XVIII. Cirque
Le même samedi soir, alors qu'elle fermait péniblement le rideau enrayé du Vidéoverse, Marion fut surprise par le klaxon répété et festif d'une vieille voiture. Debout, depuis le toit ouvrant, Pamela lui faisait signe.
— La discrétion, tu connais pas, hein !
Fidèle à la description que l'on donnait d'elle, la belle blonde sauta du véhicule à peine stationné et saisit Marion par la taille pour lui donner ce qui se rapprochait vaguement d'un baiser hollywoodien. Puis elle l'entraîna, le rire aux lèvres ; sa main, légère, l'invoquant du bouts des doigts, l'attirant d'un fil invisible, jusqu'à la banquette arrière.
— Votre carrosse est avancé, princesse ! l'invita Pamela dans une ultime courbette.
— J'ai l'air d'une princesse ? soupira Marion en roulant des épaules dans son imper jaune et de fourrer les pouces dans les poches de son baggy.
— T'as pas b'soin d'une belle robe ou d'une parure en diamants, tu sais. Tu déchires comme t'es. Et tu s'ras ma princesse, en jean et en baskets.
— Pfff.
À peine la portière s'était-elle refermée que Marion découvrit, à moitié surprise, le visage de leur chauffeur. Assise au volant, Simone réservait son meilleur profil à ses passagers. Côté route, sa demi-face décomposée provoquaient, lorsqu'ils la croisaient, les gros yeux des passants et automobilistes. Certains tressaillaient, effrayés, quand d'autres ne pouvaient réprimer leur grimace.
— Les gens sont vraiment sans-gêne ! s'offusqua Marion.
— J'ai l'habitude, tu sais, la rassura la conductrice. Moi aussi, la première fois que je me suis vue avec cette gueule-là, j'ai sursauté.
— Eh, Sisi, qu'est-ce qui t'es arrivé ? s'enquit Pamela en se penchant sur le dossier du siège passager.
— Arrête Pam, tu la gênes.
— C'est pas tant que ça me gêne, confessa l'intéressée, le regard rivé sur la route. C'est surtout que c'est du passé. Je n'aime pas remuer le couteau dans la plaie. Vous savez, je ne me suis jamais trouvée belle, et je me demandais tout le temps ce que les gens pensaient de moi. Depuis que j'ai la gueule cassée, je ne me prends plus la tête. Je sais qu'on me trouve laide. C'est vite réglé. Et, avec le recul, je me sens soulagée.
— Ça doit être chaud de draguer, souffla la Barbie délurée, le dos à nouveau plaqué contre l'assise.
— T'as vraiment que ça en tête ? la gronda sa petite amie.
— Vous êtes marrantes, toutes les deux ! s'esclaffa Simone. Vous avez déjà l'air d'un vieux couple.
Marion se raidit sur son siège. Comme alertée par sa gêne, la main de la jolie blonde, assise auprès d'elle, rampa sur sa paume, glissant ses doigts entre les siens. Le malaise dissipé à grand renfort de saccades rotuliennes, la plus timide des deux renferma finalement le clapet de sa poigne sur ces phalanges offertes. Si Pamela ne devait être qu'une expérience, il lui fallait en déguster chaque étape sans perdre de temps en délibérations.
Ses ongles rongés épargnaient la peau douce, quotidiennement huilée, de la beauté fatale ; alors que celle-ci, du bout de sa longue manucure, griffait par mégarde le cuir desséché, élimé par le rangement journalier des étagères du Vidéoverse et les pattes agressives d'un hamster pataud. Les minimes égratignures que Pamela y ajoutait ne dérangeaient guère sa compagne. Le contact furtif de ce vernis rigide semait même dans son sillage des nuées d'étincelles. Par-delà la vitre embuée, Marion égarait ses désirs indicibles dans le paysages urbain. Elle sentait clignoter en son bas-ventre l'une de ces enseignes criardes qui supplient les passants de pénétrer l'échoppe, grésiller dessous les néons essoufflés, s'allumer un à un les réverbères le long de ses cuisses transies, soudain perlées d'une vive chaleur. Pût ce vernis tapageur s'écailler en l'éreintant !
