Chapitre 1
Le don de guérir
"livre 3 tome 1"
Prologue 1/2
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CHAPITRE 1 (Où suis-je ?)
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Bip...Bip…Bip…
« Non !! Pas encore !!! »
Bip…Bip…Bip…
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« Pensée »
- Qu’est-ce qu’il m’arrive ?? Pourquoi suis-je encore en vie ?? N’ai-je donc pas assez souffert comme ça ??
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Ce sont les premières phrases qui me viennent à l’esprit, en me retrouvant une fois de plus dans cette chambre d’hôpital baignée par la lumière du jour.
Ma deuxième pensée est marquée par une extrême colère, colère envers cet acharnement à me maintenir en vie alors que mon corps ne répond plus depuis longtemps aux moindres stimuli de mon cerveau et ne sert plus que de réceptacle à mes pensées qui se perdent le plus souvent dans des histoires abracadabrantes comme celle que je viens de vivre avec tellement de force que j’en ai encore en mémoire les moindres détails.
Tout était donc faux ? Mon Thomas que j’aime tant serait lui aussi le résultat de mon imagination débordante et tout ce que j’ai vécu, toutes ces folles et excitantes expériences, ne seraient que le fantasme du jeune puceau que je suis toujours ?
Je tourne la tête vers la fenêtre, la lumière crue du soleil me fait lever le bras pour me protéger les yeux et rien que ce fait met mon cerveau en ébullition quand je comprends l’impossibilité de ces gestes qui pourtant se sont produits.
J’amène ma main près de mon visage, une main amaigrie c’est vrai, mais loin de celle squelettique qui était la mienne quand je pouvais l’apercevoir.
Bip…Bip…Bip…
Je me redresse avec peine car la fatigue elle est bien présente, mes muscles m’obéissent avec douleur et raideur certes mais ils m’obéissent quand même et rien que cette possibilité m’amène la pensée qu’une fois encore je suis reparti dans mon rêve.
Bip…Bip…Bip…
J’aperçois l’appareil électronique avec ces fils qui partent depuis l’arrière du boitier jusqu’aux diverses parties de mon corps où ils sont raccordés.
Bip…Bip…Bip…
Je me sens soudainement faible, la soif et la faim me tenaille l’estomac.
Je suis surpris de ces sensations qui sont nouvelles pour moi, une glace située sur un mur de la chambre attire mon attention et me montre tel que je suis, c'est-à-dire couvert de pansements de la tête aux pieds avec les attelles qui maintiennent une de mes jambes en l’air, certainement la cause de cette douleur de tout à l’heure quand je me suis redressé.
Suis-je encore une fois parti dans un nouveau rêve ou à l’évidence mon « don » de guérir n’est plus d’actualité ? Ou bien encore je me réveille dans la réalité, les progrès de la médecine auraient permis de me sortir d’une façon ou d’une autre de cette maladie qui me dévore depuis toujours ?
Que de questions qui se bousculent dans ma tête et auxquelles je n’ai bien entendu aucune réponse !! La seule certitude est que je suis en vie alors que je ne m’y attendais certainement pas.
Je pencherai malgré tout après réflexion vers la deuxième solution car sans doute la plus probable, même si elle apparaît comme un vrai miracle de la science et ne donne pas la réponse au fait que je sois couvert de pansements, un autre fait pourtant va encore plus me mettre dans l’expectative et l’incompréhension, c’est le calendrier qui est accroché à la porte.
Deux mille deux !! Un calcul rapide m’amène à une constatation troublante, je n’aurai que dix-huit ans ???? Ou peut-être même pas encore suivant le mois ??? Je ne serai donc resté qu’un peu plus d’un an dans le coma ?? Il me semblait pourtant que le docteur Viala m’avait parlé de deux ans ??
J’en suis là dans mes découvertes quand la porte s’ouvre, une femme en blouse blanche apparaît avec sur les lèvres une grimace rébarbative qui me choc un peu dès qu’elle me voit éveiller.
- Tiens !!! Il est réveillé celui-là !!! Il n’y a décidément que de la chance pour la canaille !!
- Pardon ???
- Oh !!! Ne prends pas cet air innocent avec moi !! Nous savons tous de quoi tu es capable, alors tiens-toi à carreau pour une fois si tu veux passer un séjour tranquille ici !! C’est bien compris ??
- Mais enfin madame !! De quoi parlez-vous ??
L’infirmière plisse les yeux, visiblement surprise voir déstabilisée par mes paroles tout comme moi par les siennes et qui semblent être à des années lumières de ce qu’elle s’attendait d’entendre.
- Madame ?? Je ne suis plus la sale pétasse qui te brise les couilles !! Tiens donc ?? C’est nouveau ça !! Ton accident aurait-il remis ton cerveau en ordre ?
Un doute commence à lui venir quand elle s’approche de moi pour vérifier les indications des appareils et ses yeux se rivent dans les miens qui maintiennent son regard avec surprise.
- Te rappelles-tu de comment tu t’appelles ?
- Florian De Bierne, madame !!
- C’est bien ça !! Je ne comprends plus rien !! Te moquerais-tu encore une fois de moi par hasard ?
- Mais non enfin !! En plus c’est la première fois que je vous voie !!
Les yeux de l’infirmière cillent, l’étonnement que je peux lire sur son visage m’amène un sourire amical qui la trouble encore plus.
- Je…Je…Vais chercher un docteur… Tu… es… sur… que… que ça va ??
Prologue 2/2
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CHAPITRE 2 (Révélations !)
« Clairière, le temps du rêve. »
- Nous l’avons perdu !!
- Pourtant nous y étions presque !!
- C’est un échec alors ?
- Je t’avais prévenu que nous n’aurions pas suffisamment de force !! Si seulement il n’avait pas gaspillé la sienne dans l’avion !!
- Nous devons continuer et le retrouver !!
- Allons mon frère !! Nous ne sommes plus assez nombreux pour ça !! Beaucoup des nôtres ne sont plus après avoir donné toutes leurs énergies pour tenter de le reconstruire.
- Nous le tenions pourtant, je ne comprends pas ce qui a bien pu se produire pour qu’il nous échappe ?
- Encore tu veux dire ?
- Oui !! Je me rappelle maintenant !! J’ai longtemps pensé que nous faisions partie de son rêve !!
- Regarde autour de toi !! Plus rien n’existerait si cela avait été le cas.
L’entité zoome sur le groupe d’humains au désespoir, qui entoure toujours le corps sans vie de leur ami.
- Nous aurions dû puiser en eux !! Peut-être cela aurait-il été suffisant pour le ramener.
- Laissons-les perpétuer ce qu’ils avaient commencé dans cette réalité, son œuvre ici doit se poursuivre et ses amis feront tout pour que cela se fasse, en souvenir de lui.
- Combien de temps va-t-il encore falloir qu’il ère d’une réalité à l’autre avant qu’il ne se retrouve entier ?
- Le temps n’a aucune importance pour lui tu le sais bien !!
- Nous n’aurions jamais dû les séparer !!
- Il le fallait !! Il avait perdu son humanité, les prières ne faisaient que lui donner plus de pouvoirs et sa puissance lui a fait perdre la raison.
- Nous y étions presque !!
L’entité observe un moment les deux jeunes humains serrés l’un contre l’autre dans un désespoir sans nom.
- Sa mémoire sera honorée ici et déjà je sens les premières prières qui le rendront plus fort.
- Je les sens également !!
- Combien de réalités a-t-il traversé depuis qu’il s’est fractionné ?
- Comment le savoir !! Notre conscience de ce que nous sommes véritablement ne nous est apparue qu’après son départ, il doit en être de même partout où il est déjà passé.
- Nous savons qu’il se renforce à chaque fois davantage, mais lui il l’ignore toujours !!
- Sa mémoire reviendra quand ils ne seront plus qu’un, ce jour-là il retrouvera ses fidèles, son amour pour « Thomasss » et sa puissance.
- Et nous notre peuple !!
- Seulement si notre action lui fait nous pardonner.
- Les univers se resserrent, l’expansion doit reprendre et lui seul en a la possibilité, déjà des soleils se meurent sans que d'autres ne voient le jour.
- Il fallait qu’il se ressource, la vie pour lui ne comptait plus et il comprendra que ce que nous avons fait, n’a été fait que pour le bien de tous.
- Regarde ces humains comme ils le pleurent !! N’oublie jamais la haine qui était la leur sur toutes les planètes qu’ils peuplaient au moment de notre choix.
- Ils avaient arrêté de prier !!
- Ils avaient oublié d’où lui venait sa puissance, nous avons besoin de son retour !! D’autres moins puissants cherchent à prendre sa place et les guerres tuent les peuples et détruisent les galaxies, lui seul peut stopper la spirale qui déjà commence à anéantir l’univers.
- Alors prions avec eux mon frère !!
- Repentons-nous de nos exactions, même si elles étaient alors nécessaires !!
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La clairière se vide petit à petit, les amis du défunt l’emportent avec eux dans une lente procession marquée par les larmes et le désespoir, sur une civière qu’ils ont confectionnée avec des branches et des lianes, emmenant celui qui est et sera toujours l’ami le plus cher qu’ils n’ont jamais eu.
Le village Masaï est rejoint avant la tombée de la nuit, la vision du dieu des dieux étendu sans vie amène les lamentations de la tribu toute entière qui prie pour son âme et pour les bienfaits qu’il leur a apportés.
La nouvelle fait le tour de la planète en quelques heures, les églises, mosquées et autres lieux de cultes toutes religions confondues ne désemplissent plus depuis lors, les prières de ce monde redevenu pur rejoignent celles d’autres mondes qui ont aussi connus à plus ou moins grande échelle ce garçon roux qui mais ça ils n’en ont pas conscience, est depuis des millénaires à la recherche de son humanité, de sa puissance divine et surtout, de son amour pour celui qui lui a été enlevé.
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« Aix en Provence, le temps d’une réalité. »
Dans la petite chapelle près d’Aix en Provence, les cloches sonnent et ils sont nombreux, parents, amis et voisins, à venir assister aux derniers sacrements de Florian dont la terrible maladie a fini par gagner sur sa volonté de vivre.
Frédéric Viala accompagné de sa femme et de ses trois enfants, assistent eux aussi à la cérémonie, Damien qui pendant toutes ces années s’est occupé de ce jeune malade qui est devenu au fil du temps son meilleur ami a les yeux rougis des larmes qu’il verse à la mémoire de Florian depuis qu’il a appris la terrible nouvelle.
Il se rappellera toujours de ces histoires extraordinaires venant d’une imagination féconde, sans jamais savoir que quelque part elles avaient une réalité et racontées par une parcelle d’esprit encore incomplète à la recherche de son âme éparpillée.
Frédéric en est encore à chercher à comprendre les résultats de l’autopsie, résultats pour le moins troublants qui démontrent sans possibilités d’erreur que le corps du jeune Florian commençait lentement à se réparer et ne serait-ce le temps qui visiblement a manqué ainsi que l’usure extrême de cet organisme rongé par la maladie, qui n’aurait pas permis d’éviter ce qui jusqu’à ce constat lui paraissait à lui inévitable.
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Début du livre 3
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CHAPITRE 3 (Avant l’accident)
« Aix en Provence, un autre temps. »
« Dring ! Dring ! »
Une main ridée et tremblante attrape le combiné et l’amène à son oreille.
- Oui !! Allô !!
- ………
- Ah !! C’est toi ma chérie !!
- …………
- Oh mon dieu !! Tu es sure ?
- ……….
- Merci de nous avoir prévenus, donne un gros bisou à Pierre !!
La vieille femme raccroche, une larme perle sur sa joue ridée par les années.
- C’était qui ?
- Hellènes !! Florian vient de sortir du coma, les médecins n’y croyaient plus !! Tu vois que nous avons eu raison d’insister pour qu’ils le gardent sous assistance après son accident ?
Michel préfère ne pas répondre, sachant très bien que sa femme ne comprendrait pas qu’il ne puisse pas être aussi heureux qu’elle du réveil de son petit-fils.
Un petit-fils qui pourtant leur en fait voir de toutes les couleurs depuis son plus jeune âge, ne les respectant pas quand il ne s’acharne pas sur eux avec cette méchanceté qui est devenue pour lui une seconde nature.
Un petit-fils qui ne fréquente que des voyous de la pire espèce, qui se drogue, vole et multiplie depuis quelques années les accidents, en faisant un patient bien connu pour les médecins et le service soignant de l’hôpital de la Salpetrière de Paris, subissant son mauvais caractère avec une patience que beaucoup leur envieraient.
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« Paris, quelques mois plus tôt. »
La sirène de police retentie soudainement en surprenant les trois garçons en pleins holdup dans la bijouterie.
- Putain les flics !!
- T’affole pas, c’était prévu !! Le rouquin doit nous attendre avec une caisse dans la ruelle, magnez-vous le cul les gars !!
La vision de la vitrine explosée par un « crossover » volé qui a encore les deux roues avant dans le magasin, interpelle les policiers qui sortent de leur véhicule et tentent de passer à travers les bris de vitres, s’efforçant de ne pas s’écorcher avec les pointes tranchantes.
Les trois garçons cagoulés ne semblent pas plus effrayés que ça de les voir venir vers eux, l’un d’entre eux leur fait même un bras d’honneur avant de s’éclipser par l’arrière-boutique en courant.
Le sous-officier de police.
- Faites le tour !! Sinon ils vont s’échapper par derrière !!
Ses deux collègues s’élancent dans la rue pour faire le tour du pâté de maisons, ils sont presque arrivés devant la ruelle quand un grondement de moteur les fait se jeter en arrière pour ne pas se faire écraser.
Juste le temps pour eux de voir les longs cheveux roux du chauffeur qui ne cherche même pas à les éviter et fonce pied au plancher pour rejoindre l’avenue la plus proche, un sourire sardonique aux lèvres.
Les deux policiers se relèvent.
- Le con !! Il aurait pu nous tuer !!
- Tu l’as reconnu ?
- Tu en connais d’autres toi des rouquins ? En plus il ne se cachait même pas l’enfoiré, c’est encore le fils De Bierne pas de doute !!
- Son dernier séjour en tôle ne lui aura pas suffi on dirait !!
- Pour le temps qu’il y reste !! Mais cette fois ci il est cuit, le juge l’avait prévenu !!
- Bah !! Il s’en sortira encore comme d’habitude, l’argent de son père paiera les meilleurs avocats qui trouveront bien de quoi le faire sortir !!
Un des deux hommes sort sa radio.
- Vol avec effraction rue Lepic !! Quatre jeunes en Opel Astra blanche, l’un d’entre eux est sans doute le jeune De Bierne !! Prévenez toutes les voitures en patrouille pour qu’elles les bloquent avant qu’ils planquent leur butin !!
- Bien reçu !!
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Les quatre garçons éclatent de rire, Florian accélère encore et l’aiguille titille les cent trente kilomètres heures quand un de ses potes lui en fait la remarque.
- Hé !! Ne va pas nous tuer, ralentis un peu tu veux bien ?
- Tu crois que les poulets nous ont vus ?
- Putain Florian !! Pourquoi t’as viré ta cagoule ?
- Je crevais de chaud là dessous !!
- Les deux flics ont dû te repérer alors !! Merde !! Tu fais chier !!
- Du calme les gars !! Vous savez bien que je ne dirais rien et mon paternel ne me laissera pas aller en tôle, alors relaxe !!
Un crissement de pneus suivit d’une sirène stoppe leur conversation, le jeune rouquin avec un rictus narquois braque à fond pour prendre une rue secondaire et freine brusquement.
- Allez !! Barrez-vous vite fait avec les sacs !! On se retrouve à la planque comme d’hab !!
Les trois portières claquent et le rouquin appuie nerveusement sur l’accélérateur, semblant s’amuser comme un fou.
- Allez la poulaille !! Essayez donc de m’attraper !! On va bien rire !!!
CHAPITRE 4 (Après l’accident)
Les minutes qui suivent ne sont que crissements de pneus et sirènes hurlantes, l’Opel prenant de plus en plus de vitesse en traversant les carrefours sans ralentir, son chauffeur semblant complètement inconscient du danger.
Une camionnette passe au vert, son conducteur voit trop tard arriver sur lui l’Opel blanche et le choc terrible qui s’en suit ameute les passants, l’enchevêtrement de ferraille les faisant pousser des cris de stupeurs et pour les plus sensibles, s’évanouir à la vue des deux corps ensanglantés coincés dans l’amas de tôles que sont devenus les deux véhicules.
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« Hôpital de la Salpetrière, début de soirée. »
Pierre De Bierne arrive à l’accueil la mine sombre, il a quitté une importante réunion d’affaires à l’étranger pour venir immédiatement au chevet de son fils.
Son avocat l’a déjà contacté pour lui expliquer ce qu’il en est, il est à peine surpris d’apprendre l’accusation de vol avec effraction et préfère encore une fois laisser à ses avocats trouver la brèche juridique qui annulera purement et simplement la procédure en cours.
Ce qui compte pour l’instant pour lui, c’est de connaître exactement l’état de santé de son fils unique et c’est d’ailleurs la première chose qu’il demande à l’hôtesse quand il se présente devant elle.
- Pierre De Bierne !! Je viens aux nouvelles de mon fils, Florian De Bierne qui a eu un accident dans la matinée !!
- Un instant monsieur, je consulte les entrées de ce matin !!
Pierre la regarde taper sur son ordinateur.
- Oui en effet !! Votre fils est bien ici !! Mais j’ai bien peur que les visites lui soient interdites pour le moment, il sort d’une longue opération vous comprenez ?
- Pourrais-je au moins parler avec le chirurgien qui a opéré mon fils ?
- Je me renseigne pour savoir s’il n’est pas déjà rentré chez lui et s’il a le temps pour vous recevoir.
- Faites donc mademoiselle !!
- Si vous voulez bien vous rendre en salle d’attente, je vous tiens au courant dès que j’en sais plus !!
- Entendu mademoiselle, vous êtes bien aimable !!
Pierre va s’asseoir après avoir pris une revue au passage, il feuillette nerveusement les pages pendant un temps lui paraissant très long.
- Monsieur De Bierne ?
- Oui !!!
Pierre relève la tête et reconnaît immédiatement l’homme qui se présente devant lui.
- Cela me rappelle des souvenirs.
- En effet monsieur, votre fils semble être abonné à cet hôpital !! Mais je crains que cette fois soit une fois de trop !!
- Expliquez-vous ?
- Nous avons fait ce que nous avons pu pour son corps, mais son cerveau est atteint d’un grave traumatisme et il est dans le coma depuis l’accident !!
- C’est si grave que ça ??
- Suivez-moi !! Vous en jugerez par vous-même !!
Les deux hommes se rendent jusqu’à une salle spécialement appareillée pour les cas graves de comas traumatiques profonds, Pierre découvre alors son fils et son cœur se serre devant l’aspect pitoyable dans lequel il se trouve.
Le chirurgien lui tend un dossier en gardant en main quelques clichés de scanners qu’il étale sur une table en face du lit.
- Regardez ces tâches, ce sont des caillots de sang que nous ne pouvons extraire !!
- Soyez direct docteur !!
- Votre fils et dans un état très proche de la mort cérébrale, son cerveau ne réagit quasiment plus à aucuns stimuli.
- Quand en saurez-vous plus docteur ?
- Nous allons le transporter dans une chambre où il sera sous assistance cardiaque et respiratoire, je pense que d’ici quelques semaines nous y verrons plus clairs.
- Quelques semaines ???
- Au mieux, oui !!
- Souffre-t-il ?
- Je peux vous assurez que non !! Il faut juste laisser les choses évoluées de par elles même, mais comme je vous l’ai dit, je reste très pessimiste sur les résultats. Peut-être serait-il bon de vous préparer avec votre famille à ce qu’il ne revienne jamais à lui.
- Puis je prendre l’avis d’autres spécialistes ?
- Autant que vous voudrez monsieur, je comprends bien votre position et j’en ferais tout autant s’il s’agissait de mon enfant croyez le bien !!
- Je vous remercie de votre compréhension docteur et soyez assurer que je ne mets pas vos compétences en doute un seul instant.
- Je l’avais bien compris comme ça, je vous tiendrais informer régulièrement de l’état de votre fils !! Seul le temps et un miracle pourrait vous le rendre sans séquelles.
Pierre fixe le chirurgien avec étonnement.
- Vous voulez dire que si mon fils revient à lui, il ne sera plus le même ?
- C’est très probable en effet, son cerveau a subi trop de dégâts pour qu’il en soit autrement je le crains !!
- J’ai les moyens de payer vous savez, la vie de mon fils est plus importante que tout à mes yeux.
- Hélas l’argent ne peut pas tout acheter !! Croyez bien que j’ai fait tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver votre enfant.
CHAPITRE 5 (Quatre semaines plus tard après l’accident)
Pierre et sa femme attendent l’arrivée du chirurgien qui les a convoqués, l’inquiétude peut se lire sur leurs visages crispés et ils ne se font pas trop d’illusions quant à la raison de cette convocation, les nouvelles régulières de l’état de leur fils n’étant pas de celles à croire encore à une rémission de son coma.
La porte du cabinet s’ouvre sans qu’ils s’en rendent compte, le médecin les observe un moment en comprenant ce qu’ils ressentent.
Ils devraient plutôt être soulagés d’un grand poids pense-t-il alors, leur fils étant un voyou de la pire espèce tandis que les deux adultes assis en face de lui sont pour leur part d’une gentillesse peu commune.
Il connaît leur histoire, cet accident d’avion qui a failli leur coûter la vie alors que leur fils n’avait que quelques mois et il comprend que depuis ce jour-là, le garçon a reçu toute leur attention au point de le pourrir et d’en avoir fait ce qu’il est devenu.
- Monsieur et madame De Bierne !! Si vous voulez bien entrer s’il vous plait !!
Pierre et Hellènes sursautent, trop pris dans leurs pensées pour s’être aperçus de sa venue.
- (Pierre) Bonjour docteur !! Votre convocation nous a rendu nerveux, excusez-nous.
- C’est moi qui m’excuse, j’aurais dû voir que vous ne vous étiez pas aperçus de ma présence !!
Il laisse passer le couple devant lui avant de refermer la porte, ensuite il les prie de s’asseoir en cherchant visiblement ses mots pour les amener à ce qu’il veut leur faire entendre.
- Je vais être franc avec vous !! Nous ne notons aucune amélioration du traumatisme de votre fils, son corps se remet lentement mais son cerveau n’a aucune réaction aux diverses stimulations que nous lui envoyons.
Pierre prend la main de sa femme dans la sienne pour la réconforter, comprenant bien quelle sera la suite que va prendre cette conversation.
- Si vous alliez au fait docteur ?
- Justement !! J’y viens !! Je pense sincèrement qu’il est inutile de garder espoir et qu’il serait bon d’envisager de débrancher votre fils, connaissiez-vous sa position sur le don d’organe ?
- (Hellènes) Il était très difficile d’avoir une conversation avec Florian docteur !!
- (Pierre) De toute façon ce n’est pas d’actualité pour le moment, votre demande ne nous étonne pas outre mesure car nous nous sommes posés la même question et mes parents nous ont convaincus qu’il ne fallait pas mettre un terme à la vie de notre fils, il y a eu des exemples de personnes qui sont sorties du coma après de longues années et nous avons les moyens de financer les soins de notre fils, quel qu’en soit le coût.
- Les patients auxquels vous faites allusion n’avaient pas la même pathologie, le cerveau de votre garçon a subi de graves dommages qui ont pour résultats qu’une partie de celui-ci n’est plus alimentée correctement par l’oxygène qui lui est nécessaire.
- Notre décision est prise docteur !! Nous ne donnerons jamais notre accord pour que vous débranchiez Florian !!
Le chirurgien prend le temps de répondre, il comprend parfaitement la position du couple et décide donc de leur faire une proposition alternative.
- Dans ce cas je vous propose de revoir votre position dans quelques mois, nous verrons d’ici là comment évoluent les choses et je vous promets que votre fils recevra tous les soins possibles en attendant.
Pierre De Bierne a un faible sourire en se levant et en aidant son épouse à faire de même, il se tourne ensuite vers le chirurgien pour prendre congé.
- Envoyez-moi vos honoraires, je ne demande rien de plus que vous fassiez votre possible pour le bien de mon fils.
- (Hellènes) Pouvons-nous le voir ?
- Bien entendu madame !! J’appelle un infirmier qui va vous conduire à sa chambre.
- (Pierre) C’est inutile docteur, nous connaissons le chemin !!
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« Dans la chambre. »
Bip…Bip…Bip…
Le couple écoute le son lancinant des appareils qui maintiennent Florian en vie, la femme a le visage ravagé par les larmes comme à chaque visite et l’homme reste grave, réfléchissant à ce qu’est devenu son enfant qui a petit à petit plongé dans la délinquance sans qu’il ne puisse rien y faire.
Il souhaite presque qu’il reste comme ça, étendu comme endormi dans ce lit d’hôpital.
- Regarde-le, chérie !! Ce n’est encore qu’un enfant, pourquoi a-t-il si mal tourné ?
- Nous avons été trop faibles avec lui sans doute !!
- Comme j’aimerais pouvoir revenir en arrière !! Avoir un fils normal !!
- Je prie chaque jour pour mon petit Florian, peut être que notre seigneur écoutera enfin mes prières.
- Puisse-t-il t’entendre ma chérie !! Puisse-t-il t’entendre !!!
CHAPITRE 6 (Retour au moment présent)
L’infirmière sort rapidement de la chambre, elle court presque dans les couloirs au grand étonnement de ceux qui croisent son chemin et ce n’est qu’une fois arrivée devant le cabinet du chirurgien s’occupant du jeune De Bierne, qu’elle s’arrête un instant pour reprendre son souffle avant de frapper brièvement à la porte et d’entrer sans attendre l’invitation de le faire, tellement elle est troublée.
Le docteur surpris la regarde sans comprendre.
- Oui mademoiselle ? Que se passe-t-il donc ?
- Il est réveillé docteur !!!
- Qui donc ???
- Le patient de la chambre deux cent douze !! Vous savez ? Le rouquin !!
Le chirurgien se lève d’un bond.
- Mais !! C'est impossible, vous le savez aussi bien que moi !!!
- Je vous assure pourtant qu’il est sorti du coma docteur !!
L’homme sort de son cabinet et s’élance à son tour dans les couloirs, suivi par la jeune femme qui tente de lui expliquer l’étrange changement de comportement du jeune garçon.
- Il ne semble pas se rappeler de moi docteur !!
- Les séquelles qu’a subies son cerveau sans doute !!
- Il m’a appelé « madame » docteur !!
Le médecin ne peut s’empêcher de sourire.
- Je ne vois pas ce qu’il y a là-dedans d’exceptionnel ?
- J’étais plutôt habituée à d’autres petits noms de sa part vous vous rappelez ?
L’homme ne répond pas, trop pris dans ses propres pensées et cherchant à comprendre comment ce réveil a été possible alors que les derniers scanners ne montraient aucune amélioration de son état.
Arrivé devant la chambre de son patient, il l’ouvre nerveusement et reste un instant ahuri sous le choc de ses yeux verts pénétrants qui le fixent avec curiosité et encore plus extraordinaire, avec une douceur d’expression qui le charme sitôt qu’il en prend conscience.
- Alors jeune homme !! On peut dire que vous revenez de loin !!
Il se tourne vers l’infirmière, visiblement tout aussi ébahi que lui.
- Faites appeler un infirmier mademoiselle, je pense que ce jeune garçon sera content de prendre un bon bain.
- Bien docteur !!
- Ensuite vous le ferez amener en salle d’examens, je veux lui faire rapidement passer un scanner cérébral pour voir ce qu’il en est exactement !!
- Autre chose docteur ?
- Ce sera tout, mademoiselle !!
- Heu !! S’il vous plaît ??
Le chirurgien sursaute en entendant cette voix hésitante qui s’adresse à eux, son regard se reporte dans celui du garçon et un frisson lui traverse l’échine quand il croit un bref instant voir ses iris former deux fentes verticales, il revient vite à la raison en clignant fortement des yeux avant de rencontrer à nouveau ce regard d’un vert intense si particulier mais parfaitement normal cette fois ci et lui faisant secouer la tête d’incrédulité devant ce qui ne pouvait être qu’issu de son imagination.
- Oui ??
- Pourrais-je avoir quelque chose à manger et à boire s’il vous plaît ??
- Dès que nous aurons fait les examens qui s’imposent mon garçon !!
Il va pour sortir, accompagné de son infirmière quand la voix le rappelle.
- Le docteur Viala n’est donc pas de service aujourd’hui ?
Le chirurgien surpris.
- Il n’est plus ici depuis presque deux ans ? Lui et sa famille ont déménagé en province, je ne savais pas que tu connaissais Frédéric ?
- C’est lui qui s’occupe de moi depuis des années pourtant !!
L’homme plisse les yeux de surprise, il préfère sortir de la chambre sans répondre afin de chercher à comprendre les paroles étranges du garçon.
Il est certain cependant que jamais son collègue ne s’est occupé de son patient, lui-même étant celui qui depuis plusieurs années le suit lors de ses fréquents passages aux urgences.
Quelque chose ne va pas pense-t-il, le comportement du jeune rouquin ne ressemble en rien à celui auquel il était habitué venant de sa part et il repense alors aux paroles de l’infirmière qui se retrouvait étonnée à ce qu’il l’appelle poliment « madame »
.
CHAPITRE 7 (Incompréhension)
« Le lendemain matin. »
C’est la lumière du jour qui me réveille, je me sens étrangement bien et reposé, la douleur ressentie la veille venant de tout mon corps semble avoir complètement disparue et le silence de la chambre m’interpelle, habitué depuis tant d’années à entendre sans en avoir conscience le Bip…bip des appareils de survie.
Quelque chose ne va pas depuis ma sortie du coma, déjà les personnes qui s’agitent depuis hier autour de moi et que je n’avais jamais vu jusqu’alors et ensuite les questions qu’ils me posent, semblant ne pas comprendre mes réponses.
Mon corps également qui ne semble plus affecté par ma myopathie mais demande au contraire à bouger pour échapper à l’état d’ankylose que ma position couchée depuis trop longtemps lui amène.
Trop de questions avec aucune réponse satisfaisante, je décide donc d’en dire le moins possible à partir de maintenant afin déjà de comprendre ce qu’il m’arrive et de prendre ensuite le temps d’analyser chaque nouveau fait qui sera dorénavant porté à ma connaissance.
Un doute me vient néanmoins sur le fait que je sois ou pas de nouveau en plein rêve, les pansements propres et ma jambe toujours suspendue prêteraient à me faire penser que c’est bien la réalité et ce même si le simple fait de leur existence me semble incompréhensible.
J’en suis là dans mes réflexions quand la porte s’ouvre, mon cœur fait alors un bond en reconnaissant mes parents et du coup éloigne de moi l’idée d’être replonger dans ce rêve merveilleux qui reste et restera encore et toujours graver dans ma mémoire.
- B’jour p’pa !! B’jour m’man !!
Je vais pour leur poser une myriade de questions quand je me rappelle soudainement de ma dernière décision à laisser venir les choses afin de mieux comprendre ce qui m’arrive.
Ma mère s’effondre en larmes, à genoux près de mon lit en me prenant la main alors que mon père me regarde, visiblement troublé par quelque chose que je ne comprends pas et qui le met dans cet état d’expectative face à moi.
- Comment tu te sens ?
- Bien !! Combien de temps je suis resté dans le coma ?
- Presque trois mois.
- Pas plus ??
- Tu es sûr que ça va bien ?
J’ai envie de savoir pour ma maladie, mais quelque chose me dit de poser autrement la question qui me brûle les lèvres.
- Très bien, oui !! Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ?
- Tu ne te rappelles pas ?
- Non !!
- Tu as eu un accident, nous avons bien cru te perdre.
« Houlà !! Un accident ? Quel accident ? » Je cherche en vain dans mes souvenirs et je pense que c’est ce qui me sauve vis-à-vis de mon père qui du coup reprend la parole.
- Tu ne te rappelles vraiment de rien ?
- Ecoute p’pa !! Quelque chose semble te contrarier, si tu me disais exactement ce qu’il en est ?
Pierre sent une boule le prendre à l’estomac, c’est la deuxième fois que son fils l’appelle naturellement « p’pa » alors qu’il ne l’avait plus habitué depuis bien longtemps à une parole aussi affectueuse.
- Si c’est un jeu que tu joues pour t’éviter la prison, ça peut à la rigueur marcher avec le juge, mais ça ne sert à rien avec moi !!
Le ton de sa voix me choque tellement elle est sèche et rébarbative, quelque chose me dit que je vais aller de surprise en surprise et qu’il va me falloir beaucoup de maîtrise pour ne pas passer pour un fou aux yeux de tous, car il va de soi que rien de ce que j’entends actuellement n’a de sens pour moi.
Rêve ou réalité ? Pour le premier je comprendrais alors que dans le second cas j’ai très certainement raté un, voire très certainement plusieurs épisodes.
- Tu crois que je te mens ? Et toi m’man ? Tu ne dis rien ?
Ma mère relève la tête vers moi et ses yeux embués de larmes m’amène à venir me blottir contre elle dans un geste d’affection que je ne peux retenir.
- Je vais bien maintenant, ne pleure plus s’il te plaît !!
Pierre n’en revient pas, les larmes de sa femme redoublent d’intensité devant la réaction qu’à leur fils envers elle et qui apparemment lui est venu naturellement, il se rappelle pourtant de la dernière fois où Florian a quitté la maison en claquant la porte et surtout la façon qu’il a eu de repousser brutalement sa mère alors qu’elle refusait de lui donner l’argent qu’il réclamait une fois de plus, la traitant de tous les noms.
Il s’était dirigé ensuite vers lui avec un rictus moqueur au coin des lèvres, pour avoir ce qu’il demandait en sachant très bien qu’il aurait gain de cause comme à chaque fois.
CHAPITRE 8 (Guérison ?)
« Cabinet du chirurgien, une heure plus tard. »
Le chirurgien regarde pour la énième fois de la matinée les clichés agrafés au mur, ils montrent l’extraordinaire rémission qui a permis l’éveil du jeune De Bierne.
Le plus extraordinaire n’est pas la disparition des caillots dus au traumatisme de l’accident, mais à l’expansion galopante des zones actives de la conscience qui occupent habituellement à peine vingt pour cent d’un cerveau humain normalement constitué et qui aux derniers examens du jeune Florian révèlent un pourcentage d’activation beaucoup plus importante, de l’ordre du double d’un quidam lambda.
C’est comme s’il y avait deux consciences dans un même crâne pense alors le chirurgien, en soupirant de frustration devant les photos pourtant bien réelles étant donné qu’il les a prises lui-même.
Le médecin tourne la tête vers d’autres clichés tout aussi troublants, des radios cette fois qui ont été prises dans la foulée du scanner cérébral et qui elles aussi montrent des anomalies incompréhensibles, pas au niveau du squelette qui a eu tout le temps de se reconstitué pendant la longue période de coma du jeune patient mais dans la musculature qui manque des effets habituels d’atrophie due à une longue période d’inactivité.
- Il pourrait remarcher sans éprouver la moindre gêne !! C’est quand même quelque chose !!
Le fait de parler seul ne semble pas le perturber outre mesure et laisserait à penser que c’est pour lui une habitude qui l’aide à réfléchir, il finit par détacher ses yeux des murs où sont affichées les dernières conclusions d’examens pour revenir sur d’autres résultats d’analyses, sanguines cette fois.
Tout semble homogène de ce côté, conforme à ce qu’il pouvait attendre d’un jeune homme de bientôt dix-huit ans et le fait de revenir dans des valeurs dites « normales », le rassure en pensant que parfois l’organisme a des réactions inattendues devant ce que la médecine donnait pourtant comme des lésions irréversibles.
« Toc ! Toc ! »
- Oui !! Entrer !!
Sa secrétaire montre le bout de son nez et sourit quand elle le voit tranquillement installé à son bureau.
- Les parents du jeune De Bierne sont là docteur !!
- Ah !! Très bien !! Je vous prie de les faire entrer.
- Bien docteur !!
Elle disparaît de sa vue, il l’entend parler dans le couloir.
- Le docteur vous attend !!
Le couple s’avance alors dans le bureau, la secrétaire refermant la porte derrière eux et le chirurgien leur montre des sièges d’un geste de la main les invitant à s’y installer, ce qu’ils font sans se faire prier.
- (Pierre) Vous nous avez fait appeler docteur ?
- En effet !! Je tenais à vous donner personnellement des nouvelles de l’état de santé de votre fils.
- (Hellènes) Il semble aller très bien !!
- Et c’est le cas madame, quoique je ne m’explique toujours pas la rapidité avec laquelle il se remet de ce terrible accident.
- (Pierre) Son corps a eu le temps de se reconstruire après ces douze semaines de coma, voilà tout !
- Cela n’explique pas tout !! Mais soyons heureux que tout aille pour le mieux, votre fils a très certainement des prédispositions génétiques et je ne serai pas étonné d’apprendre qu’il y a une forte longévité héréditaire dans vos gênes à tous les deux ?
- (Pierre) Mes grands-parents sont morts centenaires et mes parents sont toujours de ce monde en effet !!
- Et vous madame ?
- (Hellènes) Hélas !! Mes parents sont décédés accidentellement alors que je n’étais qu’un bébé et mon frère n’en sait pas plus car il ne s’entendait pas avec eux et a fait sa vie très jeune en émigrant loin d’ici, ce n’est d’ailleurs qu’après leurs décès qu’il a appris mon existence.
- Nous resterons donc sur ces suppositions, néanmoins il semblerait que son esprit ne se rappelle plus de certaines périodes récentes et je tiens à vous rassurer, cette amnésie est tout à fait normale après le choc qu’il a subi.
- (Pierre) N’y a-t-il pas la possibilité qu’il fasse semblant docteur ?
- Je ne vois pas quelles motivations le pousseraient à faire une chose pareille ?
- (Pierre) J’en vois bien une !! Celle d’éviter d’avoir à répondre à ses dernières malversations devant la justice par exemple !!
- (Hellènes) Allons chéri !! Il ne pourrait pas nous tromper à ce point ?
- (Pierre) Notre fils a un esprit assez retord pour inventer un truc pareil, il nous a déjà démontré à maintes reprises combien il se joue de la morale tout comme des convenances.
- Je ne pense pas qu’il cherche à nous tromper, d’ici quelques jours peut-être mais pas aussi près d'être sorti de son coma, son cerveau n’aurait pas eu le temps d’inventer une histoire pareille et puis j’ai eu le sentiment d’un changement profond dans le comportement de votre fils, je pense que vous l’aurez remarqué également.
- (Hellènes) Il est devenu… gentil !!
- « Adorable » si je me réfère à ce qui se dit auprès du personnel soignant.
- (Pierre) Vous savez docteur, il y a eu beaucoup de superlatifs employés pour définir notre fils Florian et je peux vous certifier que celui que vous venez de prononcer n’en fait pas parti !
CHAPITRE 9 (Retour à la maison)
« Quelques jours plus tard, chambre de Florian. »
Une buée sort de la salle de bains quand je la quitte en me séchant la tête avec la serviette éponge, heureux de sortir enfin de cet hôpital d’ici quelques heures et je m’habille tranquillement en attendant que mes parents viennent me chercher, sans m’apercevoir que la porte s’ouvre derrière mon dos.
- Hum ! Hum !
Je me retourne vivement et je souris en reconnaissant ma visiteuse.
- Fini les soins « Nini », je rentre chez moi !!
L’infirmière sourit à son tour avec toutefois une pointe de regret qui lui fait une moue amusante.
- Pour quelqu’un qui ne pouvait pas me sentir, on dirait que tu regrettes que je parte maintenant ! Hi ! Hi !
- Je te l’ai déjà dit Florian !! Tu dois être un sosie de l’autre, ce n’est pas possible autrement !!
- Désolez ma grande mais jusqu’à preuve du contraire je n’ai pas de frère caché !!
L’infirmière s’avance en me prenant dans ses bras pour me déposer un bisou sur le front.
- Alors reste comme tu es et ne redeviens jamais l’autre !!
- Promis « Nini », je n’ai aucun souvenir de celui que j’étais avant et du peu que j’en ai appris, je ne souhaite vraiment pas redevenir comme lui.
- C’est très bien dans ce cas, tu verras que tout s’arrangera pour toi si tu restes dans cet état d’esprit et j’espère que tu viendras nous rendre visite, mais pas comme patient cette fois !!
- Comme médecin alors ??
- Si tu veux, oui ! Hi ! Hi ! Déjà ça voudra dire que tu as repris des études sérieuses, c’est tout ce que je te souhaite mon petit.
- Rhaa !! Je ne suis pas si petit que ça !!
L’infirmière me sourit, un dernier baiser sur mon front puis elle s’écarte de moi en écrasant du doigt la larme qui commençait à couler sur sa joue.
- Fais attention à toi mon « grand » !!
***/***
Stéphanie sort rapidement pour ne pas montrer l’émotion qui maintenant lui noue l’estomac, cette semaine passée à prodiguer les soins à ce jeune garçon si attachant restera pour elle un souvenir impérissable et c’est justement pour connaître des moments comme ceux-là qu’elle a choisi cette profession, ou il faudrait plutôt dire cette vocation.
Elle a du mal à se rappeler l’ignoble individu qu’il était avant, pourtant elle avait eu plusieurs fois l’occasion de subir ses paroles acerbes ainsi que ses manières de petit caïd imbu de sa personne et de son argent, ne prenant du plaisir qu’en rabaissant les autres en leur faisant bien sentir qu’ils ne représentaient rien moins d’autres pour lui que de vulgaires kleenex qu’il se sert quand il en a besoin avant de les jeter une fois devenus inutiles.
***/***
« Une heure plus tard. »
Je claque la portière de la voiture en me demandant encore une fois ce que pouvait bien être le Florian à qui j’ai sans conteste pris la place.
Le regard surpris de ma mère quand je lui ai ouvert la portière pour la laisser monter à côté de mon père, démontre une fois de plus qu’il va falloir que je fasse très attention dans mes actes du quotidien avant d’en savoir suffisamment sur ce qui m’arrive.
J’en suis toujours à me demander si tout est réel ou encore le fruit de mon imagination, j’ai encore en mémoire aussi bien la vie que j’avais alors que la maladie me clouait au lit ou dans mon fauteuil roulant et également celle magnifique que j’ai vécu avec tous mes amis, une vie riche en émotion où l’amour et l’amitié n’avait de cesse d’enrichir mon affectif.
Cette pensée m’en remonte une autre qui accélère mon cœur et me fait pousser un cri angoissé.
- Thomas !!!!
CHAPITRE 10 (Retour à la maison)
Ma mère se retourne, visiblement troublée par mon cri.
- Tu te sens bien mon chéri ? Qui est donc ce Thomas ?
- C’est rien m’man !! Juste un ami auquel je viens de penser.
- Il lui est arrivé quelque chose ? Ton cri semblait plein d’angoisse en prononçant son nom.
- Ça m’est venu comme ça m’man ! Ne t’inquiète pas, c’est juste que j’ai eu une pensée pour lui et qu’il m’a semblé qu’il comptait beaucoup pour moi.
Je capte le coup d’œil de mon père depuis le rétroviseur et je préfère baisser la tête en me renfonçant dans la banquette arrière, fermant les yeux pour réfléchir une fois encore à la situation pour le moins bizarre dans laquelle je me trouve.
C’est ma mère une fois encore qui va me chambouler fortement, une simple phrase dite à mon père et qui me mettra dans un ahurissement total, suivit d’un moment d’euphorie affective qui me laissera tremblant jusqu’à l’arriver devant le porte de la maison.
- Tu as eu confirmation pour le vol de tes parents ?
- Je ne te l’ai pas dit ? Ils sont partis tôt ce matin et normalement ils devraient nous attendre à la maison.
- Ils vont être surpris !!
Pierre reporte une nouvelle fois son regard vers son fils, l’état émotionnel qu’il peut y lire sur son visage lui amène pour la première fois l’idée que peut-être il ne joue pas la comédie et c’est donc d’une voix enrouée qu’il répond à sa femme.
- Plus que tu le penses ma chérie !!
***/***
« Appartement des De Bierne, Paris. »
Michel et Maryse entrent dans l’appartement de leurs enfants, Michel porte les valises jusqu’à la chambre qui est la leur lors de leurs rares visites et revient ensuite non sans avoir été jeté un bref coup d’œil dans celle de son petit-fils, la curiosité étant comme à chaque fois la plus forte.
Ce qu’il y voit le fait soupirer d’exaspération, cette chambre n’étant pas et de loin un exemple de rangement comme de décoration, son petit-fils semblant se complaire dans la saleté et le mauvais goût.
Maryse le surprend à refermer la porte et lui en fait la remarque.
- Ça ne sert à rien de vérifier à chaque fois tu sais ? Si ce n’est pour te mettre encore une fois dans tous tes états !!
- Comment peut-on vivre dans un tel bordel !! Pas étonnant qu’il ait tourné aussi mal !! Hellènes aurait dû mettre le holà depuis longtemps au lieu de le laisser n’en faire qu’à sa tête.
- Allons chéri !! Tu sais bien ce qui est arrivé la dernière fois qu’elle a voulu le faire !!
- Mon fils est un faible !! Il aurait dû lui en mettre une bonne pour lui faire regretter son geste, au lieu de ça il lui a donné de l’argent en lui demandant de l’excuser !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce bandit frappe sa mère et c’est encore elle la coupable !!
- Depuis l’accident, Pierre s’en veut d’avoir mis la vie de Florian en danger !! Ça l’a complètement changé, il est devenu faible dès qu’il s’agit de cet enfant et il lui cède toujours tout.
- Moi je lui aurais mis les bonnes corrections qu’il méritait et crois-moi, je lui aurais passé l’envie de faire l’imbécile !!
- (Maryse) Rappelle-toi la seule fois où tu as essayé chéri, j’ai bien cru qu’il allait te tuer ce jour-là et depuis il n’a eu de cesse de nous insulter, déjà qu’avant ce n’était pas le grand amour avec nous !!
- (Michel) C’est pourtant grâce à toi s’il rentre à la maison aujourd’hui.
- (Maryse) C’est mon petit-fils quoi qu’il en soit et j’espère toujours qu’il changera un jour, sa mort n’aurait rien arrangé tu le sais aussi bien que moi !!
Une clé tournant dans la serrure fait cesser net la conversation, les deux vieillards ont le visage qui se fige d’appréhension de se retrouver une fois encore en face de leur petit-fils, s’attendant une fois de plus à recevoir en pleine poire son sourire sardonique et ses réflexions méprisantes, qui sont devenus sa façon de les accueillir.
***/***
L’appartement ressemble étrangement au souvenir que j’en ai quand j’entre à mon tour derrière mes parents, mon cœur bat soudainement plus vite et plus fort quand j’aperçois ceux qui pour moi sont les êtres que j’aime par-dessus tout et je ne m’aperçois pas du moment de panique dans leurs yeux quand je m’élance en pleurant dans leurs bras.
- Papiiii !! Mamieee !! Comme je suis content de vous voir !!!!
CHAPITRE 11 (Trop d’émotions !!)
Pierre reste figer par un ahurissement total devant la scène toute en émotion qui se déroule actuellement sous ses yeux, tant elle paraît irréelle et son état de stupeur il s’en rend bien compte, n’est pas dû qu’à lui car autant ses parents que son épouse en sont tout autant affectés eux aussi.
Maryse éclate en sanglots en serrant en tremblant dans ses bras frêles celui qu’elle a toujours aimé malgré qu’il soit loin du petit-fils idéal et ce retournement de situation la met dans une joie indicible qui ne trouve que ce moyen pour s’exprimer.
Michel caresse la longue chevelure rousse en envoyant à son fils un regard où il peut y lire toute l’incompréhension qu’éprouve le vieil homme et Pierre ne trouve pour toute réponse qu’un haussement d’épaule prouvant que pour lui aussi le moment reste sans explications rationnelles.
Seule Hellène reste suffisamment vigilante pour s’inquiéter à juste titre du trop-plein émotionnel de celle qu’elle a toujours considérée comme sa propre mère, mère qu’elle n’a hélas jamais eue la chance de connaître.
Maryse lentement se laisse aller vers le sol, l’émotion ayant eu raison de son cœur.
- (Hellènes) Mon dieu !!! Maryse !!!
Je serre fermement ma grand-mère dans mes bras pour la retenir afin qu’elle ne tombe pas brusquement sur le carrelage de l’entrée, mon père s’élance à son tour pour m’aider et tous deux nous la portons vers la chambre la plus proche pour l’étendre sur le lit, l’affolement commençant à gagner tout le monde.
Mon hésitation ne dure qu’un instant très bref avant de me pencher sur elle pour prendre son pouls et mettre mon oreille devant sa bouche à la recherche d’un souffle prouvant qu’elle n’est qu’évanouie.
- Appelle les secours p’pa !! Son cœur ne bat plus !!
Je n’attends aucune réponse que déjà j’applique mes deux mains liées sur sa poitrine pour débuter les exercices respiratoires nécessaires en attendant le SAMU, je compte mentalement et stoppe pour placer sa tête en arrière en lui pinçant le nez et lui appliquer ma bouche sur la sienne en lui insufflant plusieurs fois de l’oxygène.
Dix minutes qui me semblent des heures, passent avant que j’entende la sirène de l’ambulance et qu’un homme vienne prendre ma place en me repoussant doucement après un bref sourire, appliquant un masque sur le visage de ma grand-mère en reprenant les massages cardiaques tandis que ses collègues amènent une civière et qu’un quatrième homme prépare une seringue dont il enfonce l’aiguille directement dans le cœur.
