été en cours avec nous, il est facile d’avoir passé nos deux premières années sans jamais la croiser. Tu sais son nom ?

Un silence pesant suivit cette question.

— Ne me dis pas que tu n’as même pas pensé à lui demander ? s’étonna la rose.

— Je t’avoue que ça ne m’a même pas traversé l’esprit. J’aurais aussi pu regarder sur la fiche d’emprunt, mais je n’y ai pas pensé non plus.

— Sûrement son joli minois qui t’a brouillé l’esprit, ironisa Priya en souriant.

— Peut-être.

— Sérieusement, je n’arrive pas à croire que tu n’y es pas pensé, c’est pourtant une question de bon sens, dramatisa Serah. Comment veux-tu commencer une belle histoire si tu ne sais même pas comment cette personne s’appelle ?

— Calme-toi un peu, tempéra Terra. Tidus n’est pas forcément autant à la recherche de l’amour que tu sembles l’être pour lui. Laisse-le vivre sa vie ! Surtout qu’ils étudient tous les deux dans la même académie. Les opportunités qu’ils se recroisent existent donc.

— Je sais, mais ça me désole de voir notre petit Tidus célibataire !

— Mais c’est un statut que je vis bien, rassure-toi. Puis, de ce que j’ai pu voir, cette personne apprécie l’art de l’épée. Je sais donc où me rendre si je veux essayer de me rapprocher.

— Ça tombe bien, Ashe se spécialise également dans cette discipline, assura l’étudiante indienne. Je sais qu’elle s’y entraîne souvent après les cours ou pendant la pause déjeuner. Tu pourras lui demander.

— Oui. Même si je pense qu’il n’y aura rien.

Mais malgré cette affirmation, Tidus était loin de se douter que cette rencontre, d’apparence si simple et innocente, était sur le point de bouleverser son existence de manière irrémédiable.

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