En sentant la main nerveuse se liquéfier au creux de la sienne, Pamela redressa ses phalanges – araignée digitale – et entama de lui masser la paume, de frictionner du pouce les lignes où, dès lors, elle remodelait l'avenir. Répondant avec précaution à l'excitation silencieuse de Marion, la belle laissa choir son crâne tout contre son épaule, dans le creux de son cou. Par-delà le tissu caoutchouteux de son imperméable, stagnait une forte effluve de lessive. Elle imprégnait tous ses vêtements et jusqu'à sa peau moite. Sans bien savoir ce qu'elle y trouvait d'adoucissant, Pamela respirait avec plaisir ce parfum de buanderie. Elle n'avait jamais fait l'amour sur une machine à laver et là, maintenant, entre les cahots de deux ralentisseurs, elle en brûlait d'envie.
De feux rouges en priorités, Simone décrochait de temps à autre un regard dans le rétroviseur ; moins pour surveiller ses arrières que pour guetter les amoureuses sur la banquette. Quand Pamela l'avait suppliée de les emmener en virée – « la lune de miel du premier jour », avait-elle inventé – la gothique, bien qu'amusée par cette idée saugrenue, avait eu à cœur de soutenir son unique amie. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vécu pareille mésaventure, elle dont les frasques sentimentales s'étaient freinées net, de même que ses chances de séduire. Elle enviait la fièvre libidinale qui envahissait l'habitacle. Depuis qu'on avait arraché son masque d'humanité, exposé son âme putride au grand jour, tout lui était devenu platonique. À l'excès de chair que déployait sa face difforme, le stupre ripostait par une froideur morbide. Ses fantasmes étaient secs : elle rêvait de réduire un vélin tendre au même état que sa couenne, d'y graver son nom au poinçon de ses dents. Elle priait qu'on l'exécrât en retour, qu'on la giflât, qu'on ne lui témoignât aucune pitié. Parfois même, elle imaginait qu'on l'abandonnait, nue, aux caprices de l'hiver, les poignets liés par des menottes glaçantes. L'idée du métal l'électrisait, elle que tous les piercings avaient portée aux larmes. Elle jalousait l'amour qu'éprouvait Pamela. Simplet et sain. Tiède et sensible.
La voiture s'éloignait du centre-ville. Suivant les indications imprécises, presque burlesques, de la bimbo désorientée, Simone roula jusqu'aux hauteurs de Lagronde, sur les collines qui jouxtaient la zone industrielle.
— Là, gare-toi, l'aiguilla Pamela.
Elles descendirent. La conductrice ouvrit le coffre, en tira deux plaids qu'elle y gardait toujours en cas de pépin. Elle s'enroula dans le premier et tendit le plus large à ses amies. Toutes trois s'assirent sous le hayon relevé, les jambes pendues dans le vide devant le par-choc. Installée au milieu, Marion se lovait contre la ravissante blonde dont elle partageait alors la couverture. Son talon heurta l'attelage par mégarde. Une fois, puis deux. Au troisième impact accentué d'un juron assourdi, Pamela lui attrapa la taille et la hissa sur ses genoux. Une jambe dans le coffre, l'autre au-dehors, Marion s'accrocha au buste de sa belle.
— Regarde, l'enjoignit cette dernière en désignant du menton le paysage en contrebas.
Les trois cheminées d'un énorme hangar peignaient le ciel de leurs longs panaches blancs.
— C'est... euh... C'est censé être romantique ?
— Non. C'est mon endroit préféré. La prochaine fois, tu m'montreras le tien.
Marion brida le rire qui lui gonflait les lèvres. Pour être certaine de le contenir, elle les tendit même et écrasa un baiser décentré sur la bouche de Pamela.