Mes parents tout comme mon grand-père, assistent visiblement complètement paniqués à toute cette activité autour de Maryse qui ne réagit toujours pas et qui finalement sera emmenée sans perte de temps jusqu’à l’hôpital le plus proche, sans que personne ne puisse donner un diagnostic quel qu’il soit.
Si ce n’est juste l’homme ayant pris ma place, qui m’attrape gentiment par une épaule.
- Si ta grand-mère s’en sort, ce sera grâce à toi mon garçon !! Tu as fait exactement ce qu’il fallait pour qu’elle garde toutes ses chances de s’en tirer sans trop de dommages.
Il se tourne alors vers les trois adultes.
- Vous avez de quoi être fiers de votre fils !! Nous vous préviendrons dès qu’on en saura plus sur son état !!
L’homme va pour rejoindre ses collègues quand il se sent happer par la manche, il se retourne pour voir celui qui le retient et ressent un fort moment d’émotion quand ses yeux rencontrent le regard suppliant du jeune rouquin quand il s’adresse à lui.
- Je peux venir avec vous ?? S’il vous plaît monsieur !!
Comment refuser quelque chose devant un tel regard pense l’homme, qui esquisse alors un sourire de compréhension avant de répondre.
- Entendu si tes parents sont d’accords !!
Je regarde mon père qui semble réagir enfin et qui d’un signe de tête donne l’autorisation demandée.
- (L’homme) En voiture gamin !! Nous n’avons pas de temps à perdre !!!
CHAPITRE 12 (Cochin)
***/***
« Dans l’ambulance. »
L’infirmier en est à sa troisième tentative de défibrillation, quand il s’exclame enfin d’une voix marquant le soulagement.
- Son cœur repart !!!
- Vérifie ses constantes !!
- Ça a l’air d’aller !!
- Et bien !! J’en connais un qui va être content !!
Les deux hommes se tournent vers l’avant de l’ambulance où le petit rouquin semble écrasé entre leurs deux collègues à la carrure autrement plus impressionnante que la sienne.
- C’est un drôle de petit gars quand même !! Il a eu le bon réflexe alors que le reste de sa famille avait perdu tous ses moyens !!
- Ce n’est pas évident non plus quand c’est à un de tes proches que ça arrive.
L’homme continue à observer le gamin pris en sandwich entre les deux armoires à glace, il sourit devant l’apparente fragilité du jeune garçon qui ne semble pas plus mal à l’aise que ça d’être en leur compagnie.
Il capte le regard du conducteur dans le rétroviseur et lui fait le signe que tout va bien, celui-ci apparemment en fait part au garçon qui se retourne immédiatement en venant coller son visage à la vitre les yeux écarquillés, cherchant à en voir plus à l’arrière du véhicule.
La tête qu’il fait éclate les deux infirmiers qui partent dans un énorme éclat de rire, tellement la bille de clown qu’ils ont sous les yeux vaut le coup d’œil.
- T’as vu sa trombine de grenouille ! Hi ! Hi !
- T’as raison ! Hi ! Hi ! Il est trop marrant ce gamin ! Hi ! Hi !
***/***
« Cochin »
C’est avec un grand sourire suivit d’un énorme ouf de soulagement que je m’extirpe de l’ambulance, les professionnels s’activant déjà pour descendre ma grand-mère et l’emmener faire les examens nécessaires après son arrêt cardiaque.
Il m’est demandé d’attendre dans une salle où plusieurs personnes sont déjà assises, visiblement pour les mêmes raisons que moi et je vais m’installer sur une chaise libre pour réfléchir à toutes les informations de ces derniers jours.
Je ne comprends toujours pas ce qu’il m’est arrivé, rêve ou réalité ? Je tente quelque chose qui devrait fonctionner si c’est bien un rêve qui une fois encore m’amène dans des situations abracadabrantes.
Je pense que la porte va s’ouvrir sur un super beau mec qui va tomber immédiatement sous mon charme, aussitôt l’image de mon Thomas souriant prend toute la place dans mes pensées et j’ai du mal à retenir les larmes qui commencent à me piquer les yeux.
Je continue néanmoins dans mon idée de faire entrer un nouveau personnage dans mon rêve, si rêve il y a et je fixe la porte en attendant l’entrée de mon super beau gosse, quand une ombre apparaît au bas de la porte et que celle-ci s’ouvre lentement.
Mon cœur une nouvelle fois se serre, l’idée même d’être encore plongé dans le coma m’est subitement insupportable et j’imagine mon corps squelettique allongé dans un lit d’hôpital, avec toutes ces perfusions qui le maintiennent en vie.
La porte est maintenant grande ouverte, je retiens avec peine l’énorme éclat de rire qui me vient en apercevant le sublime personnage de mes rêves qui en fait n’est rien d’autre qu’une petite grand-mère souriante venant elle aussi attendre dans la pièce des nouvelles d’un de ses proches.
Un « ouf » de soulagement vite remplacer par encore plus de questions existentielles, en effet si c’est bien la réalité pourquoi n’est-elle pas en rapport avec celle que j’ai toujours connue ???
13 (Cochin) (fin)
Pierre, sa femme et son père arrivent à leur tour, ils ont eu le temps de se remettre et n’ont de cesse depuis d’essayer de comprendre ce qui pour eux tient du miracle, du moins pour ce qui concerne Florian car la crise cardiaque de Maryse les inquiète au plus haut point même s’ils ont été rassurés par le secrétariat de l’hôpital sur l’amélioration exceptionnellement rapide de son état de santé au vu de son âge.
- (Michel) Son cœur n’a pas résisté quand Florian nous a serrés dans ses bras comme s’il était content de nous voir, j’avoue que j’ai moi-même ressenti comme un pincement au cœur quand il est venu vers nous tout souriant.
- (Pierre) Il semble s’être transformé depuis sa sortie du coma, c’est comme si ce n’était pas notre fils !!
- (Hellènes) Comment peut-on changer à ce point ?
- (Pierre) Le choc peut être ? Qu’est-ce que j’en sais !! Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est plus le même depuis !! Nous devrions nous en réjouir, même si c’est peut-être encore un coup tordu qu’il a monté de toutes pièces !!
- (Michel) Pour échapper à la justice ? Tu crois qu’il serait assez retord pour mettre en place un plan pareil ?
- (Pierre) Va savoir !! Avec lui rien ne peut plus m’étonner !! Il nous en a déjà tellement fait voir depuis toutes ces années !!
- (Hellènes troublée) Mais arrêtez ça vous deux !! Enfin, quoi !! Je suis prête à lui faire confiance, il y a des choses qui ne trompent pas !! J’aimerais croire qu’il est vraiment ce qu’il semble être devenu, laissez-le au moins faire ses preuves et nous démontrer qu’il a réellement changé avant d’imaginer le pire.
- (Michel) Après tout ce qu’il t’a fait subir ? Tu crois encore trouver un bon fond dans ton fils ?
Hellènes laisse couler ses larmes, les étreintes qu’elle a reçues de son garçon depuis sa sortie du coma n’ont pas laissé insensibles son cœur de mère et c’est justement ce même cœur qui lui dit que son fils n’est plus l’être infâme qui l’a rendue si malheureuse durant toutes ses années.
- Laissez-moi croire que j’ai enfin trouvé mon fils !! Vous ne comprenez donc pas que j’en ai besoin ? Que cette vie que j’ai eue depuis tout ce temps m’était devenu trop difficile à supporter ?
Les larmes et la voix grimpant dans les aigus de son épouse, met son mari dans un état émotionnel tellement fort qu’il en tremble et doit si prendre à plusieurs reprises pour se garer sur la place de parking.
Il coupe le moteur, se retourne vers sa femme et la prend dans ses bras pour l’embrasser tendrement, lui montrant par son geste combien l’amour qu’il éprouve pour elle n’a pas faibli avec le temps.
Michel a lui aussi les yeux humides, autant par la vision qu’il a en ce moment de ses enfants enlacés que par l’immense espoir que peut être leurs vies va prendre un tournant beaucoup plus joyeux.
- Tu as raison Hellènes, laissons-le nous convaincre et prions pour que notre vie puisse enfin être comme celle de toutes les familles normales, pleine de joies et d’amours. Je pense qu’il va nous falloir avoir une conversation sérieuse avec Florian dès que votre mère sortira de l’hôpital, je me demande jusqu’à quel point son traumatisme crânien l’a changé !!
Pierre embrasse une dernière fois sa femme sur la tempe, il se tourne ensuite vers son père.
- C’était bien mon intention d’avoir cette conversation avec lui !! J’aimerai savoir jusqu’où va se changement de comportement et ce qu’il se souvient de ses dernières frasques, de toute façon il faudra bien qu’il réponde aux questions que ne manquera pas de lui poser la justice. Nous sommes convoqués par le juge la semaine prochaine, mes avocats ont réussi à ce qu’il ne soit pas mis en détention mais ce n’est pas pour ça que tout est terminé !! L’autre conducteur est toujours dans un état grave !! De toute façon il y aura un jugement et seul le fait qu’il soit encore mineur, pourra lui permettre d’éviter le pire.
- (Michel) Et ton argent !! Comme d’habitude !!
- (Pierre) C’est mon fils !! J’ai failli le perdre déjà une fois et ce par ma faute, si je t’avais écouté il serait resté avec vous cette fois-là !!
- (Michel) Arrête de culpabiliser avec ça tu veux bien !! Ce n’était pas de ta faute s’il y a eu cette pluie de météorites et tu as fait ce qu’il fallait en prenant la place du pilote et en posant l’appareil, vous auriez pu tout aussi bien y laisser la vie vous aussi !!
- (Pierre) Oui mais mon fils n’aurait pas risqué la sienne, depuis je me sens fautif !! Tu le comprends au moins ?
Michel sent la colère montée en lui.
- Je suis surtout conscient du résultat !! Un fils pourri gâté qui nous chie dans le bec depuis des années en guise de remerciement.
CHAPITRE 14 (Introspection)
Pierre préfère ne pas répondre à Michel, le moment n’étant pas le mieux choisi pour une énième dispute avec son père au sujet de Florian.
Ils entrent dans le bâtiment et se dirigent droit vers l’accueil pour aller aux renseignements, l’hôtesse les prit d’aller en salle d’attente ou un médecin viendra rapidement leurs donner les nouvelles de leur parente.
Ils rejoignent donc la même salle que Florian avant eux et s’assoient sur des chaises libres, gardant leur mal en patience en trompant l’ennui par la lecture de quelques revues traînant sur une table basse.
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« Florian, quelques minutes plus tôt. »
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Le temps commence à me sembler long, je décide donc d’aller faire un tour histoire de me dégourdir les jambes qui en ont bien besoin après tous ses mois, cloué au lit.
Je sors de la salle d’attente et je longe un couloir menant vers le petit parc extérieur situé à l’arrière de l’hôpital, le temps est magnifique ce qui me laisse à penser que nous sommes au printemps.
J’ai une impression bizarre, celle de connaître tout ce que je vois tout en n’étant pas tout à fait dans la réalité et rien que cette pensée me fait sourire car la réalité pour moi jusqu’à présent, n’a été qu’une chambre et quelques sorties avec « Dami » un de mes rares amis, quand il m’emmenait en promenade dans les squares autour de chez moi.
Je pense malgré tout que je serai plus à l’aise à Aix quand j’y retournerai voir mes grands-parents, car c’est là-bas que j’ai le plus vécu en fin de compte alors que je pouvais encore marcher seul et avoir le contrôle de mon corps, avant que la maladie m’interdise petit à petit toute motricité autrement qu’appareillé.
Ça ne m’explique toujours pas pourquoi je suis ici, apparemment en bonne santé et surtout cet apriori qu’ont les gens ainsi que ma famille à mon égard, un peu comme si j’étais devenu l’ennemi public numéro un.
Il va falloir que j’en sache plus sur tout ça et très vite car je sens bien que ça ne pourra pas durer encore bien longtemps, avant que ceux qui me connaissent le mieux ne se posent des questions si ce n’est pas déjà fait.
L’option amnésie ? Oui pourquoi pas !! Mais il faudra que je mente à ceux que j’aime et cela n’a jamais été mon fort, de plus comment pourrais-je retrouver mon Thomas si je m’enferme dans une réalité qui n’est pas la mienne.
J’ai la tête qui tourne à force de me creuser l’esprit à me poser toutes ces questions, je décide donc de m’asseoir et de faire le point sur ce qui pourrait ou non être aussi réel ici que dans mes autres souvenirs.
De toutes les personnes que j’ai fréquentées dans ce rêve merveilleux, seuls quelques-unes avaient une existence tirée de ma vraie vie d’alors.
Le tri est vite fait quand je comptabilise mentalement ces personnes en me remémorant ce que j’en sais réellement.
Il y a bien sûr mon cousin Antoine qui est venu régulièrement en France avec ses parents nous rendre visite, alors pourquoi ne serait-il pas là également dans cette vie ? En plus nous nous entendions plutôt bien, même si je le sentais gêner face à ma maladie.
Il y a également Yuan Tsu le fils de Ming, le meilleur ami de mon père que j’ai également eu plusieurs fois la chance de rencontrer et ce même s’il fallait attendre les rares moments de rémission de ses crises d’eczéma, pour qu’il quitte sa maison et suive son père.
Chloé, Éric, Mathis, Léa et bien sûr Thomas existent bien eux aussi, ils étaient mes amis dans ma petite enfance du temps où j’avais encore une certaine autonomie et même si je ne les ai jamais revus depuis au moins douze ou treize ans, je sais qu’ils existent et c’est déjà ça.
Franck et Philippe eux aussi ont croisés ma vie réelle, Franck comme associé de mon père et Philippe par les quelques séances de psychanalyse qu’il m’a fallu à une époque pour m’aider à accepter ma condition.
Et bien sûr mon « Dami » qui tout comme dans mon rêve fabuleux était déjà mon meilleur ami, pour Guillaume et Aurélien, je sais qu’ils existent puisque Damien me parlait souvent d’eux et aimait tout particulièrement plaisanter sur la nonchalance pousser à son paroxysme par son frère aîné, ce qui nous amenait souvent des fous-rires quand il se mettait à l’imiter.
Je cherche dans ma tête si d’autres encore auraient pu être placé dans mon rêve autrement que par mon imagination et le sourire me vient quand je m’aperçois en avoir oublier au moins deux autres, Chan le cousin de Yuan qui vit à Paris et que je n’ai jamais vu quoique souvent entendu parler, mais surtout Antonin que j’ai croisé un jour alors qu’il faisait la manche dans le parc où Damien m’avait emmené et avec qui nous avons passé une bonne partie de l’après-midi tellement nous nous plaisions en sa compagnie.
En repensant à tous ces garçons une autre question me vient à l’esprit, suis-je gay ?? Dans mon rêve c’était bien le cas, mais en sera-t-il de même dans la réalité ?? N’ayant jamais encore eu l’occasion d’avoir ce genre de rapport avec qui que ce soit et d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement, vu l’état où je me trouvais.
Cette pensée m’amène une nouvelle fois le sourire, me rappelant la seule fois où quelqu’un m’a donné du plaisir et cette fois-là était venue d’une discussion avec Damien qui s’est terminé par le plus merveilleux souvenir réel de ma vie d’alors.
CHAPITRE 15 (Souvenirs)
C’était quelques mois avant la terrible nouvelle qui m’a fait plonger dans le coma, Damien est arrivé comme d’habitude après ses cours et il était particulièrement excité en entrant dans ma chambre, bien sûr je lui en ai immédiatement fait la remarque en voulant savoir ce qui l’avait mis dans un état pareil.
« Je ferme les yeux et ma mémoire me retranscrit fidèlement la scène, comme si j’y assistais une nouvelle fois tellement l’image dans ma tête est saisissante. »
***/***
- Qu’est-ce que tu as ce soir ? T’as des vers au cul ! Hi ! Hi !
- (Damien) Pfffff !! Trop drôle « Flo » !! Si je te le dis tu ne vas pas comprendre ! Hi ! Hi !
- Si !! Dis-moi !! S’te plaît « Dami » !!
- (Damien) Tu me jures de garder le secret ?
- A qui veux-tu que j’aille le répéter ?
- (Damien) Qu’est-ce que j’en sais moi !! A ta mère par exemple ?
- Je n’ai jamais raconté nos conversations à personne, tu le sais bien !!
- (Damien) Oui mais ce que j’ai à te dire, on ne peut le révéler qu’à un véritable ami !!
- C’est ce que je suis, non ?
Damien me regarde dans les yeux et finit par me sourire tendrement.
- Bien sûr que c’est ce que tu es !! Le meilleur que je n’ai jamais eu « Flo ».
- Alors dis-moi ?
- (Damien) En fait…. Voilà…. Je suis amoureux !! Du moins je crois !! Là !! C’est dit et tu peux te moquer de moi maintenant.
- Pourquoi je ferais ça ? C’est qui ? Je la connais ?
- (Damien) Et comment voudrais-tu ? Il est dans le même lycée que moi et je ne t’en ai jamais parlé et pour cause !! Il vient juste d’arriver, c’est un nouveau.
- Il ? C’est un garçon ?
- (Damien) Tu connais mon secret maintenant !! Nous sommes toujours amis, pas vrai ?
- Bien sûr, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement.
- (Damien) Je t’adore toi !! Tu es vraiment un mec en or !!
Je vois bien que quelque chose ne va pas, Damien a soudainement les yeux qui brillent en me regardant comme s’il allait pleurer.
- Ça ne va pas « Dami » ?
Damien essuie ses yeux et renifle un grand coup, son sourire revient alors et amène le mien en retour, trop heureux que sa tristesse subite soit si vite passée.
Il vient s’agenouiller le long du lit et pose sa tête sur mon ventre en me tournant le dos, sa voix prend alors un accent enroué et une forte émotion quand il reprend la parole.
- Si seulement tu n’étais pas malade « Flo », ça aurait changé beaucoup de choses tu sais ?
- Comme quoi ?
Aux tremblements de son corps, je sens bien qu’il s’est remis à pleurer.
- Ça aurait pu être toi !!!
***/***
L’impuissance que j’ai eu ce jour-là de pouvoir faire le moindre mouvement a été je pense le moment le plus cruel de ma vie, j’aurais aimé lui caresser les cheveux pour le réconforter et au lieu de ça, je suis resté là les yeux fermés à pleurer avec lui.
***/***
- Moi aussi je t’aime beaucoup tu sais ? Hélas je suis comme je suis et nous ne pouvons rien y faire, dis-moi plutôt comment est ce garçon qui t’a fait autant d’effet ?
CHAPITRE 16 (Souvenirs) (suite)
- (Damien) Comme je te l’ai dit, c’est un nouveau !! Il est arrivé de ce matin et il est super craquant !!
- Et ben dis donc !! C’est du rapide !! Lui aussi a craqué pour toi alors ?
- (Damien) Il ne m’a même pas remarqué !! Enfin pas encore, parce que je vais tout faire pour !!
- Il n’est peut-être pas branché par les garçons ?
- (Damien) Ne dis pas ça malheureux, je ne m’en remettrai pas !!
- Je peux te poser une question indiscrète ?
Damien change de position en gardant sa tête posée sur mon estomac, mais en me faisant face cette fois.
- Je t’écoute ?
- Tu as déjà connu d’autres garçons ?
- (Damien) Non, pourquoi ?
- Comme ça !! Comment peux-tu savoir que tu… enfin… tu vois quoi !!
- (Damien) Que je suis homo ?
- Oui !!
- (Damien) Et bien ce n’est pas compliqué !! Quand je me branle, c’est toujours en faisant l’amour avec un garçon et jamais en pensant à une fille !!
- C’est quoi ?
- (Damien) C’est quoi, quoi ?
- Tu dis quand tu te branles, alors je te demande ce que c’est ?
- (Damien) Parce que tu ne l’as jamais fait ?
Il termine à peine sa phrase, qu’il devient tout rouge en se rendant compte de l’énormité de ses paroles.
- Excuse-moi « Flo » !! J’avais oublié que tu ne pouvais pas le faire.
- Ça ne me dit toujours pas ce que c’est ?
Damien hésite, je sens qu’il est gêné par ma question.
- C’est ce que font les garçons pour se donner du plaisir quand ils n’ont personne pour faire l’amour avec eux !!
- Tu me montres ?
- (Damien) Tu es fou !! C’est un truc vachement intime !!
- Explique-moi au moins comment on fait alors ?
- (Damien) Tu sais comment on fait les bébés quand même ?
- Bien sûr !! Je ne suis pas Gogols à ce point-là !!
- (Damien) Et bien c’est un peu la même chose sauf qu’on se sert de sa main pour ça !!
- Comment ça ?
- (Damien) Pffttt !!! Comme ça banane !!
Il met sa main droite devant la braguette de son pantalon et fait mine de se secouer le sexe.
- Tu piges ou il te faut un dessin ?
- Tu te secoues la bite ? Et c’est tout ?
- (Damien) Ta queue devient toute raide et tu jouis comme une bête quand ta jute sort.
- Ah !!!
Damien voit bien mon air déçu.
- C’est tout l’effet que ça te fait ?
- Je ne connaîtrai jamais ce plaisir, alors il ne vaut mieux pas en savoir plus et en plus j’ai du mal à imaginer ce que c’est vraiment, alors !!
Damien reste un instant à me fixer intensément, un sourire bizarre lui vient alors aux lèvres et il sort de sa poche une petite clé USB, puis toujours sans rien dire il sort son ordinateur de son sac.
Il installe ensuite la tablette qui sert pour les repas en travers du lit, pose son portable devant mes yeux et clique plusieurs fois jusqu’à ouvrir un des fichiers, contenu dans sa clé.
- Regarde ça mon gars !! Après tu en sauras autant que moi ! Hi ! Hi !
- Qu’est-ce que c’est ?
- (Damien) Un film de boule ! Hi ! Hi ! Tais-toi et regarde !!
***/***
Je revois le film dans ma tête, la stupeur qui a été la mienne cet après-midi-là à découvrir pour la première fois de visu à quoi pouvait bien servir d’autre que pour pisser le sexe d’un homme et j’éclate de rire dans le parc de l’hôpital, assis seul sur le banc.
***/***
Une étrange chaleur me parcourt le corps alors que mes yeux sont rivés sur le film, plusieurs garçons sont allongés sur un lit et après s’être mis nus, ils se caressent, s’embrassent et tout le reste possible à imaginer, en montrant à quel point ils y prennent du plaisir.
CHAPITRE 17 (Souvenirs) (suite)
Dans un coin de l’écran, je vois un jeune homme assis nu sur une chaise qui regarde ceux allongés sur le lit et qui tient sa queue en main, une queue toute raide comme celle que j’ai quelques fois quand je me réveille ou quand je regarde toutes les photos de mannequins posées sur la commode de ma chambre.
Il frotte lentement son sexe avec sa main refermée sur lui, ça semble lui faire du bien car il ferme souvent les yeux en tendant son corps et de le voir faire me donne à mon tour une raideur au niveau du bas ventre, qui est sans doute un des rares points de mon corps à avoir encore une vie propre.
- (Damien) Regarde le mec assis « Flo » !! C’est ça se branler !! Putain !! Ça donne envie, pas vrai ?
Damien est visiblement excité tout autant que moi par la vue de ces garçons qui se donnent du plaisir, je capte du coin de l’œil la main qu’il pose sur sa braguette en faisant le geste de tendre quelque chose.
- Tu fais quoi là ?
- (Damien) Ça me fait bander grave !!
- Moi aussi !!
Son regard d’abord surpris, devient curieux et sa main vient alors soulever la couette pour vérifier mes dires.
- Waouh !! Ce n’est pas de la blague !! T’es monté comme un âne ma parole !! Je ne pensais pas que cette partie de ton corps était encore en service, qu’est-ce que ça te fait au juste ?
- C’est énervant !! Comme si quelque chose me démangeait !!
- (Damien) C’est sans doute parce que t’as envie de cracher ton jus !! Ça t’arrive souvent ?
- De temps en temps oui !!
- (Damien) Tu en as déjà parlé à quelqu’un ?
- Bien sûr que non !! C’est trop gênant !!
Damien n’arrive pas à détacher ses yeux de mon slip sous lequel la forme bandée de mon sexe lui semble à priori énorme, il finit par détourner son regard en venant à la rencontre du mien et un sourire amical lui vient alors, il hésite quelques secondes et ce sont les gémissements répétés venant du film qui semble le décider à me demander.
- Tu voudrais savoir ce que ça fait ?
Je comprends bien de quoi il parle, un frisson me vient alors qu’il perçoit également.
- (Damien) Je suis ton ami « Flo » !! Si je peux te faire découvrir le plaisir, ça ne me dérange pas de te donner un coup de main et là c’est peu de le dire ! Hi ! Hi !
L’envie me noue les tripes mais je n’ose pas répondre, préférant reporter mon regard sur le film alors que la scène se déroulant sous mes yeux est tellement chaude que je sens mon sexe se durcir encore plus.
J’en suis là dans mes sensations quand une main chaude et douce se pose sur ma queue à travers mon slip, c’est si bon que je ne peux retenir le petit grognement de plaisir qui s’échappe de ma gorge.
La main devient plus pesante, elle me masse la hampe de haut en bas pendant quelques secondes et s’arrête brusquement, le visage interrogateur de mon copain venant se mettre entre moi et l’écran de l’ordinateur.
- Ça te plaît ? Tu veux que je continue ?
- C’est trop bon !!
Damien sourit encore plus en me faisant un petit clin d’œil avant de disparaître une nouvelle fois de ma vue et je peux suivre de nouveau les acteurs en pleines actions, ravalant difficilement ma salive en sentant cette fois les deux mains de mon copain baisser mon slip jusqu’à mes genoux.
Le contact de ses doigts autour de mon membre me ramène une nouvelle fois le grognement de plaisir, cette fois cela ne l’arrête pas et sa main me resserre la hampe plus fermement pour prendre les mêmes mouvements lents que je vois faire par le jeune homme nu toujours assis.
Une onde de plaisir remonte soudainement dans mon cerveau qui me tétanise, je sens mon sexe pulser et le plaisir arrive alors à un paroxysme que je n’ai jamais connu, quand il laisse s’échapper de puissant jet d’un liquide chaud et épais qui vient en partie s’étaler sur mon ventre.
- Arrhhh !!!
- Hi ! Hi ! Tu aurais pu prévenir !
CHAPITRE 18 (Souvenirs) (fin)
J’ai du mal a posé la question tellement la sensation est encore forte dans ma tête.
- De quoi ?
Damien revient se placer en face de moi, le visage balafré d’un liquide blanc laiteux.
- J’ai tout reçu dans la poire ! Hi ! Hi !
Un bruit dans le couloir lui met la panique, il me remet vite fait la couette sur le corps tout en reprenant son ordi et en s’essuyant le visage juste à temps avant que ma mère n’entre dans la chambre.
Elle remarque immédiatement les joues rouges de Damien tout comme les miennes d’ailleurs, quoique pas pour les mêmes raisons.
- Ça va les garçons ?
- (Damien) Oui madame !!
- Vous faisiez quoi ? C’était drôlement silencieux ?
- Damien est tombé amoureux à son lycée m’man !!
- (Damien) Florian !! Tu m’avais promis de garder le secret !!
- (Hellènes) C’est pour ça que tu es aussi gêné ? Il n’y a pas de quoi rougir comme ça, au contraire !! C’est normal à ton âge !! Chéri ton infirmière va bientôt arriver pour ta toilette et toi « Dami » tu devrais rentrer chez toi avant qu’il ne soit trop tard !! Tu n’as pas vu l’heure donc ?
- (Damien) Le temps passe si vite quand je suis avec « Flo » madame !!
- (Hellènes) Je vous laisse vous dire au revoir, donne le bonjour à tes parents et rappelle-toi que tu as promis à Florian de l’emmener au square demain.
- (Damien) Vous savez bien que je ne demande que ça !!
- (Hellènes) Tu es un ami comme beaucoup aimeraient avoir mon garçon, ne tarde pas trop avant que tes parents ne commencent à s’inquiéter.
Ma mère sort en refermant derrière elle, nous nous regardons avec un énorme ouf de soulagement.
- (Damien) C’était moins une qu’on se fasse gauler !! Bon j’y vais !! On reparlera de tout ça demain !!
- Attends !!!
- (Damien) Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu peux me remettre mon slip sinon l’infirmière va se poser des questions ! Hi ! Hi !
- (Damien) Bien sûr !! Où avais-je la tête !!
La couette est rejetée en arrière, Damien va jusqu’à la salle de bain et revient avec un gant de toilette, il m’essuie le ventre et le sexe avec une moue amusée, puis remet mon slip en place avec une dernière caresse flatteuse.
- Voilà !! La grosse bébête est rentrée au bercail ! Hi ! Hi !
- Merci !!
- (Damien) Je n’allais pas te laisser tout poisseux quand même !! Imagine sa tête si elle avait vu les dégâts ?
- Je ne parlais pas de ça.
- (Damien) Ah…Tu voulais dire… ce n’est rien tu sais !! C’était la première fois que tu jouissais ?
- La première fois, oui et c’est trop bon !!
***/***
- Il est là !!! Florian !! Qu’est-ce que tu fais assis tout seul ?
Je sursaute, encore trop pris dans mes souvenirs pour les avoir entendus venir et je vais pour me lever pour les rejoindre quand je m’aperçois que de revivre ce moment si particulier pour moi m’a mis dans un état de raideur difficile à dissimuler.
Je reste donc assis sur le banc en me penchant encore plus vers l’avant pour camoufler au mieux mon excitation le temps qu’elle passe.
- Je réfléchissais à tout ce qu’il m’arrive depuis mon… « accident » !! Comment va mamie ?
***/***
Pierre vient s’asseoir près de son fils, l’enserrant d’un bras autour de ses épaules alors que son père et sa femme viennent s’installer de l’autre côté.
- Les médecins disent qu’il n’y a plus de danger, ils la gardent en observation jusqu’à demain matin pour ne prendre aucun risque.
Il voit bien les yeux de Florian se couvrir de larmes, troublé d’un tel changement de sa part.
- Et toi ? Tu te sens bien mon grand ?
- Pas vraiment, non !!
- (Pierre) Tu veux nous en parler ?
- Vous ne me croiriez pas !!
Pierre resserre son bras autour des épaules de son fils, il est alors étonné au plus haut point par sa réaction pour le moins inattendu venant du Florian qu’il a toujours connu quand celui-ci vient se blottir dans ses bras en pleurant.
- Où suis-je ?? Ce n’est pas mon monde !!! Je n’ai jamais rien fait de mal papa, il faut que tu me croies !!
CHAPITRE 19 (Philippe)
« Aix en Provence, deux jours plus tard. »
L’assistante du psychiatre fait entrer les cinq personnes dans la salle d’attente et part ensuite prévenir son patron de leur arrivée.
Maryse et Michel encadrant tel un trésor leur petit-fils, qui depuis ces deux derniers jours a été pour eux d’une affection à toute épreuve et laisse les deux vieillards dans une joie débordante que leurs prières soient enfin exaucées.
Hellènes les regarde tous les trois avec la même joie au cœur, les larmes qu’elle ne peut retenir étant cette fois celles d’un nouveau bonheur qui semble leur avoir été accordé après ces longues années de désespoirs et de tristesses maintenant loin derrière eux, du moins c’est ce qu’elle espère de tout cœur.
Pierre quant à lui, repense en boucle à toutes les conversations qu’il a eues avec son fils depuis qu’il lui est tombé en pleurs dans les bras en se disant perdu dans un monde qui n’est pas le sien.
Cette vie qu’aurait vécue Florian semble tellement irrationnelle, qu’il lui a fallu au début du moins qu’il fasse de gros efforts pour le laisser poursuivre sans le traiter de menteur.
Ils ont parlé pendant des heures, enfin surtout son fils et Pierre doit bien convenir que jamais il ne s’est coupé alors qu’il lui posait des questions dans ce sens pour le mettre en défaut et c’est ce pourquoi ils sont dans cette salle d’attente aujourd’hui, pour qu’un spécialiste fasse la part de vérité dans toute cette histoire rocambolesque.
Il doit pourtant bien s’avouer que le Florian de ces deux derniers jours est à l’opposé de celui qu’ils ont toujours connu, passionné là où il était blasé, gentil là où il n’y avait que méchanceté et surtout aimant alors que durant toutes ces années il ne leur avait montré que de l’indifférence pour ne pas dire de la haine.
Pierre observe ses parents avec le sourire, ils semblent avoir rajeunis de plusieurs années et leur gaieté lui donne un plaisir indescriptible, celui de cette lueur joyeuse qu’il ne croyait plus jamais revoir dans leurs yeux.
Les larmes de sa femme lui font du bien également, car il comprend qu’elles marquent une transition totale avec la dépression affective qui était la sienne depuis quelques années.
La porte du cabinet de consultation du docteur Espinach s’ouvre et le psychiatre les observe un instant avant de mettre les pieds dans la salle d’attente pour les saluer.
Il connaît la famille De Bierne pour avoir un temps tenté de comprendre le psychisme de cet enfant difficile qui a été un de ses plus grands échecs d’une carrière pourtant longue.
Philippe soupire en se disant qu’il va devoir une fois encore supporter l’arrogance de ce jeune démon, qu’il ait sept ou huit ans de plus que la dernière fois qu’il l’a reçu en consultation lui donne par avance des crispations à l’estomac et sa surprise n’a d’égal que cette crainte quand il s’entend interpeller amicalement par le jeune rouquin qui depuis son entrée a les yeux braqués sur lui.
- Bonjour Philippe !! Je suis content de te revoir !!
Le tutoiement tout comme le ton amical met Philippe dans un ahurissement tel, qu’il en perd un bref instant son masque professionnel et reste hébété sans trouver les mots pour répondre.
***/***
Je me lève d’entre mes grands-parents pour le rejoindre, mes yeux ne quittent pas les siens qui marquent toute la surprise de mes paroles et je suis conscient qu’il va me falloir trouver les bonnes explications pour qu’il accepte ma vérité.
- Tu m’as beaucoup aidé lorsque je voulais en finir, tu as su trouver les mots pour que j’aie envie de m’accrocher à la vie et si j’ai accepté ma condition d’alors, c’est grâce à toi.
- Mais de quoi parlez-vous donc jeune homme ? Je n’ai pas souvenir que nos entretiens aient servi à grand-chose !! Auriez-vous perdu l’esprit ??
- (Pierre) C’est justement ce que nous sommes venu découvrir docteur, je pense qu’il va falloir déjà vous expliquer les événements de ces dernières semaines.
CHAPITRE 20 (Philippe) (suite)
« Dans le cabinet du docteur Espinach, une demi-heure plus tard environ. »
- (Philippe) Cette histoire est complètement invraisemblable !! Je suis désolé de te le dire aussi brusquement Florian !! Mais, ou le coup sur la tête t’a donné des hallucinations !! Ou encore ton coma t’a fait rêver tout cela et en se reconstruisant, il a pris ce rêve pour la réalité en effaçant le reste. Que tu ne te rappelles de rien de ta vraie vie ne m’étonne par contre qu’à moitié !!
Philippe place sa main sur le dossier médical qu’ils lui ont apporté pour justifier leur visite.
- Le scanner montre très bien les lésions et il ne fait aucun doute que des séquelles sérieuses soient à l’origine de l’amnésie que tu ressens en ce moment, que ton cerveau ait …. « Bouché » les…. « Trous » en inventant cette histoire cousue de fils blancs ne m’étonne pas outre mesure. Ce fait c’est déjà produit, quoique rarement pourtant et pas à ce point dans le détail comme pour toi mon garçon.
- Tu penses vraiment que c’est le fruit de mon imagination ?
- J’en suis persuadé en effet !!
- Et pour mes souvenirs perdus ? Reviendront-ils un jour et si c’est le cas, redeviendrai-je comme avant ?
- (Philippe) Pour ça rassure-toi, ton changement de comportement est trop radical !! Il serait franchement étonnant que tu redeviennes celui d’avant l’accident et si je peux me permettre cette réflexion, c’est tant mieux pour tout le monde !!
- J’étais donc si mauvais ??
- (Philippe) Le mot est bien faible !! En fait cet accident s’avère salutaire pour beaucoup de monde !!
- Pas pour le chauffeur de la camionnette en tout cas !!
- J’ai dit beaucoup, pas « tout » le monde et rien que le fait que tu montres autant d’empathie envers cet homme tenterait à prouver mes dires, Mister Hyde c’est transformé en docteur Jekyll et c’est tant mieux.
- Comment je vais faire maintenant ?
Philippe observe la moue boudeuse avec un sourire qu’il ne peut pas retenir, tellement il se sent en phase avec ce nouveau Florian qui est à l’opposé de celui dont le souvenir l’a longtemps marqué.
Il comprend néanmoins le sens de ses paroles, le fait qu’il s’en inquiète montre l’intelligence de ce jeune homme perdu dans des souvenirs factices et pour qui la réalité des choses est une grande inconnue.
- Il va te falloir être patient !! Tu devras beaucoup parler avec tes parents pour retrouver les bases fondamentales de ce que tu as vécu jusqu’à aujourd’hui.
- C’est surtout de savoir qui sont mes amis, où j’en suis dans mes études et qu’est-ce qu’il va advenir de moi avec le casier chargé que je dois avoir si ce que j’ai déjà entendu sur moi est exact.
- (Philippe) Tes amis ? Oublie-les, crois-moi c’est le mieux à faire ! Tes études ? Il va te falloir du courage pour accepter la réalité et si tu as envie d’en faire, je suis certain que tes parents feront ce qu’il faut pour que tu le puisses. D’ailleurs !! As-tu une idée de ce que tu veux faire ?
- (Pierre) Sa voie est toute tracée !! Il reprendra les rênes de l’entreprise familiale !!
- J’avais déjà occulté cette option dans mes autres vies !! Même si celles-ci n’étaient qu’issues de mon imagination comme vous semblez tous le croire !! Pourquoi pas médecin ? J’adore soigner les gens !!
- (Pierre) Je crains que ton niveau d’étude ne te permette pas cette option, n’oublie pas que tu as quitté le lycée depuis plusieurs mois et que ce n’était pas folichon niveau notation !!
- Je me sens capable de passer mon BAC si ce n’est pas trop tard !! Je tiens réellement à être médecin vous savez ?
Je me tourne vers Philippe avec une idée soudaine qui m’apparaît comme lumineuse et devrait permettre de vérifier certains trucs qui s’ils s’avéraient exact, remettraient je pense beaucoup de choses en question et pas que pour eux.
- D’ailleurs je t’ai soigné, toi !!
- (Philippe) Comment ça ?
- Je me rappelle que tu m’avais parlé de tes crises d’asthme qui se sont déclarées à tes huit ans et que depuis que tu me connaissais, elles avaient disparu comme par miracle !!
Je semble être tombé dans le mille à voir la tête qu’il fait, je ne suis d’ailleurs pas mieux loti que lui niveau ahurissement de ce qu’impliquent mes dernières paroles et surtout en me rendant compte qu’elles ne viennent pas de mon vécu qui pour moi est censé être réel, mais tirer directement de mon rêve.
C’est donc d’une voix marquée par le trouble que je lui pose la question, attendant avidement sa réponse.
- Tu es bien asthmatique ?
CHAPITRE 21 (Philippe) (suite)
Philippe prend le temps d’analyser ma question, son regard redevient professionnel quand il me répond.
- C’est exact ! Mais je ne l’ai jamais caché et il est possible que lors d’une de nos séances, j’ai sans doute pris ma Ventoline devant toi comme ça m’arrive parfois quand j’ai une crise pendant mon travail.
Là, il marque un point et c’est avec dépit que je dois bien reconnaître qu’il peut avoir raison, mais je ne m’avoue pas facilement vaincu et il m’en a raconté suffisamment sur lui pendant toutes ces années où nous étions amis, pour que je trouve une faille qui le fera réfléchir à ce que peut être tout n’est pas aussi simple qu’il semble le croire.
Un meuble ancien à la droite de son bureau m’amène alors des souvenirs remontant loin dans cette enfance merveilleuse où j’étais heureux de vivre.
- Te rappelles-tu avoir jamais ouvert ce meuble devant un de tes patients ?
- (Philippe) Je l’aurais voulu que ça m’aurait été impossible, j’en ai égaré les clés il y a bien longtemps et ce qu’il contient ne sont que des souvenirs de ma propre enfance.
- Je me souviens pourtant t’avoir vu l’ouvrir une fois !!
- (Philippe) C’est impossible !!
- J’avais quatre ans alors et mes grands-parents m’avaient amené en consultation à cause d’un problème de mal être que j’avais à suivre ma maternelle.
- (Philippe) Et pourquoi donc l’aurais-je ouvert ?
- Pour me prêter un livre afin de me faire patienter le temps d’avoir une conversation sur les raisons qu’ont eues mes grands-parents à m’amener chez toi.
- (Philippe) Quel genre de livre était-ce donc ?
- Oh !! Un très beau livre illustré que d’ailleurs tu m’as offert pour que je puisse terminer de le lire, c’était l’histoire de Moby Dick et je revois encore la couverture en carton gaufré aux enjolivures rouges au milieu de laquelle une énorme baleine blanche sortait de l’eau.
***/***
Pierre écoute depuis le début cette conversation qui au départ était toute professionnelle et qui au fur et à mesure c’est mise à dériver, perdant son aspect pédagogique pour devenir irrationnelle.
Quelque chose se passe entre son fils et le psychiatre, à commencer par le tutoiement au début visiblement mal perçu par le spécialiste et qui très vite s’est transformé en une conversation moins solennelle mais surtout visiblement plus amicale, pour ensuite partir dans une direction inattendue.
Les paroles de son fils qui pour lui n’ont aucun sens si ce n’est de prouver combien le coup qu’il a reçu sur le crâne l’a fortement affecté, ont ensuite pris un tour surprenant du fait des réactions du spécialiste qui maintenant éprouve un intérêt croissant qui lui semble bien loin de ce pourquoi ils sont venus consulter.
- (Pierre) Allons Florian !! Comment veux-tu que ce que toi-même reconnaît n’avoir été qu’un rêve, puisse avoir une quelconque réalité dans la vraie vie ?
- J’attends que Philippe me réponde papa !!
- (Pierre) Et bien docteur !! Ne laissez donc pas mon fils penser plus longtemps que cette histoire pourrait avoir un fond de vérité, cela ne l’aidera en rien à résoudre les problèmes qu’il va devoir rencontrer en sortant de votre cabinet.
- (Philippe) Si vous voulez m’excuser un instant !! Je ne serai pas long !!
Il sort de son bureau en s’excusant une nouvelle fois et nous laisse seul, Pierre en profite pour avoir une conversation avec son fils.
- Crois-tu que tes paroles vont changer quoi que ce soit ? Comment peux-tu même un instant imaginer qu’un rêve pourrait avoir un impact sur la réalité, tu ferais mieux de réfléchir sérieusement à ses paroles pleines de bon sens.
- Pourquoi alors ne m’a-t-il pas renvoyé dans mes quinze mètres ? Je pense au contraire que quelque chose l’a troublé dans mes paroles.
Michel qui jusque-là ainsi que le reste de la famille s’était contenté d’écouter sans rien dire, prend la parole à son tour.
- Attendons de savoir ce qu’est parti faire le psy avant d’être aussi catégorique !!
- (Pierre) Tu ne vas pas te mettre à croire à toutes ces élucubrations issues d’un cerveau alors malade toi aussi ?
- (Michel) Quelque chose perturbe le docteur, Pierre !! Tu aurais dû faire plus attention à son visage, quelque chose me dit que nous allons aller de surprises en surprises.
- (Pierre) Tu as entendu comme moi pourtant !!
- (Michel) Justement !! C’est ce que j’ai entendu qui m’a fait réfléchir et si tu n’as pas fait attention à l’effarement évident pourtant du psy, regarde au moins ta mère !!
CHAPITRE 22 (Philippe) (fin)
Pierre fixe son père visiblement incrédule, il reporte ensuite son attention vers sa mère en se demandant bien où il veut en venir.
- Eh bien oui !! Quoi !! Maman est aussi curieuse que moi de savoir à quoi tu fais allusion il me semble, pas vrai m’man ?
- (Maryse) Je ne vois pas où veut en venir ton père.
- (Pierre) Et bien tu n’es pas toute seule !!
Hellènes depuis le départ de Philippe, observe son fils attentivement tout en écoutant la conversation et quand celui-ci fixe sa grand-mère avec de grands yeux émerveillés, elle reporte son regard vers Maryse en cherchant ce qui a bien pu lui amener une telle expression.
Ce qu’elle voit est une vieille femme alerte et attentive, les yeux brillants du plaisir encore récent d’avoir autour d’elle une famille enfin débarrassée de ces démons et se tenant avec une certaine élégance sur son siège, montrant ainsi la fierté qu’elle ressent de pouvoir enfin profiter de ceux qu’elle aime.
Hellènes comprend d’un coup les dernières paroles de Michel, ses yeux marquent l’effarement quand ils repartent aussitôt dans la direction de son fils et se retrouvent noyés dans son regard si pénétrant qui brille comme un soleil.
Des paroles lui reviennent alors en mémoire, celles de son fils racontant cette vie qui pour lui est la seule gravée dans ses souvenirs mais surtout ce rêve qu’il aurait fait où sa salive avait la particularité de guérir.
Elle revoit alors Maryse étendue sans vie sur le lit de la chambre d’amis avec Florian lui prodiguant les premiers secours et surtout en lui insufflant par la bouche l’oxygène nécessaire à maintenir son cerveau en état en attendant une prise en main médicalisée.
Une réflexion du médecin urgentiste s’étonnant de la rapidité avec laquelle Maryse s’est remise de son arrêt cardiaque et surtout l'étonnante santé qu’ont révélé les examens fait ensuite sur elle, s’étonnant qu’avec de tels résultats d’analyses son cœur ait eu cette défaillance.
D’autres images lui reviennent, comme par exemple sa sortie de l’hôpital où elle a refusé le bras de son fils en prétextant qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien depuis très longtemps.
Hellènes va pour en faire la remarque à haute voix quand elle s’aperçoit du changement dans le regard de Florian qui a sans doute suivi ses pensées et du mouvement de sa tête allant plusieurs fois subrepticement de droite à gauche, lui signifiant qu’il préférerait qu’elle n’en fasse rien.
Elle referme donc la bouche sans prononcer une parole, replongeant dans ses pensées pour tenter de comprendre les implications de ce qu’elle croit avoir découverte et quand le psychiatre entre à nouveau dans son bureau, elle sait déjà qu’elles sont ses intentions et n’attend plus qu’à avoir la preuve qu’elle ne s’est pas trompée.
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Philippe tient en main un énorme trousseau de clés, il regarde la famille curieuse de le lui voir dans la main et sourit en donnant ses explications.
- Ça fait un moment que je voulais ouvrir cette armoire !! Il y en aura bien une qui ira dans tout ce lot de vieilles clés et quel moment serait le plus judicieux, je vous le demande !!
- (Pierre) Vous n’allez quand même pas entrer dans son jeu ? Le choc est encore récent et Florian confond encore le réel de l’imaginaire.
Philippe s’agenouille devant la porte de l’armoire et commence à essayer les clés une à une.
- Justement !! C’est le meilleur moyen pour lui en faire prendre conscience !! Non, ce n’est pas celle-là !! Peut-être !! Non plus !! Ah !! Ça a l’air de rentrer !!
Un clic retentit dans le bureau, suivi du sourire de satisfaction de Philippe qui ouvre alors la porte et plonge son regard à l’intérieur, ses mains en font de même pendant quelques longues secondes avant qu’elles ne se figent et que son visage devienne soudainement tout pâle.
Ses mains sortent alors de l’armoire en tenant ce qui ressemble à un livre très ancien, ses yeux restent un long moment figé sur la couverture avant qu’il ne se relève pour le déposer sur son bureau en fixant le petit rouquin qui a alors un sourire de victoire.
Tous peuvent voir alors l’enluminure rouge légèrement passée par l’âge au centre de laquelle une énorme baleine blanche semble jaillir de l’eau.
- Mon dieu !!! Comment est-ce possible !!
Je maintiens son regard, aussi ahuri que lui mais surtout cherchant au plus profond de mon cerveau ce qui pourrait expliquer l’inexplicable.
- Maintenant mon cher Philippe, il va nous falloir nous mettre au boulot !! J’espère qu’il reste de la place dans tes horaires de consultation ces prochaines semaines !! Nous avons tous les deux quatorze ans à rattraper !!
CHAPITRE 23 (Retour à Paris)
« Quelques temps plus tard. »
La décision est vite prise de venir m’installer pendant les vacances scolaires chez mes grands-parents, Philippe ayant promis de se libérer pour s’occuper de mon cas de façon exclusive pendant ces deux mois et faisant fi lui-même de ses congés, tellement sa curiosité est mise à rude épreuve devant les implications extraordinaires du peu qu’il vient d’apprendre.
C’est donc dans un silence quasi-totale bien compréhensible, que nous rentrons mes parents et moi jusqu’à Paris, ma convocation devant le juge ne pouvant être reporté tout comme mon inscription pour les examens du BAC qui sera effectué en candidat libre vu mes notes désastreuses et mon dernier semestre d’absence.
Ce n’est qu’une fois rendu chez nous que mon père après avoir vérifié qu’il n’avait aucun message urgent à traiter sur sa boîte mail, revient dans le salon pour me parler.
