Soleil noir #8
Je ne l'ai jamais attendue.
Même môme, je ne pensais jamais "nous".
Toujours moi ou moi.
Puis, tu as débarqué avec tes cheveux de sirène et ton amour sans ratés.
Je t'ai aimée au premier mot, sans te vouloir. A jouer les étalons sauvages dans ma solitude perdue, plus paumé encore que tout ce que je pouvais croire.
Pauvre type, tout en excès, tout en limites.
Et toi qui restes là, bien trop reine, sûrement trop propre pour moi et mes kilos de sale, de noir dérangé et pourtant, tu me portes, me supportes.
Mais sur tes gardes.
Je t'en fais baver, ma plus belle. Je sais ce que ça coûte et comme ça coupe, l'existence avec moi. Mais tu allumes la mienne et je te veux dedans, juste sous mes veines.
Je ne te ferai pas d'enfant car je te veux tout entière. Je t'ai dans la peau et entre mes griffes, un peu comme la nuit blanche qui retient le sommeil.
Tu es de ces filles où tout va, la poitrine comme la tête. La mienne bat la breloque mais j'ai le corps résistant, malgré mes fantômes. J'ai de la joie cachée quelque part mais elle éclaire si peu, si mal. Tu me réchauffes dans tes étreintes et soudain, tout devient été. Tu m'as appris qu'on pouvait vivre la journée, même si la nuit reste amante, ma grande désirée. Qu'à cela ne tienne, je la trompe avec toi.
Et je sens, je sais que je ne me trompe pas.
Parfois, je fredonne seul : "Merveille, merveille contre son sein.".
Tu ris, en me traitant de mec.
Tant que je suis le tien...
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Parler de toi…
Ma "Bleu ciel".
Si claire et profonde, d’une lumière lisse.
C’est mon point de fuite, ma dernière ligne, mon premier signe.
De paix ou de croix, je ne sais.
De vie, je dirais.
Car tu gardes mes rires, sauves mes trêves : moi, l’enfant Armée, arbre sans sève qui s’enracine dans ses rifles, ses croisades, ses tranchées. Je suis écorce, je suis cuirasse et chaque jour, je me mène au front, contre ce merde-monde qui sans cesse me fait face.
Contre et terre, puis tout contre toi.
Soudaine tendresse dans mon corps dur, ce cuir éreinté, au repos à la douceur de ses bras.
Celui du guerrier.
Toi bleu ciel, et moi si sombre.
Boule rage et fusion qui par la bouche fait claquer les balles au bout de mes doigts, les autres tous dans le viseur.
Tous, oui, peut-être.
Tous sauf toi.
Longtemps, les hommes dans mon crâne ont craint ton règne.
Ils ont la méfiance des fusils, des tireurs sur les toits. Et de tes yeux canons parce que tu me fous le cœur en sang, le fait gibier docile, cible par mille, soudain, que je t'offre en présent.
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