— T'es vraiment pas qui on croit, Pam, concéda Simone, le regard errant entre les aplats cubiques que dessinaient les usines sur le ciel mat. T'as d'autres surprises à nous déballer ?
—J'ai rien de surprenant. C'est plutôt c'que les gens s'imaginent qui me surprend, parfois.
— Vous voulez faire quoi, plus tard ? les questionna Marion en se blottissant plus franchement contre le décolleté ouvert de sa compagne – un peu pour contrer le froid, surtout pour s'en délecter.
— J'aimerais bien continuer la musique, répondit Simone. Mais ça ne paye pas. Je pourrais être prof, peut-être.
— J'aurais sûr'ment pas mon bac, admit Pamela. C'est pas grave. Je veux passer mon permis poids lourd. J'ai pas besoin d'êt' futée pour conduire, pour transporter des marchandises.
— Sérieusement ? gloussa la gothique. Toi, la bombasse du lycée, tu veux devenir camionneuse ? On aura tout entendu !
En contrebat, Marion admirait le visage gracile, pour une fois sérieux, de la beauté blonde. Son nez droit, ses lèvres fières, ses pommettes fermes. L'éclat bleuté de ses iris, baissés soudain pour la consumer du regard. De moins en moins réservée, elle tendit sa paume à la joue frigorifiée de Pamela qui, sans demander son reste, se pressa contre cette main caniculaire.
— Tu me laisseras monter dans ton camion ?
— Évidemment, princesse. Qu'est-ce que tu crois ? Y a intérêt à c'qu'on baptise le tabl'eau d'bord !
Simone s'esclaffa tandis que Marion, rouge comme une pivoine, tentait de rassembler ses esprits pour embrayer :
— T'as l'air tellement sûre de toi, tellement convaincue de ce que tu veux faire. C'est beau. Je t'admire Pam, vraiment. Moi je ne sais pas. Je vais sûrement aller en fac de lettres, mais après...
— Tu sauras l'moment v'nu. Tu peux tout faire, chérie. T'es intelligente, persévérante. Tu f'ras tout c'que tu veux.
Marion n'étais pas sûre que quelqu'un eût déjà placé autant de confiance en elle. La confiance de Pamela, quoi qu'aveugle et vaine, lui faisait chaud au cœur. Pas uniquement au cœur, dut-elle reconnaître en sentant la coulée qui imbibait son boxer, comme elle se redressait.
Entassées dans le coffre, devant l'étrange paysage des fourneaux cracheurs de nuages, elles discutèrent longuement de leurs vies et de leurs rêves, du lycée et d'après.
— Vous comptez faire profil bas, lundi ? se renseigna Simone.
Le visage penché, Pamela interrogea sa compagne du regard, soucieuse que sa réponse, précipitée, pût la froisser.
— Le look profil-bas, c'est inefficient sur elle, expliqua Marion sur le ton de la plaisanterie.
— C'est un fait, reconnut la gothique. Mais tu vas assumer de lui tenir la main ? De l'embrasser ? Toi, t'es plutôt du genre à raser les murs. Ça te va, de sortir avec une bête de foire ?
— Eho, protesta la bête en question.
— L'intello discrète est la plus nulle des bêtes de foire, trancha la binoclarde. On la regarde en coin, on s'imagine qu'elle passe sa vie dans ses bouquins et on se dit que, si elle est lesbienne, c'est sûrement parce qu'elle est coincée du cul.
— Je m'occupe de ton cul quand tu veux, toussa Pamela, à vrai dire peu fière de sa vanne potache.
Pour seule réaction, Marion lui pinça malicieusement le bras et fit mine d'ignorer son invitation.