- Il va nous falloir être très prudent tant que nous ne saurons pas exactement à quoi rime toute cette histoire, tu en es conscient j’espère ?
- Bien sûr qu’est-ce que tu crois !!
- Tu dois bien avoir une petite idée quand même sur tout ce qui t’arrive ?
- Pas vraiment, non !! Ou alors c’est tellement tiré par les cheveux, que je n’ose même pas y penser !!
- Dis toujours !! De toute façon nous ne sommes plus à ça prêt !!
- Et bien !! Comment te dire ? J’ai comme l’impression d’être une âme qui hante toujours le même corps dès que celui-ci meurt !!
- Un truc temporel comme dans certains films de science-fiction ?
- Ce n’est pas exactement ma pensée, plutôt une vie parallèle car les choses ne sont jamais tout à fait pareilles !! Tu n’as jamais eu cette impression d’une situation que tu vis et que tu as la sensation d’avoir déjà vécu ?
- Si bien sûr !!
- Et bien c’est un peu ça tu vois !! En beaucoup plus fort parce que pour moi c’est de toute une vie que je me rappelle !! Et en plus avec celle-là, c’est déjà la troisième !!
- Tu parlais pourtant d’un rêve ? Du moins pour l’une d’entre elles ?
- C’était mon impression en effet !! Sauf que ça a commencé à la mort d’un bébé, pendant que je n’étais plus réellement vivant dans ce que je croyais être ma vraie existence et que j’en suis revenu quand mon corps est sorti du coma !!
- Tu serais donc mort trois fois ? Mais si c’est le cas, d’où te vient ta conscience alors ? Et pourquoi toujours revenir avec cette même identité ?
- Comment veux-tu que je le sache ?? Peut-être même que j’ai eu d’autres vies avant celles-ci ??
- Pourquoi ne te souvenir que des trois dernières dans ce cas ??
- Des deux p’pa !! Je n’ai aucun souvenir de celle-ci rappelle-toi, juste depuis quelques jours pas plus et encore !! Ce ne sont que ceux venant de mon précédent vécu et de ce que je prenais pour un rêve !!
- Je ne le vivrais pas en même temps que toi, je penserais à une vaste fumisterie de ta part et c’est d’ailleurs ce à quoi je croyais au début, avant cette histoire avec Philippe.
Hellènes qui jusque-là s’était contentée d’écouter.
- Il y a aussi Maryse et son étonnante bonne santé depuis sa sortie de l’hôpital !!
- (Pierre) C’est vrai ça !! Comment l’expliques-tu ?
- Ça voudrait dire que mon « don » fonctionne également ici !! Pourtant je sens bien qu’il me manque quelque chose, quelque chose d’important qui m’échappe !!
- Peut-être est-ce lié à ce Thomas dont tu as crié le nom en sortant de l’hôpital ?
Je préfère pour l’instant botter en touche, ne connaissant pas leurs sentiments sur une relation amoureuse de leur fils avec un autre garçon.
- C’était juste un ami dans mon ancienne vie, rien d’important !! En fait je pensais plutôt à d’autres « dons » comme celui de créer des situations réelles, parce que si ce n’était pas un rêve, ça y ressemblait quand même beaucoup !!
- D’où mes paroles de tout à l’heure sur la prudence !! Il va falloir que tu essaies de vivre normalement, si je dis ça c’est pour ta sécurité !! Imagine un peu si ça venait aux oreilles des médias ?
- C’est déjà arrivé p’pa !!
- De quoi !!!! Ah, oui !! Dans ton « rêve » ?? Sauf que là, il n’y aura personne qui te surveille depuis tout petit pour te protéger !!
- Je ne suis pas sûr que tes paroles soient justes p’pa !! J’ai la conviction au contraire qu’il doit y avoir une surveillance sur ma personne, oh !! Pas pour les mêmes raisons bien sûres, mais je ne serais pas étonné que ce soit la ou les mêmes personnes ou quoi que ce soit d’autre qui en aient la charge !!
- Si c’est le cas, ce n’est certainement pas pour te protéger toi, mais plutôt pour t’empêcher de nuire avec toutes les malversations que tu as commises depuis ses dernières années.
- Justement en parlant de ça !! Il serait peut-être temps de me faire un petit bilan du Florian que j’étais avant cet accident ?
- Installe-toi bien dans le fauteuil alors, parce qu’il y en a à dire crois-moi !!
CHAPITRE 24 (L’ancienne vie)
J’écoute pendant presque une heure sans émettre une seule parole l’histoire de ma vie, ou du moins de celui qui était moi avant que je prenne sa place.
Harcèlements, chantages, vols, drogues, proxénétisme, attaque de diverses boutiques de luxe et j’en passe et des meilleurs, j’écoute mon père et toutes ces infamies que j’aurais commises me laissent sans voix.
Ce n’est que quand enfin mon père se tait, qu’il s’aperçoit de mon air horrifié.
- Hé oui mon fils !! Tel était le Florian d’avant l’accident !!
- Mais enfin, pourquoi ??
- Va savoir ce qu’il se passait dans ta… enfin… sa tête ?
- Je dois avoir un casier long comme un bras !!!
- Pas tant que ça en fait !! J’ai des avocats qui sont particulièrement efficaces et beaucoup de ces accusations sont restées lettres mortes à cause de vices de procédures ou de quelques argents tombés au moment opportun dans de bonnes mains.
- Mais toi !! Enfin je veux dire, vous deux !! Pourquoi vous n’avez rien fait pour l’empêcher ? Un séjour en maison de correction ne m’aurait certainement pas fait de mal !!
- Oh !! Mais tu y es allé !! Pas longtemps je dois bien l’admettre, mais c’était encore pire à ta sortie !! Tu t’étais fait de nouveaux amis encore plus terribles que les précédents !!
- J’ai cru comprendre que tu avais toujours la main au porte-monnaie dès que je voulais te taxer ? Pourquoi ?
- Sans doute parce que tu es mon fils et que malgré toutes tes frasques, j’espérais que tu retrouves la voix de la raison.
- Allons p’pa !! Il doit bien y avoir quelque chose d’autre qui t’y a poussé ?
- (Hellènes) Je crois que tu peux lui dire chéri, je suis certaine qu’il comprendra !
Je regarde mon père dans les yeux, je ressens son hésitation à avouer ce que lui-même n’a jamais voulu faire du moins consciemment.
- Tu n’avais que quelques mois quand je vous ai emmené ta mère et toi avec moi à un voyage d’affaire, j’étais tellement heureux d’avoir un fils que je ne concevais pas de ne pas le voir grandir chaque jour tu comprends ?
Je lui fais un signe de tête montrant que c’est bien le cas.
- Tes grands parents disaient que tu étais trop jeune pour un tel voyage et voulaient te garder près d’eux, j’ai refusé et nous sommes partis en Afrique pour faire des relevés topographiques afin de pouvoir négocier par la suite des contrats sur des coupes d’arbres rares.
- Et c’est là que s’est produit l’accident !!
- Comment peux-tu être au courant de ça ? Nous n’en avons jamais parlé à quiconque !!
- Parce que c’est déjà arrivé, comme je te le disais l’histoire se répète même si au final elle n’est jamais pareille. Dans mes souvenirs, vous aviez péris tous les deux et j’ai été recueilli par un tout jeune guerrier Masaï du nom d’Okoumé, mais ça c’était dans mon rêve. Dans la réalité de mon autre vie, l’accident a été évité grâce à la dextérité du pilote qui a su détourner l’appareil à temps et du coup il n’y a rien eu de grave si ce n’est de t'entendre répéter en boucle des milliers de fois cette histoire à chaque fois que l’occasion se présentait.
- (Pierre) Là ça a été encore différent, plusieurs météorites ont traversé le cockpit pour blesser gravement le pilote et ôter la vie au copilote, j’ai eu le réflexe de prendre le manche pour remonter l’assiette de l’appareil avant qu’il ne s’écrase en pleine jungle et avec l’aide du pilote toujours conscient nous avons réussi à nous poser tant bien que mal dans un coin de brousse. Ce jour-là ta mère tout comme moi, avons eu la peur de notre vie et quand nous avons retrouvé suffisamment notre calme pour réfléchir, nous nous sommes précipités vers le couffin pour voir si tu allais bien et tu n’y étais plus, imagine ce qu’a pu être notre frayeur ce jour-là ?
- Mais vous m’avez retrouvé puisque je suis là ?
- Oui bien sûr !! Mais dans quel état !! Nous t’avons retrouvé inconscient à l’autre bout de l’appareil, ta tête avait heurté durement la carlingue et du sang sortait de ta bouche, ce jour-là je me suis senti fautif de t’avoir entraîné dans cette aventure et c’est sans doute la raison qui m’a fait être aussi faible envers toi quand tu as commencé à nous manquer de respect et ensuite de fil en aiguille, tu es devenu complètement ingérable jusqu’à cet accident.
- Et bien !! Vous m’en direz tant !! C’est des coups de pied au cul qu’il fallait me mettre !!
- (Hellènes) Oh !!! Mais il y en a eu !! Seulement, c’est nous qui les recevions !!
Je reste comme deux ronds de flan à interpréter ce qu’implique sa phrase et c’est d’une voix émue que je leur demande confirmation de ce que j’ai cru comprendre.
- Vous voulez dire que… c’est moi qui… vous frappais ??
CHAPITRE 25 (L’ancienne vie) (fin)
Ma question semble les abasourdir autant que moi pour la poser.
- Tu n’as vraiment plus aucun souvenir de cette période de ta vie alors ??
- Je pensais bien que vous en étiez convaincus pourtant !!
- C’est tellement nouveau pour nous, comprends-le aussi !! Pour répondre à ta question, ton comportement était plus brutal qu’autre chose. Tu ne nous as jamais frappés en réalité mais tu nous bousculais souvent en faisant en sorte que cela fasse mal !! Enfin bref !! C’est le passé et j’aimerais bien pouvoir l’oublier !!
- Une précision encore si tu le veux bien ? J’étais aussi pourri avec papi et mamie ?
Nul besoin de réponse devant la tête que font mes parents.
- C’était un sale con en somme !!
- Qui donc ??
- Et bien l’autre !! Celui que j’étais avant !!
- Sans aucun doute !! Maintenant que les choses ont changé, je m’en rends enfin compte !!
- Très bien, je suis d’accord pour qu’on n’en parle plus !! Ça n’avancerait à rien de ressasser le passé !! Racontez-moi plutôt les bons côtés, il devait bien y en avoir quand même, non ?
Un blanc de silence emplit soudainement la pièce, tellement lourd que c’est moi qui y met fin.
- Et bien d’accord !! Pas même quand j’étais jeune ? Je devais bien avoir des amis normaux à cette époque ?
Toujours le même blanc qui me fait subitement avoir des frissons.
- A ce point-là ???
C’est ma mère qui reprend la parole, visiblement troublée par mon insistance.
- Les seuls amis que tu as eus, enfin si on peut appeler ça des amis !! C’est ici à Paris que tu les as connus, quand nous vivions encore à Aix tu n’étais déjà pas facile à comprendre et les jeunes de ton âge qui se sont essayés à t’approcher en ont pris pour leurs grades et certains mêmes en portent encore des séquelles, au point que certaines familles ont préféré déménager plutôt que d’avoir à toujours venir se plaindre auprès de nous.
Un mot dans ces explications me tourne depuis en boucle dans la tête.
- Tu as parlé de séquelles m’man ?? Tu voulais dire quoi par-là ??
Je la vois chercher le regard de mon père pour avoir son assentiment à poursuivre, ou plutôt pour qu’il continue lui-même les explications qui ne semblent pas faciles à sortir des lèvres de ma mère et qui du coup me font une fois encore tendre le dos sur ce qu’était ce Florian avant que j’aie pris sa place.
- (Pierre) Ta mère faisait allusion à tes agissements envers eux, ton acharnement à toujours vouloir les rabaisser en les harcelant tant moralement que physiquement et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes venus vivre à Paris, plus personne ne pouvant te supporter davantage. Nous avons dû te changer plusieurs fois d’école tu sais ? Deux ans !! C’est celle où tu es resté le plus longtemps avant qu’on nous fasse comprendre qu’il valait mieux pour nous de t’en retirer avant qu’il n’y ait des plaintes contre toi quant à tes agissements.
- Mais enfin !! Quel âge j’avais ?? C’est fou ça !!! En plus…
J’arrive à sourire.
- …Gaulé comme je suis, je ne devais quand même pas leur faire peur à ce point quand même !!
- Détrompe-toi mon garçon !! Déjà à l’époque tu étais une vraie teigne, ils ne te craignaient pas à cause de ta force mais parce que tu étais déjà capable de faire n’importe quelle folie.
- Du genre ??
- Comme planter une fourchette dans la main de celui qui ne voulait pas te donner sa part de dessert par exemple !!
- J’ai fait ça !!!!
- (Hellènes) Je ne pense pas qu’il soit bon de poursuivre, je vois bien que ça te fait mal tout comme à nous d’y repenser.
- (Pierre) Ta mère a entièrement raison, à quoi bon !!
- Mais vous vous ne rendez pas compte !! Si je croise un jour quelqu’un qui m’a connu à cette époque ?? Je fais quoi, moi ??
- (Hellènes) Déjà ce serait étonnant que ça arrive puisque tu n’es plus retourné chez tes grands parents depuis tes onze ans et ensuite il te faudra être toi-même si par malheur cela venait à se produire, tout en toi montre que tu n’es plus le même Florian et je pense qu’il n’y a pas que nous qui s’en rendra compte le moment venu.
- Et ici à Paris ?
- (Pierre) Là c’est plus compliqué !!
- Sauf si je vais poursuivre mes études ailleurs ?
- Pour ça il faudrait déjà que tu aies ton bac !! Tu as du pain sur la planche à rattraper ton retard avant les premières cessions.
- Ce n’est pas ça le problème p’pa !!
- Tu m’as l’air bien sûr de toi, tu veux que je te ressorte tes notations de ces dernières années ?
- Rappelle-toi p’pa que c’était celles de l’autre Florian !! Je me sens tout à fait capable de mener les études que je souhaite et d’ailleurs je les aie eues haut la main là d’où je viens !!
Je vois bien aux regards qu’ils se jettent, qu’ils n’ont pas encore vraiment assimilé mon histoire et que pour eux elle reste dans le domaine de la pure fiction, même s’ils en ont eu quelques débuts de preuves irréfutables
CHAPITRE 26 (Changements et découvertes)
« Après dîner. »
Ce n’est qu’après le repas du soir que je me retrouve enfin seul avec mon nouveau moi, j’entre dans la salle de bain pour y prendre ma douche quand je m’aperçois que je n’ai pas pris de rechanges et que j’en ressors, le temps d’aller dans ma chambre prendre le nécessaire.
Ce n’est pourtant pas la première fois que j’y mets les pieds mais je n’arrive pas vraiment à m’y sentir bien, ce n’est pas faute d’avoir fait le ménage et d’avoir tenté d’arranger la pièce différemment pour ne plus ressentir cette atmosphère glauque qui semblait particulièrement plaire à l’ancien habitant.
Habitant que je n’arrive toujours pas à considérer comme étant moi-même tellement, ce que j’ai appris de lui m’en éloigne à des années lumières.
Mes parents ont été chics sur ce coup-là quand il y a fallu refaire presque entièrement ma garde-robe et je pense qu’ils en sont heureux depuis qu’ils ont vu le changement.
Reste plus qu’à mettre ma touche sur la déco de la chambre, mais pour l’instant ce n’est pas la priorité et j’attendrais de gagner un peu d’argent pour le faire.
J’ouvre un tiroir pour en sortir des sous-vêtements propres, rien que ce simple geste me remet en souvenir ce que j’ai pu découvrir la première fois que j’ai fouillé cette chambre et qui m’en ont révélé plus sur l’ancien locataire que toutes les histoires qui m’ont été racontées sur lui.
Des vêtements sales mélangés aux propres, les tâches sur les murs, les brûlures de cigarettes sur le sol qui devait lui servir de cendrier tout comme le dessous du sommier qui était le réceptacle de ses raclures nasales et qui m’a amené un haut le cœur quand j’ai compris ce qu’étaient ses croûtes sèches collées tout le long du montant en bois.
Non !! Décidément mon alter ego n’était vraiment pas et de loin d’une hygiène à toute épreuve, ni non plus respectueux des choses lui appartenant et c’est avec une moue de dégoût à ses souvenirs que je ressors pour aller cette fois prendre ma douche, oubliant complètement pourquoi j’étais revenu dans ma chambre.
Je fais couler l’eau puis me déshabille en me mettant devant la glace pour me regarder, pas que je sois devenu narcissique mais curieux quand même de n’y voir rien d’autre que ce que je voyais dans ce qui encore pour moi il n'y a pas si longtemps n’était qu’un rêve.
J’ai un petit rire en revoyant la tête de mes parents quand je suis revenu du coiffeur le lendemain de ma sortie de l’hôpital, mes cheveux alors me tombaient sur les épaules après ces trois mois de coma mais due aussi à la coupe qu’affectionnait le Florian d’alors.
Leur premier regard m’a explosé de rire, ma coupe à la « chicopeltone » ou en hérisson c’est comme on veut, les a scotchés de stupeur jusqu’au moment où eux aussi sont partis dans un fou rire revigorant après le stress qu’ils venaient de vivre.
Tout ça pour dire que je me retrouve moi-même, enfin le moi-même des trois qui me convient le mieux et c’est avec le sourire toujours aux lèvres que mon regard descend jusqu’à mon sexe qui n’a rien perdu heureusement de son ampleur.
C’est en me plaçant sous le jet d’eau bien chaude que la question me vient
Naturellement, suis-je encore puceau dans cette vie ? Je serais tenté de dire que non étant donné la vie dissolue qu’a dû connaître le Florian d’avant l’accident.
Maintenant la deuxième question que je me pose et de savoir s’il était plus porté sur les filles ou comme moi vers les garçons ? Ce serait amusant, voir gênant qu’une fille me saute au cou dans la rue en m’appelant mon chéri.
Par contre connaissant mieux maintenant le loustic, je me doute bien que les sentiments ne devaient pas être la première chose qu’il recherchait et je ne serais pas étonné qu’il soit adepte des rencontres d’un soir voir même plutôt à tendances glauques.
Rien que de penser au sexe m’amène une raideur qui en dit long sur les besoins de mon corps, besoin que je m’empresse de soulager en attrapant la bestiole à pleine main pour la secouer comme il se doit.
Le besoin devait être impérieux car il ne me faut pas me manœuvrer bien longtemps le goupillon avant que la sauce ne commence à bouillonner et qu’il me faille me retenir d’une main à la faïence de la douche pendant que plusieurs giclées drues en décalquent les carreaux d’une crème épaisse.
Je reste un instant tremblant sous le plaisir que je viens de me donner, c’était trop bon, quoiqu’un peu rapide et ma pensée part alors vers d’autres branlettes en compagnie de mes amis, me demandant si un jour je vais pouvoir les retrouver et redevenir aussi proche avec eux.
J’essuie les traces de ma « petite » activité manuelle, j’attrape ensuite une serviette et je sors de la douche en m’essuyant le corps avec vigueur, mes pensées soudainement bien loin du moment présent.
Si loin que j’en oublie où je suis et que je sors nu en me frottant la tête avec la serviette pour sécher mes cheveux, me retrouvant nez à nez avec mon père qui reste figé d’ahurissement à me voir la queue à l’air sans paraître plus gêner que ça de me montrer nu devant lui.
- « Lu » p’pa !! Je vais me coucher !!
CHAPITRE 27 (Changements et découvertes) (fin)
- Heu !!! Oui !!! Bonne nuit fiston !!
Je m’en retourne donc jusqu’à ma chambre les fesses à l’air, je sens son regard qui me suit et je souris en me disant qu’ils vont devoir s’habituer à certaines choses, la pudeur n’étant pas et de loin s’en faut ma marque de fabrique.
***/***
Pierre ne reprend conscience de son immobilité que quand la porte se referme derrière le petit cul pommelé blanc laiteux de son fils, il pousse un gros soupir et secoue la tête, le sourire en coin qui illumine son visage est bien la preuve que la transformation de Florian est de celle qui va le rendre heureux.
Il rentre à son tour dans sa chambre où sa femme est déjà couché à l’attendre, elle remarque immédiatement le changement dans l’humeur de son mari et n’en est pas plus que ça étonnée, quoique curieuse de savoir ce qui le rend aussi joyeux.
- Ça fait plaisir de te voir sourire chéri !!
- J’ai croisé « Flo » dans le couloir ! Hi ! Hi !
- Et ??
- Il se baladait tout nu en s’essuyant la tête ! Hi ! Hi !
Pierre se déshabille pour rejoindre Hellènes dans le lit, celle-ci se demande bien ce qu’il peut y avoir de si drôle à ça.
- Au moins nous avons encore une preuve s’il en fallait une, qu’il a radicalement changé !! Rappelle-toi comment était ton fils à la maison ? C’est tout juste s’il se mettait torse nu devant nous !!
- (Pierre) Tu sais chérie ? Je me suis longtemps demandé quel point commun je pouvais avoir avec mon fils, il a tes yeux et beaucoup de mes parents, mais jusque-là je n’avais rien vu qui me ressemble ! Hi ! Hi !
- (Hellènes) Et c’est quoi ?
Pierre baisse rapidement son slip, son sexe aux proportions plus qu’avantageuses se redressant sous l’œil ahuri de sa femme.
- Ça !!! Ton fils est monté comme un âne ! Hi ! Hi ! Je te jure c’est impressionnant !! En plus, gringalet comme il est ! Hi ! Hi !
- Pfff !!! Je reconnais bien là ta fierté masculine !! Tu ne lui as pas posé la question je présume ?
- J’avoue que ce n’était pas le moment non plus !! De toute façon ce serait étonnant qu’il n’ait pas aussi changé radicalement à ce sujet.
C’est à ce moment que le téléphone sonne, interrompant la conversation qu’il sera bien assez tôt de reprendre le moment venu.
Pierre décroche.
- Allô !!
- …………
- Ah !! C’est toi Adrien !! Quoi de neuf aux states ?
- ………..
- J’en connais une qui va être heureuse de l’apprendre !!
- ………
- Il dort dans sa chambre.
- ……..
- Je ne crois pas, non !! Il a changé tu sais !!
- ……..
- Ce serait trop long au téléphone, vous verrez ça par vous-même !!
- ……..
- C’était ce qui m’était venu aussi à l’esprit, mais je t’assure qu’il n’est plus le même depuis l’accident.
- ……..
- Je sais que ça paraît incroyable, pourtant c’est bien le cas !!
- …….
- Je te passe ta sœur, fais la bise à Florence et à Antoine !!
- …….
Pierre tend le combiné à sa femme qui attendait nerveusement en tendant la main depuis déjà un moment.
- Allô, Adrien ??
- ………
- Et bien c’est exactement comme te l’a dit Pierre, il va on ne peut mieux !! Nous avons bien cru le perdre pourtant !!
- ………
***/***
Pierre n’écoute la suite de la conversation que d’une oreille, ses pensées vont vers les réflexions d’Adrien qui semblait plus que sceptique à ses paroles et il comprend bien un tel scepticisme, lui-même n’en étant encore pas véritablement remis.
CHAPITRE 28 (Antoine)
Ce n’est qu’en entendant le clic de fin de la communication, qu’il reporte son regard vers sa femme.
- (Pierre) J’en connais qui vont avoir un coup, j’espère juste qu’Antoine pourra pardonner à son cousin !!
- Il ne voulait pas venir, il y a fallu que j’insiste pour qu’Adrien lui parle et il m’a promis de faire son possible pour qu’il change d’avis.
- Fais-moi penser à affréter le jet de la boite demain pour aller les chercher.
- Non seulement je t’y ferais penser, mais j’irais là-bas pour leur parler !!
- (Pierre) Je me demande si c’est une bonne idée, moins il y aura de monde au courant et plus Florian sera tranquille.
- Je n’avais pas l’intention d’aborder ces choses-là et si quelqu’un doit le faire, c’est à notre fils et à personne d’autres de prendre cette décision !! Je voulais juste les préparer à lui laisser une chance de montrer qu’il n’est plus le même, c’est tout !! Antoine et Florian se sont toujours détestés et ce n’est rien de le dire, j’aurais le temps dans l’avion pour lui parler. Ses deux-là sont la seule famille qu’ils ont et de les voir se réconcilier serait un vrai bonheur pour moi, tu le sais bien en plus.
- Tu pourras aussi bien le faire par téléphone !! Ta journée sera suffisamment chargée.
- Bah !! Tu as peut-être raison, je vais y réfléchir.
***/***
« États-Unis. »
Florence attend que son mari ait raccroché pour lui poser la question qui lui brûle les lèvres.
- Florian s’en est encore bien sorti à ce que j’ai cru comprendre ? C’est quoi cette histoire qu’il ne serait plus le même ? Le coup sur la tête sans doute ?
Adrien reste songeur un moment avant de faire attention aux paroles de sa femme.
- Hum !!! Oui !!! C’est bizarre cette histoire, pourtant Pierre et Hellènes semblent convaincus que c’est bien le cas, je ne les avais plus entendu parler de leur fils avec une telle chaleur dans la voix depuis bien longtemps.
- Encore une combine de sa part pour obtenir ce qu’il veut !!
- Peut-être bien, pourtant autant ma sœur que Pierrot semblaient y croire et tu sais qu’ils ne sont pas nés d’hier quand il s’agit des entourloupes que peut inventer leur salopard de fils !!
- Et pour Antoine ?
- J’ai promis de lui parler pour qu’il vienne avec nous !!
- Tu connais comme moi sa réponse ? Il hait son cousin et je le comprends d’ailleurs !! Le peu de fois où ils se sont vus, ça s’est toujours mal passé pour Antoine. Rappelle-toi la dernière fois comment ça s’est terminé ? Je me suis toujours demandé ce qui a bien pu y avoir entre eux encore ce jour-là.
La mâchoire d’Adrien se serre de colère, il n’est pas prêt lui non plus à oublier ce moment.
***/***
« Retour en arrière, une année plus tôt. »
Antoine se retrouve bloquer devant la porte de sa chambre par son cousin, il avait pourtant fait tout son possible pour l’éviter depuis leur arrivée chez son oncle et sa tante.
- Qu’est-ce que tu me veux encore !!
- Je voudrais qu’on fasse la paix cousin !!
- (Antoine) Encore un de tes coups fourrés ?
- (Florian) Tout de suite les grands mots !!!
- (Antoine) La dernière fois que j’ai voulu faire la paix avec toi, je me suis retrouvé aux urgences !!
- (Florian) Je t’avais juste dit d’en prendre une ligne, pas tout le sachet ! Hi ! Hi !
- (Antoine) Tu ne m’as rien dit du tout !! Juste de sniffer un grand coup !!
- (Florian) Ça pour sniffer un grand coup, tu y es allé de bon cœur !!
- (Antoine) Je vois que ça t’amuse toujours, j’ai failli mourir je te rappelle !!
- (Florian) Bah !! Tu es toujours là cousin alors relax, ça t’aura fait une expérience.
Antoine fixe son cousin, il hésite un temps de l’envoyer paître comme c’était son intention et il se fait prendre encore une fois à sa bouille si craquante, quand comme en ce moment il lui sourit amicalement.
Antoine aime les garçons et son cousin est tout à fait le type de gars qui le fait craquer, ne serait-ce sa brutalité et sa méchanceté légendaire dans la famille, il serait certainement depuis longtemps tombé amoureux de lui.
- Tu vas me faire quoi cette fois ci ?
CHAPITRE 29 (Antoine) (suite)
Florian encore une fois s’amuse comme un fou, il connaît l’effet de ses sourires enjôleurs sur sa tafiole de cousin et cette fois-ci encore, il lui prépare un souvenir de sa visite qu’il ne devrait pas oublier de sitôt.
Bien sûr Antoine ne crie pas sa différence sur tous les toits, mais Florian connaît bien ce regard porté sur lui pour avoir assez cassé de pd avec ses copains en se laissant dragué par ceux qui se laissaient avoir par son physique de beau mec.
- Je t’assure que je n’ai aucune mauvaise intention Antoine !!
Florian le pousse doucement dans la chambre en refermant la porte derrière lui, son regard ne quitte pas celui d’Antoine et il jubile intérieurement de voir qu’une fois de plus son charme fait l’effet escompté, voyant bien les joues soudainement devenues rouges de son cousin.
- Tu as bien changé depuis l’année dernière !!
- Co…co…comment ça ?
- Allons « Tonio » !! Ne me dis pas que tu ne t’en es pas aperçu ?
- Mais enfin…de quoi tu parles ?
- Avant de te le dire, il y a une chose qu’il faut que tu saches sur moi !! Je suis gay et j’ai un copain !!
- (Antoine) Pou…pourquoi tu me dis ça ?
- Parce que je vois bien comment tu me regardes, tu me plais beaucoup et à mon copain aussi, c’est son anniversaire et je voudrais lui faire plaisir en réalisant un de ses fantasmes.
- (Antoine) Mais !!!
Florian lui met sa bouche sur ses lèvres pour le faire taire, il se retient d’éclater de rire en le sentant trembler de tout son corps.
- Chut !! Laisse-moi finir de t’expliquer !! Son fantasme est de faire l’amour avec moi et un autre gars, seulement je n’avais jusque-là pas trouvé celui qui me plairait à moi aussi et quand nous t’avons vu hier, j’ai tout de suite flashé sur toi et mon copain aussi crois-moi !!
Florian le laisse méditer quelques secondes avant de faire celui qui est déçu et lui tourner le dos après lui avoir donné un second baiser sur les lèvres, faisant ensuite mine de quitter la chambre.
- Dommage que ça ne te branche pas cousin !! Nous aurions pu être enfin amis, voire plus !!
Florian profite qu’il tourne le dos à Antoine pour laisser à son visage exprimer tout le dégoût qu’il lui inspire, il fait mine d’hésiter à sortir pour lui laisser le temps de cogiter et ses envies prendre le dessus sur sa raison, car il ne doute pas un instant de l’avoir pris dans ses filets.
- Attend !! Où tu vas là ?
Un sourire cruel illumine le visage du jeune rouquin, son charme encore une fois a servi ses desseins et il reprend rapidement son air malicieux et amical, pensant à la petite pute black aux super nichons qui le suce régulièrement et gratos en plus, depuis quelques mois.
Son sexe se raidit presque immédiatement, satisfait de lui, Florian se retourne pour porter l’estocade à la tarlouze en face de lui et il lui prend rapidement la main pour la plaquer là où il n’y aura plus de doute pour Antoine sur la véracité de ses paroles.
- Tu sens l’effet que tu me fais ?
Antoine s’en mord les lèvres d’excitation, le morceau qu’il palpe est de ceux qu’il n’aurait jamais cru un jour pouvoir tenir en main et sa méfiance disparaît.
Son cerveau n’ayant plus qu’une envie, celle de faire l’amour avec celui qui il doit bien se l’avouer malgré tout, hante ses nuits régulièrement.
Florian lui lâche la main qui continue seule à lui peloter la queue, il sent qu’il va très vite débander et prend un air mutin en s’éloignant d’Antoine.
- Tu viens alors ?
- Maintenant ?
- Tu m’as trop excité pour que j’aie la patience d’attendre et mon copain est seul chez lui, alors autant se faire plaisir dès ce soir. En plus comme ça, nous pourrons remettre ça avant que tu ne retournes chez toi, qu’est-ce que tu en penses ?
Antoine bande à mort, malgré tout il trouve que tout va un peu vite.
- Je ne sais pas !! C’est un peu trop rapide pour moi !!
- Pourquoi t’es toujours puceau ?
Florian le voit rougir encore plus en baissant les yeux, il comprend alors qu’il a vu juste et n’en est que plus pressé de ce qu’il va lui faire subir et qui va le faire réfléchir longtemps avant de vouloir à nouveau se taper un mec.
- C’est encore mieux tu sais !! C’est un vrai cadeau que tu nous fais et tu vas t’éclater avec nous deux, mon pote est aussi bien monté que moi alors ce ne sera que du bonheur.
- Vous irez doucement ?
- Bien sûr quelle question ? Alors… on y va ?
Antoine redresse la tête, son cousin lui sourit et il sait qu’il en a trop envie pour lui refuser quoi que ce soit, même s’il aurait sans doute préféré n’être que seul avec lui pour sa première fois.
CHAPITRE 30 (Antoine) (fin)
« Une heure plus tard. »
Les deux cousins sortent du métro, ils continuent à pied jusqu’à un carrefour où Florian lui fait signe d’attendre et passe un appel en s’éloignant de quelques mètres pour ne pas être entendu d’Antoine.
- …….
- C’est moi !! Tout est prêt ?
- …….
- Tu les fais payer d’avance !! Cinq cent euros chacun !!
- ………
- Je sais mais tu leur diras que c’est un puceau de tout juste dix-huit ans, ça vaut bien ça et en plus il est plutôt bien foutu !!
- ……..
- Tu as tout ce qu’il faut sinon ?
- …..
- Pense à bien mélanger qu’il ne se doute de rien !!
- ……
- Bon !! Tu empoches le fric et surtout pas de bruits tant qu’il n’est pas prêt !! Nous serons là d’ici cinq minutes !!
- ……
Florian raccroche en souriant, ses clients vont encore une fois être satisfaits de sa recrue et cette fois ce ne sera pas un jeune hétéro ramassé dans la rue qu’ils vont avoir à se mettre sous les dents, mais un vrai pd en herbe qui va connaître une première fois inoubliable.
Il fait signe à son cousin de le rejoindre et une fois celui-ci près de lui.
- Il nous attend !! Il est un peu nerveux mais c’est normal, ça va toi ?
- (Antoine) Tu es sûr que tu ne veux pas qu’on ne soit que tous les deux ?
Florian sent bien qu’il est prêt à faire marche arrière, le deal est déjà trop engagé pour qu’il n’aille pas jusqu’au bout, aussi il prend son cousin par la taille.
- Si tu veux on pourra commencer que tous les deux ? Mon petit copain nous rejoindra après !! Ça te va comme ça ?
Antoine sourit.
- Merci Florian !!
- Bah !! Je te comprends !! Et puis si tu veux tout savoir, j’en ai envie moi aussi !!
- Vrai ??
- Si je te le dis, je regrette d’avoir été aussi salaud avec toi Antoine !! Je réalise maintenant ce que nous aurions pu vivre ensemble, nous rattraperons le temps perdu je te le promets.
- Je l’espère bien !!
- Allez, viens !! J’ai trop envie de toi ne perdons pas plus de temps, je sens bien que la soirée va être super chaude ! Hi ! Hi !
Quelques centaines de mètres plus loin, les deux cousins s’arrêtent devant le porche d’une maison et Florian actionne la sonnette en ouvrant la porte, faisant passer Antoine en premier.
Un garçon d’une vingtaine d’année apparaît dans l’entrée le sourire accueillant aux lèvres, Antoine apprécie aussitôt le physique agréable du copain de Florian et il respire enfin plus librement, le garçon entrant parfaitement dans ses tripes sexuelles.
Les présentations sont vite faites, leur hôte leur montrant le chemin jusqu’à un salon où il les prie de s’asseoir et Antoine ne voit rien venir, pas même le fait que Florian et son amant ne se soient pas embrassés en se voyant, ne lui met la puce à l’oreille que peut être tout n’est pas aussi sincère qu’il y paraît.
La boisson fraiche offerte qu’il avale d’un trait lui laisse quand même un petit arrière-goût, mais il n’y prête pas vraiment attention tellement l’envie de ce moment intime qu’il va partager avec son cousin l’excite.
Tout devient flou d’un coup, il commence à planer et ne voit que comme une ombre les silhouettes qui s’approchent vers lui, elles le soulèvent pour l’amener dans une pièce spécialement aménager où il est mis rapidement nu et où il se retrouve attaché dans une position qui ne prête à aucune confusion quand à ce pourquoi il est là.
Florian et son copain assistent quelques minutes en regardant d’un œil blazer les quatre hommes d’un certain âge pour ne pas dire d’un âge certain, qui s’excitent devant la plasticité du jeune puceau en lui donnant des caresses de plus en plus ciblées.
- Tu as le pognon ?
- Oui !! Tiens !! Voilà ta part !!
- Merci !!
- Où tu l’as trouvé celui-là ?
- Chez moi ! Hi ! Hi ! C’est mon cousin !!
- T’es con ou quoi ?? On avait dit que des mecs qui ne nous connaissent pas !!
- C’est qu’un sale pd !! Il n’aura que ce qu’il voulait après tout !!
Florian regarde l’homme grisonnant s’approcher d’Antoine le sexe bandé, un sourire mauvais aux lèvres quand la hampe du gars entre d’un coup dans le cul d’Antoine qui s’arque sous la douleur malgré la drogue.
- Chochotte en plus !! Tu voulais de la queue cousin, te voilà servi !!
Il s’apprête à sortir, ne tenant pas plus que ça à assister au spectacle et s’arrête devant la porte pour une dernière recommandation à ses clients.
- Faites-le durer celui-là, au prix qu’il vous coûte et ne l’abimez pas trop ! Hi ! Hi !
***/***
« Retour au présent. »
Florence voit bien les poings serrés de son mari, le souvenir de son fils rentrant en pleurs chez son oncle dans un état qu’elle non plus ne pourra jamais oublier.
Antoine n’a jamais voulu raconter ce qui lui était arrivé, mais ils ont tous compris qu’il venait de vivre l’expérience la plus pénible de sa vie et surtout qu’une fois encore son cousin en était l’instigateur, n’ayant rien d’autre à leur dire quand il est enfin rentré tard le lendemain.
- La tafiole a pris son pied on dirait !!
CHAPITRE 31 (Le don)
« Paris chez les De Bierne, le matin tôt. »
Mes parents sont déjà installés dans la cuisine devant leurs petits-déjeuners quand j’arrive à mon tour, moitié au radar pour ne pas changer et malgré que j’aie encore la tête dans le cul, je vois bien leurs sourires amusés posés sur moi.
- Un café ou je tombe raide ! Hi ! Hi !
- (Pierre) Bonjour fiston !!
- Oups !!
Je viens m’asseoir sur ses genoux en calant ma tête dans son cou.
- B’jour p’pa !!
Hellènes sourit devant la scène pour le moins inhabituelle, le câlin que son fils donne à son mari mettant celui-ci dans un état d’émotion qui ne lui échappe pas et une larme de bonheur s’écoule lentement de son œil sur sa joue, ne croyant plus connaître un jour un instant semblable.
- Tu n’oublies pas quelqu’un mon chéri ?
Elle voit son fils lui faire un gros clin d’œil, embrasser son père sur la joue et venir vers elle pour la prendre dans ses bras en l’embrassant à son tour.
- B’jour m’man !!
Je la pousse doucement jusqu’à son siège, sentant bien combien ce moment de tendresse la trouble et c’est seulement à cet instant que je me souviens qu’ils ne devaient pas en avoir l’habitude avec l’ancien Florian.
Je la fais s’asseoir pour prendre une petite place sur ses genoux, la tasse fumante sous mon nez est trop tentante pour que j’y résiste et j’avale goulûment une gorgée brûlante qui me surprend, me faisant recracher une partie du breuvage.
- C’est chaud !!
- Fais donc attention !!
Je sens une main douce caresser mes cheveux, tentant vainement de les discipliner et je relève la tête pour lui embrasser la joue à son tour, trouvant le goût de ses larmes salées.
- Quelque chose ne va pas ?
- (Hellènes) Non mon chéri, bien au contraire !! Tu veux des tartines ?
- Avec de la confiture de figues comme chez mamie ?
Ma mère éclate en sanglot, le trop plein d’émotion ayant eu encore cette fois raison d’elle.
- Oui mon chéri, comme chez ta grand-mère.
Je capte les yeux brillants de mon père braqués sur moi.
- Hé !! Tu ne vas pas t’y mettre aussi p’pa ??
- (Pierre) Laisse nous profiter du bonheur que tu nous donnes fiston, nous n’y étions pas habitués tu sais !!
Je tapote ma tête en souriant.
- Il est parti celui-là !! Du peu que j’en ai appris, personne ne va le regretter !!
Je leur laisse le temps de se remettre de leurs émotions avant de reprendre la parole.
- C’est ce matin que nous avons rendez-vous avec le juge ?
- (Pierre) Nous devons être au tribunal pour dix heures.
- Tu crois qu’ils vont me mettre en prison pour ce que j’ai fait ?
- (Pierre) D’après mes conseillers juridiques, le risque reste là même s’il est minime. N’oublions pas que tu es encore mineur et qu’au regard de la loi, c’est moi qui suis responsable de tes actes.
- Ce que j’ai fait est si grave que ça ?
- (Pierre) C’est surtout que ce n’est pas et de loin la première fois !! Et le dernier coup vous avez fait fort !! N’oublie pas le chauffeur de la camionnette !! Il lui restera des séquelles très importantes d’après mes sources.
- Pourquoi ? S’il n’avait rien eu ce ne serait pas pareil ?
- (Pierre) Bien sûr que non !! Cet homme a failli se tuer par ta faute et il restera handicapé toute sa vie, le juge ne te pardonnera jamais ça.
- Et s’il allait mieux ?
- (Pierre) Nous pourrions envisager alors une autre défense, mais hélas ce n’est pas le cas !!
Une idée me vient soudainement, la seule raison pour que je ne l’exprime pas à haute voix et que je n’ai toujours pas l’assurance que le « don » de mon « rêve » soit une réalité ici.
Je prends le couteau sur la table avant que personne n’ait le temps de réagir et je m’entaille la paume de la main en grimaçant de douleur.
- Pas de panique surtout, je vérifie juste un truc !!
- (Pierre) Mais enfin !! Tu deviens fou ou quoi ?
- Ce n’est qu’une petite entaille p’pa !! Tiens regarde ? Elle se referme déjà !!
Trois paires d’yeux fixent ma paume, la coupure disparaît petit à petit pour ne plus laisser que les traces de sang que j’essuie avec la serviette et un peu de salive, ne laissant plus apparaître que l’intérieur de ma main intacte.
- Bon !! L’expérience est concluante !! Qu’est-ce qu’on attend maintenant ?
- (Pierre) Mais enfin de quoi tu parles ?
- D’aller faire un saut vite fait à l’hôpital pardi !! Je suis certain que cet homme ira beaucoup mieux après ça ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 32 (Le don) (fin)
- (Pierre) Ce que tu viens de faire là !!! Comment tu l’expliques ?? Ça n’avait rien à voir avec ta salive il me semble ?? Et que veux-tu faire à cet homme ??
- Mon corps se répare tout seul, je sais que ça peut paraître extraordinaire mais c’est comme ça et je ne sais pas l’expliquer plus que vous !!
- Pourtant il a fallu trois mois pour guérir tes fractures ?
- Ce n’était pas encore moi, quand je me suis réveillé il y avait encore des attelles sur ma jambe et elle me faisait toujours souffrir, je me suis ensuite trouvé beaucoup mieux et très vite en plus, certainement que mon « don » avait agi entre temps.
- (Pierre) Je préfère ne plus penser que tu puisses faire des choses pareilles, ce serait bien si tu évitais d’utiliser cette …particularité… devant ta mère et moi.
- Je vous comprends !! Je suis dans le même état d’esprit que vous, comment un rêve peut-il devenir réalité ? Quand j’aurai répondu à cette question, je pense que j’aurai toutes les réponses aux autres. En attendant il faudrait peut-être qu’on se dépêche pour aller à la Salpetrière avant le rendez-vous avec le juge.
- (Pierre) Pourquoi veux-tu donc rendre à tout prix visite à cet homme ?
- Tu l’as dit toi-même p’pa !! S’il va mieux, le juge sera moins intransigeant !! Et comme je peux faire en sorte qu’il s’en sorte, autant mettre toutes les chances de notre côté et puis je ne veux pas que quelqu’un souffre par ma faute, même si ce n’était pas vraiment moi.
***/***
« Hôpital Salpetrière, une heure plus tard »
Bip……Bip…..Bip….Bip…Bip...Bip...Bip...Bip...Bip...Bip…Bip…Bip…
L’infirmière de permanence court nerveusement vers la chambre où le patient semble avoir un gros problème, l’alarme de la machine s’est déclenchée automatiquement quand les constantes du blessé sont passées sous le seuil d’alerte.
Elle ne fait pas attention aux deux hommes la croisant dans le couloir en qui se dirigeant vers la sortie, si ça avait été le cas elle aurait sûrement eu un choc en reconnaissant le jeune rouquin qui est sorti depuis peu accompagné de son père.
Elle entre dans la chambre où le patient s’agite nerveusement et va directement vers les appareils pour constater avec soulagement que tout semble être rentré dans l’ordre, sans doute est-ce son état de nervosité qui a occasionné ce pic du rythme cardiaque qui avait déclenché l’alarme.
- Mademoiselle !! Où suis-je ?
L’infirmière se retourne brusquement, surprise de l’entendre lui parler alors qu’il était censé être en endormissement médicalisé pour l’aider à passer sans douleur les quelques mois à subir ces nombreuses opérations réparatrices.
- Vous êtes dans un hôpital monsieur, vous avez été victime d’un très grave accident !!
Vous vous souvenez de quelque chose ?
- Une voiture blanche qui m’a percuté, c’est tout !!
- C’est déjà une bonne chose, ça prouve que votre mémoire est intacte !! Comment vous sentez vous ?
- Très bien, pourquoi ?
L’infirmière s’approche de lui pour l’ausculter brièvement, étonnée par sa réponse.
- Voyons voir ça !!! Je vais vous changer vos pansements et en profiter pour vous faire une toilette, je pense que ce ne sera pas du luxe.
L’homme sourit en acquiesçant de la tête, il la regarde sortir de la chambre en appréciant sa silhouette fine.
- Je ferais bien autre chose avec vous ma petite dame ! Hi ! Hi !
Un redressement caractéristique au niveau de son bas ventre, le met en panique d’être vu dans cet état et il s’évertue en attendant son retour à retrouver un minimum de décence, il pousse un gros ouf de soulagement en constatant au moment où elle revient de nouveau dans la chambre que tout est rentré dans l’ordre.
- Le chirurgien qui s’est occupé de vous ne va pas tarder à venir vous visiter !! Je l’ai prévenu de votre réveil, voyons voir ces cicatrices !! Si je vous fais mal dites-le, je vais faire le plus doucement possible.
L’infirmière repousse le drap recouvrant son corps, elle commence ensuite à découper avec précaution les premiers bandages autour de sa cuisse droite et nettoie les croûtes collées à la peau, découvrant avec surprise un épiderme en parfaite santé là où elle s’attendait à voir la cicatrice de l’opération.
- Mon dieu !! Comment est-ce possible ?
CHAPITRE 33 (En route vers le tribunal)
« Dans la voiture. »
- (Pierre) Tu ne crois pas qu’ils se poseront des questions ?
- Tu avais une meilleure solution avec des délais aussi brefs ?
- (Pierre) Non bien sûr !!
- Encore un miracle inexpliqué ! Hi ! Hi ! Si le gars est croyant ça va le faire !!
- (Pierre) Tu te rends compte de toutes ces choses qui nous arrivent depuis ta sortie du coma ? Je serais sain d’esprit, j’irais tout de suite consulter un psy !!
- Mais tu es sain d’esprit p’pa !! Juste que comme moi tu ne sais pas trouver une explication rationnelle à ce qu’il m’arrive.
- (Pierre) Peut être qu’après ces deux mois que tu vas passer avec le docteur Espinach ?
- Hum !! Ce serait étonnant !! La seule conclusion qu’il n’a jamais eu sur mon cas, c’est que j’étais un extraterrestre !! Tu imagines ??
Je tends mon doigt vers le pare-brise, en le dirigeant vers le ciel.
- E.T. !! Maison !! Hi ! Hi ! C’est ce que disait Damien en parlant de moi !!
- (Pierre) Damien ?? C’est qui celui-là ??
- Mon meilleur ami.
Je vois bien le froncement des sourcils de mon père, aussi je m’empresse de préciser.
- Pas ici bien sûr !!
- (Pierre) Ah !!!
- J’espère qu’ici aussi il le sera un jour aussi tu sais et d’ailleurs pourquoi pas, puisqu’il l’a été là d’où je viens !!
- (Pierre) C’est tout ce que je te souhaite fiston !! Même si une fois encore, je trouve cette situation complètement folle.
- C’est comme si mon âme était éparpillée et que ma conscience sautait d’une à l’autre à l’occasion d’un choc émotionnel, à moins qu’elle ne remplace ou s’amalgame à un autre moi quand il meurt ? Une sorte de regroupement ou un truc dans le genre !!
- (Pierre) Il faudra que tu en parles avec le psychiatre !! A moins que tu l’aies déjà fait ?
- Je ne me rappelle pas, non !! Je viens juste d’avoir ce flash, c’est la première fois que je pense à cette possibilité ! Hi ! Hi ! Reconnais qu’elle en vaut bien une autre au stade où j’en suis à me poser des questions pour expliquer l’inexplicable.
- (Pierre) En attendant reste prudent fiston !! Des personnes mal intentionnées qui découvriraient ton secret pourraient te créer de graves problèmes.
- Je vais essayer p’pa !! Mais ce n’est pas facile tu sais ? C’est comme se priver d’un sens !! Mais toi au fait ??
- (Pierre) Oui, quoi ?
- Tu me considères bien comme ton fils pas vrai ?
- (Pierre) Bien sûr !! Quelle question !! C’est bien ce que tu es ?