— Je suis déjà dans le collimateur. Quitte à ce qu'on me dévisage, je veux au moins qu'on sache que, moi aussi, je m'éclate. Je veux être une bête de foire, une vraie. Une qu'on regarde, et pas qu'en coin. Et pourquoi tu ne traînerais pas avec nous, Simone ? Tu passes ta vie planquée en salle de musique, non ? Si on se ramène toutes ensemble, lundi, on ne sera plus trois pauvres olibrius, mais un putain de freakshow !
Ainsi le pacte fut scellé, d'un rire approbateur. En attendant le jour de la représentation, néanmoins, la nuit était à elle. Les ténèbres leur salle de jeux, les rues désertes leur terrains de chasse.
Enjouée par la compagnie des deux amoureuses, trop occupées à se bouffer des yeux pour lorgner sa cicatrice, Simone proposa de tester la dextérité de Pamela. Malgré les protestations de Marion, ses deux acolytes se mirent en quête d'un terrain vague où entreprendre de périlleuses manœuvres. Simone ne semblait pas inquiète pour son automobile qui, si elle n'était pas de prime jeunesse, avait tout de même dû lui coûter une belle somme, ne fut-ce que pour le toit ouvrant.
Tandis que les amantes passagères s’enivraient joyeusement du vent qui, par cette trappe ouverte, leur fouettait les cheveux, la conductrice philosophait seule.
— Si quelqu'un vous emmerde, au lycée, je vous promets que je vais lui faire passer un sale quart d'heure. Celui qui s'en prendra à vous goûtera à ma colère, parole de freak ! Vous êtes un sacré duo, les filles. Vous avez tout mon soutien. Parce que, je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais vous êtes en train d'accomplir quelque chose d'important. Tu as été la première à te déclarer, Marion, mais ce n'était pas clair dans l'esprit de tout le monde. C'était comme une fable, tu vois. Parce que tu étais seule, ça ne voulait rien dire. Mais, maintenant que vous êtes deux, les choses vont changer. Les choses vont bouger. Les gens ne vont pas comprendre, au début, mais ils vont s'habituer. Lundi, ce sera le feu. Et d'ici quelques semaines, vous serez juste les lesbiennes de Sainte-Anne. Passées de mode. C'est là que tout changera. Quand vous aurez payé les pots cassés, les autres n'auront plus peur. Parce qu'il y en a d'autres, ça c'est une certitude.
Le nez au vent, les deux insouciantes qui chahutaient, complices, n'écoutaient pas un traître mot de ce monologue. C'est alors qu'elles parvinrent à la station essence, dont le vaste parking paraissait le terrain d'entraînement idéale pour les manœuvres de Pamela. À la demande de Simone, l'apprentie conductrice enjamba le levier de vitesses et prit place au volant. Elle allait enclencher la première quand la gothique arrêta sa main.
Là, sous le halo poudreux d'un réverbère, une silhouette dansait. Simone la pointa du doigt, tout en faisant signe aux deux autres de garder le silence. Les roulettes de patins bravaient les flaques, sur le sol abîmé, et arrosaient la piste de larges éclaboussures. Robe à poids évasée par dessous son manteau, les cheveux rehaussés d'un bandana assorti, les mains gantées de velours colorées, les jambes nues, l'étonnante pin-up valsait avec les ombres.
— Alix ? s'étonna Marion en la reconnaissant.
— C'est quoi cette tenue d'actrice porno ? s'étrangla Pamela. Et on ose dire que j'suis provocante !
Avant que Simone eût le temps de calmer le jeu, Pamela alluma les pleins phares dans une jubilation non dissimulée.
— Je t'ai vue, p'tite traînée ! railla-t-elle celle qui, déjà, prenait la fuite.
— Putain, Pamela, pourquoi tu as fait ça ?
Simone ne riait pas. Sa turbulente comparse venait de ruiner le spectacle fortuit. Jamais sans doute ne reverraient-elles ce mouton pudibond se déhancher, en transe, loin du troupeau. En guise de punition, Pamela fut congédiée à l'arrière, privée de leçon de conduite. La gothique déposa ses deux passagères devant chez Marion et fila, agacée.