- Pour moi il n’y a pas de doute, mais je comprendrais que tu te poses la question !! Après tout même si le corps est bien celui de ton fils, ce qu’il y a dans ma tête vient d’ailleurs !! D’un ailleurs où j’étais également ton fils certes, mais ce doit être aussi troublant pour toi que pour moi ?
- (Pierre) C’est certain que ça l’est !! Mais aussi bizarrement que cela puisse paraître, je n’ai aucun doute sur le fait que c’est bien à mon Florian que je parle en ce moment et je n’ai jamais été aussi proche de toi depuis ta naissance.
- C’est gentil !!
- (Pierre) Sincère surtout !! Je n’ai jamais été aussi heureux que depuis ces quelques jours, je t’aime Florian !! Je t’aime comme jamais je ne t’ai aimé !!
- Moi je ne peux pas en dire autant tu sais ?
Pierre tourne un instant la tête vers son fils, son visage marquant le trouble de à ces dernières paroles.
- Comment ça ??
- Oh !! Ne le prends pas mal p’pa !! C’est juste que je t’ai toujours aimé aussi fort, même dans mon rêve où je ne t’ai connu que par les récits de mes grands-parents ainsi que ceux de tes amis les plus proches.
Pierre sourit, visiblement rassuré.
- Franck ?
- Tonton « Francky » oui, mais aussi Ming ton pote de faculté et ne me dis pas qu’il n’existe pas ici parce qu’il fait partie de ceux que j’ai déjà pu apprécier deux fois.
Pierre éclate de rire à en avoir les larmes aux yeux.
- Hi ! Hi ! Hi !
- Et bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?
- Rien ! Hi ! Hi ! Juste que j’imagine la tête de Franck quand il va t’entendre l’appeler « tonton Francky » ! Hi ! Hi ! Fais-moi une promesse « Flo » ? Attends que je sois présent pour le faire ! Hi ! Hi ! Non sérieux !! Je ne veux pas rater ça !!
CHAPITRE 34 (En route vers le tribunal) (fin)
- C’est si comique que ça ?
Pierre retrouve son sérieux, sa voix redevient plus grave quand il répond à son fils.
- Ça le changera des noms d’oiseaux que tu utilisais les rares fois où il acceptait nos invitations quand il te savait à la maison !!
- Oh !! Je comprends !! Désolé !!
- (Pierre) Désolé de quoi ? Ce n’était pas toi ??
- Plus j’en apprends sur moi… enfin plutôt sur lui, plus je me rends compte combien ça devait être difficile de partager m… « sa » vie !!
- (Pierre) Tu ne vas peut-être pas me croire, mais je commence à l’oublier.
- Tu crois que tonton « Francky » me pardonnera ?
- (Pierre) Nous l’avons bien fait pas vrai ?
- Il faudra lui dire la vérité alors ?
- (Pierre) Ce sera à toi de juger si tu lui fais assez confiance.
- Il a toujours été là pour moi tu sais ?
- (Pierre) Pour moi aussi, c’est le meilleur ami que j’ai et si l’entreprise est aussi florissante, c’est aussi grâce à son travail.
- Et Ming alors ?
- (Pierre) Tu as raison « Flo », Ming est aussi le meilleur ami que j’ai !! Disons qu’ils le sont tous les deux !!
- Tu savais qu’il t’aimait ?
Pierre hésite avant de répondre.
- Même de ça tu es au courant !! Comment ?
- C’est lui qui me l’a dit !!
- (Pierre) Ah !!!
- Et toi ?
- (Pierre) Je te l’ai dit Florian, c’est mon meilleur ami !! Rien de plus !! Nous étions toujours ensemble à une époque où il était loin de son pays, il se cherchait tu comprends ? Mais comment se fait-il qu’il t’ait parlé de ça à toi ?
- C’est compliqué !! Si je te le dis, je serais aussi obligé de te révéler des choses sur moi qu’il ne te plaira peut-être pas d’entendre.
- (Pierre) Ce serait étonnant venant de toi que ce soit si grave, pas pire que ce que j’ai connu avant en tout cas !!
J’hésite à lui révéler ma différence même si je me doute bien que si Ming est resté son ami en sachant qu’il était amoureux de lui, c’est que mon père n’est pas homophobe.
- Heu !! En fait, c’est à cause de « Yu » … et de… moi !! Quand Ming a su que nous étions… amant !!
Le coup de frein brutal qui suit mes paroles m’enfonce la ceinture de sécurité dans la poitrine.
- Aïeee !!
***/***
Pierre se gare le long du trottoir, il coupe le contact et son regard se fige dans celui de son fils, montrant l’effarement de ce qu’il vient d’apprendre.
***/***
Je sens ma gorge s’assécher.
- Tu m’en veux de t’avoir dit que j’étais gay ?
- Tu…Toi et Yuan ??
Un nouvel éclat de rire lui noue l’estomac, encore plus fort que celui qu’il avait eu juste avant.
- Là pas de doute ! Hi ! Hi ! Je suis certain cette fois, si j’avais eu encore un doute que tu ne nous mène pas encore en bateau ! Hi ! Hi !
- Je ne vois pas ce qu’il y a de si drôle !!
- Toi mon fils !!! Gay !!! Et en plus amant avec « Yuan » !!! Celui que tu traites de lépreux à la moindre occasion !!
- Je te rappelle que celui dont tu parles, ce n’est pas moi !! Enfin disons plutôt que ce ne l’est plus !!
- (Pierre) Mais tu es à l’opposé en tout de ce que tu étais avant !!
- Et c’est d’apprendre que tu as maintenant un fils homo qui te fait rire à ce point ?
- (Pierre) Mais je m’en fous que tu sois hétéro ou homo !! Ce qui me fait rire n’a rien à voir avec ça !!
- C’est quoi alors ?
- (Pierre) Mais tu ne comprends donc pas ?? Depuis tout à l’heure tu ne me parles que de personnes que tu aimes alors que c’étaient ceux-là même que tu détestais le plus !!
- Et ça te fais rire ??
- (Pierre) Mais bien sûr que ça me fait rire !! De surprise au début et ensuite de joie, surtout de joie !! J’avais un fils complètement dépourvu de sentiments qui haïssait tout le monde et me voilà avec un fils qui fait des câlins à ses parents, qui donne des petits surnoms à ses amis et qui… aime !! Tiens d’ailleurs j’y pense, tu sais que tu as un cousin ?
- « Toinou » ?
Pierre les yeux brillants.
- Qu’est-ce que je disais ! Hi ! Hi ! Excuse-moi mais je suis trop content ! Hi ! Hi ! « Toinou » ! Hi ! Hi ! Faut qu’Adrien et Florence entendent ça !! Sur le cul qu’ils vont être ! Hi ! Hi ! Ah, mon fils !! Je t’aime !!
CHAPITRE 35 (Tribunal)
Mon cœur bat plus fort, je n’avais jamais vu mon père aussi joyeux et pour cause puisque dans mes souvenirs il était toujours triste de me voir clouer par la maladie et les faibles sourires que je recevais de lui, n’avaient rien de commun avec celui éclatant que je lui vois en ce moment.
Je l’enlace avec nervosité, les yeux embués d’une joie qui m’ôte toute possibilité de prononcer la moindre parole et nous restons un long moment enlacé, nos corps pris dans les soubresauts d’une émotion bien trop grande à contenir.
Quelques longues minutes passent encore avant que nous nous détachions l’un de l’autre et que nous nous essuyons les yeux, souriant malgré tout de ce moment très fort.
***/***
Pierre remet le contact pour reprendre la route, il regarde l’horloge sur le tableau de bord en soupirant.
- Comme le temps passe !! Il n’y a plus un instant à perdre si nous voulons être à l’heure pour la convocation du tribunal.
- Tu crois qu’ils auront déjà reçus des nouvelles de l’autre conducteur ?
- (Pierre) Ce serait étonnant, il faudra juste que je demande à mes avocats d’en parler et ils trouveront bien l’excuse pour le faire pendant l’interrogatoire.
- Je devrai dire quoi si le juge m’interroge ?
- (Pierre) La vérité !! Que tu ne te rappelles de rien !! Nous allons nous servir de ton amnésie pour tenter d’obtenir un non-lieu.
- Tu crois que ça va marcher ?
- (Pierre) D’après ceux qui ont étudié ton dossier, il y aurait eu jurisprudence sur des cas similaires et le dossier médical actuellement dans les mains du juge conforte le fait que tu ne te rappelles plus de rien, d’ailleurs le médecin qui t’a suivi sera convoqué à la barre comme ceux des personnels soignants qui ont pu le constater.
- J’ai déjà eu à faire à ce juge ?
- (Pierre) Houlà oui !!! A peu près deux fois par an si je ne m’abuse !!
- Hum !!
- (Pierre) Je me doute à quoi tu penses !! Mais je t’assure qu’il est honnête, tout autant que rigoureux de la loi et si notre défense démontre le bien-fondé du non-lieu, il le prononcera comme il l’a déjà fait à maintes reprises et ce sans ressasser le passé.
- Eh bien, nous avons de la chance alors !!
***/***
« Salle du tribunal »
- Affaire De Bierne !! Vol avec effraction !! Tentative de fuite !! Conduite hors des limites des vitesses autorisées occasionnant un accident de la route et mettant le conducteur du véhicule heurté dans un état tel qu’à l’heure actuelle les médecins ne peuvent encore se prononcer sur l’importance des séquelles qu’il gardera sa vie durant. Que plaide la défense ?
L’avocat se lève pour se rendre à la barre, quand une voix encore juvénile mais ferme le devance.
- Coupable !!
L’intervention du jeune rouquin se tenant debout en fixant le juge dans les yeux, interpelle l’ensemble des personnes présentes dans la salle du tribunal.
Le juge surpris fait un signe de la main pour qu’il approche et reste un instant médusé devant l’assurance du jeune homme, dépourvu toutefois de l’arrogance habituelle qu’il ne lui connaissait jusqu’alors que trop bien.
- Pouvez-vous répéter jeune homme ?
L’avocat s’interpose entre son client et le juge.
- Je représente l’accusé qui est mineur monsieur le juge, ses paroles ne peuvent être prises en compte.
Le juge agacé.
- Je l’entends bien, maître !! Mais j’aimerais quand même l’entendre.
- Je plaide coupable !! Personne ne peut nier que j’étais bien le conducteur du véhicule incriminé, que je n’en ai plus le moindre souvenir ne changera rien à ce fait indéniable en soit et même si je suis horrifié par ce que j’ai appris depuis lors sur ma conduite de ces dernières années, je mérite certainement la sentence qui sera prononcé quelle qu’elle soit.
L’avocat n’a pas le temps de formuler sa nouvelle requête, que le jeune rouquin capte son regard en souriant et lui ôte toute velléité à répliquer.
Le juge lui aussi semble troublé, il ne reconnaît pas là le Florian De Bierne insolent, irrespectueux et effronté qu’il avait déjà eu maintes fois l’occasion de juger.
CHAPITRE 36 (Tribunal) (fin)
« Un coup de maillet sur le bureau. »
- J’ai besoin de m’entretenir avec ce jeune homme !! Je prononce donc une interruption de séance d’une demi-heure !!
« Second coup de maillet sur le bureau. »
Le juge parle à l’oreille de l’avocat qui va rejoindre le banc des accusés pour s’adresser à Pierre De Bierne et à ses homologues restés près de lui.
- Le juge semble perturbé par l’intervention de votre fils, il demande à ce que vous le rejoigniez avec Florian dans son bureau pour avoir une discussion en tête à tête !!
- (Pierre) Ce n’est pas très protocolaire ?? Que me conseillez-vous ?
- (L’avocat) C’est à vous de prendre cette décision monsieur, tout ce qu’il se dira ne pourra entrer en ligne de compte lors de la reprise des débats !! Juste que cela jouera très certainement sur la décision finale, je ne saurai que vous conseillez de rester dans la ligne de défense que nous avons mise au point.
- (Pierre) De toute façon c’est l’exacte vérité, non ? Profitez de cette interruption de séance pour prendre des nouvelles du conducteur de la camionnette !!
« Une demi-heure plus tard, reprise de la séance. »
Le silence se fait au retour du juge qui ne quitte pas des yeux la silhouette frêle du jeune garçon, quand celui-ci se rassoit à son tour sur sa chaise près de son père.
Les débats reprennent donc, accusation et défense amenant chacun ces argumentaires, pour faire fléchir la décision finale.
Le juge semble absent, ses yeux toujours rivés dans ceux de Florian qui maintient son regard avec une gentillesse et une douceur perturbante pour cet homme qui à l’énoncé de son nom lors de la préparation de séance, avait pris la décision de ne pas s’en laisser compter cette fois encore et de prononcer une sentence qui mettra pour de longues années ce jeune délinquant notoire dans l’impossibilité de nuire davantage à son prochain.
Une fois les divers témoins entendus, le silence revient dans la salle et le juge se force à détacher enfin ses yeux de ceux du petit rouquin, non sans au préalable lui envoyer un sourire rassurant qui amène immédiatement les larmes sur le visage du jeune homme.
L’envie de se lever pour le prendre dans ses bras est si fort que le juge se retrouve soudainement debout, il se reprend juste à temps et fait visiblement un gros effort de volonté pour revenir à sa fonction première.
Le temps étant pour lui de prendre sa décision, il ne s’est pas encore rendu compte qu’elle puisse être déjà prise bien avant son retour sur l’estrade.
- Assoyez-vous, je vous prie !!
Il attend quelques instants que chacun soit à sa place et que le silence se fasse, frappant une nouvelle fois de son maillet pour officialiser la sentence.
- Après avoir pris connaissance des accusations portées contre l’accusé, celui-ci est reconnu coupable des charges portées contre lui !!
Un brouhaha de voix l’empêche de poursuivre, il observe ceux qui semblent satisfaits et ceux proches de Florian qui restent hébétés par la décision qui vient de tomber.
Un nouveau coup de maillet pour exiger le silence.
- Silence s’il vous plait !!! Je disais donc que l’accusé est reconnu coupable des trois chefs d’accusations portées contre lui !! Il y a toutefois les circonstances atténuantes qu’attestent les rapports médicaux, comme l’amnésie du prévenu qui semblerait n’avoir plus aucun souvenir de ses mauvaises actions passées. J’ai pu moi-même constaté pour hélas bien l’avoir connu, qu’un changement radical s’est produit dans la façon d’être du jeune De Bierne et les dépositions reçus pendant les divers interrogatoires de témoins, corroborent mon impression. De plus !! Les dernières informations sur l’état de la victime étant des plus encourageantes sur une guérison « miraculeuse » aux dires d’experts !! J’ai décidé de mettre jusqu’à ses dix-huit ans passés d’un semestre le jeune Florian De Bierne sous tutelle d’un juge pour mineur qui devra le suivre chaque trimestre avec l’aide d’un expert psychiatre pour définir si le changement apparent de comportement du susdit nommé peut être acté dans la durée, faute de quoi ou en cas de récidive, il purgera une peine de trois ans de prison ferme sans possibilité de recours !!
CHAPITRE 37 (Mes amis sont mes ennemis et mes ennemis mes amis ?)
***/***
« Sortie du tribunal. »
Pierre sert la main de ses avocats avant de rejoindre sa voiture avec son fils, le verdict en demi-teinte est quand même satisfaisant rien que déjà par le fait que Florian en soit sorti libre.
Ce n’est qu’une fois en route pour retourner à la maison, que Pierre reprend la parole devant le mutisme de son fils.
- Quelque chose ne va pas Florian ?
- Non, rien !!
- (Pierre) Tu peux tout me dire tu sais ? Je vois bien que quelque chose te préoccupe !!
- Ça va être comme ça à chaque fois tu crois ?
- (Pierre) Explique-toi ?
- Dans mes souvenirs, je n’avais quasiment que des amis et ici j’ai l’impression de n’avoir en face de moi que des gens qui me détestent !!
- (Pierre) J’ai bien peur qu’il te faille les reconquérir un par un, l’amitié n’était pas vraiment le souci principal du Florian d’avant l’accident.
- De ce que j’en sais maintenant, c’était plutôt l’art de se faire des ennemis qui prédominait chez lui !! Comment peut-on vivre de la sorte en cherchant toujours à faire le mal ?
- (Pierre) Tu as eu un grave traumatisme étant bébé suite à l’accident et tous les spécialistes chez qui nous t’avons emmené quand tu as commencé à devenir « difficile », pensaient également que ça venait de là.
- Faudra éviter que je prenne un nouveau coup sur le crâne alors ! Hi ! Hi ! Clac !! Méchant !! Clac !! Gentil !!
- (Pierre) Vu comme c’est parti, évite comme la peste ceux que se diront amis avec toi !! Je doute qu’au final tu t’entendes réellement avec eux.
- J’avais bien compris t’inquiète !!
- (Pierre) Hi ! Hi !
Je tourne la tête vers mon père, surpris de l’entendre rire tout seul.
- Je ne vois pas le comique dans tout ça ?
Pierre tourne la tête à son tour un bref instant pour croiser le regard de son fils.
- Je repensais à Yuan ! Hi ! Hi ! Tu étais vraiment avec lui ?
- Dans la vie que je me rappelle c’était un de mes seuls amis avec Antoine et Damien, mais ça a aussi été un de mes chéris, oui !! Du moins dans ce que je prenais jusque-là pour un rêve.
Un nouveau coup de frein brutal, me colle une nouvelle fois la poitrine contre la ceinture de sécurité.
- Aïeee !! C’est une manie ou quoi ?
Comme à l’aller quand il m’emmenait au tribunal, mon père se gare pour me fixer ensuite avec le visage marquant une telle surprise que je ne peux m’empêcher de sourire à mon tour.
- Et bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit encore !! Il va falloir éviter de se parler en voiture, sinon on va finir par se faire rentrer dedans ! Hi ! Hi !
- (Pierre) Un de tes chéris ?? Il y en avait d’autres ?? En même temps ??
- C’est compliqué à expliquer tu sais p’pa !! Je pensais que c’était un rêve et tu le sais aussi bien que moi que dans un rêve tous les fantasmes sont permis !! Seulement voilà !! Maintenant que je réalise que c’était sans doute une autre réalité, ça change tout et j’en suis tout autant étonné que toi, même si j’en ai un merveilleux souvenir et que je ne regrette rien !!
- (Pierre) Moi qui pensais en avoir suffisamment entendu pour ne plus être étonné !!
- C’est sans doute parce que j’étais cloué sur mon lit, une sorte de compensation tu comprends ?
- (Pierre) Tu étais conscient de vivre tes deux expériences en même temps alors ?
- Bah non, justement !!
- (Pierre) Je connais peut-être tes autres amoureux ?
La question de mon père me met dans un état de nervosité qu’il ne manque pas de remarquer, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? C’est donc d’une voix pleine d’espoir que je lui réponds.
- Il y avait deux garçons qui habitaient près de chez mamy, Thomas et Éric !!
- (Pierre) Il faudra que tu demandes à tes grands-parents alors !! Parce qu’à moi ça ne me dit rien du tout.
- Raphaël et Antonin ? Ça te parle ?
- (Pierre) Je crains bien que non !! Wouff !! Cinq ? Rien que ça ? Mon fils est un tombeur alors ? Mais dis-moi « Flo » ? Ce ne serait pas le même Thomas que celui qui t’a fait crier son nom quand on est sorti de l’hôpital ?
Mes yeux commencent à laisser couler mes larmes.
- (Pierre) Hum !! Quelque chose me dit que ce Thomas comptait beaucoup plus que les autres, je me trompe ?
J’ai du mal à répondre tant le fait de penser à mon grand blond au visage d’ange me fait mal, le reverrais-je un jour ? Son visage souriant remplit brusquement ma tête et mes larmes redoublent alors d’intensité.
- Je l’ai abandonné p’pa !! Il est resté là-bas alors que j’ai été rappelé !! Il faut que je le retrouve tu comprends ? Il le faut sinon je vais devenir fou !!
Pierre enlace les épaules de son fils pour le réconforter, la détresse qu’il peut lire dans ses yeux le marque lui aussi et il comprend qu’un lien très fort devait unir ce garçon à Florian.
- Nous le retrouverons fiston, s’il existe quelque part sur cette terre nous le retrouverons et vous serez à nouveau ensemble, je te le promets !
CHAPITRE 38 (Antoine)
« Aéroport Charles de Gaule. »
Le chauffeur du taxi aide le couple à mettre les bagages dans le coffre quand un jeune homme arrive à son tour, visiblement pas très heureux d’avoir eu à quitter son pays et lance son sac à dos à l’arrière du véhicule, avant de s’y asseoir avec le visage boudeur.
***/***
« La veille chez les Massery. »
- Non !!! Je n’irai pas avec vous !! En plus j’ai mes examens à réviser !!
- (Adrien) C’est ton oncle et ta tante qui demandent à ce que tu viennes !!
- Oui !! Mais il y a l’autre taré et je ne veux plus le voir, j’avais pourtant eu l’impression d’être clair !!
- (Florence) Pierre dit que Florian n’est plus du tout le même depuis sa sortie du coma !!
- (Antoine) J’aurais bien aimé qu’il n’en sorte jamais !!
- (Florence) Ne dis pas des choses pareilles !! C’est quand même ton cousin !!
- (Antoine) C’est à lui qu’il faut dire ça m’man, à mon avis cette option lui a toujours échappé ou alors il doit confondre avec le moustique du même nom, puisque à chaque fois que je le vois il cherche à m’écraser !!
- (Pierre) Tu lui en veux toujours par apport à l’année dernière ?
- (Antoine) C’est bien simple !! Pour moi il n’existe plus !!
- (Florence) Mais enfin Antoine !! Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Ce ne peut pas être aussi grave pour tenir des propos pareils ??
- (Antoine) A vraiment ?? Et bien si figure toi !! C’est même plus grave que tu ne pourras jamais t’imaginer !! Et arrête de me casser les pieds avec ce pourri, tu veux bien !! Je serais venu volontiers, oui !! Mais à son enterrement, et ça juste pour cracher sur sa tombe !!
- (Adrien) Ne parle pas comme ça à ta mère, tu veux bien !! Tu sais très bien que nous non plus n’aimons pas Florian, si nous partons c’est juste pour voir ma sœur et son mari !! Ils viennent de vivre une dure épreuve et je ne parle pas que de l’accident de leur putain de fils, bon dieu !!! Ta grande tante a eu un arrêt cardiaque, d’après Pierre c’est grâce à son fils si elle a réussi à s’en sortir.
- (Antoine) Tatie Maryse a failli mourir ?
- (Adrien) D’après ton oncle, c’est un miracle qu’elle s’en soit sortie et j’ai bien senti dans sa voix combien sa famille lui manque, alors que tu le veuilles ou pas !! Tu vas venir avec nous et je te conseille d’en profiter pour faire le point une bonne fois pour toute avec ton cousin, je ne sais pas moi !! Casse-lui la gueule, ça te soulagera !! C’est tout ce qu’il mérite et ce n’est pas moi qui te donnerai tort, tu peux en être sûr !!
***/***
« Dans le taxi. »
Le silence oppressant à bord du taxi ne donne qu’une hâte au chauffeur, celle d’arriver le plus rapidement possible à destination pour être débarrassé de ces clients taciturnes.
Adrien commence à regretter d’avoir répondu à l’appel des De Bierne, la colère de son fils n’annonce rien de bon et il craint plus que tout que la prochaine rencontre entre les deux cousins ne soit de celle qui brise l’amitié des familles.
Florence reste dans l’expectative, le matin même elle a eu une longue conversation téléphonique avec sa belle-sœur et ne sait plus depuis qu’en penser, celle-ci ayant retrouvé une telle joie de vivre dans sa voix qu’elle ne peut pas imaginer qu’il n’y ait un semblant de vérité quand elle lui a affirmé à plusieurs reprises que son Florian n’avait plus rien à voir avec celui qu’il était avant l’accident.
Antoine sent ses nerfs se nouer de colère au fur et à mesure que l’heure du face à face se rapproche, il ne fait aucun doute pour lui que sitôt devant lui, il va le massacrer et tant pis pour son oncle et sa tante si cela ne leur fait pas plaisirs, ça fait un an maintenant qu’il rumine en silence sur ce que lui a fait subir ce connard à la gueule d’ange.
Il a été tellement marqué par ce viol, qu’Antoine depuis a mis complètement sa sexualité de côté et n’éprouve plus rien que les affreux cauchemars qui hantent ses nuits, le réveillant en sursaut couvert d’une sueur malsaine.
***/***
« Chez les De Bierne, Paris. »
Hellènes entend la porte de l’entrée s’ouvrir, elle se précipite dans le couloir, trop impatiente de connaître le verdict à l’encontre de son fils.
Elle est si nerveuse depuis qu’ils sont partis, qu’elle n’a même pas pensé à passer un coup de fil à son mari et est restée prostrée une bonne partie de la matinée à attendre leur retour.
Elle les voit donc entrer tout souriant, comprenant que tout doit être enfin terminé et un immense soulagement la libère enfin de tout le stress des dernières heures, n’ayant soudainement plus la force de faire un pas de plus et ce sont ses deux hommes qui viennent l’enlacer, l’embrassant tendrement en la soutenant le temps qu’elle se reprenne.
CHAPITRE 39 (Antoine) (suite)
Une fois confortablement installé dans le canapé du salon, Pierre raconte à sa femme les déroulements de la journée et termine par le verdict qui impose à leur fils un suivi régulier par un psychiatre avec en plus un entretien obligatoire avec un juge lors des trois prochains trimestres.
- (Pierre) Florian s’en sort plutôt bien tu sais chéri !! Avec tous les cadavres qu’il traine derrière lui, je trouve même que le juge a été plutôt indulgent.
- En plus nous avons déjà le psy !! De toute façon c’était déjà prévu que j’ai des séances avec lui, pas vrai ?
- (Pierre) Nous verrons avec le docteur Espinach s’il accepte de suivre Florian quand il sera de retour d’Aix en Provence.
- Ne t’inquiète pas pour ça p’pa !! Philippe ne demandera pas mieux, tu verras !!
- (Hellènes) Et pour le chauffeur de la camionnette ?
- (Pierre) Jamais ils ne feront le rapprochement avec nous, comment veux-tu même qu’ils y pensent ?
- (Hellènes) Je suis contente que tout s’arrange au mieux pour cet homme.
- (Pierre) Ne reste plus qu’à régler cette histoire d’inscription au bac, j’irai chercher les documents nécessaires dès demain matin en espérant qu’il ne soit pas trop tard !
Hellènes se tourne vers son fils.
- Tu es certain d’y arriver ? Ça fait un moment que tu as laissé tomber tes études.
Je vais pour lui répondre encore une fois de ne pas s’inquiéter pour ça, quand plusieurs claquements de portières se font entendre et que mon père file tout droit à la fenêtre pour vérifier que ce sont bien les Massery qui arrivent.
- Voilà ton frère et sa petite famille !!
- Aïe !!
- (Pierre) Tu ferais mieux d’aller dans ta chambre le temps que nous leur parlions ta mère et moi !!
- Comme tu veux p’pa !!
Je les embrasse une dernière fois avant de me lever pour disparaître de leurs vues, j’entends la sonnette retentir et des voix qui semblent malgré tout heureuses de leurs retrouvailles, je m’allonge sur mon lit en tendant l’oreille pour écouter la conversation qui ne va pas manquer de m’apporter des renseignements précieux sur ce que j’étais vis-à-vis d’eux avant de prendre conscience dans cette réalité.
Au début ce ne sont que des questions sur la santé et les dernières nouvelles marquantes depuis leur précédente visite, j’apprends alors mais ça ne m’étonne pas vraiment que mon oncle souffre du foie et qu’il va lui falloir très certainement envisager une opération, les médicaments ne lui faisant quasiment plus rien pour le soulager.
C’est Antoine qui attaque le premier en demandant où je suis.
- Il est où l’autre ?
- (Pierre) Tu veux sans doute parler de ton cousin ? Il est dans sa chambre, je lui ai demandé d’y attendre que je l’appelle !! Nous devons avoir une conversation sérieuse à son sujet, je sais bien tout ce qu’il t’a fait endurer Antoine !! Je voudrais juste que tu… enfin que vous acceptiez juste de l’entendre, ce n’est plus le Florian que vous connaissiez je vous assure !!
- (Antoine) Comment pouvez-vous être aussi crédule ?? Il se joue de vous comme il le fait avec tout le monde !!
- (Adrien) Je dois bien reconnaître que ce que dit Antoine est aussi ce que je pense !! Il ne devait pas passer en jugement aujourd’hui ?
- (Pierre) Exact !! D’ailleurs ça fait à peine une heure que nous sommes rentrés !!
- (Adrien) Et ??
- (Pierre) Le fait qu’’il ne se rappelle de rien a été en sa faveur, le juge l’a laissé en liberté conditionnelle.
- (Florence) Un séjour en prison ne lui aurait pas fait de mal pourtant !!
- (Hellènes) Mais non enfin !! Puisqu’on vous dit qu’il a tout oublié de ce qu’il était avant l’accident !!
- (Adrien) Il vous a bien reconnu pourtant ? C’est plutôt étrange cette amnésie ciblée vous ne trouvez pas ?
- (Pierre) C’est un peu plus compliqué que ça !! En fait pour tout vous dire, Florian à sa sortie du coma avait… comment dire sans passer pour un menteur…
- (Hellènes) Ce que veut dire Pierre, c’est que Florian est revenu à lui avec d’autres souvenirs !!
Antoine abasourdi.
- Et vous avez gobé ces conneries ??
- (Pierre) Nous avons pensé la même chose que toi au début !! Qu’il nous montait un énorme bateau pour échapper à la justice après ses dernières exactions.
- (Adrien) C’est évident pourtant !! Comment veux-tu avoir d’autres souvenirs que ceux que tu as déjà vécus ??
CHAPITRE 40 (Antoine) (suite)
Pierre hésite à aller plus loin dans ses explications, il sait très bien que s’il commence il
faudra alors dire toute la vérité.
- Heu !! C’est assez compliqué !!
- (Florence) Il vous a dit ce que vous rêviez d’entendre et vous vous y êtes laisser prendre voilà tout.
- (Pierre) Mais non enfin !!
- (Adrien) Alors explique nous en quoi il a tellement changé et aussi quels sont ces nouveaux souvenirs ? Je t’avoue que je suis plutôt curieux de t’entendre et ne crois surtout pas que nous tomberons aussi facilement que vous dans le panneau !! Allons Pierre !! Un peu de sérieux si tu veux bien !! Ton fils a été, est et sera toujours une crapule de la pire espèce !! Je suis certain que maintenant qu’il est tiré d’affaire, son amnésie va fondre comme neige au soleil et qu’il va vite retrouver sa vraie nature. D’autres souvenirs ?? Foutaises !! Ou alors nous entrons en pleine science-fiction !! Ça ne s’est jamais vu et n’existera jamais, vous devriez plutôt le faire surveiller pour qu’il ne reprenne pas ses activités malsaines.
- (Florence) Adrien te parle avec bon sens Pierre !! Rappelle-toi notre dernière visite et ce qu’il a fait subir à Antoine !!
- (Pierre) Parce qu’il vous l’a dit ?
- (Adrien) Justement, non !! Alors pose-toi la question de ce que ce devait être pour qu’Antoine n’ose même pas en parler à sa famille.
Hellènes remarque tout de suite les crispations et la blancheur soudaine du visage de son
neveu, ainsi que ses poings se serrant si fort qu’ils lui en blanchissent les articulations.
- C’était donc si difficile que ça à nous dire ?
Antoine pète alors un plomb, sa voix devient hystérique quand il répond à sa tante.
- Me droguer pour ensuite me vendre à quatre sexagénaires qui m’ont violé chacun leur tour à plusieurs reprises !! Oui c’est difficile !! Autant à vivre pendant, qu’après et encore plus à avouer, même à ses parents !! Vous vouliez savoir ce qu’il m’a fait ?? Et bien maintenant vous le savez !!
Antoine s’effondre en larme sur le canapé, prend une position fœtale en tremblant de tous ses membres et revivant encore une fois ces instants atroces qui l’ont brisé, soulagé malgré tout d’avoir enfin réussi à en parler.
***/***
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en entendant ces paroles, comment ai-je pu faire une chose pareille !! Qui était donc ce Florian pour être aussi mauvais ?? Je me lève d’un bond, sort comme une furie de ma chambre et me précipite vers Antoine avec l’intention de le prendre dans mes bras, son regard dès qu’il m’aperçoit devient dure et froid, ses mains me repoussent alors avec une telle violence que je me sens partir en arrière, puis… plus rien.
***/***
Un fracas de verre brisé suivi de plusieurs cris de surprise et d’affolement quand tous
voient Florian étalé inanimé sur le sol, au milieu des débris de la table basse.
Pierre se précipite vers son fils alors qu’Antoine fixe son cousin avec effroi, se rendant compte de ce qu’il vient bien involontairement de faire en croyant que celui-ci venait se jeter sur lui pour lui faire regretter ses dernières paroles dévoilant ce qu’il lui avait fait subir l’année passée.
La flaque de sang s’élargit autour de la tête du petit rouquin, un énorme éclat de verre
bien visible enfoncé profondément dans son cou non loin de l’artère.
Hellènes affolés.
- Mon dieu !! Il faut appeler les secours !! Faites quelque chose !! Vous ne voyez pas qu’il
se vide de son sang !!
Pierre ôte l’éclat de verre, sa main vient ensuite faire un point de compression sur le cou de son fils pendant que ses yeux hagards cherchent désespérément de l’aide autour de lui.
- Mon fils !! Non !! Non !! Ce n’est pas possible !! Pas maintenant !! Aidez-moi !!
Adrien d’une voix blanche.
- J’appelle les secours !! Garde bien ta main sur la plaie surtout !!
Florence regarde son fils comme si c’était la première fois, son visage crayeux rencontre
alors le sien.
- Mais qu’est-ce que tu as fait ??
***/***
- Mais qu’est-ce que tu as fait ??
Ce sont les premières paroles que j’entends quand je reprends conscience, je sens le corps de mon père me tenant serré contre lui et sa main me comprimant fortement le cou, au point où j’en éprouve des difficultés à respirer.
Ma main libre vient alors lui tapoter le bras, son regard se reporte immédiatement dans le mien et mon sourire le désarçonne, lui revient alors en mémoire le petit test du matin.
Un clin d’œil de ma part le décide enfin à relâcher la pression sur mon cou et je respire d’un seul coup beaucoup mieux, il enlève alors doucement sa main et ce qu’il voit lui ramène non seulement le sourire, mais aussi un énorme trouble en constatant que déjà la cicatrice n’est presque plus visible.
- Je pense qu’il n’est plus utile d’appeler les secours, Adrien.
- (Adrien) Ne me dis pas qu’il est…
- (Florence) Mon dieu !! Non !!
CHAPITRE 41 (Antoine) (fin)
Pierre comprend l’affolement qui les prend et s’empresse de les rassurer.
- Tout va bien !! Quelqu’un pourrait-il apporter une serviette et de l’eau chaude ? Comment tu te sens fiston ?
- Mieux, maintenant que je peux respirer normalement p’pa !! Tu voulais m’étrangler ou quoi ?
- (Pierre) J’avais juste oublié ta petite démonstration de ce matin fiston, j’ai été comme qui dirait pris de panique… tu comprends ?
Je regarde le carnage autour de moi, surpris de la rapidité où tout s’est passé et je tourne la tête vers mon cousin, visiblement ahuri de ce qu’il se passe en ce moment sous ses yeux.
- Ça va « Toinou » ? Heureux moi aussi de te revoir ! Hi ! Hi !
La consternation est un bien faible mot pour définir la tête qu’ils font tous, comprenant que je suis bien vivant sans comprendre comment ça a pu être possible.
Ma mère arrive en tenant une petite bassine et plusieurs serviettes, elle s’agenouille près de moi le visage encore baigné de larmes.
- Ça va mon chéri ?
- Oui m’man, t’inquiète ce n’est rien !! La prochaine fois que je voudrais embrasser mon cousin, fais-moi penser à vider la pièce avant et à couvrir le sol de tatamis ! Hi ! Hi !
Elle me nettoie du mieux qu’elle peut, la bassine devient vite rouge de mon sang et je finis par me relever en m’excusant auprès de nos invités.
- Je vais aller prendre une douche et changer de vêtements, cette chemise est bonne à jeter et ça tombe bien ! Hi ! Hi ! Elle n’était pas vraiment à mon goût !! Tu peux venir me frotter le dos si tu veux « Toinou » ? Nous avons pas mal à discuter tous les deux, tu ne crois pas ?
Je vois bien à son regard qu’il ne s’est pas encore remis de ses émotions et que ma façon de lui parler comme mon nouveau look le trouble à un point que je n’aurais pas cru possible venant de mon cousin, mais ce n’était pas celui de ce monde et il faudra encore un certain temps avant qu’il redevienne ou plutôt devienne avec moi assez intime pour venir partager une douche ensemble, quoique en y réfléchissant deux secondes je ne me rappelle pas l’avoir jamais fait avec lui.
***/***
La sortie de la pièce par Florian semble réveiller tout le monde de sa léthargie, Adrien remet machinalement le combiné sur son socle et revient dans le salon en évitant l’énorme tâche de sang qui reste la seule preuve tangible avec la table basse en miette de ce qui vient de se passer sous ses yeux.
- J’ai dû rater un épisode ou alors je vais me réveiller dans mon lit ?
- (Pierre) J’opte pour l’épisode ! Hi ! Hi ! C’était ce que je voulais vous faire comprendre avant que tout ceci n’arrive !!
- (Antoine) C’est un extraterrestre qui a pris l’apparence de mon cousin ?
- (Adrien) C’est une blague ?
Pierre prend une serviette et aide sa femme à éponger le sol, il envoie la serviette rouge de sang vers son beau-frère qui l’attrape au vol en faisant la grimace.
- Ça ressemble à du jus de tomate peut être ?
- (Adrien) Comment tu expliques tout ça alors ?
- (Pierre) Je ne l’explique pas plus que toi, juste que c’est comme ça et qu’il va vous falloir garder le secret de ce qu’il vient de se passer ici !!
- (Antoine) C’était Florian ou pas ??
Pierre observe un instant son neveu.
- Qu’est-ce que tu en penses, toi ?
- (Antoine) Comment veux-tu que je le sache ? Il en a toutes les apparences…
- Mais ?
Antoine se tapote la tête avec un doigt.
- Pas là-dedans en tous les cas !!
- Je vous avais prévenu qu’il n’avait plus les mêmes souvenirs, dans les siens vous étiez très liés et il l’a très mal pris quand je lui ai expliqué que vous vous détestiez !!
- (Antoine) Bon !! Admettons !! Je dis bien, admettons qu’il ne se rappelle réellement pas de qui il était, comment explique-tu que sa blessure se soit guérie aussi vite ?
CHAPITRE 42 (Guérison)
« Sous la douche. »
Les questions qu’ils se posent sont semblables en tous points aux miennes et je serais bien curieux d’apprendre qu’il y en ait un qui ait la réponse, malgré tout je me dis que tout ne s’est pas si mal passé et que ça aurait pu être pire, maintenant il est un peu tôt pour crier victoire.
Les dernières tâches de sang disparaissent dans la bonde d’évacuation, ne laissant plus aucune trace de ce qui pour quelqu’un de normal aurait pu être une blessure sinon mortelle, du moins douloureuse et longue à guérir.
Je décide donc de ne plus m’abrutir à découvrir les raisons de tout ça, préférant me donner des objectifs sur le court terme et me promettant de revenir aux questions existentielles quand le moment s’en fera sentir et ce afin de ne pas devenir fou à chercher vainement à connaître le fin mot de cette troublante histoire.
L’objectif principal étant de retrouver mon Thomas et j’ai bien l’intention de profiter des deux mois chez mes grands-parents, pour vérifier si la famille Louvain existe bien ailleurs que dans ce rêve réalité que j’ai vécu.
L’objectif secondaire étant de faire oublier l’ancien Florian à ceux qui sont proches de ma famille et par la même occasion, tenter de reconstituer une partie de mon groupe d’amis en commençant par ceux déjà présents dans mes « deux précédentes vies », ne trouvant pas d’autres mots pour définir mes souvenirs.
Une idée me vient alors et m’amène le sourire aux lèvres, si mon « don » de guérir fonctionne ici ! Pourquoi pas les autres !!
Je tente donc de me concentrer sur l’image de mon Thomas en lui envoyant une sonde mentale pour me faire reconnaître de lui, chose apparemment plus facile à dire qu’à faire et force m’est de constater que je n’arrive même pas à sortir de mon cerveau comme je pouvais le faire sans difficultés en d’autres lieux.
Une nouvelle tentative, cette fois pour émettre le son de gorge qui me fait communiquer avec les autres espèces animales et si ce n’est l’horrible borborygme qui s’échappe de mes lèvres en me faisant grimacer, rien là non plus de concret ne semble se produire à ma plus grande désillusion.
Me voilà bien avancé maintenant !! Manquerait plus que mes capacités intellectuelles soient elles aussi revenues à la normale et j’ai de quoi m’inquiété quand à mes paroles précédentes sur l’assurance de passer mes études haut la main.
Une explication somme toute bien mince me vient alors à l’esprit, peut être dois-je tout réapprendre à chaque nouvelle vie et qu’il n’y ait que mon « don » de guérir qui fonctionne parce qu’il est marqué dans mes gênes et non issu de mes connaissances acquises.
D’ailleurs je n’en avais aucun dans mon ancienne vie de myopathe et ceux de mon « rêve » ne sont arrivés qu’avec le temps, un soupire de frustration s’échappe de mes lèvres et me fait revenir au présent, ma peau commençant à se ramollir sous l’effet prolongé de l’eau.
Je sors donc de sous la douche, m’essuie et me rhabille, jetant un dernier coup d’œil sur mon visage en me pinçant fortement la joue pour vérifier que je ne rêve pas encore une fois.
Le verre à dent sur la tablette au-dessus de l’évier me donne une idée qui me rassérène un peu après mes dernières frustrations.
Je le nettoie avant d’y envoyer un maximum de salive et d’y additionner une bonne rasade d’eau fraiche, le tout ne donnant pas vraiment l’envie de la boire mais devrait être suffisant pour ce pour quoi je le destine.
Je sors donc en tenant mon verre en main, je traverse le couloir pour me retrouver une nouvelle fois dans le salon où d’un coup d’un seul le silence se fait, alors que cinq paires d’yeux me fixent.
J’approche de mon oncle en lui tendant le verre.
- Tiens !! Bois ça s’il te plait !!
CHAPITRE 43 (Guérison) (fin)
Adrien me dévisage avec surprise, il prend le verre en le regardant bizarrement.
- Qu’est-ce que c’est ??
- Rien que de l’eau mélangée à ma salive !!
- C’est une plaisanterie ?
- Je t’assure que non !!
- (Pierre) Vas-y Adrien, fais lui confiance !!
- (Adrien) Et c’est censé me faire quoi ?
- Te guérir de ton foie malade mon oncle.
- (Adrien) Rien que ça ??
Je me contente de hocher la tête en le regardant gravement, mon oncle hésite puis pousse un soupir avant de porter le verre à ses lèvres et d’en boire cul sec le contenu, il me tend le verre vide avec une grimace qui me fait sourire d’amusement.
- Beurk !!
- Excuse-moi mais je n’ai pas eu le temps d’améliorer la mixture ! Hi ! Hi ! La prochaine fois je mettrai un peu de sirop, de toute façon ce ne doit pas être pire que les médicaments que tu avalais jusque-là ?
Mon père voyant que plus personne ne bouge ni ne parle.
- On est censé faire quoi maintenant ?
- Je ne sais pas pour toi p’pa !! Mais moi je commence à avoir faim !!
Une voix derrière moi me fait me retourner et faire face au regard d’Antoine.
- Florian !!
- Oui ??
- Excuse-moi pour tout à l’heure, j’ai cru que tu voulais te venger de mes paroles et je n’ai fait que me défendre, en plus ce n’était qu’un pur reflexe !!
- C’est bien comme ça que je l’ai compris, t’inquiète cousin !! Je sais qu’il va te falloir du temps pour que tu puisses enfin avoir confiance en moi après ce que j’ai appris sur ce que je t’avais fait subir.
- Tu ne te rappelles vraiment de rien ?
- Oh !! Détrompe-toi !! Je me rappelle de beaucoup de choses au contraire !! Mais nous étions alors très proches et je ne souhaite qu’une chose crois le bien !! C’est que tout redevienne comme dans mes souvenirs et que tu arrives à oublier les tiens.
- (Hellènes) Je pense que vous y arriverez les garçons, regardez-vous déjà !! Vous n’arrêtez pas de vous sourire depuis tout à l’heure.
- (Florence) Je l’avais aussi remarqué et je suis heureuse de voir comment tournent les choses, je vous avouerai que cette visite ne m’enchantait guère. J’étais même prête à y renoncer si Adrien n’avait pas tant insisté et fini par me persuader que vous aviez besoin de notre présence auprès de vous.
J’écoute d’une oreille la conversation des adultes, mes yeux rivés dans ceux d’Antoine et je peux y lire tous les changements d’expression qu’il a à mon encontre, d’abord prudent voire méfiant, puis de plus en plus détendu pour enfin me sourire sans plus se forcer en réponse au regard amical que je porte sur lui et qui ne m’a pas quitté.
Un petit signe de tête pour qu’il me suive dans la cuisine pendant que nos parents sont pris dans leur conversation et nous voilà bientôt attablé à nous confectionner des sandwiches que nous dévorons à pleines dents tellement l’heure tardive et la journée bien remplie nous a mis en appétit.
- Il en reste pour moi ? Je crève la dalle moi aussi ! Hi ! Hi !
Antoine se tourne surpris vers son père.
- Tes boites sont encore dans la valise p’pa !! Je vais aller t’en chercher une !!
- Il y en a marre de cette mixture !! J’ai envie d’une bonne tranche de jambon avec des cornichons et du beurre dans du bon pain frais comme il n’y a qu’en France qu’on en trouve !!
- Tu sais bien que tu ne peux plus manger ces choses-là p’pa !!
- Bien sûr que si qu’il peut !!
Je coupe la moitié de mon sandwich, je lui tends la partie où je n’ai pas mordu dedans.
- Tiens tonton !! Régale-toi !! Je te promets que tu ne risques plus rien !!
- (Adrien) Merci Florian !! Je ne pensais pas te dire ça un jour tu sais ?
- C’est le passé tonton !!
Je le regarde mettre la nourriture à sa bouche et mordre dedans avec envie, j’en ai les larmes aux yeux de le voir aussi heureux d’apprécier un simple sandwich comme si c’était le repas le plus raffiné du monde.
Il ne lui faut que quelques minutes pour en venir à bout, juste le temps pour moi de lui en préparer un autre et de le lui tendre.
- Et bien dis donc !! C’est un vrai plaisir de te voir te régaler autant !!
Adrien entre deux bouchées.
- Rends-toi compte que ça fait presque trois ans que je n’avale plus que ces mixtures en boites !! Hum !! Ahhh !!! Comme c’est bon !!!
Je croque dans le mien avec appétit.
- Ché vrai que ché cro bon !!
Un fou rire nous prend tous les trois qui font arriver sur nous ma tante et mes parents curieux de connaître la raison d’un tel amusement.
- (Florence) Chéri !! Qu’est-ce que tu fais ??
- (Adrien) Et bien quoi !! Tu le vois bien, non ?? Hi ! Hi ! Je mange un sandwich avec les garçons ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 44 (Amitié retrouvée)
« Vingt-trois heures, chez les De Bierne. »
L’ambiance de cette fin de journée est de celle qu’ils n’avaient encore jamais connue depuis toutes ces années, amplement aidé par une facette qu’ils ne connaissaient pas de Florian, celle d’être passé maître es-pitreries et surtout d’adorer se montrer en spectacle, les larmes n’étant cette fois que des larmes de bonheur qui se mélangent aux rires de cette famille qui comprend que les mauvais jours sont enfin derrière eux.
Antoine n’est pas le dernier à se tortiller sur son siège devant les frasques de son cousin, oubliant le pourquoi de sa venue et ne ressentant plus pour lui qu’une amitié qui il le sent bien se renforce d’heure en heure.
Arrive le moment où les bâillements commencent à se faire ressentir d’une journée longue et bien remplie, aussi bien par les heures d’éveil que par les émotions qu’ils viennent de vivre.
- (Hellènes) J’ai préparé la chambre d’amis pour vous deux, Antoine dormira dans le canapé !!
- Je lui laisse ma chambre m’man !! Le canapé m’ira très bien !!
- (Antoine) Il n’y a pas de raisons !!
- Si justement, il y en a pleins et tu vas venir me donner un coup de mains pour changer les draps, pas de discussions c’est bien compris ??
- (Antoine) Oui chef !!
***/***
Alors que les deux garçons ont quitté le salon, les adultes se regardent avec
étonnement.
- (Florence) Si on m’avait dit ça ce matin !!
- (Hellènes) Je vous avais prévenus pourtant !!
- (Adrien) Oui mais là je reste quand même sur le cul, ce n’est pas possible que ce soit le même Florian que celui qu’on connaît !!
Un énorme éclat de rire s’échappe de la chambre.
- Quand je pense qu’Antoine n’était venu que pour lui faire une grosse tête !!
- (Pierre) C’est un peu ce qu’il lui a fait aussi, rappelle-toi ?
- (Adrien) Oui c’est sûr !! Mais écoute-les ? Qui pourrait penser une seule seconde que ces deux garçons se haïssaient il n’y a encore que quelques heures ?