Abandonnées sur le trottoir, les deux blondes se regardèrent, interloquées. La plus sulfureuse haussa les épaules.
— C'est moi, ou elle a pété un plomb ?
— Tu veux rester ?
— Quoi, pour la nuit ?
— Ben oui. Pas pour emménager, quand même.
— Si ça t'mets pas mal à l'aise, ça m'va. J'envoie un SMS à mon père.
— Tu vas lui dire que tu dors chez ta petite amie ?
— Bah ouais. Pourquoi j'lui mentirais ?
Alors qu'elle croyait à une blague, les narines de Marion expulsèrent un rire, immédiatement transmuté en fumée.
— J'peux m'en griller une avant ? demanda Pamela.
— D'accord. Mais me recrache pas ta fumée à la tronche.
La fumeuse tint sa cigarette plus précautionneusement que jamais, s'interdisant même de crâner à expulser des cercles qui, certainement, viendraient chatouiller le nez de sa bien-aimée. Une fois le mégot éteint dans la poubelle du jardin, les deux adolescentes se réfugièrent prestement à l'étage, où la couette attendait de les guérir du froid. Les mains de Marion étaient gelées et, en la serrant contre elle pour la réchauffer, Pamela culpabilisa de s'être éternisée dehors. Leurs corps dénudés se pelotonnaient, sans gêne, l'un contre l'autre. L'odeur de lessive imprégnait aussi le drap et, diluant leurs bouillons de phéromones, les enveloppaient paisiblement. Les poitrines avachies l'une sur l'autre, les cuisses accolées, jambes et pieds mélangés, elles peignaient mutuellement leurs cheveux du bout des ongles. Marion s'émerveillait des boucles interminables de Pamela, tandis que celle-ci appréciait la souplesse des mèches courtes et sauvages. Ainsi blottie contre elle, sa farouche compagne lui paraissait plus mignonne que jamais. Mais cela, elle n'osait le lui dire, de peur qu'elle s'en vexât une fois de plus.
Dans le confort du lit, ses désirs de machines à laver s'amenuisaient, sitôt relayés par un profond sentiment de plénitude. Et lorsque Marion s'endormit dans ses bras, Pamela ne regretta pas que le sexe, pour l'heure, fût demeuré en retrait. Fantasmes éparses plutôt que déballage obscène. Du corps aimé, elle n'effleurait pour l'instant que la chaleur, la volupté et la délicatesse. Pour la première fois, la jeune femme sentit qu'on voulait l'aimer et non la posséder.
— C'est quoi ce cirque ? lâcha Mathias le premier en voyant débouler le lundi matin le burlesque trio.
Formule bientôt reprise par tous les couloirs de Sainte-Anne. Aux côtés de la gothique effrontée qui exhibait sans vergogne son abjection facile, l'intello et la pétasse paradaient main dans ma main. Et quand, inévitablement, un importa demanda qui avait léché l'autre, Pamela, pour seule réponse, octroya à sa chère un baiser passionné.
Alors que chacun y allait de son commentaire, Alix se tut résolument. Délia eut beau la tanner pour connaître un avis qu'elle exigeait identique au sien, l'adolescente conserva le silence le plus cérémonieux. Ces trois-là l'avaient vue. Brièvement et dans l'obscurité. Qu'y avait-il à voir d'ailleurs ? Alix ne pouvait cependant s'ôter cet affreux pressentiment : la petite troupe du cirque connaissait son numéro. Peu s'en faudrait pour qu'on la poussât, elle aussi, jusque sous le chapiteau, afin de l'y humilier. Pire encore. Face à l'effarante euphorie de ce couple improbable, elle se découvrait dévorée par l'envie. Funambule indécise : si elle tendait le pied vers le centre de la piste, la chute lui pendrait au nez ; si elle s'y refusait, elle demeurerait dans l'ombre, à jamais en coulisse.
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