- (Florence) Je pense que cet accident nous a été salutaire à tous, vous ne croyez pas ?
- (Hellènes) J’ai quand même failli perdre mon fils je vous rappelle !!
Adrien hésite à dire tout haut la pensée qui lui vient soudainement, c’est le regard
interrogateur de son beau-frère porté sur lui qui le décide.
- Je me demande si….
- (Pierre) Si quoi ? Termine ta pensée Adrien, je pense la connaître et j’ai eu la même moi aussi.
- C’est complètement dingue ce que je vais dire, mais si en fin de compte l’ancien Florian était vraiment mort ?
Nouvel éclat de rire venant de la chambre.
- (Pierre) Pour un mort il semble en pleine forme pas vrai ?
- (Adrien) Dans la bible il est dit que l’âme ne meurt pas et qu’il y a une vie après la mort !!
- (Pierre) Depuis quand tu crois en ces conneries toi ?
- (Adrien) Depuis ce soir !! Comment expliques-tu sinon ce qu’est devenu ton fils ?
La demi-heure qui suit n’est que conjecture sur ce qu’est ou ce qu’a été Florian, chacun y
allant de ses idées les plus farfelues jusqu’à se rendre compte que plus aucun son ne
vient de la chambre et qu’ils se lèvent tous, curieux d’en connaître la raison.
C’est Pierre qui ouvre doucement la porte, la pièce baignant dans la clarté lunaire et ce qu’ils voient alors les laissent sans voix, tellement la vision qu’ils ont des deux cousins endormis dans les bras l’un de l’autre et tout habillé sur le lit, est à l’opposé de ce qu’ils ont toujours imaginé qu’il pourrait arriver un jour entre eux.
CHAPITRE 45 (Trois semaines plus tard)
« Sortie du lycée. »
Pierre attend nerveusement devant l’entrée de l’établissement, c’était la dernière session d’examen que son fils passe en candidat libre, aussi c’est en le cherchant du regard qu’il voit sortir tous ces jeunes garçons et filles, le visage pour certains souriant alors que pour d’autres visiblement crispés d’avoir ou non répondu correctement aux sujets pour lesquels pourtant ils s’étaient pour la plupart préparés.
Une tignasse rousse apparaît enfin au fond de la cour, seul comme il fallait s’y attendre et qui sourit malgré tout avec sa démarche féline en tenant nonchalamment son sac à dos en bandoulière.
Pierre ne peut pas ne pas voir certains regards haineux posés sur son fils et même s’il en comprend bien la raison, son cœur ne peut éviter d’avoir le pincement de tristesse que lui occasionne cette vision.
Florian passe la porte, toujours avec ce sourire désarmant qui ne le quitte jamais et qui est sans doute la seule raison pour que ça en reste aux simples regards, beaucoup de ces jeunes devant être surpris voir incrédules devant un tel changement.
- Alors ? Enfin terminé ?
- Oui p’pa !!
- Pas trop difficile ?
- Ni plus ni moins que comme je m’y attendais, le plus dur c’est d’attendre que le temps alloué soit passé en faisant semblant de toujours cogiter sur sa copie avant de la rendre.
- J’en connais qui s’ils t’entendaient te prendraient pour un prétentieux ! Hi ! Hi !
- Je sais p’pa !! Nous partons toujours à la fin de la semaine pour Aix ?
- Bien sûr fiston !! Seulement comme je te l’ai dit, nous ne resterons pas longtemps ta mère et moi, le travail nous appelle et l’entreprise doit aussi avoir toute notre attention.
- Tu crois que nous verrons tonton « Francky » à l’agence d’Aix ?
Pierre sourit, visiblement amusé.
- Je ne lui ai encore rien dit tu sais ! Hi ! Hi ! Normalement il y sera pour qu’on fasse le point avant qu’il prenne ses vacances.
- Cool !!
- Au fait !! Antoine est arrivé là-bas ce matin, il nous a appelés pour nous prévenir !!
Comme ça tu ne seras pas seul et ça te feras du bien d’être avec quelqu’un de ton âge.
- Je le savais p’pa !! Il m’a envoyé un texto ce matin quand il est sorti de l’avion, il m’a aussi dit qu’il allait relooker la chambre ! Hi ! Hi ! J’imagine déjà la tête de papi et mamie.
- (Pierre) Je suis content que tout se passe bien entre vous deux maintenant, en plus là-bas vous pourrez sortir un peu !! Tu ne risqueras pas de rencontrer des gens qui te connaissaient avant.
- Bah !! Au pire j’aurais fait l’amnésique, en plus pas besoin de me forcer puisque quelque part c’est un peu la vérité. Si je ne suis pas sorti ces dernières semaines, c’était juste pour lire un maximum de bouquins et je crois que j’ai pris la bonne initiative, j’avais presque oublié tout ce que je savais d’avant !!
- C’est possible ça ?
- Je m’en doutais un peu figure toi !! Il va falloir que je reparte quasiment de zéro, mais rassure-toi !! J’ai gardé ma mémoire photographique, il faut juste que je remplisse de nouveau le disque dur ! Hi ! Hi !
- Comment tu expliques tout ce que tu sembles avoir perdu ?
- Oh !! Mais je n’ai rien perdu !! Du moins c’est ce qu’il me semble, juste que c’est quelque part en moi et que ça ne me revient pas !! Comme si c’était enfermé dans un coffre et que j’en ai perdu la combinaison, je sais que c’est là mais je n’arrive plus à y entrer.
- Tu retrouveras bien la clé un jour, je te fais confiance là-dessus.
La dernière phrase de mon père amène comme un souvenir diffus en moi, comme si cette clé était quelque part et qu’il me fallait la chercher, mais j’ai beau forcé ma mémoire rien n’y fait et c’est avec un soupire d’exaspération que je monte dans la voiture, tournant et retournant sa phrase en sachant bien que je n’ai pas fini de me poser la question tant que je n’en aurais pas trouvé la réponse.
Voyant que rien ne sortira aujourd’hui, je préfère passer à autre chose et je reviens vers mon père avec cette fois une question qui m’amène le sourire.
- Tu as bien envoyé le colis à Ming pour son fils ?
- Bien sûr !! Je l’ai même appelé pour lui donner les instructions.
- Tu lui as dit quoi ?
- Que c’était un cadeau d’un ami commun pour Yuan et qu’il devait suivre à la lettre les instructions que j’ai mises avec le produit, je lui ai demandé de me faire confiance et il m’a promis qu’il insisterait auprès de son fils pour qu’il fasse un essai.
- Faut s’attendre à les voir débouler d’ici peu alors ! Hi ! Hi ! J’ai hâte de revoir « Yu » !!
- En espérant que ça se passera aussi bien qu’avec Antoine ?
- Il n’y a pas de raisons !!
Pierre conduit quelques kilomètres avant de poser la question qui lui brûle les lèvres.
- Tu crois que ce sera pareil qu’avant pour vous deux ? Je parlais de votre liaison bien sûr !!
- Alors là !! Tu me poses une colle !! Faudrait déjà qu’il ait les mêmes prédispositions avec les garçons ici et rien n’est moins sûr, rappelle-toi comment j’étais !!
CHAPITRE 46 (Chez les Tsu, Shanghai)
« Deux jours plus tard. »
- Excusez-moi maître Ming !
Ming se retourne sur son majordome.
- Oui ??
- Un colis de France pour vous vient d’arriver !!
- Ah !! Très bien, je l’attendais !! Posez-le sur mon bureau !!
- Bien maître !!
Ming termine son déjeuner en réfléchissant une fois encore à la dernière conversation pour le moins bizarre qu’il a eu avec son ami de toujours, Pierre semblait sérieux dans sa demande et pourtant ce n’est pas faute pour lui de connaître tous les traitements inefficaces qu’il a tentés pour soigner l’eczéma de son fils.
Tous les spécialistes qu’il lui a fait consulter ont été unanimes, la maladie de Yuan étant inscrit dans ses gênes et de ce fait n’est pas guérissable tant qu’une avancée significative sur le génome ne permettra pas un traitement en profondeur de son mal, tout juste peuvent ils le soulager des démangeaisons atroces qui prennent le jeune garçon quand ses crises se déclenchent.
Alors penser qu’une simple pommade pourrait en venir à bout une bonne fois pour toute comme semblait vouloir lui faire croire « Pierrot », reste pour Ming du domaine de la gageure pure.
Ming repousse son assiette en soupirant car il a horreur de manger seul et le fait qu’il le soit ce jour-là comme à chaque fois que son fils s’enferme durant des semaines complètes dans sa chambre, l’attriste même s’il comprend que Yuan préfère ne pas se montrer pour éviter les regards fuyant du personnel domestique de la maison.
Le brave homme se lève pour rejoindre son bureau, curieux malgré tout d’aller déballer le paquet qui l’y attend même s’il ne se fait guère d’illusion et encore moins d’espoir sur le résultat de ce nouveau traitement.
Maintenant le ton de son ami quand il l’a appelé, semblait si convaincu et convainquant, que Ming ne pouvait pas ne pas lui faire la promesse de le tester sur son fils.
Il déballe donc le petit colis avec une nervosité qui le fait sourire bien malgré lui, le petit pot sans étiquette qu’il sort du carton ne pèse pas bien lourd et ne devrait permettre qu’une seule application, ce qui lui semble bien peu pour venir à bout de toutes ses plaques purulentes recouvrant le corps de son fils.
Il va pour jeter le carton quand il remarque une petite fiole sous la friture de polystyrène protégeant le pot des chocs du transport, celle-ci également dépourvue de toute annotation et contenant un liquide laiteux très peu ragoûtant au demeurant, suffisamment pour lui faire esquisser une grimace de dégoût.
Ming dépose les deux objets sur la table et attrape l’enveloppe jointe qu’il ouvre dans la foulée pour en sortir la lettre que lui a écrite Pierre, il sourit en reconnaissant l’écriture patte de mouche de son ami qu’il a appris à déchiffrer avec le temps.
***/***
« Lettre »
Mon petit Ming.
Je connais tes pensées comme si c’étaient les miennes et non je ne suis pas fou de croire que ce que je t’envoie soit efficace pour ce dont souffre Yuan.
Je connais également suffisamment bien ton fils pour savoir qu’il va t’envoyer bouler et donc je te propose d’appliquer la pommade à son insu, tu trouveras bien le moyen pour qu’il ne se doute de rien.
Une goutte sur une de ses plaques devrait suffire pour qu’il en ressente rapidement les effets, ensuite il devra répartir le reste du pot sur tout son corps et tu devras lui faire avaler dans la foulée le contenu de la petite fiole sans qu’il se pose de questions, niveau goût ce n’est pas le top mais quand il connaitra sa composition il comprendra ! Hi ! Hi !
Je sais très bien que tu vas vouloir en savoir plus et je m’attends à votre visite dans les prochains jours, sache que tu nous trouveras chez mes parents à partir du weekend prochain où j’emmène Florian pour passer l’été chez eux.
Ferme la bouche mon ami ! Hi ! Hi ! Tu as bien lu !! Si je ne t’en dis pas plus c’est pour te garder la surprise et crois-moi elle va être de taille.
Ton « Pierrot »
Ps : Applique une goutte du produit sur la marque que t’a laissé nos jeux débiles, je m’en veux toujours tu sais de t’avoir laissé te blesser ce jour-là.
***/***
Ming relit deux fois encore la lettre avant de la poser sur son bureau, ses yeux sont embués de larmes comme à chaque fois qu’il pense à son ami et cette fois-ci encore il n’y échappe pas, pourtant rien ne devrait le mettre dans un tel état puisqu’il n’y a jamais eu que du bonheur entre eux et chacune de ses visites en France pour le voir, est une joie sans cesse renouvelée.
CHAPITRE 47 (Chez les Tsu, Shanghai) (suite)
Il écarte deux des doigts de sa main gauche, là où le couteau lui a laissé la petite cicatrice et il revoit alors ce moment où avec Pierre, ils ont joué à ce jeu stupide qui consiste à planter la lame d’un couteau de plus en plus vite entre les doigts jusqu’à ce que l’un des deux s’arrête et perde la partie.
Il a voulu gagner à tout prix ce jour-là et ce qui devait arriver arriva, le couteau entra profondément dans sa chair au point qu’il lui fallut aller se faire faire quelques points de suture et garder cette marque depuis toutes ces années en souvenir d’une adolescence studieuse mais parfois turbulente.
La petite marque blanchâtre le fait sourire en se rappelant le moment de panique qui les a pris quand le sang s’est répandu sur la table, Pierre étant devenu blanc comme un linge en constatant les dégâts.
Ming ouvre le pot d’onguent, son doigt nettoie les traces laissées sur le couvercle et dépose la pommade sur la minuscule cicatrice, massant doucement pour bien la faire pénétrer.
Son sourire amusé se transforme très rapidement en ahurissement total quand après quelques secondes, la cicatrice disparaît comme par miracle.
- Mais qu’est ce….
Ming referme le pot nerveusement, attrape la fiole et fonce directement vers la chambre de son fils, l’espoir immense qu’il éprouve alors lui fait battre le cœur à une vitesse folle l’obligeant à s’arrêter un instant pour tenter de le calmer.
***/***
« Chambre de Yuan. »
Quelqu’un qui se tiendrait devant la porte, ne verrait qu’un jeune homme aux cheveux mi-longs d’un noir de jais au physique magnifiquement dessiné et il lui faudrait s’approcher d’un peu plus près pour remarquer ce qui fait qu’un garçon de cet âge reste cloîtrer dans sa chambre.
Yuan est en pleine crise de cet eczéma qui le ronge depuis toujours, la tristesse de son regard n’est que le reflet de celle de son cœur à se savoir affligé d’une telle maladie incurable et il ne profite vraiment de la vie que les rares semaines de rémissions, où il sort alors de sa coquille pour visiter le monde avec son père.
Bien sûr il est facile de comprendre pourquoi ce garçon n’a aucun ami et encore moins d’amie, les seules personnes qu’il côtoie ne venant pour l’essentiel que de sa famille et les quelques garçons d’à peu près son âge qu’il connaît vraiment, ne sont que des cousins qui pour la plupart ne cherchent pas loin s’en faut sa compagnie.
Le seul avec qui il s’entend vraiment c’est Chan, seulement il vit en France depuis plusieurs années maintenant et les deux garçons ne se voient pas autant qu’ils le voudraient, seulement deux ou trois fois par an lors des brèves visites de son père à son ami de fac et seulement quand son état lui permet de le suivre.
De penser à Pierre l’ami de son père lui amène une grimace de colère, pas contre lui bien sûr car Pierre tout comme Hellènes sa femme, sont parmi les rares personnes qu’il aime vraiment et ne serait-ce leur fils Florian, Yuan serait le plus heureux des garçons à leurs rendre visite.
Mais il y a cet être immonde qui le traite comme un pestiféré à chacune de leurs rencontres, s’amusant à le rabaisser plus bas que terre dès que l’occasion se présente et les yeux de Yuan deviennent noirs de haine envers ce démon qui pourrit la vie de tous ceux qu’il croise.
La dernière fois qu’ils se sont vus revient à la mémoire de Yuan, qui en serre les poings de fureur sourde.
***/***
« L’année précédente chez les De Bierne. »
Yuan était tranquillement assis dans un des fauteuils du salon à lire une revue en attendant que son cousin Chan ne vienne le chercher pour passer la soirée ensemble, quand la porte de l’appartement s’ouvre et qu’un rire désagréable le fasse sursauter.
- Tiens !! Le chinetoc est de retour ! Hé ! Hé ! Tu n’as pas mis ton maquillage de face de rat ? Va falloir qu’on désinfecte derrière toi pour ne pas attraper ta maladie le lépreux !! Tu devrais plutôt te cacher que de montrer ta gueule de monstre ! Hé ! Hé !
- Fous-moi la paix connard !!
- Qui ça ? Moi ? Connard ? Tu ne t’es pas regardé ducon !! J’aurais ta tronche de purulent j’irais me foutre à l’eau direct !! Allez le brider !! Ripe ta viande avariée de chez moi !! Tu empestes la mort !!
- Pourquoi tu me cherches tout le temps ?
- Qui ça ? Moi !! Je te cherche !! Tu rêves l’infecté !! T’es pourri jusqu’à la moelle !! Rien que de penser que je pourrais te toucher, ça me donne envie de gerber !!
***/***
Yuan sent ses larmes lui couler sur les joues, des larmes de fureur et de honte de n’avoir jamais osé lui casser sa petite gueule et pourtant ce n’est pas l’envie qui lui a manqué de le faire durant toutes ces années, seulement il n’a jamais pu s’y résoudre, ne voulant pas se mettre à son niveau.
CHAPITRE 48 (Chez les Tsu, Shanghai) (fin)
« Toc ! Toc ! »
Yuan reconnaît les deux coups brefs de son père, il s’essuie le visage avec une lingette qu’il jette ensuite sans la regarder dans la poubelle près de son lit.
- Entre p’pa !!
Ming ouvre la porte, il remarque aussitôt les yeux rougis et soupire de tristesse en comprenant que son fils ne va pas bien.
- Tu as mal ?
- Non, pourquoi ?
- Je vois bien à tes yeux que ça ne va pas !!
- Ce n’est rien p’pa !! Juste un coup de cafard.
Ming garde ses mains derrière son dos, dans l’une d’elles il tient le pot ouvert et de l’autre y trempe deux doigts en s’approchant de son fils, il les lui passe doucement sous ses yeux cernés en faisant mine de vouloir le consoler.
- Allons !! Ça va passer, tu ne veux pas descendre manger quelque chose ?
- Je n’ai pas faim p’pa !!
Yuan prend une nouvelle lingette pour s’essuyer là où son père à poser ses doigts.
- Tu aurais pu te laver les mains, elles sont toutes grasses !!
Ming n’en revient pas, le passage de la lingette découvre une peau saine qui tranche sur le reste de son visage couvert d’eczéma.
- Non !! Ne la jette pas !! Regarde plutôt à l’intérieur !!
Yuan observe son père sans comprendre.
- Je sais bien ce qu’il y a dedans et ce n’est pas ragoûtant, tu le sais aussi bien que moi !!
- Regarde je te dis !! Ecoute ton père pour une fois !!
Yuan plisse les yeux de surprise, c’est bien la première fois qu’il lui fait une telle demande alors qu’il sait très bien que la vue du pue mêler au sang de ses chairs à vif lui donne envie de vomir.
Quelque chose pourtant lui dit qu’il devrait l’écouter, ses yeux se baissent alors jusqu’à la lingette qu’il tient toujours en main et ce qu’il voit le laisse un bref instant dans l’incompréhension, au lieu des tâches rougeâtres et verdâtres, il n’y a que des plaques de croûtes sèches comme il n’en a qu’en fin de crise.
Mais là c’est beaucoup trop tôt et Yuan relève les yeux vers son père, ceux-ci marquant l’incrédulité la plus totale.
- Mais…. Je ne comprends pas !! Je suis juste en début de crise !!
Ming sourit à son fils en lui tendant la main, de l’autre il lui montre le pot de pommade.
- Viens avec moi dans la salle de bains, je t’expliquerai pendant que nous allons badigeonner ton corps avec ce produit miracle !!
- Qu’est-ce que c’est ?
- Je n’en sais absolument rien, mais ça m’a l’air sacrément efficace !! C’est Pierre qui vient de me l’envoyer pour toi !!
- Pffttt !!
- Passe ta main sous tes yeux si tu ne me crois pas !!
Yuan va pour prendre une nouvelle lingette quand son père l’arrête.
- Non !! Juste tes doigts !!
- Mais…
- Fais ce que je te demande fiston.
Yuan approche alors ses mains de son visage en tremblant, Ming les lui prend avant qu’il ne les pose au mauvais endroit et guide ensuite ses doigts sur la zone où lui-même a posé les siens enduits du produit quelques minutes plus tôt.
Au début Yuan ne comprend pas vraiment où il veut en venir, le contact pourtant lui fait tout bizarre et il se fige de stupeur en saisissant enfin le pourquoi de toute cette mise en scène.
Il se lève d’un bond et court tout seul dans la salle de bains pour faire face au miroir, découvrant avec stupeur la disparition totale de son mal là où il n’y a pas cinq minutes ça le démangeait encore.
- Comment est-ce possible !!
- Ce n’est pas le temps des explications mon grand !! Déshabille-toi que je t’en mette partout, Pierre a bien spécifié qu’il fallait que tu t’en recouvre tout le corps.
***/***
« Une bonne heure plus tard. »
Ming regarde son fils sortir de la douche, ses yeux rougis par l’émotion de voir le corps de Yuan enfin débarrasser de cette plaie qui le rongeait depuis sa naissance.
La beauté de son garçon lui saute alors aux yeux, il retrouve en lui la grâce de sa mère qui était une des plus belles femmes qu’il n’avait jamais vues.
Yuan s’aperçoit du trouble de son père et vient le prendre dans ses bras, l’instant est particulier tant par l’amour qu’il dégage que par le bonheur qu’amène cette guérison miraculeuse.
Ming sort de sa poche la petite fiole et la tend à son fils.
- Il faut que tu boives son contenu, c’est la dernière recommandation de Pierre pour que tout soit enfin terminé !!
Yuan n’hésite pas une seconde, il porte la fiole à sa bouche et avale d’un trait le liquide visqueux à l’intérieur avec une moue dégoûtée.
- Beurk !! Ça a un goût de salive !!
CHAPITRE 49 (Chez les De Bierne, Paris)
« Début de soirée, deux jours plus tard. »
Hellènes entend la clé dans la serrure et sourit à son mari qui apparaît dans le couloir, lui laissant le temps d’ôter ses chaussures et son manteau avant de venir lui sauter au cou.
- Ta journée c’est bien passé mon chéri ?
- Plutôt bien, oui !! Et pour vous ?
- Florian m’inquiète tu sais ? Il n’est pas sorti de sa chambre de la journée !!
- Il t’en a pourtant expliqué les raisons ??
- Oui !! Peut-être !! Mais c’est à croire qu’il veut tout apprendre avant de partir !! En plus il dévore un livre de plusieurs centaines de pages en un rien de temps.
- Il a une mémoire photographique rappelle-toi !!
- Tu peux dire ce que tu veux, ça m’inquiète quand même !!
Pierre embrasse sa femme.
- Sinon à part ça ?
- Pas grand-chose en fait, juste que je suis passé au secrétariat du lycée pour prendre des dossiers d’inscriptions pour Florian.
- Ils ne t’ont pas fait trop de réflexions sur lui ?
- Bah non !! Pourquoi ils auraient dû m’en faire ?
- Allons ma chérie !! Combien de fois avons-nous été convoqués rien que cette année sur le travail désastreux de ton fils ?
- Eh bien… non tu vois !! Aussi étrange que ça puisse paraître, je n’ai pas eu de commentaires de leurs parts !
- Tant mieux !! De mon côté j’ai un peu avancé et j’ai pris contact avec quelques relations assez bien placées, suffisamment en tout cas pour que la fac de Reims reçoive d’un bon œil la demande de Florian quand elle arrivera.
- Ils sont d’accords pour l’intégrer parmi leurs étudiants à la rentrée ?
- Disons qu’ils ne sont pas contre lui faire passer quelques tests de connaissances à la condition bien sûr qu’il obtienne son bac, ensuite seulement ils prendront leurs décisions. Je n’en espérais déjà pas tant, crois-moi !!
Hellènes hoche la tête en accord avec les dernières paroles de son mari, elle retourne ensuite à sa cuisine pour terminer de préparer le repas du soir quand la sonnerie de l’entrée se fait entendre.
« Ding ! Dong ! »
- Tu vas ouvrir chéri ? Je me demande bien qui peut venir à cette heure !!
- J’y vais !!
Pierre repose sur la table basse du salon le dossier qu’il comptait étudier avant le dîner,
se lève pour aller ouvrir et reste un instant figé de surprises, puis d’une joie sincère
quand il reconnaît son visiteur.
Ming sourit à son tour devant la mine ébahie de son meilleur ami.
- Tu devais pourtant bien t’attendre à me voir arriver dans les plus brefs délais après tout ce qui vient de se passer ?
- Ming ??? Hein !! Quoi !! Ah, oui bien sûr !! J’imaginais plutôt que tu nous rejoindrais à Aix comme je te l’avais écrit dans ma lettre.
- Et attendre encore deux jours pour avoir les explications sur la guérison de mon fils !! Tu n’y pensais quand même pas sérieusement !!
Pierre regarde son ami avec les yeux brillants du plaisir sans cesse renouvelé, comme à
chacune de leurs rencontres.
- J’aurais dû m’y attendre c’est vrai !! Mais entre donc !! Hellènes ??? Devine qui est
là ????
Hellènes sort de sa cuisine en s’essuyant les mains avec son torchon.
- Comment veux-tu que je le … !! Ming !! Quelle surprise !!
Elle regarde vers la porte.
- Tu es venu seul ?
- Bien sûr que non, seulement Yuan voulait passer à l’appartement avant de me rejoindre chez vous. Il… comment dire !! Craint… un peu de se retrouver face à votre fils.
CHAPITRE 50 (Chez les De Bierne, Paris) (suite)
- (Pierre) Je comprends !! Florian est dans sa chambre si tu veux lui parler, juste qu’il faut que tu saches avant que c’est lui qui a conçu la pommade tout comme le contenu de la fiole que je t’ai fait parvenir, ce n’est plus le Florian que tu as connu. Essaie de te rappeler mes paroles quand tu seras face à lui, je sais très bien que tu ne l’as jamais porté dans ton cœur et qu’il a toujours été odieux avec toi et encore plus particulièrement avec ton fils.
- (Ming) Odieux est un mot bien faible pour toutes les paroles qui pouvaient sortir de sa bouche, ce n’est que par amitié pour vous deux que je n’ai jamais voulu réagir et ce n’est pas vous qui ramassiez mon fils à la petite cuillère après chacune de nos visites.
- (Pierre) Comment ça à la petite cuillère ?? Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ?
- (Ming) Ouvre les yeux mon grand !! Tu ne voulais rien voir à l’époque et si je t’en parle maintenant c’est juste parce que j’ai le sentiment qu’il s’est réellement passé quelque chose, tes paroles après la guérison miraculeuse de mon fils ont un accent de vérité qui ne me trompe pas.
- (Hellènes) Et tu as raison de le croire, je voudrais juste que tu ne te braques pas contre Florian quand tu vas le voir. Il risque de te perturber fortement dans sa nouvelle façon d’être.
- (Pierre) Il faut juste que tu saches une dernière chose, pour lui tu es un de ses meilleurs amis et pour Yuan c’est… heu…disons… encore plus fort, c’est d’ailleurs pour ça qu’il a tenu absolument à ce qu’il prenne au plus vite les potions qu’il a préparées spécialement pour lui.
- (Ming) Tes propos au lieu de répondre à mes questions me font m’en poser encore davantage, j’espère que tu t’en rends compte ?
- (Pierre) Et ce n’est rien à côté de toutes celles que nous nous posons et que tu te poseras encore, crois-moi sur parole !! Ces derniers mois ont été pour nous la découverte de choses que nous n’aurions jamais pensé être possibles ni imaginables sans nous poser de sérieuses questions sur notre santé mentale.
- (Ming) Ça a l’air d’aller pourtant ?
- (Pierre) Aussi étrange que ça puisse paraître, ça va très bien en effet et ne me demande pas pourquoi, ma seule réponse serait que c’est sans doute à cause du bonheur que nous vivons quotidiennement depuis que tout a commencé.
***/***
« Yuan »
Beaucoup dans la rue se retournent sur ce magnifique garçon brun et souriant d’origine asiatique au corps ciselé par le sport, déambulant en chemisette les bras chargés des courses qu’il vient de faire pour réapprovisionner le frigo.
Yuan bien sûr ne peut manquer de remarquer ces regards sur sa personne et son plaisir n’en est que décuplé de pouvoir enfin ne plus se cacher derrière des vêtements le couvrant de la tête aux pieds en n’importe quelle saison, sa guérison semblant définitive quoiqu’il n’en comprenne encore pas comment ça a pu être possible en si peu de temps.
Il compte bien en savoir plus très rapidement, c’est le but d’ailleurs de ce déplacement non programmé et sa curiosité tout comme celle de son père les ont rendus fébriles pendant toute la durée du voyage, à peine entaché par l’idée d’avoir une nouvelle fois à être mis en présence du rouquin.
D’après son père et de ce qu’il en a retenu de sa conversation téléphonique avec Pierre, ce remède serait en rapport plus ou moins direct avec Florian et sa sortie récente du coma, sans en donner la raison ni même ne serait-ce qu’un début d’explication sur la provenance de cette médication miracle.
En attendant le résultat est là, jamais de toutes ces longues années son corps n’a été débarrassé entièrement comme c’est le cas aujourd’hui des plaques qui lui pourrissaient la vie ; comme celles qu’il avait en permanence entre les jambes et qui le faisaient souffrir le martyr lors de ces moindres efforts un peu trop poussés.
Le fait de ne plus rien ressentir le rend euphorique, les escaliers de marbre menant à l’appartement sont gravis quatre par quatre et sitôt les sacs déposés dans la cuisine, il se rend dans la salle de bain pour se mettre nu comme il ne manque pas de le faire à chaque occasion depuis sa guérison pour se regarder sous toutes les coutures.
Yuan passe sa main lentement entre ses jambes pour en ressentir la douceur de sa peau, rien que ce geste lui fait dresser fièrement son sexe long et fin jusqu’alors reposant tranquillement au-dessous de son pubis à la chevelure noir corbeau.
Un petit sourire malicieux suit de peu une manipulation qui n’a pour toute raison d’être, que de se donner un plaisir qui d’ailleurs ne tarde pas à venir et ce sont plusieurs longs jets d’un liquide opaque, qui viennent terminer leurs courses dans le lavabo.
Encore cette fois ci il ne lui aura pas fallu beaucoup de temps pour arriver au résultat final, Yuan malgré tout en a éprouvé comme à chaque fois un orgasme puissant et comme encore à chaque fois, il se maudit ensuite de l’image qui hante sa libido dans ses moments les plus intimes et qui lui a permis comme bien souvent pour ne pas dire à tous les coups, de jouir aussi fort au point de le rendre haletant et tremblant de tous ses membres.
CHAPITRE 51 (Chez les De Bierne, Paris)
« Florian »
Mon cerveau classe les données au fur et à mesure que je les lui transmets, ça fait plusieurs semaines que je passe tout mon temps libre à lire ou visionner tout ce qui peut me servir pour mes futurs projets, en évitant le plus possible de ne pas me perdre dans des connaissances qui ne me seraient pas utiles dans l’immédiat.
Mes souvenirs me remontent toutes ces longues années que mes deux anciens moi ont passé le nez enfoui dans les bouquins, pour des raisons bien entendues complètement différentes mais que je ne pourrai rattraper j’en suis bien conscient en quelques mois.
Il me faut donc faire le tri entre ce qu’il me sera utile et ce qui peut attendre à plus tard,
même si mes envies tentent souvent de me détourner de mes objectifs.
Maintenant j’en suis encore loin dans les connaissances acquises pour pouvoir mettre en
œuvre quelques formules que ce soit et développer de par ce fait un quelconque
médicament innovant, seul le souvenir que j’ai pu le faire me revenant en mémoire sans
pour autant en retrouver la formulation.
Il va donc me falloir du temps et beaucoup d’énergie pour retrouver toutes mes facultés,
déjà mes progrès en mathématiques et en biologie m’amènent un grand sourire de
satisfaction, ne reste plus qu’à potasser les manuels de médecine pour ensuite
commencer les travaux de recherches pratiques.
Je pense sincèrement que j’en aurais assimilé assez pour la rentrée de septembre, suffisamment en tout cas pour suivre les cours sans problèmes et pouvoir ainsi prendre de l’avance dans les domaines de prédilections qui m’ont toujours passionné.
Je suis tellement pris entre le livre que je feuillette, l’écran de l’ordinateur où défile un cours accéléré d’anatomie appliquée et la télé qui diffuse un film américain en version originale, pour ne pas entendre entrer ceux qui restent un long moment à me regarder complètement abasourdis par ce qui pour eux ne peut être qu’une cacophonie d’images et de sons.
***/***
« Ming, quelques minutes plus tôt. »
- Et bien !! Allons voir à quoi ressemble ce nouveau bonheur mon ami !!
Pierre sourit en frappant un coup bref et en ouvrant la porte, le priant d’un geste de la main de passer devant et stupéfié tout comme lui du spectacle qu’il a à présent sous les yeux, les laissant muets de surprises jusqu’au moment où enfin Florian s’aperçoit qu’ils sont là et pousse un cri de joie en se levant brusquement, se jetant dans les bras d’un Ming complètement abasourdi cette fois et qui n’a que le réflexe d’écarter ses bras pour le recevoir contre sa poitrine.
- Miinnngggg !!!! Waouhhhh !!!! Quelle joie de te voir !!!
- (Pierre) Doucement Florian !! Laisse-lui le temps de comprendre ce qu’il lui arrive ! Hi ! Hi ! Ça doit lui faire un sacré choc !! Pas vrai Ming ??
Ming repousse assez fermement le jeune rouquin, qui du coup en reste figé de déception
à se sentir refoulé aussi prestement et les paroles du petit homme qui de colère en
retrouve sa langue natale, ne cache pas la rancœur qu’il éprouve pour celui qui depuis
toujours n’a eu de cesse d’avilir son fils.
- 但最后是你玩什么 ! (Mais enfin à quoi tu joues !!)
- 我向你保证我还不起 !我们会给你的想法前弗洛里安不再存在,新做的它记住你为亲爱的朋友 !觉
得你可以 y 发生了吗? (Je t’assure que je ne joue pas !! Il va te falloir te faire à l’idée que l’ancien Florian n’existe plus et que le nouveau ne se souvient de toi que comme d’un ami très cher !! Penses-tu pouvoir y arriver ?)
Ming sur le coup ne percute pas que le petit rouquin suppliant en face de lui vient de lui
répondre dans sa langue, tellement ses paroles mais surtout le son de sa voix le
perturbent.
C’est Pierre qui le fait revenir à la réalité, quand il s’exclame surpris.
- Depuis quand tu parles chinois, toi ???
CHAPITRE 52 (Chez les De Bierne, Paris)
Ming regarde son ami Pierre, visiblement surpris par sa question.
- Enfin Pierrot !! Je suis chinois je te rappelle !!
- (Pierre) Ce n’est pas à toi que je posais la question !!
Leurs regards se dirigent droit vers moi qui reste songeur, encore pris dans les paroles de Ming à mon égard.
- Hein !! Ah oui !! Depuis longtemps je crois, ça m’est revenu sans réfléchir !!
- (Ming) Tu parles vraiment ma langue ?
- 谈好我的嗨 !你好! (Tu parles bien la mienne Hi ! Hi !) En fait je pense connaître toutes les langues et surtout ne me demandez pas comment c’est possible, je n’en sais pas plus que vous !!
Ming commence à comprendre que sa réaction de tout à l’heure n’était due qu’à ses préjugés sur ce qu’il connaissait du fils de son ami, maintenant que l’effet de surprise est passé il se rend compte des différences fondamentales entre les deux mentalités et ce même si le physique reste le même, à part peut-être la coupe de cheveux qui il doit bien le reconnaître est beaucoup plus plaisante voir amusante qu’avant.
- Je me suis laissé emporter sans tenir compte des avertissements de ton père, je m’en excuse.
- Ce n’est pas grave, j’ai eu droit au débriefing de ce qu’était l’ancien Florian et je suis même étonné que tu ne te sois contenté que de me repousser, moi à ta place j’aurais très certainement été beaucoup plus violent.
- (Pierre) Nous serions certainement mieux dans le salon et Hellènes doit se demander ce qu’il se passe dans cette chambre.
- (Ming) Tu as raison !! Allons la rejoindre !!
Au moment où il s’apprête à sortir de ma chambre, je le retiens par un bras.
- « Yu » n’est pas venu avec toi ?
Ming se retourne, visiblement étonné.
- « Yu » ?? C’est comme ça que tu appelles mon fils dans tes souvenirs ?
- Eh bien oui, pourquoi ?
- (Ming) Ça va le changer alors !! Et pour sa maladie de peau ?
- Oh !! Dès que nous nous sommes vus la première fois, le courant est tout de suite passé entre nous et je l’ai guéri de la même façon qu’ici, tu lui as bien donné la pommade que mon père t’a envoyé ?
- (Ming) Pourquoi crois-tu que nous ayons fait ce long voyage ?? Par contre niveau courant, attends-toi plutôt à un sacré court-circuit ! Hi ! Hi !
- Je m’en doute bien tu sais !! Déjà avec « Toinou » j’ai failli y laisser ma peau, heureusement pour tout le monde que certaines disons… « spécificités » que j’avais d’avant, sont restées efficaces aussi ici.
- (Pierre) Vous comptez rester campés longtemps dans le couloir vous deux ?
- (Ming) On arrive !!
Il reporte son regard curieux vers moi, visiblement une question lui brûle encore les lèvres.
- C’est bien de ton cousin Antoine que tu parles ?
- Bien sûr !! Qui d’autre veux-tu ?
- Ça s’est terminé comment au final avec lui ?
- Très bien !! Nous sommes redevenus amis comme dans mon passé.
- Ah !!! Souhaitons alors qu’il en soit de même avec mon fils.
- Tu me crois maintenant alors ?
- Il le faut bien !! Tu es visiblement à l’opposer du Florian que je connaissais, j’espère juste que Yuan s’en apercevra lui aussi !! Vous étiez également amis si je ne me trompe ?
- Plus qu’amis !!
Ming plisse les yeux de surprises.
- Qu’entends-tu par « plus qu’amis » ?
- Disons pour faire simple que nous éprouvions l’un vis-à-vis de l’autre, les mêmes sentiments que tu as depuis toujours envers mon père.
CHAPITRE 53 (Chez les De Bierne, Paris)
Ming reste un instant sans voix.
- Tu as déjà parlé de ça avec Pierre ?
- Bien sûr et il m’a avoué qu’il l’avait toujours su !! Je ne parle pas de moi et « Yu » bien sûr, parce que quand je le lui ai avoué il est tombé des nues comme tu dois bien t’en douter. Maintenant j’ai bien compris que c’est votre secret et si je t’en ai parlé, c’est juste parce que nous avons déjà eu cette conversation et que l’aveu était venu de toi, j’espère que ta confiance d’alors redeviendra aussi forte quand tu auras la certitude que je ne suis plus du tout celui que tu as connu jusque-là.
- Il va me falloir du temps pour que je me fasse à tout ça !! C’est tellement… extraordinaire !!
- Il est peut-être temps de rejoindre mes parents dans le salon ? Nous aurons l’occasion d’en reparler maintenant que les choses sont dites et que ton regard sur moi a changé, parce qu’il a changé n’est-ce pas ?
Ming réfléchit quelques secondes avant de répondre, son visage redevenu soudainement amical.
- Il va te falloir convaincre beaucoup de monde avant que tu puisses retrouver une vie normale, je suis certain que tu y arriveras.
- Qu’est ce qui te fait dire ça ?
- Mon intuition !! Mais aussi parce qu’il ne peut en être autrement, ta façon d’être dénote à elle seule que tu n’as plus rien de commun avec le Florian que nous avons connu. Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’aime bien le nouveau Florian que tu es devenu et je pense que si tu continues dans cette ligne de conduite, l’autre sera vite oublié.
Maintenant ça ne répond pas à toutes les questions qui se posent, questions auxquelles il faudra bien trouver les réponses un jour ou l’autre.
- Peut-être qu’elles sont quelque part dans ma tête ? Et qu’un jour j’en connaîtrai suffisamment sur moi pour comprendre ce que je suis et surtout le pourquoi de toute cette histoire, pour l’instant j’en suis au même point que vous tous !! Bien obligé de l’accepter comme elle est, malgré tout ce qu’elle peut avoir d’irréelle et d’incompréhensible.
- Ne t’en fais pas mon garçon !! Je suis certain que tu y arriveras, il faut juste que tu fasses la part de l’imaginaire et du réel dans tous tes souvenirs.
- Le hic tu vois !! C’est que pour moi c’est ou tout l’un, ou tout l’autre !!
Nous en finissons là et entrons dans le salon, encore plus troublés qu’avant cette conversation.
- (Pierre) Ah !! Quand même !! Mais dites donc vous deux ?? Tout a l’air d’aller beaucoup mieux entre vous, je me trompe ??
Ming se place près de son ami, visiblement embarrassé.
- Alors comme ça tu savais ?
Pierre rougit en comprenant à quoi Ming fait allusion.
- Je ne voulais pas t’embarrasser tu comprends ? Pour moi tu es avec Franck celui que je considère comme un frère et j’ai toujours éprouvé une grande fierté quant à tes sentiments envers moi, même si je ne saurai y répondre sur certains points.
Les sourires qu’ils se donnent parlent mieux que n’importe quelles paroles, je n’attends donc pas que la gêne vienne s’instaurer entre eux et je pose la question qui trop longtemps est resté sans réponse.
- Au fait vous deux !! Vous allez pouvoir éclairer ma lanterne, Papi et Mamie n’ont jamais voulu me répondre !! Sur le dessin que Papi garde précieusement, c’est lequel de vous deux qui a la plus grande ! Hi ! Hi !
Hellènes sourit car elle comprend tout de suite à quoi son fils fait mention, c’est donc d’une manière détournée qu’elle me donne la réponse.
- Ton père me disait dernièrement qu’il avait enfin trouvé en toi quelque chose qui vient de lui, c’était la fois où tu es sorti nu de la salle de bain !! Mon dieu qu’il a été fier ce soir-là ! Hi ! Hi ! Quand il a enfin trouvé le lien de filiation, et quel lien apparemment !!
Ming en a les yeux qui se plissent d’amusement, il revoit cette soirée où lui et Pierre ayant abusé de l’alcool, ont eu cette super idée de tracer sur une feuille de papier les contours de leur sexe en érection et ce juste pour pouvoir les comparer ensuite et faire cesser ces allusions graveleuses sur celui qui avait la plus grande.
- Je pensais bien que nous l’avions détruite !! Va falloir que j’en cause deux mots à Michel ! Hi ! Hi !
- Et donc ??
- (Pierre) Ta mère t’a donné la réponse il me semble ! Hi ! Hi !
- (Ming) Certaines réputations n’ont pu hélas que s’avérer exact une fois de plus.
- (Pierre fier) Et j’ai gagné ! Hi ! Hi !
- (Ming) C’est exact, mais d’’une courte tête reconnaît le !!
Pierre fait un clin d’œil à son ami.
- (Pierre) Si tu le dis !! Mais ôte-moi d’un doute ?? Ce n’est pas suite à cette soirée que t’est venu ton surnom ??
- (Ming) Tu crois ??
- (Pierre) J’en suis sûr !!
- Moi je sais ! Hi ! Hi !
Ils me regardent tous les deux, attendant la suite.
- Maintenant que vous en parlez !! Je croyais jusque maintenant que c’était à cause de ta taille que Papi t’appelais « le petit Ming » !! Je comprends aujourd’hui qu’il faisait allusion à autre chose !!
- (Ming) Depuis tout à l’heure tu parles de Michel ? J’aurais plutôt pensé que ça venait de ton père !!
Je lui explique alors les différences dans mes souvenirs, différences qui ne sont pas juste liées à ce que j’étais mais aussi à beaucoup d’autres facteurs qui n’étaient pas toujours heureux eux non plus.
C’est quand j’ai presque terminé mon histoire, que la sonnerie de l’entrée retentit et qu’ils voient bien tous la pâleur qui me prend soudainement en comprenant qui doit être le nouveau visiteur.
Ming à côté de moi vient me prendre la main, je vois bien qu’il le fait pour me rassurer et c’est avec un petit sourire timide que je réponds à son geste pendant que ma mère va ouvrir et que Yuan apparaît dans la pièce, sidéré de ce que ses yeux voient sur l’instant.
CHAPITRE 54 (Chez les De Bierne, Paris)
Ming se met entre Florian et son fils, son air protecteur envers le petit rouquin choque visiblement Yuan.
- (Yuan) P’pa !!! Qu’est-ce que tu fais ??
- (Ming) J’essaie d’éviter que se reproduise la même chose qu’avec moi quand je suis arrivé fiston !!
Je passe la tête au-dessus ce celle de Ming, en me mettant sur la pointe des pieds.
- Salut « Yu » !! Tu vas bien ?
Yuan sursaute et fixe le petit rouquin avec un regard noir de colère.
- Qu’est-ce que ça peut bien te faire !!
- (Ming) Ne dis plus rien et écoute-moi !! Tu risques sinon de regretter tes prochaines paroles !! C’est grâce à Florian si ta maladie n’est plus qu’un mauvais souvenir, avant de continuer sur ce ton avec lui je te demande juste d’y réfléchir à deux fois !! Il n’a plus aucun souvenir de ce qu’il était avant son accident, alors c’est inutile de lui en faire des griefs même si c’est exactement ce que j‘ai commencé à faire en le voyant.
- (Yuan) 你什么都说爸爸!你还不理解它越来越高你一艘船! (Tu dis n’importe quoi p’pa !! Tu
n’as pas encore compris qu’il est encore en train de te monter un bateau !!)
Ming me serre plus fort la main en se tournant vers moi.
- 你想要见到他吗? (Tu veux lui répondre ?)
Le regard que jette Yuan sur son père vaut le coup d’œil et quand il m’entend répondre dans sa langue, je crois que là son ahurissement a atteint des sommets.
- 在我的记忆中我们是朋友和我希望一件事,它是你完成的相信我,因为我是真诚的 (Dans mes
souvenirs nous étions amis et je ne souhaite qu’une chose, c’est que tu finisses par me croire car je suis sincère)
Pendant qu’il reprend ses esprits après mes paroles, je ne peux m’empêcher de l’admirer et mon cœur s’accélère devant ce garçon qui a été mon ami mais surtout pour une part de mes souvenirs du moins, mon amant et je comprends qu’une fois encore je me laisse prendre à toutes les qualités qui m’ont toujours attiré vers lui.
Mon visage doit certainement refléter une bonne partie de mes pensées car le sien change également et de colérique voir haineux, il devient petit à petit curieux voir surpris de mon attitude envers lui.
***/***
« Pensées de Yuan. »
Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire !! Pourtant mon père a l’air d’avoir pris le parti de lui faire confiance !! Bizarre quand même ce changement aussi soudain de la part du « rouquemoutte » !! Et puis sa coupe de douille ?? J’avoue qu’il est trop trognon comme ça avec sa petite bouille toute grêlée !! Oh !! Yuan !! Du calme !! Tu ne vas quand même pas te laisser avoir encore une fois, ce n’est pas parce que tu fantasme sur lui qu’il faut croire qu’il ait pu changer à ce point !! Maintenant c’est quand même bluffant, je n’ai pas l’impression que ce soit l’autre tâche qui est en face de moi !! Et puis c’est quoi cette histoire avec ma guérison ?? Pourquoi papa dit-il que c’est grâce à lui ?? Pourquoi il me regarde comme ça maintenant ?? Il est tombé amoureux ou quoi ?? Hum !! Si seulement c’était vrai !! Mais ne rêve pas Yuan !! Fais comme ton père te demande et reste poli en attendant de mieux comprendre à quoi rime toute cette histoire !! Pourquoi au lieu de vouloir lui en mettre une, j’ai envie de le serrer dans mes bras ?? Putain ses yeux !! Je n’en ai jamais vu d’aussi beaux !! Bon !! Ce n’est pas le tout mon « Yu » !! Va falloir que tu te bouges, sinon ils vont finir par se demander quoi !!
***/***
- Ouaih !! Bon !! J’attends qu’on m’explique ce qui se passe ici, c’est quoi ces souvenirs de choses que je ne me rappelle pas et pour cause, ton coup sur la tête semble t’avoir plus dérangé l’esprit qu’autre chose !! Ma fois je ne devrais pas m’en plaindre puisque tu ne m’as pas encore traité de tous les noms, rien que ça amène déjà de quoi se poser des questions.
CHAPITRE 55 (Chez les Viala, Reims) (Les trois frères)
« Appartement des Viala, quartier saint Rémi. »
Guillaume rentre du lycée, il dépose son sac dans sa chambre et il va pour se diriger vers la cuisine pour y prendre une boisson avant d’aller un peu sur les réseaux sociaux voir ce qu’il s’y passe, quand un petit bruit venant de la chambre de son plus jeune frère le fait sourire et tendre l’oreille en la plaquant contre la porte.
Il reste comme ça une petite minute, comprenant bien ce à quoi s’adonne encore une fois Damien et ne voulant pas plus que ça jouer les voyeurs, il continue son chemin en soupirant d’amusement.
C’est vrai que « Dami » depuis quelques années déjà, n’est pas des plus discrets quand il s’adonne comme en ce moment au plaisir dit « solitaire » et c’est encore pire quand il se croit seul.
Guillaume reconnaît volontiers qu’il n’est pas le dernier non plus à ce genre de jeu, se contentant toutefois d’attendre le soir quand il est bien installé dans son lit et le mouchoir qui lui sert à recueillir le fruit de son plaisir est parfois dans un tel état de raideur, qu’il finit par le jeter dans une poubelle de peur que sa mère ne se rende compte de ce à quoi il sert.
- Ahhh !!!!
Guillaume retient l’éclat de rire qui menace de le prendre, il sort un second verre en sachant bien la première chose que va faire son cadet en sortant de sa chambre.
Damien n’y manque encore pas cette fois ci et son visage marque l’étonnement, puis la gêne en comprenant au sourire de son frère qu’il a dû se faire capter.
- (Guillaume amusé) Tu devrais mettre une sourdine quand tu te secoues la bite !!
- (Damien) Pffttt !!! N’importe quoi !!
Guillaume lui tend le verre en haussant les épaules.
- Tu n’as pas à en avoir honte c’est normal à ton âge, je te demandais juste d’être plus silencieux !! Imagine que ce soit les parents qui t’aient entendu ? Ou alors fais comme moi !! Mets de la musique pour couvrir le bruit.
- (Damien) Ah !! Parce que toi aussi, tu…
- (Guillaume) Bien sûr qu’est-ce que tu crois ? Seulement je sais faire attention, moi !!
Damien sourit à son frère, content qu’il lui ait avoué que lui aussi s’adonne à la branlette.
- Pourquoi tu ne m’en avais jamais parlé avant ?
- (Guillaume) Et pourquoi je l’aurais fait ? Tu peux me le dire ? Ce n’est pas une activité qu’on aime à crier sous sur les toits non plus, même si tout le monde le fait !!
- (Damien) Même « Aurel » tu crois ?
- (Guillaume) Il n’est pas autrement fait que les autres garçons tu sais !!
Damien a alors un rictus qui amuse aussi son frère qui comprend le fil de ses pensées.
- (Guillaume) Vas-y !! Dis ta connerie du jour ! Hi ! Hi !
- (Damien) J’ai du mal à imaginer le grand qui se secoue la queue ! Hi ! Hi !
- (Guillaume) Et pourquoi donc ?
- (Damien) C’est surtout le fait de secouer tu comprends ? Pour ça il faut y mettre une certaine énergie ! Hi ! Hi !
- (Guillaume) Ça doit sortir tout seul par effet de trop plein alors ! Hi ! Hi !
Damien qui était en train de boire s’en étouffe en recrachant sa gorgée d’eau.
- Hi ! Hi ! T’es con !! J’ai avalé de travers ! Hi ! Hi !
La porte d’entrée s’ouvre à nouveau et met un temps certain avant de se refermer, ce qui amène un nouveau fou rire des deux frères qui se doutent bien de quel membre de la famille il s’agit.
- (Guillaume) On est dans la cuisine « Aurel » !! T’as soif ?
Temps mort, puis une voix emplie de « zenitude » répond.
- Ouaih !! Cool mec !!!
CHAPITRE 56 (Chez les Viala, Reims) (Annie)
« Tribunal de Reims. »
Annie est plongée dans ses dossiers, elle réserve toujours ses fins de journées pour traiter les cas les moins difficiles et celui qu’elle lit actuellement est de ceux qu’elle estime qui ne devrait pas arriver jusqu’à son bureau.
Des parents de la haute noblesse qui laissent leur enfant unique poursuivre ses études au demeurant brillantes, en ne lui octroyant que le minimum d’argent pour qu’il ne crève pas de faim.
Quand elle a reçu le jeune Marc, celui-ci lui est apparu si maigre qu’elle en a eu un sursaut de stupeur et le fait est que ce garçon longiligne n’a que la peau sur les os, tout ça sans vraie raison médicale apparemment si ce n’est sans doute les privations qu’il s’oblige pour pouvoir boucler ses fins de mois.
C’est un de ses amis qui a porté l’affaire en justice, un jeune homme à la carrure impressionnante et qui de suite lui a amené sa sympathie, suffisamment en tout cas pour qu’elle accepte de se saisir du dossier et convoque les parents du jeune Marc pour avoir leur version des faits afin de pouvoir ensuite rendre son jugement.
« Dring !! Dring !! »
Annie décroche le téléphone.
- Allô !!!!
- …….
- Elle-même !! A qui ai-je l’honneur ??
- …….
Annie sourit.
- C’est toi Paul ?? En voilà une surprise !! Depuis le temps !!
- ……
- Tu n’as pas à t’excuser !! Je suis aussi fautive que toi, mais tu sais entre l’installation, les enfants et le travail, le temps passe si vite !!
- …….
- Oui je t’écoute ??
- …….
- Pas de soucis voyons !! Mais qu’a donc ce garçon pour que tu t’y intéresses à ce point ??
- …….
- Je comprends !! Drôle d’histoire !! Tu crois vraiment qu’il est sincère ??
- ……..
- Hum !!! J’ai toujours reconnu tes qualités intuitives, mais là au vu de ce que tu viens de me dire le doute est quand même de mise et permets-moi de te dire que je reste sceptique sur cette amnésie qui tombe à pic, ça sent l’entourloupe à plein nez !!
- …….
- Entendu !! Tu me l’envoies et je traiterais son cas avec impartialité, mais es-tu certain qu’il viendra vraiment poursuivre ses études à Reims ?
- …….
- Ah !! D’accord !! Et bien au cas où, je prendrais ce dossier en charge !! Merci de ta confiance Paul et si tu passes dans la région, n’hésites pas à venir nous voir !!
- …….
Annie raccroche, son front se plisse de réflexion et cherche désespérément dans sa mémoire où elle a déjà entendu ce nom de Florian De Bierne, qui ne lui est pas inconnu mais sans pouvoir toutefois arriver à mettre le doigt dessus.
Paul lui a promis de lui envoyer au plus vite une copie du dossier le concernant, peut-être qu’alors ça lui reviendra en mémoire et elle soupire en replongeant dans le dossier du jeune Marc Antoine De Lamarlière, qui pour l’instant a plus besoin d’elle que ce garçon soi-disant amnésique.
Malgré tout, elle ne peut s’empêcher d’y penser et le fait que ce nom lui parle sans pouvoir s’en rappeler les circonstances l’exaspère particulièrement, aussi c’est en soupirant d’énervement qu’elle referme le dossier et qu'elle quitte son bureau pour rentrer chez elle, se connaissant suffisamment pour savoir qu’elle n’aura plus l’esprit à son travail pour aujourd’hui.
Ce n’est seulement qu’en conduisant, que tout lui revient d’un seul coup et son visage se ferme alors comme une huitre, elle revoit le minois angelot mais au combien trompeur du petit rouquin alors qu’elle était encore en poste au tribunal pour enfants à Paris.
C’était quelques mois avant sa demande de mutation, elle avait eu en main cette affaire de viols de jeunes hommes qui après avoir été drogués ont été ensuite mis dans les pattes de vieux vicieux contre de l’argent.
Le jeune De Bierne était impliqué comme accusé d’être l’un des principaux protagonistes de ce trafic et si elle a prononcé un non-lieu cette fois-là, c’était la mort dans l’âme car elle était intimement convaincue de sa culpabilité.
Seulement les victimes ne se rappelant de pas grand-chose ont fini par tous retirer leurs plaintes, les avocats de la famille De Bierne leur rappelant insidieusement à la moindre occasion que le manque de preuve flagrante pourrait se retourner contre eux et qu’ils risquaient à leur tour de passer en jugement pour fausses déclarations et accusations mensongères.
Annie se rappelle très bien maintenant le regard ironique du jeune rouquin fixé dans le sien pendant toute la durée des débats, jamais il n’a baissé les yeux, semblant prendre plaisir à se moquer d’elle.
Les autres accusés quant à eux notables notoirement connus, avaient tous de bonnes raisons d’être ailleurs aux moments des événements et elle savait bien dès le départ comment tout cela finirait en fin de compte, le non-lieu qu’elle a dû prononcer ce jour-là lui restant comme un goût amer en lui démontrant une fois de plus que pouvoir et argent, ne sont pas de vains mots.
CHAPITRE 57 (Chez les Viala, Reims) (Frédéric)
« Université de médecine, Reims. »
Frédéric range avec soin son bureau, sa première année comme professeur agrégé en chirurgie réparatrice étant terminée et c’est avec le sourire qu’il fait le bilan somme toute positif de ce tournant dans sa carrière, enseigner étant ce qu’il rêvait de faire depuis la sortie de ses études.
Il va pouvoir consacrer ses prochains mois à plein temps au CHU où il y a également un emploi, ses quinze heures de cours n’étant pas et de loin suffisant pour lui qui est un homme ne pouvant pas imaginer un instant rester sans rien faire.
L’année qu’il vient de passer depuis qu’avec sa famille ils ont quitté Paris a été des plus constructives, ses enfants d’abord rébarbatifs à l’idée de quitter leurs amis ont en fin de compte trouvé un épanouissement certain dans leurs nouvelles écoles et dans le quartier où ils se sont faits très vite d’autres connaissances.
Annie qui tout comme lui ne supportait plus la vie parisienne a retrouvé le sourire, son travail semblant moins rébarbatif que le précédent où elle rentrait bien trop souvent sur les nerfs et commençait même à les passer sur eux sans en prendre réellement conscience, jusqu’au jour où la dispute a éclaté manquant de mettre leur couple en péril.
Depuis tout est rentré dans l’ordre au plus grand bonheur de tous, lui-même ayant retrouvé le goût pour son métier depuis que la sérénité est revenue parmi son entourage le plus proche.
Etant natif de la région, il a pu redécouvrir des amis qu’il avait commencés à perdre de vue et ses week-ends de repos passent bien trop vite à son gré, le bilan de l’année écoulée étant finalement qu’il ne l’a pas vu passer.
***/***
« Une heure plus tard, CHU de Reims. »
Frédéric a à peine passé la porte de l’hôpital qu’il remarque aussitôt l’agitation autour de lui, la secrétaire de l’accueil lui fait alors signe de venir dans sa direction.
- Oui ?
- C’est le docteur Maheu qui m’a demandé de vous prévenir dès votre arrivée docteur !!
- Que me veut-il ?
- Il y a eu un grave accident sur la voie rapide, il demande l’aide de tous ceux qui sont disponibles !! Ça m’a l’air sérieux, les ambulances n’arrêtent pas de nous amener de nouveaux blessés.
- Très bien !! Juste le temps de me changer et je le rejoins aux urgences, faites-le prévenir s’il vous plait !!
- Entendu docteur !!
Frédéric repart d’un bon pas mais cette fois pour rejoindre les vestiaires, il croise plusieurs de ses collègues visiblement affolés et pour la énième fois depuis un an, se dit qu’il faudrait décidemment un vrai patron dans cet hôpital.
Un patron qui sache fédérer le personnel pour ne pas qu’à chaque accident important, un vent de panique s’instaure comme c’est encore le cas aujourd’hui.
***/***
« Vingt heures, chez les Viala. »
La famille est à table pour le dîner, bien trop silencieuse au goût de la fratrie qui voit bien que leurs parents sont préoccupés.
- (Guillaume) Vous en faites une tête tous les deux ? Quelque chose qui n’a pas été au boulot ??
- (Frédéric) Le bordel habituel dès qu’il y a un semblant de stress !! Il manque un vrai chef d’orchestre dans cet hôpital, quelqu’un de suffisamment calme et pondéré pour y insuffler un semblant d’ordre.
- (Damien) Pourquoi ça ? Votre patron ne fait pas son travail ?
- (Frédéric) Piou !! Celui-là à part pour dire qu’il n’y a pas assez de rentrées d’argent !! Je me demande à quoi il sert !! Mais, bon !! Oublions ça, après tout je suis à la maison et je m’étais promis de ne pas y laisser entrer le boulot !!
- (Annie) Pas facile pourtant, surtout quand on vous remet une vieille histoire dans les bras !! Je pensais bien ne plus entendre parler de ce gamin infâme !! Paul dit qu’il a changé, comment peut-il croire une chose pareille ??
- (Frédéric) De quelle affaire tu parles ?
- (Annie) L’affaire De Bierne !! Tu sais, je t’en avais parlé ? Ce gamin qui était accusé de livrer à des vieux pervers des jeunes hommes trouvés dans la rue après les avoir drogués, pour se remplir les poches avec le fric qu’il leur réclamait.
Frédéric horrifié.
- Ne me dis pas qu’il a recommencé ?
- (Annie) Non !! C’est une histoire de cambriolage de bijouterie cette fois, qui s’est terminé par un accident où une fois de plus il est impliqué !! Le pire c’est qu’il a réussi à faire croire à Paul qu’il ne se rappelle de rien et le pire du pire, c’est que Paul l’a cru. Il m’a demandé de le suivre régulièrement jusqu’à sa majorité pour vérifier qu’il est bien revenu dans le droit chemin !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce gamin passe au tribunal plusieurs fois par an depuis des années et il arrive toujours à s’en sortir comme si de rien était !! Le pire c’est que sur le coup je ne me rappelais plus qui était ce Florian De Bierne dont Paul me parlait !!
Aurélien relève un œil en direction de sa mère.
- Tu as bien dit… « Florian » De Bierne, m’man ?
- (Annie) Oui !! Pourquoi ? Tu le connais mon grand ?
- (Aurélien) Ce mec est le gamin le plus ignoble que nous avions au collège, pourtant tu lui aurais donné le bon dieu sans confession à voir sa tête mais heureusement il s’est fait virer au bout d’à peine un an, il rackettait les sixièmes et je crois même qu’il en a fait envoyer un à l’hosto !! Une histoire de tesson de bouteille qu’il lui aurait enfoncé dans la cuisse parce que le môme ne voulait pas lui donner son argent de poche si je me rappelle bien.
- (Guillaume) Et bien dis donc !! Il t’a marqué ce mec !!
- (Damien) C’est sûr !! Pour te faire aligner autant de mots en même temps ! Hi ! Hi ! Je rigole mais c’est un pourri s’il a fait réellement ce genre de trucs, comment ça se fait qu’il n’ait pas été envoyé en prison ?
- (Annie) Déjà parce qu’il est mineur, ensuite parce que sa famille est riche comme crésus et peut se payer les meilleurs avocats qui soient !!
- (Damien) Mais c’est dégueulasse !!
- (Annie) Je ne te le fais pas dire, mais c’est comme ça et croyez-moi, il vaut mieux pour vous de ne connaître jamais un garçon pareil et celui-là en particulier !
CHAPITRE 58 (Chez les De Bierne, Paris)
« Fin de soirée. »
L’ambiance depuis l’arrivée de Yuan est remontée de plusieurs crans, le repas du soir aidant à la décontraction mais surtout il permet à leurs invités de réaliser combien Florian est à l’opposé de ce qu’ils s’en rappelaient les rares fois où ils étaient obligés de subir sa présence.
Ming observe attentivement les petits gestes et les mimiques de Florian quand il converse avec une des personnes attablées, ses yeux rieurs n’ont plus rien à voir avec ceux froids et calculateurs qu’il lui connaissait jusqu’alors.
Yuan en est quasiment au même point que son père, à part peut-être quelques questions qu’il se pose encore sur les véritables raisons de ces clins d’œil que lui lance Florian dès que son regard croise le sien.
Pierre tout comme Hellènes ressentent bien eux aussi que l’atmosphère tendue des débuts commence à devenir plus intime, les sourires tout comme les conversations, arrivants plus naturellement sur des visages qui jusqu’alors étaient restés quelques peu crispés, démontrant par le fait qu’aussi bien Ming que Yuan commencent à se faire à l’idée d’un possible nouveau Florian.
- (Ming) Au fait Florian ? Quand tu disais qu’avec mon fils vous étiez plus qu’amis, tu voulais dire quoi exactement ? Simplement en pensées ou plus… disons…physique ?
Pierre qui est bien sûr au courant de la liaison qu’ils avaient ensemble, commence à connaître suffisamment son fils pour tendre le dos à sa réponse tout en sachant très bien comment il fonctionne maintenant, tout comme l’honnêteté qu’il a à dire les choses qu’il pense et ce même si ça peut parfois surprendre, voire choquer.
- (Pierre) Ils avaient certainement des liens beaucoup plus fort qu’une simple amitié, c’est sans doute ce qu’a voulu te dire mon fils ! Pas vrai fiston ?
- D’une certaine façon c’est exact en effet, nous étions plus que de simples amis et en fait si vous voulez tout savoir, nous nous aimions, et ce depuis la première minute où nous nous sommes vus, tellement même que dans une des vies que je me souviens avoir vécue nous étions amants.
Yuan sidéré, accuse le coup par un hoquet de surprise.
- De quoi !!!
- Tu as bien entendu le bridé ! Hi ! Hi ! Dans un autre de mes souvenirs c’était différent, ma maladie t’empêchait d’être vraiment toi-même avec moi et je sentais bien que tu m’aimais sans que ça aille plus loin, mais ça de toute façon tu le savais aussi bien que moi que c’était impossible.
- (Ming) C’est pour le moins surprenant !! Yuan dans nos souvenirs à nous tout du moins, t’a toujours détesté et le mot est faible crois-moi !! D’apprendre que dans les tiens vous puissiez être aussi proches me semble ahurissant, pas pour toi ?
- Pas vraiment non !! Quel est le sentiment le plus proche de l’amour sinon la haine et qu’est-ce que la haine sinon bien souvent le contrecoup d’un amour déçu ou inaccessible ? Je suis certain pour ma part que si celui que j’étais avant n’avait pas été aussi minable et cruel, « Yu » aurait été complètement différent quant à ses sentiments vis-à-vis de moi, pas vrai le bridé ??
Etrangement ça fait deux fois déjà que tous entendent Florian appeler Yuan « le bridé » et personne n’y voit plus rien d’humiliant ni de méchant, souriant simplement devant la tête que fait Yuan à entendre toutes ces explications sur les liens qu’ils avaient ensemble dans les souvenirs de Florian.
- Va savoir le grêlé ! Hi ! Hi
- Lajaunie !!
- Rouquemoutte !!
- Jaune d’œuf !!
- Têtard !!
Hellène tout d’abord surprise, éclate finalement de rire quand elle comprend qu’il n’y a plus rien de méchant bien au contraire dans tous les petits noms qu’ils se jettent au visage.
- Mais ce n’est pas bientôt fini vous deux ! Hi ! Hi ! Quel âge vous avez donc ??
- (Yuan) C’est lui qui a commencé !!
- Oh lui !! Le cafteur !!
Ming sidéré regarde son ami Pierre qui tout comme lui assiste à ce qu’il n’aurait jamais
pensé être possible entre leurs deux garçons, il voit bien dans leurs yeux pétillants
d’amusement que la barrière qui les séparaient est enfin rompue.
Yuan le garçon réservé qu’il a toujours connu l’étonne de la plus belle des façons, il s’est non seulement transformé depuis sa guérison en un magnifique jeune homme que beaucoup envieraient à lui ressembler mais s’exprime maintenant avec une jovialité qui réchauffe le cœur.
CHAPITRE 59 (Chez les De Bierne, Paris)
Pierre prend son ami à part pour lui souffler à l’oreille.
- Qui aurait cru voir ça un jour ?
- Pas moi, c’est certain !!
- Tu crois que…
- Tu en penses quoi toi ?
- Et bien regarde les !! On dirait que c’est bien parti pour !!
- Ils ont de la chance alors ?
- Comment ça ?
- Pour eux au moins ça semble réciproque !!
- Tu m’en veux ?
- Pas du tout, qu’est-ce que tu vas chercher là !!
- C’est bien alors, souhaitons leur bonne chance et qu’au moins ils connaissent enfin une amitié au moins égale à la nôtre.
- C’est tout le meilleur que je leur souhaite mon « Pierrot » !!
Hellènes les larmes aux yeux, observe aussi bien son mari avec son meilleur ami que leurs deux fils et le bonheur qu’elle éprouve en cet instant est de ceux qu’elle voudrait conserver pour toujours dans sa mémoire tellement toute cette joie qu’elle ressent autour d’elle, est de celle qu’elle désespérait de connaître depuis si longtemps.
Nul doute pour elle maintenant que tout va finir par s’arranger, que leur vie va connaître enfin la paix et s’il y aura encore certainement des moments difficiles, ils ne seront plus seuls à les supporter comme jusqu’à présent ils l’ont toujours été.
Il est bientôt temps d’aller se coucher, la nuit étant trop avancé pour que Ming et son fils
rentrent chez eux et Florian tout comme il l’a fait avec son cousin, laisse sa chambre à
Yuan pour s’installer dans le canapé alors que son père se voit attribuer la chambre
d’amis.
***/***
« Plus tard dans la nuit. »
Le sommeil semble se refuser à tous cette nuit-là, car chacun ayant trop de choses en tête pour pouvoir s’endormir et tous ressassent les derniers événements en boucle sans pour autant trouver les réponses à la myriade de questions qu’ils se posent.
La principale étant de faire le pendant entre le vrai et l’imaginaire des souvenirs de Florian, la suivante de comprendre comment est possible ce « don » qu’il a de pouvoir à la fois guérir et se guérir, pour Pierre la réponse se trouve dans les circonvolutions du cerveau humain que personne jusqu’à présent n’a su interpréter ni en comprendre exactement l’énorme potentiel.
Le scanner a montré qu’une vaste zone s’était soudainement mise au travail, sans doute pour pallier à la partie qui était gravement endommagé et de là à penser que c’est cette nouvelle partie qui a permis sa guérison, le chemin n’est pas loin quoiqu’il n’explique pas les autres vies dans le souvenir de son fils et le revoilà qui tourne une nouvelle fois ses interrogations en boucles dans sa tête.
Hellènes cherche encore à comprendre les paroles de Philippe qui sous entendraient que
les souvenirs de Florian seraient tirés d’un rêve et que son esprit s’en est nourri pour se
reconstituer, évitant ainsi à son fils de devenir un légume lors de son réveil.
Ming cherche désespérément à comprendre ce qui ces derniers jours, vient de bouleverser
au bon sens du terme, sa vie et tout ce qu’il arrive à en tirer, c’est qu’il nage en pleine
science-fiction.
Comment quelqu’un peut-il changer aussi radicalement même après un accident ?
Comment expliquer que la maladie de son fils ait disparu en quelques minutes ? Et enfin
comment peut-on avoir des souvenirs aussi précis de choses qu’on ne peut avoir vécu ?
Ming en est là dans ses réflexions à se tourner et se retourner dans son lit sans pouvoir s’endormir, il décide alors de ne plus se poser toutes ces questions et de se contenter de n’être que spectateur de ce qui va se passer par la suite, sachant pertinemment au fond de lui que c’est un vœu pieux et qu’il n’est pas prêt d’avoir autre chose en tête que de trouver des réponses, même si pour ça il ne doit plus jamais trouver le sommeil.
Yuan quant à lui n’a qu’une chose en tête qui l’obnubile depuis que les paroles de Florian
lui ont fait comprendre qu’il s’intéressait à lui.
Au début il a trouvé ça plutôt bizarre, voire déplacer après tout ce qu’il lui a fait subir comme moqueries, mais en y réfléchissant bien ces yeux reflétaient ses paroles et l’ont fortement troublé pendant toute la soirée, lui faisant même miroiter que peut être ce qui pour lui n’était depuis quelques années déjà qu’un pur fantasme et qu’il ne pouvait calmer que lors de ses masturbations frénétiques, pourrait bien devenir la réalité.
Pour ça il devra déjà lui pardonner, mais n’est-ce pas déjà fait ? Yuan sourit car il connaît
parfaitement la réponse, les petites piques qu’ils se sont envoyées pendant toute la
soirée n’avaient plus rien à voir avec la relation ou plutôt le manque total de relation qu’il
pouvait bien y avoir jusque-là entre eux.
Une pensée troublante lui vient alors, celle qu’il serait heureux comme jamais il ne l’a été
si l’attirance qu’il éprouve envers Florian était réellement réciproque.
Une autre pensée ou plutôt une question lui arrive cette fois, si soudainement qu’elle le
laisse perplexe, serait-il possible qu’il aime ou qu’il ait toujours aimé ce garçon qui
pourtant ne lui a jamais fait de cadeaux ? Un sourire lui vient alors quand la réponse lui
saute aux yeux, bien sûr que oui !!
CHAPITRE 60 (Chez les De Bierne, Paris)
Florian n’est pas mieux loti que les autres quand à ce qui est de trouver le sommeil, il a cessé depuis un moment de vouloir trouver des réponses là où il sait que son esprit se bloque et sa nervosité actuelle n’est orientée que sur une simple question, Yuan !!
Ses pensées à son sujet partent dans tous les sens, la première étant de savoir comment Yuan va se comporter avec lui après cette soirée et aussi qu’elle va être sa vie maintenant qu’il n’a plus à se cacher des autres et que sa beauté resplendissante va enfin pouvoir se révéler au grand jour ?
Parce que pour être beau, il l’est et grave en plus, au point qu’il lui amène des pulsions dans le bas ventre plus que révélatrice de ses sentiments envers lui.
Maintenant il n’en est pas plus étonné que ça vu qu’il a déjà vécu une histoire très forte avec son ami asiatique et il sait très bien en plus que l’attrait qu’il éprouve pour lui n’est pas que purement sexuel, mais aussi dans le plaisir au quotidien d’être en sa présence pour toutes les petites choses agréables de la vie.
L’idée de pouvoir renouer avec Yuan comme ils étaient avant ou du moins dans cet avant où il était heureux, lui amène à la fois le sourire et une raideur puissante de son sexe qui ressent le besoin d’un contact humain depuis ces longs mois d’abstinence, cet appel est si fort que ses jambes rejettent nerveusement la couette loin en arrière et qu’il se lève pour tenter par tous les moyens de se calmer, tentant désespérément d’avoir d’autres pensées pour pouvoir espérer prendre un peu de repos malgré tout.
Florian profite qu’il est debout pour aller boire un verre d’eau dans la cuisine, c’est donc en caleçon qu’il s’y dirige à tâtons, ne voulant pas allumer pour un si bref trajet et pendant qu’une de ses mains se met en protection devant lui pour lui éviter de prendre un mauvais coup contre un meuble, l’autre entre à l’intérieur de son sous-vêtement pour remettre en place son sexe qui à l’évidence n’a pas plus envie que ça de s’assagir.
Il se sert donc un verre qu’il boit d’un trait puis retourne vers le salon non sans jeter un coup d’œil curieux vers le couloir des chambres, quelque chose le pousse alors à s’y rendre et à part peut-être la curiosité, il ne s’explique pas son geste qui pousse ses pas jusqu’à la porte de sa chambre pour y écouter ce qu’il s’y passe à l’intérieur.
***/***
Yuan est dans le même état de nervosité que Florian, l’envie de se donner du plaisir devient impérieux et sa main part de plus en plus souvent au contact de son sexe en érection, les caresses se font de plus en plus précises au point qu’il cherche désespérément quelque chose pour pouvoir y envoyer sa jouissance sans risquer de tâcher les draps.
Il ne tient pas non plus à fouiller dans cette chambre qui n’est pas la sienne, soupirant un grand coup en se levant pour sortir jusqu’à la salle de bains où il sait pouvoir se finir tranquillement sans craindre de laisser derrière lui des preuves trop révélatrices.
C’est donc pieds nus sur la moquette qu’il traverse la chambre, ouvre la porte et se retrouve nez à nez avec le petit rouquin gêné comme il se doit de s’être fait surprendre à l’espionner.
Yuan à voix basse.
- Qu’est-ce que tu fais là !!
- Si je te disais que je ne faisais que passer, tu me croirais ?
- (Yuan) Pas vraiment, non !! Il faut trouver autre chose !!
- Je voulais savoir si tu arrivais à dormir, parce que pour moi c’est mission impossible !!
- Et pourquoi donc ?
- Heu !! Je… enfin, j’ai… !! Ah !! Et puis merde alors !! J’ai la gaule et je n’arrête pas de penser à toi, t’es content là !!
Yuan taquin.
- On va dire ça comme ça alors !!
- Et toi ? Pourquoi tu ne dors pas ?
- (Yuan) J’en sais rien… Peut-être pour les mêmes raisons !!!
- Pourquoi ? T’es narcissique ?
- (Yuan) Pfft !!! Fais celui qui ne comprend pas surtout !!
Je baisse les yeux sur son slip, la forme allongée sur le devant m’est des plus révélatrices.
- Ah !! D’accord !! Je vois, je vois !
CHAPITRE 61 (Chez les De Bierne, Paris)
- (Yuan curieux) Tu vois quoi ?
- Que monsieur à la pousse de bambou toute raide ! Hi ! Hi !
- (Yuan) Chut !! Enfin quoi !! Tu veux réveiller toute la maison ??
Yuan regarde à son tour sous la ceinture du petit rouquin, ce qu’il y voit le laisse un moment rêveur avant que son regard ne retourne se fixer dans celui de Florian.
- Dites donc monsieur est jardinier ? La courgette de monsieur est prête à cueillir à ce que je vois !!
- On fait quoi alors ? Une soupe ou on va dans ma chambre pour un repas plus consistant ?
- Heu !! Je dois te dire un truc avant, je n’ai jamais … enfin…
- Je sais !! T’es puceau ? Pas grave, en plus ce ne sera jamais que la deuxième fois !!
- Comment ça ??
- Je t’expliquerai mon grand, mais là tu vois !! Ce n’est pas vraiment l’endroit ni le moment !!
Je le repousse gentiment dans la chambre y en entrant avec lui, je referme la porte derrière nous et continue à l’amener jusqu’au lit où il se laisse tomber en me fixant avec envie, mais aussi je m’en rends bien compte une certaine crainte.
Je m’allonge près de lui en amenant mon visage près du sien, ses yeux deviennent comme deux fentes jusqu’à se fermer complètement et je comprends qu’il me laissera mener les choses à ma guise, trop timide, impressionné et surtout sans l’expérience nécessaire pour prendre une quelconque initiative.
Je le regarde un long moment et lui souris quand je vois ses paupières s’entrouvrir, certainement parce qu’il se demande bien ce que j’attends, aussi quand mes lèvres s’approchent des siennes, il comprend que mes intentions ne sont pas celles qu’il pensait et le sourire resplendissant qui illumine alors son visage me conforte dans la crainte que j’avais cru ressentir en lui que je ne brûle les étapes en me conduisant comme un rustre ne pensant qu’au plaisir de la chair en faisant fi de celui du cœur.
- Je t’aime « Yu », tu n’es pas juste un mec pour du sexe et je suis désolé si c’est ce que tu as pensé de moi, mais tu vois je voudrais que ta deuxième première fois soit aussi belle que la première.
- Nous étions vraiment ensemble alors ? Je veux dire dans ton souvenir ?
- D’une certaine façon, oui !! Mais c’est trop compliqué et nous y passerions la nuit, si tu veux bien je préférerais qu’on en parle une autre fois, pour faire simple afin et surtout pour que tu saches à quoi t’en tenir, je dirais que nous étions tous les deux avec une autre personne en couple mais que nous nous voyions assez souvent pour faire l’amour.
- On faisait ça à quatre ??
Je comprends qu’à chacune de mes réponses, il lui viendra inévitablement une nouvelle question et ce tant que je ne lui aurai pas raconté toute l’histoire, maintenant ce n’est peut-être pas plus mal et ça lui permettra surtout de savoir s’il aura toujours envie de faire un bout de chemin avec moi, tant que je n’aurai pas retrouvé mon Thomas en ne pouvant lui promettre que notre histoire pourra continuer ensuite.
- Bon !! D’accord !! Mais avant il faut que je me soulage, si ça te dit une « tite » branlette ? Pour le reste nous verrons ça une fois que tu sauras tout ce qu’il y a à savoir.
Yuan se sent bizarrement soulagé, pas qu’il n’avait pas envie de faire l’amour pour la première fois, bien au contraire mais seulement il trouvait que ça allait un peu trop vite pour lui et il préfère prendre le temps de s’y préparer mentalement, ses lèvres à quelques centimètres de celles de Florian osent s’avancer vers elles et un baiser bref mais déjà très sensuel les lie un court instant, suffisant toutefois pour qu’il comprenne que quoiqu’il ressorte de ce que va lui révéler Florian, il ne pourra faire autrement que de lui appartenir.
Je laisse passer le long frisson qu’a occasionné son baiser avant de me pencher vers ma table de chevet, l’ouvrir et en sortir un paquet de mouchoirs en papier que je partage avec lui avant de m’installer à ses côtés et de baisser mon caleçon alors que lui m’imite en tous points en se débarrassant de son slip devenu gênant pour ce qui va suivre.
Nous commençons à nous astiquer tranquillement chacun à côté de l’autre, au fur et à mesure que l’excitation et l’envie de jouir monte en nous, nos corps se rapprochent pour bientôt se serrer l’un contre l’autre au moment où l’orgasme nous prend dans un tempo parfait.
Une fois notre petite séance terminée et que les mouchoirs en papier aient rempli leur office en nous débarrassant des traces de notre petite session de masturbation, nous nous installons confortablement sans avoir le moins du monde envie de nous détacher l’un de l’autre et je commence alors à lui expliquer honnêtement en prenant soin de ne rien oublier, les rapports que nous avions ensemble tout comme ceux qu’il avait en privé avec Patricia ou encore ceux plus débridés avec nos autres amis, voyant bien à sa mine ébahi combien mon histoire le trouble.
CHAPITRE 62 (Chez les De Bierne, Paris)
« Au matin. »
Ming ouvre les yeux, le soleil est déjà levé depuis un moment et baigne la chambre d’une lumière apaisante, il est le premier étonné d’avoir quand même trouvé le sommeil alors qu’il n’y croyait plus.
C’est donc en pleine forme qu’il met les pieds par terre, enfile la robe de chambre que lui a prêté Pierre et qui le fait ressembler à un des sept nains de blanche neige, cette idée le fait sourire et c’est donc tout guilleret qu’il sort de la chambre pour se rendre aux toilettes, prenant ensuite le chemin de la cuisine où une bonne odeur de café lui excite les papilles.
Hellènes ne peut s’empêcher de s’esclaffer quand elle le voit arriver.
- Ne va surtout pas te faire mal en tombant avec cette robe de chambre deux fois trop grande pour toi ! Hi ! Hi ! Pierre aurait plutôt dû t’en prêter une de Florian !
- (Ming) Deux alors !! Si je voulais faire le tour de ma taille ! Hi ! Hi ! Pierre est encore au lit ?
- (Hellènes) Ça fait déjà deux heures qu’il est parti à son travail, il revient pour le déjeuner et m’a dit qu’il prenait son après-midi pour profiter de vous deux.
Hellènes lui sert son bol de café.
- Tiens !! Je te l’ai fait comme tu l’aimes !!
- Tu es une vraie perle Hellènes, merci.
Ming prend quelques minutes pour savourer sa boisson, puis revient vers son hôtesse avec le sourire.
- La soirée s’est plutôt bien passé tu ne trouves pas ? Qui aurait cru ?
- J’ai eu quand même un peu peur des premières réactions de Yuan, mais c’est vrai que tout semble s’être arrangé pour le mieux.
Ming regarde vers le canapé, surpris de le voir vide.
- Je vois que ton fils est un lève tôt !! Il est sorti ?
- Pas que je sache !! Tu devrais plutôt aller jeter un œil dans la chambre où dort le tien, je crois que la hache de guerre est définitivement enterrée entre eux deux.
- Non !! Ils sont ensemble ?? J’y crois pas !!
- Il faudra bien pourtant, je t’avoue que je ne m’y attendais pas moi non plus et j’ai eu la surprise de ma vie en ouvrant la porte pour voir si tout allait bien ! Hi ! Hi ! En douce je dois bien reconnaître que tu n’as pas raté ton fils, c’est vraiment un très beau garçon.
- Le vôtre est pas mal non plus !!
Ming malgré tout est trop curieux pour poursuivre la conversation, il se lève pour aller constater par lui-même ce que vient de lui révéler son amie.
Il ouvre lentement la porte et reste un long moment figé devant la vision qu’il a des deux garçons enlacés, dormant comme des bienheureux.
Le tableau est tellement surprenant pour lui qui n’aurait jamais parié un copeck de les voir un jour partager le même lit, qu’il en a les larmes qui perlent de ses yeux et il referme la porte toujours sans faire de bruit, retournant rejoindre Hellènes dans la cuisine.
Celle-ci sourit gentiment quand elle comprend toute l’émotion que ressent son ami, elle-même ayant eu une réaction similaire à la sienne quand elle a découvert un peu plus tôt dans la matinée les deux garçons endormis l’un contre l’autre.
- Surprenant pas vrai ?
Ming essuie ses yeux en rendant son sourire à Hellènes.
- Le mot est faible !! Il s’en passe des choses depuis ces derniers jours, je m’attends à me réveiller dans mon lit et que tout ceci ne soit qu’un rêve.
- Il va te falloir te faire à l’idée que c’est bien la réalité pourtant, Florian avec sa nouvelle personnalité et Yuan enfin libéré de sa maladie, il pourra enfin avoir la vie d’un garçon de son âge.
- Si sa mère était encore de ce monde, elle en pleurerait de joie.
- Tu n’as jamais pensé à refaire ta vie ?
- Comment veux-tu !! Une femme comme Ikori est irremplaçable !! Je pense à elle chaque jour tu sais ? Yuan lui ressemble tellement !!
- Je ressemble tellement à qui ??
Les deux adultes sursautent, surpris d’entendre parler derrière eux et Ming tourne la tête vers son fils qui les regarde, le visage épanoui.
- A ta mère mon garçon, à chaque fois que je te regarde c’est elle que j’ai devant moi !! Tu ne peux pas imaginer comme elle me manque.
Le brave homme éclate en sanglots, Hellènes comprend qu’il n’est pas prêt encore de faire le deuil de celle qui illuminait sa vie.
Elle s’approche de son ami pour le prendre dans ses bras.
- Allons !! Ça fait si longtemps maintenant !! Pense qu’elle doit être heureuse là où elle est de vous voir tous les deux aussi complice.
- Merci Hellènes !! Heureusement que je vous ai tous les trois, Yuan toi et Pierre !!
- (Yuan) Et Florian p’pa !! Il est là lui aussi maintenant !!
Ming essuie ses larmes et sourit à son fils.
- Tu as raison fiston, Florian est là lui aussi et quelque chose me dit qu’il va prendre beaucoup d’importance pour nous à partir d’aujourd’hui, je me trompe ?
- (Hellènes) Ton père est passé voir si tu dormais encore, il vous a vu !!
- (Yuan) Nous avons beaucoup parlé cette nuit avec « Flo », nous nous sommes endormis sans nous en rendre compte.
- (Ming) Juste parlé ? Rien d’autre ?
Yuan devient rouge et ne sait quoi répondre, il sent deux bras s’enrouler autour de sa taille et une voix reconnaissable entre mille qui répond à sa place.
- Heu !! Les bisous ça compte ou pas ?
CHAPITRE 63 (Chez les De Bierne, Paris)
Ming regarde effarer la bouille qui vient d’apparaître derrière son fils, elle est si comique qu’il éclate de rire sans pouvoir se contrôler.
- Un peu quand même ! Hi ! Hi ! S’il n’y a que ça, on dira que ça compte à moitié ! Hi ! Hi !
- Cool alors !! Avec la branlette ça fait un et demi ou ça compte que pour un ?
Hellènes et Ming restent un instant sur le cul d’un tel aveu, aveu dit sans se départir de son sourire comique par le petit rouquin qui ne les quitte pas de ses yeux en bille de loto d’un vert intense braqué sur eux deux et attendant visiblement une réponse de leur part.
- (Hellènes) Florian, allons !! Qu’est-ce que c’est que ces paroles ?
- Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? Je posais juste une question ?
Ming arrive vaille que vaille à retrouver un semblant de sérieux, la façon d’être de Florian le désarçonnant par ces paroles dites de manière visiblement naturelle, sans complexe ni tabou sur des sujets qu’il n’a pas forcement l‘habitude d’entendre ni surtout à en donner son avis.
- Ce n’est pas bien méchant tu ne crois pas Hellènes ? nous aurions pu entendre pire.
- Vous auriez préféré qu’on vous mente ?
Yuan ne sait plus où se mettre, c’est le genre de conversation qui si elle n’est pas officiellement taboue avec son père, n’est tout simplement jamais abordé et d’entendre Florian parler de ça sur le ton de la plaisanterie, le met dans une gêne telle qu’il aimerait être une petite souris pour se cacher dans le premier trou venu.
- (Ming) Bien sûr que non mon garçon, c’est juste que ces choses-là restent en général dans la sphère privée de ceux qui les pratiquent. Ta mère et moi avons juste été surpris que tu en parles aussi librement, c’est tout !!
- Je comprends !! Excusez-moi d’avoir été aussi peu pudique mais c’est un peu ma marque de fabrique, du moins dans ma façon d’être réel. Heureusement que je ne vous ai pas dit le super pied que nous avons pris ! Hi ! Hi ! Pas vrai « Yu » ?
Ming une nouvelle fois éclate de rire.
- Et bien comme ça s’est fait ! Hi ! Hi !
- Oups !! Je ferai mieux d’aller prendre ma douche !! Tu viens « Yu » ? Si tu as peur de tomber, tu pourras toujours t’accrocher à la barre ! Hi ! Hi !
- (Yuan) Quelle barre ?
Je me décale de derrière lui pour montrer mon caleçon où popaul à se frotter contre ses cuisses a pris un certain « essor »
- Celle-là tiens donc !!
Je pars en courant, mort de rire sous les yeux ahuris de ceux qui restent plantés comme deux ronds de flan.
- Dépêche-toi le bridé ! Hi ! Hi ! Y’a du taf à astiquer tout ça ! Hi ! Hi !
Yuan n’en revient toujours pas de l’aplomb de son copain, d’ailleurs il n’est pas le seul et son père comme Hellènes restent bouche bée à regarder la porte de la cuisine d’où Florian vient de disparaître.
- Et bien celui-là alors !!
Ming referme sa bouche, se secoue et reporte son regard sur son amie, un sourire ironique au coin des lèvres.
- Je pense qu’il va nous falloir nous y faire !! Pfft !! C’est sûr que ce n’est plus le Florian des mauvais jours que j’ai toujours connu !!
- (Yuan) Je préfère de loin celui-là p’pa !!
Ming regarde son fils en acquiesçant de la tête, il aperçoit alors quelque chose qui lui fait mordre ses lèvres pour ne pas une fois encore partir en live.
- On dirait bien, oui !! Tu ne le rejoins pas sous la douche ? Tu devrais pourtant !!
- Pourquoi tu dis ça p’pa ?
- Parce que… voyons voir !! Comment il a dit ça déjà ?? Ah, oui !! Tu vas avoir du taffe à astiquer tout ça !!
Yuan suis le regard de son père vers son entrejambe, pique un fard maison en mettant ses deux mains devant ce que lui désigne son père des yeux.
- Oh !!
CHAPITRE 64 (Chez les De Bierne, Paris) (fin)
Ming regarde son fils filer en vitesse mort de honte et laisse enfin son amusement éclater au grand jour, il reporte son attention vers son amie qui est maintenant rouge cramoisie de ce qu’elle vient d’entendre et surtout de voir.
- Reviens en ma grande ! Hi ! Hi ! Mon petit doigt me dit que tu n’as pas fini d’en entendre avec ton loustic !!
- Lui qui était si pudique !!
- Il est mort celui-là et tu ferais bien de l’oublier !!
Une grosse rigolade leur parvient alors de la salle de bain.
- Nos fils sont heureux, tu devrais en éprouver de la joie toi aussi !!
- Oh !! Mais je suis heureuse !! Juste que je ne suis pas habituée à… mais ce sont des garçons et c’est peut-être eux qui ont raison, après tout ils ne font ni ne disent rien de plus que ce que nous avons fait ou dit à leur âge, nous sommes peut-être tout simplement coincés.
- Et bien avec ton rouillé ça va vite dégripper sévère j’ai l’impression ! Hi ! Hi !
- Je vois que ça t’amuse beaucoup en tout cas ?
- Aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est exact !! Cet air de fraicheur qu’insuffle ton fils autour de lui me fait un bien fou.
- Peut-être parce que tu n’en as pas perçu encore toutes les conséquences ?
- Je ne vois pas ce que tu veux dire par là Hellènes ?
- Yuan semble ressentir les mêmes sentiments que « Flo » a pour lui, il me semble ?
- Oui et alors ?
- Crois-tu vraiment qu’il voudra repartir en Chine maintenant que la personne qu’il aime est ici en France ? Rappelle-toi ce que Florian nous a raconté hier soir ? Qu’il couchait dans ton appartement chaque fois qu’il avait à faire à Paris, ton fils si je me rappelle bien ses paroles était là lui aussi ?
Hellènes suit alors toutes les pensées de son ami rien qu’aux expressions de son visage, tout d’abord soucieux, puis sérieux pour redevenir enfin souriant.
- Je préfère le savoir ici et heureux plutôt que comme toutes ces années, solitaire et triste, je sais que ce ne sera pas facile pour moi d’être loin de mon fils !! Je devrais m’y faire et puis rien ne m’empêchera de venir quand j’en aurai envie !! Si j’ai gardé depuis toutes ces années cet appartement, c’est sans doute que je sentais bien qu’il pourrait avoir son utilité un jour ou l’autre et le jour semble être arrivé, un peu plus tôt que prévu c’est tout !!
Ils en sont là dans leurs discutions quand les deux jeunes sortent de la douche, frais et affamés, s’installant l’un près de l’autre à table pour prendre leur petit-déjeuner.
- (Ming) Alors vous vous sentez mieux les garçons ?
- Pour ça oui !!
- Vous aviez l’air de bien vous amusez en tout cas, on vous entendait depuis la cuisine !!
- Bah oui Hi ! Hi ! C’est juste parce qu’on a…
- (Yuan) Florian !!!
- Quoiiii ???
- (Yuan) S’il te plaît !!!
- J’ai rien dit !!
- (Yuan) Mais tu allais le faire ?
- Meuh non !!!
- (Ming) Quoi encore ?
- (Yuan) S’il te plaît p’pa !! Ne t’y mets pas non plus, tu ne vois pas qu’il ne demande que ça !!
- (Ming amusé) Que ça, quoi ?
Il voit bien le petit rouquin faire l’innocent en buvant son café, la curiosité est trop forte pour Ming malgré qu’il s’attende encore une fois au pire venant de sa part.
- Alors ? Quoi ?
Je lui fais un clin d’œil en lui montrant trois de mes doigts.
- (Ming) Et ça veut dire quoi, ça ? Trois quoi ?
- Disons qu’on a doublé la mise de tout à l’heure ! Hi ! Hi !
- (Yuan) Florian !! Tu m’avais promis !!
- J’ai rien dit !! Fallait bien astiquer la barre, non ? D’accord !! On a peut-être forcé un peu, mais elle est toute propre maintenant !! Vous voulez voir ?
Trois voix résonnent dans la cuisine en même temps.
- Noonnn !!
CHAPITRE 65 (Départ pour Aix en Provence)
« Deux jours plus tard. »
Ming et Yuan sont repartis depuis la veille au soir, j’ai un peu le cafard sur ce coup-là mais je sais que ce n’est que temporaire, car Yuan m’a promis de s’inscrire en fac à Paris dès la prochaine rentrée.
Il doit également nous rejoindre, Antoine et moi, pour les vacances d’été à Aix, il faut juste qu’on s’organise pour savoir comment aménager la chambre pour nous recevoir tous les trois, le temps que la chambre d’ami se libère si toutefois l’un d’entre nous veut bien l’utiliser.
Antoine quand je l’ai appelé n’a pas semblé surpris plus que ça d’apprendre qu’avec « Yu » on avait recollé les morceaux, étant déjà au courant de l’envoi du colis miracle et bien sûr des résultats obtenus, quand mon père a prévenu mes grands-parents pour le leur annoncer.
Ma mère termine mes valises qu’elle dépose dans l’entrée rejoindre les deux sacs à dos qui devraient leur suffire à eux qui ne restent que quelques jours, voir une semaine au grand maximum car mon père doit remplacer Franck pendant ses congés et ma mère comme chaque année m’a-t-elle dit, le suit dans tous ses déplacements, trop heureuse de voyager de par le monde en restant près de son mari.
- Tu devrais aller vérifier dans ta chambre que je n’ai rien oublié !
- Bah !! Je n’ai pas besoin de grand-chose en fait, juste le rechange nécessaire entre deux lessives !!
- (Hellènes) Remarque que s’il te manque quelque chose, il te suffira d’aller l’acheter ou d’en parler à tes grands-parents pour qu’ils le fassent. J’y pense d’un coup !!! Tu as besoin d’argent ?? Depuis que tu es sorti de l’hôpital, tu ne nous en as pas demandé !!
- Non t’inquiète, ça ira !! Au pire je trouverai bien un petit boulot si j’ai besoin de me payer quelque chose !! Au fait, en parlant de ça !! Tant que j’y pense !!
Je file vite fait dans ma chambre y prendre la boite en métal qui était planqué tout en haut de l’armoire à linge.
- Tiens !! Je pense que ça vous revient pour une part !! Le reste !! Et bien vous en ferez ce que bon vous semble !!
- (Hellènes) Qu’est-ce que c’est ??
- Regarde ! Hi ! Hi !
Hellènes ouvre la boite métallique, jette un œil à l’intérieur et pousse un cri de stupeur.
- Mon dieu !! Mais qu’est-ce que c’est que tout cet argent ??
- Si c’est à moi que tu demandes ça m’man !! Comment veux-tu que je te réponde ? Sans doute les économies que faisait l’ancien moi sur votre dos !!
- (Hellènes) Mais la boite est pleine !!
- Presque !! Si tu regardes en dessous des billets tu verras qu’il n’y a pas que ça, trente mille euros en liquide et de la came pour au bas mot la même somme.
- (Hellènes) Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ça ??
- Qu’est-ce que j’en sais moi !! Le mieux serait sans doute de s’en débarrasser, imagine si les flics tombent dessus ? Pour l’argent et bien il est à vous, ça remboursera une partie de celui qu’il vous a soutiré pendant tout ce temps.
Hellènes referme la boite et la tend à son fils, qui la regarde faire les yeux grands ouverts de surprise.
- Tu verras ça avec ton père quand il rentrera !!
- Mais !!
- Ecoute mon chéri !! Tu vois ça avec ton père !! Il te dira certainement de garder l’argent pour tes besoins personnels et pour le reste il prendra la décision qui lui semblera la meilleure pour notre tranquillité à tous.
Je lui reprends la boite pour aller la déposer bien en évidence sur la table du salon, je reviens ensuite vers ma mère pour la prendre dans mes bras.
- Je ne veux pas de cet argent !! Dis le bien à papa et je te le redis encore une fois, je n’ai besoin de rien !! Vous en faites déjà bien assez pour moi comme ça !!
- Mais enfin mon chéri !! C’est notre rôle de parents, il faut bien que tu puisses t’acheter quelque chose si tu en as envie !! Du moins tant que tu seras en études, après je ne dis pas !!
- Je vais être majeur dans quelques semaines m’man !! Je ferai comme beaucoup d’autres avant moi, je chercherai un petit boulot voilà tout !!
- Mais enfin Florian !! Ce n’est pas comme si nous n’en avions pas les moyens !! A quoi ça sert que ton père bosse comme il le fait si ce n’est pas pour que sa famille en profite.
- Je vais te dire une chose m’man !! Pour moi l’argent n’a jamais compté vraiment et pourtant une partie de moi en a gagné beaucoup, plus encore que tu ne pourrais l’imaginer.
Hellènes ne dit plus rien, elle regarde son fils repartir tranquillement dans sa chambre, un sourire tout en tendresse apparaît alors qui illumine son visage.
Décidément les choses ont bien changé ce dit-elle et ce n’est que du bonheur au point qu’elle cherche en vain à retrouver dans sa mémoire le sourire au mieux narquois auquel elle avait droit au quotidien, cette image lui faisant bizarrement défaut.
Elle se reprend en entendant son fils revenir dans le salon avec une pochette à dessins sous le bras.
- Il reste de la place dans une valise m’man ?
- Donne !! Je vais bien te trouver ça !!
- Merci m’man !! Il ne me reste plus qu’à prendre ma douche avant que p’pa ne rentre !!
- Vas-y mon chéri, je m’occupe de terminer les bagages.
Hellènes ouvre une des valises pour y ranger la pochette, la curiosité des femmes n’étant pas une légende elle ne peut s’empêcher de regarder à l’intérieur et sa réaction est à l’image du choc de sa découverte, la première feuille représentant son neveu Antoine d’une façon si réaliste qu’elle en reste la bouche ouverte d’admiration.
Les suivantes les représentent son mari et elle ainsi que Maryse, Michel et Yuan, d’une ressemblance digne d’une photo prise par le meilleur des professionnels.
Pourtant parmi celles qu’elle feuillette encore, c’est la dernière image qui l’a marqué le plus et le jeune homme souriant qu’elle découvre lui amène un frisson de pure émotion tellement sa beauté a su être mise en valeur, celle d’un ange blond d’une vingtaine d’années à peine, aux yeux magnifiques et au sourire rayonnant qui révèle sans erreur possible les sentiments profonds de l’artiste face à son modèle, tout comme la réciprocité qui illumine le regard du jeune homme.
Hellènes, visiblement émue, range avec soin les croquis en comprenant que le jeune homme en question ne peut être que la même personne que celui de la conversation qu’a eu Florian avec son père et que Pierre le soir même encore troublé lui a raconté, ses lèvres prononcent alors tout bas ce prénom qui semble représenter beaucoup pour son fils.
- Thomas ??
CHAPITRE 66 (Départ pour Aix en Provence) (fin)
« Bureau de la DBIFC, Paris. »
Pierre repose son stylo après avoir signé un nombre invraisemblable de papiers qui démontrent que l’entreprise devient de plus en plus prospère, demandant même à s’agrandir, ce qu’il se refuse de faire en arguant que cela multiplierait les risques en cas de gros problèmes d’ordre international.
Et puis pense-t-il, à quoi bon en vouloir toujours plus !! Son fils comme il le lui a bien fait comprendre n’ayant pas l’intention de prendre sa suite, il n’y a donc aucune raison qui le pousse à vouloir développer l’entreprise familiale pour lui léguer une chose qui ne l’intéresse pas.
Franck tout comme lui-même approchant tranquillement vers l’âge de la retraite, il a déjà été question de formé un futur remplaçant sans pour autant qu’ils aient trouvé la personne qui convienne.
Il n’était alors pas question d’imaginer que le Florian de l’époque, puisse s’y intéresser autrement que pour dilapider l’argent et faire couler l’entreprise.
Pierre sourit, sans doute cherchent-ils tous les deux la perle rare qui n’existe que dans leurs vœux les plus pieux et c’est en soupirant qu’il referme son tiroir avant de se lever pour rejoindre sa famille qui doit déjà commencer à l’attendre avec impatience.
La poignée de mains à ses collaborateurs lui prend encore dix bonnes minutes, souriant comme à chaque fois qu’il tend la main au jeune stagiaire et que celui-ci en tremble d’émotion, visiblement sujet à une timidité maladive.
Justement Pierre se rappelle que dans les papiers qu’il vient de parapher, il y a son accord pour la mutation et l’embauche définitive du jeune homme, aussi c’est donc avec un plaisir évident qu’il le lui annonce.
Pierre apprécie sans pouvoir y trouver une raison particulière ce garçon jovial, du moins aux dires de ses collègues car bien sûr en présence de son patron il perd comme à chaque fois toute son assurance et en devient même pitoyable, comme encore ce jour-là d’ailleurs.
- Ah !! Mickael !!
- O.…ui !! Mon…si...eur !!
- Allons jeune homme !! Je ne vais pas vous manger !! C’était juste pour vous féliciter d’avoir brillamment réussi à vous intégrer dans l’entreprise durant votre stage, j’ai donné mon accord pour votre demande à faire partie de nos collaborateurs de l’agence d’Aix en Provence et je vous souhaite une belle et longue carrière parmi nous, bravo mon garçon !! Continuez comme ça !!
Une salve d’applaudissements résonne alors dans la salle, laissant le jeune Mickael proche des larmes qui lui piquent les yeux sous le regard bienveillant de Pierre qui sait parfaitement avoir fait le bon choix.
C’est donc avec un certain plaisir qu’il monte dans sa voiture pour retrouver les siens, il met un CD dans l’autoradio et entonne à tue-tête les tubes de son chanteur préféré, sans faire fi des autres automobilistes qui le regarde bizarrement.
Le kit main libre s’enclenche d’une pression du doigt et la voix de la charmante hôtesse de son jet privé remplace agréablement celle éraillée d’un Johnny déchaîné.
- Bonjour patron !
- Bonjour Laure, tout va bien pour vous ?
- Oui patron !! Nous arriverons dans le créneau attendu malgré les turbulences, le temps de faire les pleins et je pense que nous serons prêts à repartir à l’heure prévue.
- Très bien !!
- Autre chose patron ?
- Non, merci beaucoup !! Ça ira !!
La communication s’arrête et la musique reprend, Pierre stoppe à un feu et comme à chaque fois au même endroit son cœur se serre, le jeune garçon qui mendie ici depuis plusieurs mois maintenant le reconnaît et vient vers lui en souriant, sachant qu’il aura droit à sa pièce de la part de cet homme généreux.
- Tiens mon garçon !!
- Merci monsieur !!
CHAPITRE 67 (En vol pour Aix en Provence)
« Deux heures plus tard, à bord du jet. »
L’avion vient juste de prendre son envol, que l’hôtesse en est encore à essayer de comprendre ce qui la perturbe à ce point depuis que ces trois passagers sont montés à bord.
C’est le pilote qui le lui fait comprendre en lui posant la question dans ses écouteurs.
- Alors ma belle !! Tu n’as pas encore eu droit à la main au cul ? La dernière fois pourtant ça avait fait du foin si je me rappelle bien !!
Laure rougit en fixant du coin de l’œil le fils de son patron qui semble cette fois ci plutôt inoffensif, tout le contraire de l’année passée où il l’avait regardé fixement avec cette lippe gourmande et obscène qui en prime lui a valu cette main aux fesses avant que son père n’ose le remettre en place, ce qui d’ailleurs s’était terminé par une scène de famille assez déplaisante, voire violente, pendant le reste du trajet.
Elle s’éclipse subrepticement pour rejoindre les deux pilotes dans leur cabine, referme la porte derrière elle et pousse un gros ouf de soulagement.
- Non mais ! Ça ne va pas de me balancer des trucs pareils quand je suis en service !!
- Hi ! Hi !
- En plus il trouve ça drôle !! Vous les mecs, vous ne changerez décidemment jamais !!
- Et bien ma belle !! Te voilà bien remontée tout à coup !! Ton jeune rouquin c’est désintéressé de toi cette fois ci ? Ça te vexe ? Tu préférais quand il te faisait ses avances à la hussarde ?
- Change de disque tu veux !! Ça devient lourd à la fin !! Et puis en douce il a bien changé le fils du boss, j’aime assez son nouveau look.
Le pilote regarde son coéquipier avec un sourire plein de sous-entendu grivois.
- Qu’est-ce que je te disais !! Va comprendre les femmes après ça ! Hi ! Hi !
- C’est pour ça que je n’ai jamais cherché à les comprendre, entre mec c’est beaucoup plus simple.
- Si tu le dis !! Le principal c’est de trouver chaussure à son pied !!
Le pilote sourit à son tout jeune collègue qui ne s’est jamais caché sur ses préférences sexuelles et avec qui en fin de compte il s’entend comme larrons en foire, ayant chacun leur style de conquêtes sans qu’ils soient mis en compétitions lors des escales où lui s’occupe essentiellement de le gente féminine tandis que son collègue en fait autant avec les beaux mâles qu’il rencontre.
Laure travaille avec eux depuis suffisamment longtemps pour les apprécier malgré leurs petits travers, elle aussi ne donne pas sa part au chien et sait profiter de la vie avec les jeunes gens de passage qui tout comme eux, se sentent seuls dans les hôtels où ils s’arrêtent entre deux escales.
- (Le copilote) Alors comme ça tu aimes bien son nouveau look ?
L’hôtesse amusée du regain d’intérêt de son ami.
- Hum, oui !! Il est même super craquant je dirais, peut être juste un peu trop jeune mais bon…
- (Le pilote) Ne t’y fit pas ma belle, n’oublie pas que derrière sa petite frimousse se cache un sacré salopard !! Il aurait vite fait d’organiser une tournante avec toi rien que pour se faire du fric, il est d’ailleurs passé en jugement justement pour un truc pas clair dans le même genre.
- (L’hôtesse) C’est aussi ce que j’ai entendu dire, son père a dû encore raquer une sacrée somme pour qu’il soit toujours libre en ce moment !! Maintenant ça me fait bizarre de le dire, mais on dirait que ce n’est plus le même !!
- (Le copilote) Pffttt !!! Un con restera toujours un con !!
- Non, je t’assure !! Va voir par toi-même si tu ne me crois pas ?
- (Le pilote) Je suis sûr que tu n’y verras rien à redire s’il te met une main au cul ! Hi ! Hi ! J’ai même entendu dire qu’il était monté façon bourricot le « rouquemoutte » !!
- (Le copilote) Où tu as été pêché ça encore ?
- J’ai une amie qui a une amie qui se fait du fric occasionnellement pour payer ses études, elle a eu à faire avec lui et paraitrait même qu’elle l’a revu gratos tellement c’était bon !!
Son collègue ôte son casque et se lève, leur faisant un gros clin d’œil en sortant.
- Il faut que j’aille voir ça ! Hi ! Hi !
Le pilote attend qu’il soit sorti et reprend.
- Ah celui-là je te jure !! Dès qu’il y a une allusion sur une grosse queue, plus rien ne le retient ! Hi ! Hi !
- Tu lui as dit ça juste pour l’exciter alors ?
- Non, pas que pour ça !! Seulement je ne lui ai pas tout dit, la copine de mon amie a de fortes tendances masochistes et paraît que c’est un sacré pervers le rouquin !! En plus toujours d’après mes sources, il adore casser du PD !!
- Je croyais que c’était devenu ton ami ?
- Bien sûr qu’il l’est !!
- Alors pourquoi tu essaies de le mettre dans les pattes de l’autre nase ?
- Attends ma grande, tu n’y es pas du tout !! Nous sommes en vol à plusieurs milliers de mètres d’altitudes, que veux-tu qu’il lui arrive ? Je veux juste qu’il se fasse une idée de ce que peut être un vrai pourri et qu’il apprenne à ne pas se fier aux apparences. Il est jeune tu comprends et en plus il a déjà ce qu’il faut niveau conquêtes et il n’est pas en manque !!
CHAPITRE 68 (En vol pour Aix en Provence) (suite)
Pierre discute tranquillement avec sa femme tandis que Florian est en pleine lecture des quelques livres scientifiques qu’il a emprunté à la bibliothèque pour le court voyage entre Paris et Aix, ayant bien l’intention d’en venir à bout avant l’atterrissage.
L’apparition du jeune homme en uniforme lui fait immédiatement quitter sa lecture, cachant avec peine l’énorme surprise qu’il a à le reconnaître et une fois encore les mêmes questions lui reviennent quand un des personnages de son « rêve » se retrouve en face de lui alors qu’il n’en a pas le souvenir lui semble-t-il de sa vie d’infirme.
Ses pensées se bousculent jusqu’au moment où lui revient une visite qu’avait reçu ses parents quelques années plus tôt.
***/***
« Souvenirs »
« Dring ! Dring ! »
Ce n’est pas tant la sonnerie de la porte d’entrée que l’apparition du couple et des deux tout jeunes ados qu’il revoie, ses parents les ayant faits entrer après une brève conversation sur le pas de la porte.
- (Hellènes) Mais entrez donc !! Nous serons mieux dans le salon pour poursuivre cette conversation.
Il se rappelle bien que l’homme lui avait paru alors pour le moins antipathique avec ses airs supérieurs et guindés, alors que la femme ainsi que les deux garçons au contraire amenaient tout de suite la sympathie.
- (L’homme) Excusez notre visite à une heure si tardive, nous avons eu votre adresse lors d’un dîner à mon club et je tenais à venir me présenter tellement il est peu courant de redécouvrir une lignée telle que la vôtre. Je n’ai donc pu constater que récemment que les De Bierne avaient retrouvé une partie de leur fortune d’antan, je me présente !! Jean Philippe De Lamarlière !! Voici mon épouse Anne Laure ainsi que mon Fils et héritier du nom, Marc Antoine. Arnault ici présent est le fils de notre majordome, nous l’avons amené avec nous pour qu’il visite Paris.
- (Pierre) Enchanté !! Voici mon épouse Hellènes ainsi que mon fils Florian, je n’ai pas très bien compris le but de votre visite et je m’en vois désolé, mais peut être allez-vous avoir l’amabilité de nous en dire plus.
- (Jean Philippe) Mais très certainement !! Nous formons un club où les membres font tous parties de l’ancienne noblesse, nous nous aidons mutuellement et gardons nos traditions ancestrales, la pureté de notre sang en est une des motivations majeures aussi sommes-nous toujours extrêmement ravis quand nous retrouvons les traces d’une ancienne dynastie et encore plus quand comme la vôtre, elle remonte directement de la plus haute noblesse. Connaissez-vous votre généalogie ?
- (Pierre) En partie, oui !
Jean Philippe intarissable sur le sujet poursuit.
- Le duché des De Bierne date des premiers rois Mérovingiens, il n’a jamais été entaché d’opprobres et a perduré jusqu’à la révolution pour ensuite disparaître de nos tablettes, nous avons vraiment pensé que votre lignée s’était éteinte.
- (Pierre) Il fallait lire l’annuaire !! Mais peut être alors n’étions-nous pas assez riches pour trouver une place de choix dans votre « club » ?
- (Jean Philippe) Pour être tout à fait exact, nous étions convaincus que les mésalliances avaient rendu votre nom impur et que vous étiez rentré dans les rangs du peuple.
Pierre a de plus en plus de mal à garder son calme.
- Vous m’en direz tant !! Puis-je savoir ce qui vous a fait changer d’avis ?
- Vos épouses, bien sûr !!
- Vous comprendrez que ça demande des explications, je ne vois vraiment pas ce que font les épouses de ma famille dans toute cette histoire ?
- (Jean Philippe) Après recherches, il s’avère que toutes les épouses des De Bierne depuis la révolution sont de sang noble quoique pour certaines d’entre elles de basse extraction.
- (Pierre) Vous êtes certain de vos sources ?
- (Jean Philippe) Demandez donc à votre épouse ?
- (Pierre) Chérie ?
- (Hellènes) Ma grand-mère en avait parlé une fois à mon frère, je n’étais encore qu’une enfant quand lui-même y a fait allusion pour la dernière fois et ensuite j’ai complètement oublié ce détail, je n’en sais pas plus !! D’ailleurs quelle importance à notre époque ? De toute façon nous serons les derniers puisque notre fils n’aura jamais d’enfants.
Jean Philippe semble seulement alors voire réellement le jeune garçon appareillé dans son fauteuil.
- De quoi souffre votre fils ?
- (Hellènes) De myopathie !!
- Peut-être est-il encore temps pour sauver votre lignée ?
- (Pierre) Je ne suis pas certain de vouloir connaître la suite de votre pensée monsieur !! Je respecte le nom que je porte parce qu’il me vient de mes parents, pour le reste je n’en ai que faire et je vous prierai de bien vouloir sortir de chez moi, vous comprendrez bien toutefois qu’il ne me serait pas agréable de vous rencontrer à nouveau !!
CHAPITRE 69 (En vol pour Aix en Provence) (fin)
***/***
« Dans l’avion. »
Mon attention revient vers le jeune copilote qui semble plus âgé que dans mes souvenirs,
preuve s’il en faut des différences qu’il peut y avoir dans cette réalité.
Pourtant c’était Alexie qui suivait des études pour devenir pilote de ligne, que ce soit Arnault qui se retrouve devant moi me trouble car ce qui semblait jusqu’à maintenant relativement semblable à mes anciens souvenirs commence à dériver et je ne suis plus aussi certain de pouvoir retrouver tout le monde, comme j’en avais l’espoir jusqu’à il n’y a pas encore si longtemps.
Maintenant un fait ne semble pas avoir changé, le regard qu’il porte sur moi me conforte
dans ce sens et je reconnais bien sans erreur possible, la lueur intéressée qui brille dans
ses yeux alors qu’il me dévisage.
Mais ce n’est pas ça qui m’amène le plus d’espoir, ce serait plutôt le fait que je pourrais
en retrouver quand même quelques-uns auxquels je n’avais pensé à première vue et le
sourire qui me vient alors, n’est pas destiné qu’à Arnault mais surtout au fait que
quelque part je vais pouvoir revoir « Marco ».
***/***
C’est son père qui le fait revenir à la réalité quand il s’adresse à Arnault.
- C’est demain que le petit frère de votre ami se fait opérer ?
- Après demain patron !! Le chirurgien qui doit s’occuper de Ludovic ne sera disponible que ce jour-là et l’opération semble beaucoup trop compliquée pour celui qui s’occupe de lui habituellement !!
- Nous n’aurons pas besoin du jet ces prochains jours, je vous donne l’autorisation de rejoindre votre ami avec l’équipage en utilisant l’appareil.
- Vraiment patron ?
- Je suis sûr qu’il sera heureux d’avoir une présence rassurante près de lui.
- Merci patron !!
J’attends qu’Arnault se soit éloigné pour rejoindre mes parents devant leur fauteuil.
- Je connais le petit Ludovic p’pa !!
- (Pierre) Comment cela se fait-il ? J’en ai moi-même entendu parler que très récemment ? Pas plus tard qu’hier en fait quand Arnault m’a demandé ces quelques jours de congés !!
- Ils faisaient partie de mes amis là d’où je viens et j’ai déjà soigné une fois la tumeur de « Ludo », alors je me disais que je pourrais très certainement en faire autant ici.
- (Pierre) Comment comptes-tu t’y prendre cette fois ci ?
- Il faut que j’y réfléchisse p’pa !! Demande juste à « Nono » … enfin je voulais dire à Arnault de passer chez Papi avant de partir demain, d’ici là j’aurais trouvé comment faire.
Mon père acquiesce d’un bref mouvement de tête, je vois bien qu’il est devenu subitement soucieux et je pense en connaître la raison, il craint tout simplement qu’une guérison subite ne fasse se poser des questions et finisse par revenir jusqu’à nous.
- En fin de compte ne dis rien à Arnault, je me débrouillerai autrement !! Il faudra juste que tu me conduises en ville demain.
- (Pierre) Je préfère cette solution si elle ne permet pas de remonter jusqu’à toi.
- On va faire comme ça alors, j’espère juste que ce ne sera pas trop tard.
Je retourne à ma place l’esprit préoccupé, cherchant comment m’y prendre pour
persuader Flavien à donner à son petit frère la solution injectable que je vais lui envoyer.
Il va me falloir trouver les mots qu’il faut et je ne suis pas certain d’y arriver si les choses
ici ont trop changé par rapport à ce que je connais de lui et de ses habitudes.
Arnault revient des toilettes, son regard une nouvelle fois se reporte sur moi avec un
petit sourire en coin visiblement appréciateur.
Je ne sais pas ce qui me pousse à lui faire signe de venir vers moi, pourtant c’est exactement ce que je fais d’un geste de la main alors que mon cerveau tourne à toute vitesse pour trouver quelque chose de plausible à lui dire.
- Besoin de quelque chose ?
- J’aimerai une bouteille d’eau et comme l’hôtesse semble occupée, je me disais que peut être vous pourriez m’en apporter une ?
- Pas de soucis, je vais vous chercher ça !!
- Merci beaucoup !!
Pendant qu’il se dirige vers la kitchenette pour aller me chercher ce que je lui ai
demandé, je remarque quelque chose qui me fait pousser un gros ouf de soulagement.
Une cicatrice bien visible sur le dos de sa main que je vais vite faire disparaître sans rien dire, il s’en apercevra à un moment ou un autre et peut être que les paroles que je compte lui dire à son retour reviendront à sa mémoire au moment opportun où Flavien devra prendre sa décision.
Arnault revient rapidement en me tendant la bouteille d’eau minérale
- Tenez !!
- Merci beaucoup, c’est gentil de vous être déranger pour moi.
- Mais non voyons !! Ce n’est vraiment rien, je vous assure !!
Je sors mon doigt de ma bouche, ma main vient alors à la rencontre de la sienne pour attraper la bouteille et je passe doucement mon doigt sur sa cicatrice, il prend ça comme une caresse venant de ma part signifiant que sans doute il m’intéresse et un petit sourire malicieux lui vient en retour.
- Un de vos amis est gravement malade à ce que j’ai cru comprendre ?
- En effet, oui !!
- Je sais que mes prochaines paroles vont vous paraître bizarre, mais son frère va recevoir disons… un colis et vous devrez lui conseiller de faire exactement ce qui sera écrit sur la lettre d’accompagnement.
- Mais !! Je…
Je lui reprends doucement la main pour lui refaire la même caresse qui prête à équivoque sur mes intentions, mais qui m’assure que déjà la cicatrice commence à disparaître.
- Faites juste ce que je vous demande, c’est très important pour « Ludo » !!
Je replonge alors dans mon livre en faisant semblant de ne plus me soucier de lui et il
reste debout face à moi quelques secondes avant de rejoindre le cockpit, les sourcils
froncés d’essayer de comprendre le sens de mes dernières paroles.
CHAPITRE 70 (Aix en Provence)
« Chez les De Bierne. »
Antoine regarde une dernière fois la chambre avant de sortir rejoindre Michel et Maryse au salon, il est satisfait du résultat et ne les remerciera jamais assez d’avoir financé entièrement la refonte complète de la pièce, celle-ci n’a plus rien à voir avec celle d’aspect vieillot qu’elle remplace.
Un grand lit plus un clic clac aux couleurs vives, un bureau moderne avec des chaises pliantes et une armoire pouvant contenir facilement les affaires de trois personnes venant passer quelques semaines.
Le tout dans des tons naturels mis en valeur par une peinture à l’effet taloché/gratté orangé comme c’est à la mode en Provence depuis quelques années.
Un petit soupire satisfait du jeune homme quand son attention se porte vers la fenêtre qui donne côté rue, une jeune fille de son âge fort jolie au demeurant passe devant la maison en s’aidant d’une béquille et s’arrête un instant devant le porche, semblant y chercher quelque chose du regard.
Antoine est troublé par le visage triste de la jeune fille, son regard croise le sien dans un instant fugace qui semble pourtant l’apeurer et la faire reprendre son chemin en marchant avec peine.
La curiosité d’Antoine est si grande, qu’il dévale l’escalier pour entrer en trombe dans le salon où Michel sursaute en le voyant arriver sur lui.
- Et bien !! Que t’arrive-t-il ?
- La jeune fille qui s’est arrêté devant chez toi mon oncle, elle avait l’air si triste !! Il m’a semblé qu’elle cherchait quelque chose et elle a pris peur quand elle m’a aperçue, pourtant je ne l’avais jamais vu !! Ça m’a fait bizarre !!
Le visage de Michel perd subitement le sourire qu’il avait à l’arrivée de son neveu.
- C’est sans doute Chloé !! Elle vient quelques fois pour nous dire bonjour et passer un moment avec nous, c’est une gentille fille.
- Pourquoi n’est-elle pas entrée alors ?
- Elle t’a surement pris pour ton cousin !!
- Aie !! Encore une victime du Florian d’avant !!
- On peut dire ça comme ça en effet !!
- Qu’est-ce qu’il lui a fait cette fois ?
- Chloé a failli perdre sa jambe par la faute à ton cousin, depuis ses onze ans elle ne peut plus marcher qu’avec sa béquille. Ce n’est pas faute d’avoir fait tout notre possible pour lui sauver sa jambe, ton oncle a dépensé une fortune pour ça !! Les médecins n’ont rien pu faire malheureusement et la pauvre Chloé restera infirme toute sa vie, tu imagines ce que ça peut lui faire à son âge ?
- Comment ça s’est passé ?
Michel revit alors ce jour funeste où tout est arrivé, sa voix en tremble encore de colère et d’émotion quand il se décide enfin à prendre la parole.
- C’était l’été il y a de cela sept ans, Florian venait encore passer quelques semaines chez nous à l’époque et crois-moi nous n’avions alors qu’une hâte, celle qu’il rentre chez ses parents !!
- Il vous en a fait voir à vous aussi alors ?
- Ce gamin a toujours été pire qu’une teigne !! Nous avions pourtant espoir qu’il finisse par s’assagir et nous n’avons rien vu venir ce jour-là. Les voisins d’en face avaient un fils de l’âge de ton cousin, ce garçon va savoir pourquoi voulait à tout prix compter Florian parmi ses amis et un après-midi particulièrement chaud, il l’a invité avec d’autres copains à lui à venir s’amuser dans la piscine qu’avait fait tout nouvellement construire ses parents.
- Il était cool !!
- C’est aussi ce que nous avons pensé avec ta tante quand nous avons autorisé Florian à y aller, il semblait aller mieux depuis quelques temps et comme ta tante avait des soins à faire, nous l’avons laissé chez nos voisins en pensant qu’ils resteraient près des enfants. Quand nous sommes rentrés de la clinique, il y avait deux ambulances et une voiture de police devant chez eux… mon dieu !! Pourquoi avons-nous pu croire que tout se passerait bien !!
Antoine vient s’asseoir près de son oncle pour le réconforter, comprenant que de se rappeler de ce jour-là lui est particulièrement pénible.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Nous ne l’avons su réellement que le lendemain quand nous avons été convoqués au commissariat et ensuite quand Chloé est sortie de l’hôpital. Ils jouaient tous les quatre dans la piscine et…
- Comment ça tous les quatre ? Il y avait quelqu’un d’autre avec eux ?
- Un garçon, un ami d’Éric il me semble !! Mais ne me coupe pas sans arrêt sinon je ne vais jamais y arriver !! C’est déjà bien assez difficile à raconter !!
- Excuse-moi mon oncle, continue s’il te plaît !!
- Je disais donc qu’ils jouaient dans la piscine, à un moment ils ont décidé de faire une partie de carte et il semblerait que ton cousin en ait profité pour actionner le système qui sert à vider le bassin, bien sûr sans en avertir les autres et quand la partie de carte s’est terminée, l’ami d’Éric s’est précipité en courant et a plongé la tête la première, les autres en entendant son cri sont venus au bord du bassin complètement affolés sauf ton cousin bien sûr qui riait aux éclats de voir la mare de sang s’élargir autour de la tête du gosse.
- Mais c’est horrible !!
- Et ce n’est pas fini !! Chloé a voulu descendre pour venir au secours de son ami et ton cousin n’a rien trouvé de plus drôle que de la pousser violemment, heureusement pour elle l’endroit où elle se trouvait n’était pas trop profond mais sa jambe s’est coupée profondément à une arête vive sur une coupe du carrelage qui bordait la piscine.
- C’est pour cette raison qu’elle boite toujours ?
- S’il n’y avait eu que cette coupure, elle s’en serait remise !! Non !! Encore une idée de Florian de lui faire un pansement en y mélangeant une mixture à base de déchets du poulailler d’après les rapports de police et c’est ça qui a infecté la jambe de la petite Chloé, quand les secours s’en sont enfin aperçu le mal était déjà trop avancé et l’infection faisait déjà son œuvre !!
- Et pour le garçon mon oncle ? C’était grave ?
- Le choc lui a déplacé le cerveau et il ne s’en est jamais remis, ses parents ou ceux chez qui il était, je ne me rappelle plus très bien depuis le temps. Tout ce que je me souviens, c’est qu’ils ont déménagé presque aussitôt car ils ne supportaient plus cet endroit et aux dernières nouvelles qui datent de cette époque, le garçon était à l’état végétatif dans une clinique spécialisée. Ton oncle paie depuis tous les frais, il n’en parle jamais tout comme nous d’ailleurs car nous nous sentons tous fautifs tu comprends ?
- Mais ce n’était pas votre faute !!
- Nous savions comment était ton cousin et nous l’avons laissé avec eux !! Tu es pourtant bien placé pour comprendre après tout ce qu’il t’a fait subir à toi aussi !!
- Quand « Flo » va savoir ça !!
Michel attrape le bras d’Antoine assez rudement pour que le garçon comprenne que ce qui va suivre est important.
- N’en parle jamais à Florian tu m’as bien compris ?? C’est de l’histoire ancienne et ce n’était pas lui, enfin pas celui qu’il est devenu maintenant !!
- Et s’il croise la jeune fille ?? Cette Chloé, pendant ses vacances ?
CHAPITRE 71 (Aix en Provence) (suite)
« Sur le parking de l’aéroport. »
L’Audi A8 est garé juste en face de la sortie du terminal, l’homme à l’intérieur semble nerveux et n’arrête pas de regarder sa montre en se triturant les doigts, ce n’est pas tant la venue de son patron et ami ainsi que de sa femme qui le perturbe, mais de se retrouver une fois de plus en face de leur fils et de ses paroles acerbes comme il ne manque jamais d’en avoir à chaque fois qu’ils se voient.
Le rouquin le hait, pourtant Franck car c’est bien de lui qu’il s’agit, ne lui a jamais rien fait et au contraire il a toujours fait l’effort de garder le sourire en sa présence, mais jamais rien n’y a fait et toujours ce monstre le fait passer pour un profiteur qui n’est ami avec son père que parce qu’il bénéficie de ses largesses.
Pourtant Franck mérite largement la paie qu’il touche chaque mois, il s’investit complètement dans la société de son copain de toujours et ce depuis les premiers jours quand ils allaient ensemble faire le chaland pour négocier avec leurs premiers clients.
Les premières années ont été dures, voire très dures et ce n’est qu’au bout d’un certain nombre d’entre elles qu’ils ont enfin pu se payer un salaire décent, vivant jusque-là sur les économies ainsi que la prime de retraite de Michel qui les avait recueillis chez lui en leur remontant le moral les jours trop fréquents où ils n’y croyaient plus.
Cette période de vaches maigres les a encore plus soudés les uns aux autres, Franck y trouvant une famille qui jamais depuis ne lui a fait défaut ne serait-ce ce voyou qu’ils ont engendré et qui depuis leur pourrit la vie, sans qu’aucune parole pour leur ouvrir les yeux n’y change rien.
Alors se faire traiter de parasite, voire pire encore à la moindre occasion n’est pas pour calmer Franck qui voit venir l’heure de sa prochaine mise en présence avec le rouquin avec une boule à l’estomac.
***/***
Pierre en sortant de l’aéroport aperçoit de suite l’Audi, il sourit tout en sachant dans quel état doit encore être son ami et s’arrête en faisant signe à sa femme et à son fils de venir près de lui, ceux-ci stoppent donc avec le chariot transportant leurs affaires et attendent de connaître les raisons de leur immobilisation devant les portes de sortie.
- (Pierre) Je vais passer devant, j’imagine que Franck ne doit plus avoir d’ongles à force de se les ronger de nervosité à l’idée de revoir Florian ! Hi ! Hi !
- Tu vas lui dire quoi p’pa ?
- Voilà la question qu’elle est bonne !! Quoi que je lui dise, jamais il ne va me croire c’est sûr !!
- Alors allons-y tous ensemble et nous verrons bien !!
- (Hellènes) Florian a raison mon chéri, de toute façon il faudra bien en passer par là !!
- (Pierre) Alors allons-y !! Tout le monde aux abris ! Hi ! Hi ! Putainnnn !!! La tête qu’il va faire !! Je vais regretter toute ma vie de ne pas avoir pris d’appareil photo !!
- (Hellènes) Tu demanderas à ton fils d’en faire un croquis !!
Je relève les yeux surpris vers ma mère.
- Tu as vu mes dessins ?
- Je n’ai pas pu résister figure toi, si tu ne voulais pas que je les voie il ne fallait pas me les mettre dans les mains !! Tu sais comment sont les femmes ! Hi ! Hi !
- (Pierre) C’est quoi cette histoire de dessins ?
- (Hellènes) Tu n’auras qu’à demander à Florian de te les montrer !! Mais crois-moi mon chéri, c’est bluffant de réalisme !!
- Vous ne croyez pas que nous ferions bien d’y aller ? Tonton « Francky » va finir par se demander ce que nous faisons debout à comploter devant la porte !!
- (Hellènes) Tonton « Francky » ???????????????
- (Pierre) Tu comprends pourquoi l’appareil photo maintenant ! Hi ! Hi !
- (Hellènes) Alors là oui !! Wouff !! Pauvre Franck !! Il va croire que tu te moques de lui encore une fois ! Hi ! Hi !
***/***
Franck se demande bien ce qu’ils fabriquent et de les voir rire tous les trois le trouble encore plus, surtout venant du rouquin qu’il n’a jamais vu autrement qu’à faire la gueule.
Il les regarde donc s’avancer enfin vers la voiture et décide de descendre pour ouvrir le coffre, Pierre est le premier à le prendre par les épaules pour lui faire la bise, suivit quasi immédiatement par Hellènes et il reste figé devant le visage amusé du rouquin qui lui demande d’une voix si chargée de gentillesse qu’il en reste comme un con les yeux ronds.
- Et moi tonton Francky ? Je n’ai pas droit aux bisous ?
CHAPITRE 72 (Orléans) (La veille)
« Chez les Lemont. »
Flavien quitte le dojo avec le sourire, son retour à Orléans après sa première année de fac à Reims lui fait un bien fou et il se presse à faire les quelques kilomètres qui le séparent de l’appartement pour y retrouver sa famille.
Un plissement du front démontre quand même que ce grand jeune homme blond sportif a quelques soucis qui le minent, ne serait-ce déjà son petit frère qui ne va pas bien depuis quelques temps et que ses parents ont conduit une nouvelle fois aux urgences ce matin même, sa tumeur au cerveau ne semblant pas vouloir se résorber comme l’affirment pourtant avec confiance les médecins qui le suivent.
***/***
Bastien et Henriette rentrent seuls à leur appartement, le petit Ludovic devant subir une opération qui cette fois ci ne peut plus être reculée, de ce fait il est resté en observation le temps qu’un spécialiste du cerveau n’arrive de Paris.
Les parents sont abattus et ce même s’ils s’y attendaient un jour ou l’autre, leur fils souffrant trop pour qu’ils n’accèdent pas enfin à la demande des médecins qui cette fois ne prétendent plus qu’une guérison par médication est encore possible.
Flavien en arrivant chez lui comprend aussitôt qu’il y a un problème à l’ambiance qui règne dans l’appartement, il rejoint immédiatement ses parents sans même prendre le temps d’ôter ses chaussures.
- C’est « Ludo » ? Il est resté là-bas ?
- (Bastien) Il doit subir une opération d’urgence !!
- Mais !! Je croyais que…
- (Henriette) Nous aussi mon grand, seulement les choses se sont encore aggravées et les médecins ne voient plus que cette solution.
Flavien ne sait plus quoi dire, il sait très bien que la moindre parole accroîtra la tristesse de ses parents et préfère donc attendre que ce soient eux qui lui en disent plus, restant debout à les regarder droit dans les yeux.
- (Bastien) La tumeur de ton frère a encore grossi et elle comprime trop fortement son cerveau, ses mots de têtes de plus en plus fréquents viennent de là !!
- C’est pour quand ?
- Dans deux ou trois jours !!
- Comment ça ?? Pas avant ??
- Le spécialiste ne pourra se rendre disponible qu’à une de ses dates, mais les toubibs nous ont assuré qu’il y avait encore un peu de temps et que de toute façon, ils le gardaient en observation en attendant.
Flavien bout intérieurement et préfère aller passer ses nerfs dans sa chambre, il y reste un bon moment à ruminer avant de prendre son téléphone pour prévenir ses amis qu’il ne sera pas disponible pour la petite fête où ils avaient prévu de se retrouver pour le week-end.
Quand il raccroche enfin, Flavien se sent mieux et il retrouve même un instant le sourire, le soutien de ses amis l’ayant quelque peu réconforté.
De savoir qu’en plus ils vont faire le voyage rien que pour être à ses côtés dans ce moment difficile pour lui, lui fait chaud au cœur et c’est donc beaucoup plus calme qu’il rejoint ses parents dans le salon, passant le restant de la journée à leur donner tout le réconfort qu’il lui est humainement possible étant donné les circonstances.
***/***
« Centre hospitalier d’Orléans. »
- Comment te sens-tu ce soir mon garçon ?
- J’ai toujours très mal à la tête monsieur !!
- L’infirmière va venir t’apporter un calmant, essaie de dormir car demain il y aura encore beaucoup d’examens à passer.
- Je vais essayer monsieur !! Dites monsieur ?? Vous croyez que je vais guérir ??
- Mais bien sûr !! Tu n’as même pas à te poser la question, le docteur qui va s’occuper de toi est le meilleur qui existe à ce jour. Allez !! Repose-toi, je t’envoie l’infirmière !!
Le médecin à peine sorti de la chambre, perd immédiatement le sourire qu’il montrait au petit bout d’homme pour le rassurer car les chances réelles qu’il s’en sorte sont suffisamment minces pour qu’il s’en inquiète fortement.
CHAPITRE 73 (Aix en Provence) (suite)
Le trajet entre le petit aéroport et le lotissement où ils se dirigent est digne des meilleurs
comiques, du moins pour la famille De Bierne parce que pour Franck il en va tout
autrement.
Le fou rire de ses amis à chaque fois qu’ils tentent de fixer leurs regards sur lui est tellement incompréhensible pour lui, qu’il se demande même s’ils n’auraient pas plongé dans la folie.
- Ce n’est pas bientôt fini vous deux !! Je ne vois pas ce qu’il y a de si drôle
brusquement ?
Pierre entre deux spasmes.
- Ta tête ! Hi ! Hi ! Tu verrais ta tête ! Hi ! Hi !
Franck ne répond que par un haussement d’épaule devant la totale incompréhension de leur comportement à tous les trois, il surveille du coin de l’œil dans le rétroviseur depuis leur départ le rouquin assis derrière lui et ne voit que son sourire rêveur duquel il ne se départit pas depuis qu’il est monté dans la voiture.
- Bon !! Ok !! Si vous me disiez ce qu’il se passe à la fin ??
- (Hellènes) Tu n’as remarqué aucun changement ?
- Bien sûr que oui !! Mais si c’est encore une idée de ton fils pour se moquer de moi, je ne vois vraiment pas où il y a à en rire !!
Je comprends bien son ressentiment.
- Tu préfèrerais peut-être que je t’envoie les noms d’oiseaux que l’autre ne se privait pas
de te donner ?
- (Franck) L’autre ?? Qui ça l’autre ??
Pierre comprend qu’il est temps de passer aux choses sérieuses, son rire se calme
presque immédiatement et c’est d’un ton amical qu’il s’adresse à son ami.
- L’autre Florian, celui qui emmerdait tout le monde et qui nous pourrissait la vie !!
Franck tourne la tête vers son ami, visiblement choqué par ses paroles.
- Depuis quand tu parles comme ça de ton fils, toi ??
- (Pierre) Depuis que ce n’est plus le même et aussi depuis que j’ai enfin compris ce qu’était l’autre ! Tu vas non seulement devoir écouter ce qu’il a à te dire, mais aussi le croire comme nous l’avons fait !! Je sais bien que ce ne sera pas évident, du moins au début tant qu’il ne t’aura pas apporté de preuves et j’en sais quelque chose puisque je suis passé par là moi aussi, tout comme Hellènes et quelques autres que nous avons eu l’occasion de voir depuis lors, promets-moi juste de ne pas interrompre Florian tant qu’il n’aura pas fini son histoire.
Franck voit bien le regard suppliant du rouquin dans le rétroviseur, il reste un moment axé sur sa conduite avant de prendre la parole avec un soupire démontrant bien qu’il ne fait ça que par amitié pour eux.
- Pfff !!! Vas-y, je t’écoute ??
***/***
« Une petite heure plus tard, à l’entrée d’Aix en Provence. »
- Et vous croyez réellement que je vais gober ça ??
- (Pierre) Il le faudra bien parce que c’est l’exact vérité, je t’avais prévenu que ce que tu allais entendre te paraitrait incroyable !!
- Mais ce n’est pas incroyable, c’est juste… impossible… un peu de sérieux allons !!
- (Hellènes) Qu’est-ce que tu voudrais de plus pour te convaincre ?
- Je ne sais pas moi !! Tiens !! Que le soleil disparaisse par exemple !!
- (Pierre) Je te comprends sois en sûr !! Je pense que dans pas longtemps tu changeras d’avis, en attendant tu n’as qu’à te dire que c’est une bonne journée où Florian n’en a pas après toi.
- Je m’excuse tonton « Francky » !! Pas de n’être pas arrivé à te convaincre, mais d’avoir été aussi détestable pour que tu m’en veuilles à ce point !!
Le ton de contrition que prend Florian pour lui faire ses excuses donne un long frisson à Franck qui surveille toujours le visage du jeune garçon, visage visiblement ému et contrarié qui pour la première fois depuis la sortie de l’aéroport lui laisserait à penser que peut-être il y a de la sincérité dans ses paroles.
- Détestables tu dis ? Ignobles !! Calomnieuses !! Blessantes !! Cruelles et j’en passe, alors permets moi de toujours douter que tu ne caches rien derrière cet air contrit. Je ne suis pas fou non plus, je vois bien qu’il s’est passé quelque chose et je serai même prêt à croire que ton coup sur la tête t’aurait changé, mais cette histoire de vie parallèle !! C’est de la pure démence !! Donne-moi au moins une preuve !! Quelque chose que tu sais sur moi alors que je serai certain que tu ne puisses pas l’avoir appris d’une manière quelconque, puisque soi-disant tu me connaissais si bien ?
Je n’hésite qu’un bref instant.
- Comme quoi, ou plutôt comme qui par exemple ? Natacha ?
Le coup de frein qui suit mes paroles nous laisse tous collés au siège, Franck tremble en
reprenant la route et son regard va directement vers son ami.
- Tu lui as parlé de ça ???
Pierre aussi troublé que Franck.
- De ça quoi ?? Qui est cette Natacha ? C’est bien la première fois que j’en entends parler !!
- Tu la connais peut-être mieux sous un autre prénom p’pa ? Le grand « amour » de ton meilleur ami !!
- (Pierre) Tatiana !!!
- Natacha Tatiana Sekovna Petrovitch pour être exact, pas vrai tonton ? Ou disons plutôt que c’est ce que tu as toujours cru jusqu’au jour où…
CHAPITRE 74 (Aix en Provence) (suite)
Franck sent la colère monter en lui, il croyait bien que cette vieille histoire était enterrée depuis longtemps et même depuis si longtemps qu’il n’y pensait plus, ce qui pour lui était une des meilleurs choses qui pouvait lui arriver.
D’entendre Florian prononcer son nom en entier alors que lui ne l’avait présenté à ses quelques amis que par son prénom de Tatiana ou « Tatia » comme elle aimait à se faire appeler, le trouble plus qu’il ne voudrait le reconnaître et si son attitude semble entièrement axée sur sa conduite, son esprit travaille à chercher vainement comment le jeune rouquin aurait pu le savoir.
- Que sais-tu d’autre sur cette vieille histoire ?
- Rien d’autre que ce que je t’ai entendu dire à mon père la fois où tu es venu à la maison avec ta tête des mauvais jours et que tu lui as avoué l’avoir revue mais surtout sa vraie nature !!
- (Pierre) Pas dans cette vie alors !! Parce que je me suis souvent posé la question au sujet de votre soudaine séparation, alors qu’elle comptait plus que tout pour toi !!
- (Hellènes) Ce n’était qu’un amour de jeunesse !! Tu avais quel âge « Francky » ? Vingt !! Vingt et un ans tout au plus ? Je me rappelle très bien de cette magnifique blonde et surtout que tous les garçons étaient fous de jalousie qu’elle t’ait choisie, toi !!
- (Pierre) Pas moi en tout cas !! J’avais déjà le béguin pour une autre jeune fille ! Hi ! Hi !
- C’est vrai ?? Qui ça p’pa ?
- (Pierre) Ta mère, qu’est-ce que tu crois !!
- Qui t’a donné un garçon ce qui n’aurait pas été le cas de ta copine, hein tonton ?
- (Franck) On ne pourrait pas changer de sujet s’il vous plait !! J’avais réussi à oublier cette histoire et je ne m’en portais pas plus mal, d’ailleurs je ne vois vraiment pas pourquoi elle est revenue sur le tapis depuis toutes ces années ?
- Ce n’est pas toi qui voulais que je te donne une preuve que mon histoire tient la route ? Avoue que ce n’est pas ici que j’aurais pu l’apprendre, puisque tu n’en avais même pas parlé à papa ? Du moins dans cette réalité !!
- (Pierre) Pourquoi tu ne me l’as pas dit ?
- (Franck) Je voulais le faire, rappelle-toi ? Seulement ton fils était là et il a commencé à faire ce qu’il faisait le mieux !! Faire chier son monde !! Du coup je suis reparti et ensuite je n’ai plus eu ni l’envie, ni le courage de t’en parler.
- (Pierre) Et maintenant ?
- (Franck) Ça n’a plus du tout d’importance, même s’il m’en reste un mauvais souvenir.
- (Pierre) Pffttt !! Alors t’attends quoi !! J’ai envie de savoir, moi !! Le secret de mon meilleur ami, ce n’est quand même pas rien !!
- (Franck) Et bien !! Demande à ton fils ? Puisqu’il a l’air de tout savoir !!
Il regarde dans le rétroviseur, surpris de voir le jeune rouquin tranquillement installé à regarder par la vitre de la portière et comprend alors qu’il n’est pas du genre à révéler le secret des gens, surtout quand il est comme celui-là marqué par une forte honte mais aussi d’une très grande peine de s’être fait berner à ce point.
Si Florian a abordé le sujet, c’est tout simplement pour démontrer qu’il est bien ce qu’il prétend être et maintenant que c’est le cas, pour lui la discussion est close.
- Hum !! Bon !! Après tout pourquoi ne pas en rire depuis le temps !! Nous étions
réellement amoureux, sauf que « Tatia » avait oublié un détail !!
Je ne peux m’empêcher de sourire.
- Un gros apparemment ! Hi ! Hi !
- (Franck) On peut dire ça comme ça en effet, surtout quand je me suis senti le courage d’aller plus loin avec elle et que j’ai voulu explorer ses… petits secrets !!
- (Hellènes) Oh !! Comme c’est romantique !!
- (Franck) Vas-y ma grande, moque toi bien !! En fait de secret, il y en avait bien un !! Au bas mot du peu que j’ai pu le constater, je dirais d’une vingtaine de centimètres !!
Pierre éclate de rire.
- De quoi !! C’était un mec ?? Ta bombe comme tu l’appelais n’était qu’un travelo ! Hi !
Hi !
- (Hellènes) Elle s’est bien moquée de toi mais si j’ai bien compris, tu l’as revue par la suite ?
- (Franck) Oui et c’est aussi ce jour là où j’étais passé chez vous dans l’intention de vous en parler !
- (Pierre) Qu’est-ce qu’elle ou plutôt qu’est-ce qu’il te voulait ?
- (Franck) C’était ambigu, mais je crois bien qu’elle en pinçait toujours pour moi et que de me revoir ce jour-là, lui a redonné des idées que j’ai tout de suite stoppé vous vous en doutez bien !!
- (Hellènes) Pourtant tu as voulu nous en parler ? Pourquoi ?
- (Franck) Parce que j’étais en colère, peut-être aussi parce que je ne comprenais pas qu’elle soit revenue à la charge après toutes ces années.
- Peut-être aussi parce que tu étais toujours amoureux !!
La nuque de Franck se raidit, ses mains se resserrent nerveusement sur son volant et ses yeux se tournent une fois de plus vers moi par le biais du rétro, je réponds à son regard par un sourire amicale qui le désarçonne.
Franck reste un petit moment silencieux avant de reprendre d’une voix marquée par un
certain regret mais aussi par la surprise de ce que sa conscience lui révèle enfin.
- Peut-être, oui !! C’était quand même une très belle… « fille » !!
CHAPITRE 75 (Aix en Provence) (suite)
« Chloé »
« Après toutes ses années, il serait donc revenu ? » C’est la pensée de Chloé quand elle reconnaît le regard si spécial de celui auquel elle a espéré un jour qu’il pourrait devenir son ami.
Elle maudit sa jambe qui l’empêche d’avancer suffisamment rapidement alors qu’elle ne souhaite que s’enfermer dans sa chambre au plus vite, tellement ses yeux retiennent de plus en plus vainement les larmes de haine mêlées de peur de se retrouver brutalement face à celui dont elle se rappellera toujours le rire cruel de cet après-midi où le destin a scellé deux vies pour toujours.
Bien sûr, elle est sans doute la moins à plaindre et son handicap quoique important, n’est rien à côté de celui de l’autre garçon qui ce jour-là a failli y laisser la vie.
Peut-être aurait-il mieux valu en fin de compte, pour ce qu’il est devenu ensuite et même si son corps ne garde par chance aucune marque, il n’en va pas de même de son esprit qui est depuis lors absent.
C’est du moins les seules nouvelles qu’elle en a depuis maintenant toutes ces années, les parents du garçon ne supportant plus ce quartier qui leur rappelaient trop ses rires tout comme sa joie de vivre et ne sont jamais revenus depuis lors, bientôt suivis par ceux d’Éric qui revendirent leur maison en la séparant ainsi de son meilleur ami au moment où elle en avait le plus besoin.
Une dernière côte à monter, celle qui pour elle a toujours été la plus dure et la voilà enfin chez elle, croisant sa mère dans l’entrée qui la regarde arriver avec inquiétude.
- Qu’est-ce qu’il y a ma chérie ? Tu t’es disputé avec quelqu’un ?
- Tu te rends compte maman !! Il a eu le culot de revenir ici après ce qu’il a fait et toutes ces années !!
- Mais de qui tu parles ??
- Du petit fils de Michel et Maryse, j’ai reconnu son regard derrière une des fenêtres de l’étage !!
- Le rouquin ?
- Lui-même !!
- C’était à prévoir tu sais ma grande !! Mais ce sont ses grands-parents qui sont le plus à plaindre !!
- Pourtant il était presque mort !! Michel disait même que c’est juste parce que Maryse ne voulait pas qu’ils le débranchent, qu’ils continuaient à le maintenir en vie depuis son accident.
- Ecoute ma chérie, je sais que ce qu’il vous a fait est impardonnable mais tu ne dois pas devenir comme lui et le fait qu’il s’en soit sorti ne doit pas te donner de mauvaises pensées, il te suffira de l’éviter le temps qu’il restera chez ses grands-parents. Je ne pense pas qu’il y reste bien longtemps d’ailleurs, Maryse m’en a suffisamment raconté pour que je sois même étonné qu’il soit venu chez eux !! C’est peut-être quelqu’un d’autre que tu as vu ?
- Allons maman !! Tu sais bien qu’ils n’ont jamais de visite à part leur fils, qui voudrais tu que ce soit d’autre avec une telle ressemblance ?
- Je tacherai d’aller y faire un tour, histoire de prendre des nouvelles !! En plus ça fait un bail que je n’y suis pas allé et tu sais combien je les aime beaucoup tous les deux.
- Moi aussi maman !! C’était justement pour leur faire un petit coucou que j’étais passé là-bas !! Pourtant ce n’est pas le quartier qui m’attire, je ressens toujours un malaise à m’y rendre.
- Je comprends !!
- Pourquoi a-t-il fait ça maman ??
- Nous en avons parlé très souvent et je n’ai toujours pas la réponse, certaines personnes ont de mauvais instincts qui se développent très tôt et ce garçon je dois bien le reconnaître, a été particulièrement précoce !! Pourtant quand on connaît ses parents et ses grands-parents, rien ne le prédisposait à ce qu’il est devenu !!
- Mais quand même !! Il a joué aux cartes avec nous en s’amusant comme un fou alors qu’il savait pertinemment ce qu’il faisait en vidant la piscine !!
- Tu ne devrais plus y penser autant ma chérie, non seulement ça te fait du mal mais ça ne changera rien à ce qui est arrivé. Évite juste d’aller là-bas le temps que j’en sache un peu plus, en attendant va donc prendre un bon bain !! Ça te détendra et ensuite il sera temps de passer à table, ton père ne devrait plus tarder à rentrer !!
Chloé va pour se retourner et prendre le chemin de la salle de bain, quand sa mère la rappelle.
- Ma puce !! Évite de parler de ça devant ton père quand il rentrera, tu connais sa position sur ce sujet et je ne voudrais pas qu’il fasse quelque chose qu’il regretterait sûrement après coup !!
CHAPITRE 76 (Aix en Provence) (suite)
L’Audi A8 s’arrête près de chez les De Bierne, Antoine regarde par la fenêtre de la chambre et reconnait la tignasse rousse à travers la vitre de l’auto, il pousse alors un cri de joie en descendant l’escalier quatre à quatre.
- Youppiiiii !!!!!
Franck qui reconnaît le garçon, est d’abord surpris de son débordement tonitruant mais quand il comprend vers qui est destinée cette joie manifeste, son expression change une fois encore et l’incompréhension remplace la surprise quand il se tourne vers Pierre.
- C’est bien ton neveu Antoine là ? Je ne me trompe pas ?
- (Pierre) C’est bien mon neveu en effet, mais pourquoi cette question ? Tu le connais très bien toi aussi ?
Franck observe les deux jeunes garçons qui s’étreignent comme les meilleurs amis du monde.
- Ce n’est pas toi qui m’as dit plusieurs fois qu’ils se détestaient ses deux-là ? Et que ça créait un climat de tension entre vos deux familles ?
- As-tu seulement écouté l’histoire que t’a racontée Florian ? Ah !! Je vois !! Tu doutes encore, c’est ça ? Et bien comme tu peux le constater, ce n’est pas le cas de mon neveu et ils sont très vite devenus copain comme cochon ses deux-là, attends de voir comment ça va être avec mes parents et tu devras bien finir par avoir conscience que tout ce que t’a dit « Flo » n’est que l’exact vérité.
Franck ne répond pas, car justement ce sont Michel et Maryse qu’il voit sortir sur le perron de la maison, un grand sourire aux lèvres en tendant les bras vers leur petit-fils qui en les voyant pousse un cri de joie indiscutable en se jetant sur eux pour les prendre dans ses bras.
La scène est suffisamment forte pour que plusieurs réactions simultanées prennent Franck sous le regard amusé et ému de son meilleur ami, en effet Pierre voit bien les yeux d’où perlent quelques larmes dans le regard troublé de Franck et au pincement de ses lèvres, il comprend également qu’il se retient pour ne pas laisser cours à toutes les émotions qui l’envahissent.
- Commencerais-tu enfin à nous croire ?
- (Franck) C’est tellement…
- (Pierre) Incroyable ?
- (Franck) Qui aurait pensé voir ça un jour ? Pas moi en tous les cas et pourtant !! Sauf si c’est le meilleur acteur de tous les temps, je dois bien admettre que ce n’est plus du tout le même Florian que celui que j’ai toujours connu.
- (Pierre) Ah quand même !! Tu y auras mis le temps ! Hi ! Hi !
***/***
Le moment de retrouvailles étant passé, je prends Antoine par le bras pour l’attirer un peu à l’écart.
- J’ai un service à te demander !!
- Vas-y je t’écoute !!
Je sors un papier que j’avais pris le temps d’écrire dans l’avion et le lui tends.
- Tu peux foncer dans un magasin me chercher ce qui est écrit là-dessus ? Ensuite il faudrait aller à la poste pour y chercher un emballage du genre colissimo.
- (Antoine) Pourquoi tu ne viens pas avec moi ?
- Je n’ai pas trop envie qu’on me remarque pour l’instant.
Antoine se rappelle de la conversation qu’il a eue avec son grand-oncle.
- C’est vrai que tu n’étais pas vraiment en odeur de sainteté par ici !!
- Justement !! C’est trop urgent pour que je prenne le risque de tomber sur quelqu’un avec qui j’aurais eu des embrouilles, tu comprends ?
- Qu’est-ce que tu vas faire avec tous ces trucs ?
- Je t’expliquerai quand tu reviendras, ne perds pas de temps car il faudra encore que tu ailles poster le colis une fois que j’en aurai fini de ce que j’ai à faire !!
- (Antoine) Ok « Flo » !!
Je le vois qui s’apprête à partir.
- Hé !! T’as des tunes au moins ?
- Bien sûr, pourquoi ?
Je retourne mes poches en souriant.
- Parce que moi « nada » ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 77 (Orléans) (Deux jours plus tard)
« Chambre de soins intensifs. »
Bip ! Bip ! Bip !
Flavien s’essuie pour la énième fois les yeux, de voir son petit frère dans cet état depuis qu’il est à l’hôpital lui devient insupportable et pourtant rien ni personne ne pourrait lui faire quitter la chambre où le petit bout d’homme est sous assistance respiratoire, plongé dans un coma de plus en plus profond.
***/***
« Plus tôt dans la matinée, chez les Dufour »
Arnault se lève tout juste et sort de la chambre d’ami en faisant attention de ne pas réveiller ses copains mais en baillant quand même à s’en décrocher la mâchoire, il entre dans la salle de bains quand la sonnerie de l’entrée retentit.
« Dring ! Dring ! »
Il entend des pas aller ouvrir la porte ainsi que quelques mots qu’il ne comprend pas, la porte se referme et les pas reprennent le chemin inverse, la voix plus claire de la mère de Flavien se fait alors entendre.
- Je n’avais pourtant rien commandé ??
- (Son mari) Regarde qui est l’expéditeur ??
- il n’y a pas de noms !! En plus c’est adressé à Flavien !!
- (Son mari) Et bien voilà l’explication !! C’est sans doute lui qui s’est acheté quelque chose !!
Arnault se rappelle soudainement une certaine conversation avec le fils de son patron, qui lui avait semblé pour le moins bizarre et qu’il avait fini par oublier sur les conseils avisés de son collègue qui l’a prévenu de ne surtout pas faire confiance en quoi que ce soit qui viendrait justement de ce garçon.
Pourtant il ne lui avait pas semblé bien méchant, ce serait même tout le contraire et il se passe un doigt en soupirant sur le dessus de sa main, précisément à l’endroit où le jeune rouquin la lui a caressée.
Un frisson le prend au souvenir de ce moment assez spécial pour qu’il s’en rappelle précisément et lui fasse machinalement mettre sa main sous ses yeux pour regarder l’endroit précis de cette caresse qui lui avait semblé humide sur le coup et qui longeait sa cicatrice comme s’il voulait la suivre d’un bout à l’autre.
Quelque chose le gène soudainement et qu’il n’arrive pas à mettre le doigt dessus, c’est suffisamment important lui semble-t-il pour qu’il cherche dans sa mémoire ce que cela peut bien être et le flash lui vient subitement quand ses yeux passent une nouvelle fois sur le dos de sa main accidentée et qui lui a valu cette marque qui n’est plus qu’un mauvais souvenir de sa jeunesse au manoir.
Ses yeux deviennent ronds de stupeur quand il la cherche en vain alors qu’elle aurait dû être là, lui revient alors les paroles du rouquin et il fonce dans la cuisine où il prend le paquet des mains de la mère de son ami.
- Il faut qu’on aille à l’hôpital !! Tout de suite !!
- (Henriette) Mais explique toi voyons !!
- Ce que contient ce paquet peut sauver Ludovic !!
- (Bastien) Qu’est-ce que tu racontes mon garçon ??
Arnault va prendre un couteau dans un tiroir et ouvre le colis qui révèle alors son contenu, une enveloppe qu’il prend d’abord pour y lire le nom de Flavien et qu’il tend aux parents de celui-ci, puis bien emballer dans du papier journal il trouve un petit pot, une fiole puis enfin un ensemble d’injection neuf emballé dans son étui de cellophane.
Bastien ouvre le courrier et le lit à haute voix.
« Courrier »
Flavien !! Si tu veux guérir « Ludo », tu dois respecter à la lettre ce qui suit.
A) : Demande à Arnault de te montrer sa cicatrice qu’il a sur le dessus de la main droite, tu t’apercevras qu’elle a disparu et que donc ce qui va suivre n’est pas une plaisanterie.
***/***
Bastien relève les yeux sur Arnault l’œil interrogateur, celui-ci lui montre sa main où plus rien de visible n’apparaît alors que tous savent bien qu’elle était là pour en avoir demandé l’explication lors de leur première rencontre avec lui.
Médusé, Bastien reprend la lettre et poursuit sa lecture, cette fois sa voix chevrotante montre bien qu’il commence à prendre au sérieux la missive qu’il tient entre les mains.
CHAPITRE 78 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite)
***/***
« Reprise de la lecture. »
B) : Donc vous commencez à me croire ! Hi ! Hi !!
C) : J’espère que vous recevrez ce colis à temps avant que l’opération de Ludovic ne commence, la tumeur qu’il a est inopérable et les médecins qui vous diront le contraire sont des charlatans, demandez donc à ce spécialiste Parisien quelle chance il donne à votre fils et s’il est honnête, il vous répondra qu’il y a bien trop d’aléas sur une telle intervention pour vous donner une estimation.
D) : Tu dois mettre le contenu de la fiole dans la seringue et l’injecter dans l’artère jugulaire de ton petit frère, si tu ne t’en sens pas capable et je te comprendrais, envoie le produit dans le tuyau du « goutte à goutte » le plus près possible de la perfusion pour qu’il profite du produit sans que celui-ci ne se délaye trop (s’il est transfusé, c’est dans celui-là qu’il faut privilégier l’injection)
E) : Maintenant il faut laisser le temps d’agir !! Demande à tes parents de revenir sur la décision d’opérer le temps qu’ils répondent à quelques questions que tu trouveras en tournant la page et qui vous montrera combien ils seront incapables d’y répondre.
F) : Si le colis arrive trop tard et que ton petit frère est encore parmi nous, il te faudra faire la même chose le plus discrètement possible parce que ce sera différent quant aux réactions des chirurgiens quand ils s’en apercevront.
G) : Tu comprends mon grand qu’il te faut faire très vite si tu veux éviter l’opération qui de toute façon n’apportera rien de bon.
H) : Une question parmi les milliers que tu te poses ! Hi ! Hi ! A quoi sert donc le pot d’onguent ? En fait elle ne sert qu’à prouver mes dires et tu dois t’en servir pour croire en moi, car je me doute bien de tes pensées actuelles et ce même si ne l’oublie pas, la cicatrice d’Arnault a disparu.
I) : Donc voilà comment faire, trouve quelque chose d’apparent sur quelqu’un de proche (Alexie a peut-être toujours son acné récurrent) et applique s’en une petite couche en massant bien, l’effet ne devrait pas se faire attendre et te conforter dans le sérieux de ma démarche pour sauver « Ludo ».
Un ami qui saura se faire connaître quand le moment sera venu.
Ps : Je croise les doigts pour vous tous, en espérant sincèrement que ce colis soit arrivé à temps
F.DB
***/***
La porte claque en faisant sursauter Henriette et Bastien qui s’aperçoivent alors qu’Arnault n’est plus près d’eux, mais qu’il a filé dans sa chambre qu’il partage avec leur neveu et Marc, le temps où il est parmi eux.
Il ne faut pas deux minutes avant qu’il réapparaisse avec Alexie encore la tête en vrac à chercher à comprendre ce qu’il lui arrive.
- (Arnault) Assieds-toi et laisse-toi faire !!
Alexie voit son ami prendre un pot sur la table, près de ce qui ressemble à un colis qu’ils viennent de recevoir.
- (Alexie) Mais !! Qu’est-ce que tu fais ??
- (Arnault) C’est un médicament pour ta peau !!
- (Alexie) Pffttt !!! Encore un !!! J’en ai essayé tellement que je n’y crois plus tu sais !!
- (Bastien) Laisse faire ton copain, tu pourrais être surpris sur ce coup-là !!
Alexie voit bien l’air sérieux de son oncle, il voit aussi la tête que fait sa tante et qui suit les gestes de son copain qui maintenant lui étale le produit sur le visage avec une curiosité marquée par une vive anxiété.
Arnault applique bien la crème en faisant attention de ne pas arracher involontairement les parties du visage infectées par l’acné qui n’a pas besoin de ça et doit déjà supporter depuis plusieurs années ce mal qui l’enlaidit, en lui donnant un air suffisamment repoussant pour qu’il en perde la plupart de ses anciens amis.
- (Alexie) Il y a quoi là-dedans ? Putain !! Ça chatouille !!!
- (Arnault) Ne touche à rien, je reviens !!
Pendant qu’Arnault retourne dans la salle de bain pour y trouver de quoi laver le visage de son ami, celui-ci regarde son oncle et sa tante avec étonnement, la tête qu’ils font le laissant sans comprendre ce qui se passe.
- Vous en faites une tête ??
- (Henriette) Mon dieu !!
- (Bastien) Et bien ça alors !!
- Quoi ?? Qu’est-ce qu’il y a ??
- (Henriette) Ton visage !!
- Eh bien oui quoi !! Arnault l’a couvert de crème et alors ?
Une voix derrière lui le fait se retourner, Arnault le regarde sidéré en tenant le gant de toilette humide dans une main et la petite bassine pleine d’eau dans l’autre.
- Wouah !!! Ça marche on dirait !! Mais alors !! Nous attendons quoi là ??
- (Bastien) Comment ça ??
- La lettre !! Il faut vite rejoindre Flavien à l’hôpital !! Ils l’opèrent quand « Ludo » ?
- (Henriette) En début de soirée, pourquoi ?
- Mais enfin quoi !! Il n’y a que moi qui comprend que ce qui est écrit jusque-là a été l’exacte vérité et qu’il n’y a pas de raisons qu’il en soit autrement pour le reste ??
CHAPITRE 79 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite)
« Hôpital d’Orléans, fin de matinée. »
Ils sont tous les six dans le couloir pendant qu’une infirmière donne la toilette et les soins à Ludovic, leurs regards remplis d’espoir après ce qu’ils ont fait un peu plus tôt dans la matinée.
Flavien lit pour la dixième fois au moins cette lettre que ses parents lui ont amenée en même temps que ce que sa mère cachait avec précaution dans son sac à main.
La main d’Arnault, la lecture de la lettre et le visage d’Alexie l’ont tout de suite convaincu que de toute façon c’était la dernière chance pour que son petit frère puisse s’en sortir et ce n’est pas ce qu’il a entendu depuis qu’il le veille, qui le fera changer d’avis bien au contraire.
C’est donc sans trembler avec la détermination qui le caractérise dans ces cas-là, qu’il a choisi la première solution et qu’il a injecté le produit dans l’artère du cou de son petit frère, avant de rendre la seringue vide à sa mère et d’attendre depuis avec eux que les choses se passent.
L’infirmière sort soudainement, les regarde sans les voir et s’éloigne en courant avec sa main devant sa bouche pétrifiée de stupeur.
Ils se regardent tous incrédules, restant assis rien que parce que la lumière rouge est toujours affichée au-dessus de la porte.
- (Henriette) Qu’est ce qui lui a prise de partir en courant ?
Alexie caresse de deux doigts son visage et son sourire montre le bonheur qu’il ressent depuis qu’il est débarrassé de ses impressionnants boutons qui le défiguraient.
Il ricane alors à une idée qui vient de lui traverser l’esprit.
- Y’a peut-être « Ludo » qui lui a mis une main au cul, va savoir ! Hi ! Hi !
Personne n’a le temps de répondre que les choses bougent autour d’eux, l’infirmière qui revient aussi rapidement qu’elle était partie mais accompagnée cette fois par deux hommes que Flavien reconnaît comme deux des internes de l’hôpital qui suivent le chirurgien s’occupant de son frère et qui à la tête qu’ils font, semblent préoccupés par ce qu’ils vont découvrir.
Ils rentrent dans la chambre en refermant derrière eux, sans même avoir la chose de leur parler et les laissant ainsi dans la méconnaissance totale de ce qui peut bien s’y passer à l’intérieur.
***/***
« Dans la chambre. »
L’infirmière montre les courbes enregistrées par les différents appareils.
- Alors ?? Je n’ai pas raison ??
Les deux internes se regardent médusés, l’un d’entre eux va pour vérifier les instruments pendant que l’autre s’approche de l’enfant pour vérifier son rythme cardiaque et ses réactions pupillaires.
- Il est bien en phase de réveil !! Je ne comprends pas comment c’est possible !!
- Nous devons le transporter tout de suite au scanner et vérifier comment se comporte la tumeur, il est possible qu’elle ait bougé en libérant un peu de pression sur son cerveau !!
- Ne perdons pas de temps !!
L’interne se tourne vers l’infirmière en souriant.
- Ton analyse était bonne, préviens tout de suite le professeur que nous emmenons le gamin en salle de scan !! S’il se réveille vraiment, ça risque de compliquer les choses pour l’opération !!
- (L’infirmière) Et pourquoi donc ?
- Parce qu’il va falloir l’endormir artificiellement et ce n’est pas le mieux pour ce genre d’intervention !! Déjà que les chances sont quasi nulles qu’il s’en sorte sans séquelles graves et encore je dis ça !! S’il s’en sort !!
CHAPITRE 80 (Orléans) (Deux jours plus tard) (fin)
« Dans le couloir de l’hôpital. »
La porte de la chambre s’ouvre et un des internes en sort en tirant avec lui le lit où est allongé Ludovic, l’autre interne apparaît ensuite en tenant les perfusions dans ses mains et ils prennent le couloir jusqu’à l’ascenseur, sans une seule parole à la famille qui les voit passer avec une inquiétude proche de la panique.
Deux minutes se passe et c’est au tour de l’infirmière de sortir, cette fois elle est interpellée par Bastien qui est décidé à avoir des réponses avant qu’elle aussi disparaisse à l’angle du couloir.
- Mademoiselle s’il vous plait ?? Pourrions-nous savoir ce qu’il se passe avec notre fils ??
Il voit bien qu’elle est surprise de se faire interpeller et surtout qu’elle cherche ses mots avant de répondre.
- Une petite complication, mais rien de grave rassurez-vous !! Nous devons juste lui refaire des analyses avant l’opération.
***/***
« Salle de scanners, dix minutes plus tard. »
L’appareil bourdonne, la lumière bleutée illumine le visage pâle de l’enfant pendant que le chirurgien observe attentivement l’écran.
Ce qu’il voit le laisse plus que perplexe et ne serait-ce la dangerosité d’exposer une deuxième fois le cerveau du bambin, il ne se serait pas privé de faire une nouvelle passe pour être certain qu’il ne rêve pas.
Un des deux internes restés près de lui, pose la question qui lui brûle les lèvres depuis un moment déjà devant les mimiques ahuries du professeur.
- Un problème monsieur ?
L’homme se tourne vers lui, perplexe et le front plissé par la réflexion.
- Croyez-vous aux miracles ??
- Pardon ??
- Je vous demande si vous croyez aux miracles mon garçon ?? Parce que si vous me répondez non, je vais vous prouvez le contraire !!
- Plait-il docteur ??
Le chirurgien clique sur la souris et se lève pour aller jusqu’à la photocopieuse couleur au fond de la salle où une feuille au format A3 apparaît lentement, il attend la minute nécessaire à ce que l’impression se termine et revient avec en la posant sur la table.
- Voilà un cas d’école pour vous deux messieurs !! Donnez-moi votre diagnostic sur cette coupe cervicale.
Les deux internes se penchent sur la photo pendant un moment qui semble très long à l’homme qui les observe avec attention.
- Alors ??
- Il doit y avoir une erreur docteur, ce cliché ne montre aucune anomalie !!
- Vous en êtes certains ?
- Certain docteur !!
- Donc ce que vous avez en ce moment sous les yeux, comment appelez-vous ça ??
Voyant qu’ils restent sans voix, il va ouvrir le dossier du jeune Ludovic et en sort un cliché identique à un « détail » près, l’énorme tâche sombre de la tumeur grosse comme un œuf de pigeon qui comprime le cerveau de l’enfant à l’intérieur de sa boite crânienne.
- Ce cliché a été pris hier après-midi, j’en avais fait la demande pour que le chirurgien qui doit arriver incessamment puisse travailler dessus avant d’entreprendre son acte chirurgical.
- !!!!!!!
***/***
« Retour dans le couloir de l’hôpital, une bonne heure plus tard. »
Flavien tremble de tout son corps, il commence à se demander si ce qu’il a fait à son petit frère ne va pas plutôt avoir l’effet inverse que ce qu’il y avait de noté dans la lettre.
Bastien et son épouse en sont au même point et leurs visages décomposés ne sont pas loin de la crise de nerfs, seul Arnault qui a toujours sous les yeux le visage d’Alexie reste serein et ce même si ces dernières minutes à se morfondre dans le couloir lui semblent des heures.
Un cri perçant au bout du couloir leur font tous lever la tête avec une crispation douloureuse au cœur et à l’estomac, Flavien quand il voit le petit bonhomme en pyjama apparaître pieds nus à l’angle du couloir, en tombe à genoux, les mains tendus vers celui qu’il aime par-dessus tout et qui vient se jeter en courant dans ses bras, le visage rayonnant de joie pour venir nicher sa petite tête blonde dans le cou de son grand frère chéri.
CHAPITRE 81 (Aix en Provence) (suite)
« Quelques jours plus tard, bureau de Philippe. »
- C’est aujourd’hui que tes parents quittent Aix si mes souvenirs sont bons ?
Je suis assis relax depuis maintenant plus de deux heures dans le bureau du psy, comme chaque jour de la semaine où nous passons nos matinées ensemble.
Sa question me surprend car loin de ce que nous étions en train de parler.
- Heu !!! Oui, après le déjeuner !! Je tenais à leur dire au revoir.
- Ça doit te faire un drôle d’effet tous ces souvenirs différents que tu as sur eux ? Tantôt victime d’un accident mortel, tantôt triste devant un fils handicapé et maintenant avec ce que tu vis avec eux ?
- C’est troublant en effet !! J’ai comme l’impression qu’il n’y a pas que ça, seulement je n’arrive pas à mettre le doigt dessus et c’est énervant.
- Tu penses à quoi en disant « pas que ça » ?
- Je ne sais pas trop en fait, disons qu’il se pourrait que j’aie beaucoup plus de souvenirs que ceux-là de mes parents dans d’autres réalités.
- Tu te rends compte de la signification de telles pensées ?
- Bah !! Ce sont sans doute des conneries !! En plus je n’ai vraiment rien à quoi me raccrocher pour dire ça, si ce n’est les deux expériences que j’ai vécu avant d’être ici !!
Je me disais juste pourquoi deux et pas cent ou mille ??
- Tu t’en rappellerais certainement si c’était le cas ?
- Je suis comme toi en ce moment tu sais ? J’ai des doutes et surtout beaucoup de questions auxquelles je ne saurais encore répondre, juste qu’il me semble que les réponses sont à portée de mains sans savoir exactement où aller les chercher.
Philippe voit bien que Florian est vraiment troublé, en tous les cas plus que d’habitude où il passe son temps avec lui en souriant à lui raconter certaines anecdotes de ses précédentes « vies ».
Bien sûr Philippe cherche à comprendre et surtout à démêler le vrai de l’imaginaire car il ne doute pas que pour une grosse part de toute cette histoire, elle ne soit purement et simplement sortie du cerveau alors gravement atteint de celui qu’il considère maintenant comme un ami.
Bien sûr il y a l’histoire du livre ainsi que son asthme qui il doit bien l’avouer, n’est plus apparue depuis qu’il a commencé ces matinées avec Florian.
- J’aurais peut-être une idée pour que tu retrouves tes souvenirs enfouis !!!
- Je vois à quoi tu penses mais ne serait-ce pas beaucoup trop dangereux ?
- Pas si nous prenons des précautions avant de commencer.
- Et si ça se retourne contre toi ?? Rappelle-toi des « dons » que j’ai dans mes souvenirs et si l’un d’eux venait à resurgir soudainement ?? Imagine par exemple si mon esprit sous hypnose se sent soudainement agressé ??
- (Philippe) Il faut bien prendre quelques risques si nous voulons avancer, tu te rends bien compte que nous tournons en rond.
- Alors vas-y mais fais très attention à toi et aux questions que tu vas me poser !!
Philippe prend le temps de sa décision, il ouvre ensuite un des tiroirs de son bureau et en sort le pendule dont il se sert habituellement comme objet de fixation d’attention pour ses séances d’hypnose, il vient s’asseoir ensuite près de Florian qui s’est allongé confiant sur le canapé.
Il prend ensuite le lourd cendrier en acier dans sa main gauche pendant qu’il commence à balancer lentement le pendule devant les yeux du jeune rouquin.
- Fixe bien le pendule et écoute ma voix !! Tu te relaxes lentement, tes yeux deviennent lourds et ton esprit se libère de ses contraintes !! À trois tu t’endormiras et n’entendras plus que ma voix !!! Un !!… Deux !!… Trois !!
Philippe voit bien les yeux de Florian se fermer, il claque dans sa main sans réaction aucune de sa part et sa voix reprend alors dans le même ton apaisant.
- Ecoute ce bruit !!
Philippe laisse tomber le cendrier au sol.
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« Vlan !! »
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Il le ramasse et le tient devant lui de ses deux mains, il poursuit alors.
- La prochaine fois que tu entendras ce bruit, tu te réveilleras immédiatement et tu oublieras tout ce qu’il s’est dit ou passé !! Est-ce bien compris ?
- Oui !!
- Très bien !! Quel est le nom que les gens te donnent ?
- Florian De Bierne !!
- Bien !!! Quel est l’âge de Florian ?
- Bientôt dix-huit ans !!!
- C’est bien ton vrai âge n’est-ce pas ??
- Non !!
Philippe surpris poursuit son questionnement.
- Dis-moi, ou plutôt non !! Montre-moi qui tu es vraiment ??
***/***
« Vlan !! »
***/***
CHAPITRE 82 (Aix en Provence) (suite)
Je me réveille en sursaut, surpris en me demandant bien ce qu’il m’arrive et pourquoi je suis debout au milieu de la pièce, ce n’est qu’en regardant au sol que j’aperçois Philippe tétanisé près du canapé, les yeux exorbités.
Je lis la folie dans son regard aussi j’attrape le pendule également au sol et je remémorise sa façon qu’il a eue pour m’hypnotiser, je réitère sur lui ces gestes tout comme ces paroles et ce n’est que quand enfin je vois ses yeux se refermer, que je pousse un ouf de soulagement.
- Philippe, tu m’entends ?
- Oui !!
J’hésite un instant à lui demander ce qui l’a rendu dans cet état de folie, je préfère ne pas lui infliger une deuxième fois le souvenir de cet instant qui a sans doute été l’élément déclencheur de sa perte de raison.
- Je vais compter jusqu’à trois, à trois tu te réveilleras en ne te souvenant plus de rien de ce qu’il vient de se passer ces dernières minutes. Un !!… Deux !!… Trois !!
Ses yeux s’ouvrent immédiatement, son visage marque rapidement l’effarement de se voir allongé par terre avec moi penché au-dessus de lui.
- Qu’est-ce qui s’est passé ??
Je lui souris, satisfait de voir que son état est redevenu comme avant, déçu également de ne pas connaître la raison de cette démence que j’ai pu y lire dans ses yeux.
- De quoi te rappelles-tu ?
Philippe se redresse, je l’aide à se remettre debout et une fois assis à son tour près de moi, il me sourit en me reprenant le pendule des mains.
- Je n’aurais pas dû, pas vrai ?
- Il semblerait bien que tu aies appris quelque chose que ton cerveau a refusé de croire, j’ai été obligé de t’hypnotiser à mon tour pour te rendre tous tes esprits en te faisant oublier ce qui t’avait mis dans cet état.
- Tu as bien réagi !! Je te dois sans doute beaucoup après ça !!
- Bah !! Nous sommes revenus au point de départ voilà tout.
Je ramasse le cendrier et je le repose sur la table en regardant Philippe avec curiosité.
- C’était pour quoi faire ?
- Disons que c’est grâce à lui si rien de grave ne s’est passé.
- On fait quoi maintenant ?
- (Philippe) Laisse-moi y réfléchir si tu le veux bien !! Nous reprendrons cette séance demain car je pense que pour aujourd’hui c’est bien assez !! Ce qui est sûr maintenant, c’est que tu n’as pas menti et qu’il va nous falloir trouver un moyen pour comprendre ce que tu es vraiment.
- Est-ce bien le plus important ?
Philippe surpris par la question.
- Pourquoi donc ?? Tu vois quelque chose de plus important, toi ??
- Oh que oui !! Je dois retrouver mon Thomas et tu m’as promis de m’aider rappelle toi ?
- J’ai déjà commencé quelques recherches, il y avait bien une famille Louvain qui habitait près de chez tes grands-parents.
Je le regarde en dévorant ses paroles.
- Tu sais où ils sont maintenant ?
- Je ne devrai plus tarder à recevoir cette information, il faut seulement que tu saches qu’il n’y a pas de garçon prénommé Thomas dans cette famille.
- De quoi !!!
CHAPITRE 83 (Paris)
« Bureau du directeur de la DST. »
L’homme grisonnant enfile son pardessus, le front plissé de questionnement, ce courrier qu’il a reçu n’est pas de ceux qu’il peut mettre d’office à la poubelle car s’il y a une chance même minime que ce qui y est écrit dedans soit exact, il ne peut se permettre de ne pas en tenir compte.
Il pense à la lettre qu’il a envoyée au labo pour analyse par un de ses collaborateurs et sort de son bureau en direction du parking où ses collègues l’attendent déjà, le visage grave de l’intervention qu’ils s’apprêtent à mener.
Maurice monte en voiture en faisant signe à ses hommes tout en leur donnant ses dernières instructions.
- C’est parti les gars !!! Rappelez-vous surtout, pas de vagues !!! Il se pourrait qu’il soit armé !!
- Bien patron !!
Maurice claque la portière, met sa ceinture de sécurité et attrape ensuite le téléphone cellulaire du véhicule de service, il compose un premier numéro en attendant avec impatience que ça décroche.
- …….
- C’est Maurice !! Alors où on en est ?
- …….
- Tu leurs as bien dit de rester planqués ?
- ……
- Très bien !! Passe-leurs le message que je devrais être sur les lieux d’ici une petite demi-heure, surtout qu’ils m’attendent avant d’agir c’est compris ?
- ……
Maurice raccroche pour redécrocher aussitôt pour un nouvel appel.
- ……
- Désmaré !! Vous avez mon renseignement ?
- ……
- De quoi !! Vous êtes certain de ne pas vous tromper ??
- ……
- Sortez-moi son dossier !! Je le veux sur mon bureau à mon retour !!
- ……
Maurice raccroche une nouvelle fois, sauf que cette fois il reste songeur et s’adosse à la banquette pour réfléchir sur ce qu’il vient d’apprendre, bonne idée qu’il a eu de faire analyser la lettre.
- Un souci patron ?
- Je ne sais pas si c’en est un ou pas, nous avons identifié celui qui a certainement envoyé cette lettre.
- Et c’est qui patron ? Un type déjà fiché chez nous pour que ça ait été aussi rapide !!
- Pas chez nous, non !! Par contre à la nationale on peut dire ça comme ça d’après les renseignements que je viens d’avoir sur lui, Florian De Bierne ? Ça vous dit quelque chose ?
Le passager avant se retourne vers lui, visiblement surpris.
- Le rouquin ?? Si c’est bien du même Florian qu’on parle, celui qui vous a renseigné ne vous a pas tout dit alors !!
- (Maurice) Tu m’as l’air bien au courant ?
- Je veux, oui !! Ce gosse est fiché aux mœurs, aux stups et à peu près à tous les autres services de police, chez nous aussi patron mais vous n’étiez pas encore à la tête du service et c’est pour cette raison que son nom ne vous dit sans doute rien, nous le soupçonnions à une époque de servir de « facteur » dans une combine d’argent pas très net.
- (Maurice) Des faux billets ?
- Non !! Disons plutôt une histoire de blanchiment d’argent sale, mais nous avons dû lâcher l’affaire sur ordre de l’ancien patron !! Si j’ai bonne mémoire, ses parents sont très riches et son père a dû faire pression assez haut, si vous voyez ce que je veux dire !!
Maurice reste encore une fois songeur, un mot dans les révélations de son collaborateur lui revient alors en mémoire.
- Vous avez bien dit, « ce gosse » ?
- Oui patron !! A l’époque il était mineur, quatorze ou quinze ans je crois !!
- (Maurice) Et ça date de quand ?
- Oh !! Il y a bien trois voire quatre ans.
- C’est tout ce que vous vous rappelez sur lui ?
- Oui patron !! C’est surtout à cause de son jeune âge que je me suis rappelé de lui et aussi parce que c’était une vraie teigne ce gosse, pourtant à le voir comme ça on lui aurait donné le bon dieu sans confession.
Le conducteur prend la parole à son tour.
- Nous arrivons à l’adresse indiquée, qu’est-ce qu’on fait patron ?
Maurice jette un œil autour de lui et montre une ruelle du doigt.
- Garez-vous là-bas !!
CHAPITRE 84 (Afrique)
« Quelque part dans la jungle, conversation mentale. »
- Avez-vous ressenti comme moi le changement dans la trame de l’espace-temps mes frères ?
- Quelque chose s’est passé qui va perturber l’avenir de cette planète !!
- Ne l’avons-nous pas déjà fait par notre intervention ?
- Tant que nous ne nous occuperons pas des affaires des humains qui peuplent cette terre, nous n’agissons en aucune façon sur leur avenir et ce que nous avons fait, n’était que pour éviter justement que ça ne se produise.
- Alors qu’était donc ce que nous avons ressenti ?
- Peut-être d’autres de nos frères qui terminent leur périple ici comme nous l’avons fait !!
- C’est une possibilité quoique très improbable après tout ce temps, mais ce n’est pas la seule !!
- Vous pensez à l’enfant ?
- Nous avons sondé son esprit rappelez-vous !!
- L’étincelle de notre dieu qui est entré en lui est de celle qu’il ne fallait surtout pas rallumer rappelez-vous !!
- Nous nous rappelons !!
- Nous avons fait en sorte qu’elle ne rejoigne jamais la communauté de son esprit une fois redevenu entier, c’est notre mission première.
- Peut-être a-t-elle passé nos barrières ?
- Seule ? Elle est bien trop faible pour ça !!
- De plus le temps n’était pas encore venu !!
- Il reste une possibilité.
- L’âme errante ?
- Celle qui en son temps devra lui redonner sa puissance une fois toutes ses étincelles de vies à nouveau réunies et sa mémoire retrouvée !!
- Prions pour qu’elle n’ait pas intégré celle du jeune humain, nous aurions failli à notre mission.
- Elle arrive bien tard dans cette réalité, le temps lui est compté !!
- Sauf s’il commence à se souvenir.
- Nous aurions ressenti sa puissance !!
- Nous devons envoyer l’un des nôtres pour l’éduquer.
- En a-t-il besoin ? Le fait qu’il soit là implique que son enveloppe humaine sur ce monde a subi un traumatisme fatal et qu’il s’en est emparé pour le guérir sans notre aide.
- L’univers recommence à prier, ne le ressentez-vous pas mes frères ? Beaucoup de peuples croient de nouveau en lui.
- L’empathie avec ses créations lui reviendrait donc ? Peut-être notre sacrifice n’aura pas été vain !! L’expansion pourra alors reprendre quand sa toute-puissance sera revenue.
- Les imposteurs seront chassés !! La paix et la sérénité reprendra son cours normal, les galaxies cesseront de se détruire pour le pouvoir de quelques-uns.
- Il faudra encore qu’il retrouve son âme sœur et que « Thomasss » lui accorde son pardon !!
- Un amour comme était le leur ne peut pas disparaître, les actes passés seront pardonnés.
- L’exil lui a été ordonné sur un moment de colère !!
- De folie plutôt !! Rappelez-vous ce qu’étaient devenus les mondes avant la grande dispersion, le temps n’en a pas encore effacé toutes les cicatrices. Les guerres actuelles en sont la preuve s’il en faut que la sagesse des temps anciens ne soit pas encore revenue.
- Combien faudra-il attendre encore ?
- Le temps importe peu pour lui, il doit guérir de tous ses maux avant de reprendre la place qui est la sienne !!
- Et s’il retrouvait sa puissance d’alors ? Sans son humanité ?
- D’autres devraient se sacrifier comme nous l’avons fait ou ce serait la fin de tout ce qui vit, nous n’en sommes pas là et les prières vont dans le bon sens pour que l’espoir soit permis.
- Il faut nous en assurer mes frères !! Trouvons un moyen pour sonder son âme pendant qu’il est encore amnésique de sa véritable nature, le plus fort d’entre nous doit le rejoindre.
- Comment ?
- Il devra transférer son essence dans un corps pouvant réaliser un si long voyage, nous mettrons la puissance de tous s’il le faut pour l’aider dans sa mission.
- Un tel transfert en restant conscient n’est possible que dans des conditions bien particulières, il peut se passer beaucoup de temps à l’échelle de ce monde pour qu’il se réalise et c’est justement ce qu’il nous manque le plus avant qu’une fois encore la transition inéluctable se fasse.
- Nous allons devoir aller contre notre nature pour se faire !!
Un murmure horrifié raisonne alors dans cette partie de la jungle, démontrant à quel point l’idée qui vient d’être émise va à l’encontre de ce qu’ils sont.
CHAPITRE 85 (Paris) (fin)
Maurice descend du véhicule, rapidement rejoint par plusieurs hommes en armes qui attendent ses instructions.
- Rappelez-vous que nous ne sommes sûr de rien !! Il va nous falloir rester très discret dans nos prochaines actions !!
Il prend par la manche un des hommes venus avec lui et qui lui est en civil.
- Tu vas aller sonner à la porte, invente n’importe quoi si quelqu’un te répond et reviens ensuite immédiatement ici !! C’est bien compris ?
- Oui patron !! Et s’il n’y a personne ?
- Nous entrerons alors dans cette maison pour l’inspecter de fond en comble !! Quelle heure est-il ?
- Bientôt dix heures patron !!
- Très bien !! Donc normalement il ne devrait pas être chez lui, il a cours jusqu’à midi et ça nous laisse largement le temps pour ce que nous avons à faire.
- J’y vais patron !!
Maurice le regarde s’éloigner, son visage montre combien il ronge son frein de ne pas traverser la rue avec lui pour défoncer cette porte tellement il est pressé de savoir si le renseignement est exact.
Auquel cas il pourra enfin faire cesser ces disparitions qui depuis maintenant neuf ans mettent sur les dents les hommes de son service.
Son collègue arrive devant la porte et appuie sur le bouton de sonnette, l’attente semble longue quand il se tourne vers lui d’un œil interrogateur.
Maurice lui fait signe de sonner de nouveau et quand il a enfin l’assurance que personne ne viendra pour ouvrir, il se dirige à son tour vers le porche suivit de ses hommes en ce faisant le plus discret possible.
Heureusement la rue est vide, le crochetage de la serrure ne prend que quelques secondes à son spécialiste et ils entrent tous rapidement dans la cour intérieure en refermant avec soins derrière eux.
L’ouverture de la porte principale de la demeure est aussi vite réalisée que pour celle donnant sur la rue, Maurice découvre alors un grand couloir d’une propreté méticuleuse montrant la maniaquerie de son locataire.
Il donne les ordres pour que ses hommes inspectent le rez-de-chaussée et l’étage pendant que lui et son collègue prennent la direction de la cave où il lui a été indiqué que les monstruosités se passaient.
L’escalier est vite descendu pour se retrouver devant une lourde porte au verrou d’un autre siècle, la clé étant dans la serrure il lui est donc facile de l’ouvrir et l’odeur qui leur arrive alors aux narines leur font sortir rapidement un mouchoir pour l’appliquer sur leur nez avec une moue d’écœurement, mais aussi avec le front plissé d’appréhensions sur ce qu’ils vont découvrir.
Maurice tâtonne d’une main le long du mur jusqu’à ce qu’il trouve l’interrupteur, il appuie dessus et une lumière vive venant du plafond de la cave lui fait fermer un bref instant les yeux, c’est quand il les ouvre à nouveau que toute l’horreur lui est révélé.
Un très jeune homme nu, ensanglanté est attaché sur une croix de saint André, le visage couvert de larmes et la bouche recouverte d’un bâillon qui ne lui permet que des sons rauques de détresse à la vue des deux hommes qui viennent d’entrer.
Maurice fait signe à son collègue de s’occuper du pauvre garçon pendant qu’il remonte rapidement en sortant son portable de sa poche.
- …..
- Maurice Désmaré !! Fais immédiatement venir une ambulance à l’adresse où nous nous sommes rendus !! Préviens le procureur de la république qu’il nous rejoigne là-bas le plus vite possible !!
- ….
- Elle disait vrai !! Tu préviens la scientifique et tu envoies immédiatement une équipe arrêter ce type au collège où il travaille, trouve quelque chose pour ne pas effrayer les élèves !!
- ….
- Ce serait étonnant qu’il ait une arme sur lui, mais prenez quand même toutes les précautions au cas où !!
- ….
- Un gamin salement amoché !! Mais nous n’avons encore rien vu et je m’attends au pire !!
- ….
- Pas encore, non !! Je t’avouerai que je ne tiens pas spécialement à l’ouvrir !!
- ….
- Entendu !! Je te tiens au courant !! Fais au plus vite !!
Maurice raccroche en serrant les dents, son collègue remontant justement en portant le jeune garçon dans ses bras et vu l’état dans lequel il se trouve, il ne fait aucun doute qu’il a dû en voir de toutes les couleurs depuis qu’il est enfermé dans cette cave.
Un point positif malgré tout qui amène un léger sourire sur les lèvres de Maurice, c’est qu’il soit arrivé à temps pour le sauver, celui-là tout du moins.
CHAPITRE 86 (Aix en Provence) (suite)
« Dans le bureau de Philippe. »
Je le regarde avec stupeur.
- Tu es certain de tes sources ?
- (Philippe) Disons que de là où elles viennent, je ne vois pas comment il pourrait y avoir une erreur.
- Pourtant je suis certain qu’il existe !!
- (Philippe) Si c’est le cas nous le retrouverons !!
- Tu as demandé à qui ?
- Un ami qui travaille à la mairie, il a regardé sur les registres d’habitation et celui des naissances, les seuls Louvain qu’il a trouvé ayant habité dans le lotissement de tes grands parents ont eu deux enfants, un garçon et une fille prénommés Mathis et Léa.
- Ce sont les cousins germains de Thomas !!
- (Philippe) Tout n’est donc pas perdu !! Peut-être qu’ils n’habitent pas Aix ? Tu m’as bien dit qu’il y avait des différences avec tes souvenirs et ce que tu vis ici ?
- Ça doit être ça alors !!
Philippe voit bien le trouble qui marque le visage de celui qui est devenu son ami, ce Thomas doit être quelqu’un de vraiment important pour Florian pour qu’il se mette dans tous ses états dès qu’il s’agit de ce garçon.
- Il est si important pour toi ?
- Plus que tu peux l’imaginer !! C’est celui que j’aime tu comprends ?
- (Philippe) J’espère qu’il existe dans cette réalité.
- Et pourquoi non ? Il était bien dans mes précédents souvenirs ?
- (Philippe) Alors c’est qu’il doit être quelque part !! Il ne nous reste plus qu’à savoir où !! Il va me falloir contacter quelques autres amis qui pourront certainement nous aider.
- Je ferai pareil de mon côté, j’ai d’ailleurs commencé à me mettre en relation avec celui qui aura tout pouvoir pour le rechercher !!
- (Philippe) Ah, oui ?? Qui donc ?? Je le connais ??
- Maurice Désmaré !! Le directeur de la DST !!
Philippe le regarde avec ahurissement et un léger sifflement montre combien ce nom le surprend.
- Pfiiittt !! Et bien mon gaillard !! Tu n’as pas froid aux yeux !!
- Et pourquoi ça ??
- (Philippe) Après toutes tes « frasques » ??
- Ce n’était pas moi rappelle-toi !!
- (Philippe) Sans doute, mais lui il ne le sait pas !! Tu t’y es pris comment pour le contacter ?
- Je lui ai révélé quelque chose qui devrait le faire venir rapidement par ici.
- (Philippe) Du genre ?
J’hésite un instant à lui raconter ce qui ailleurs est resté sans être révélé au public, maintenant le Philippe de cet autre réalité était au courant et je ne vois pas ce que ça changerait si ici aussi il le savait, je lui donne alors l’information qui lui amène les yeux ronds de stupeur.
- Et bien dis donc !! S’il s’avère qu’ici aussi ton client en soit à autant d’actes criminels, c’est certain que nous n’allons pas tarder à le voir débouler ton Maurice !! J’espère juste qu’il ne croira pas que tu sois impliqué dans cette affaire !!!
- N’importe quoi !!! Pourquoi voudrais-tu qu’il pense une chose pareille ?
- (Philippe) Tout simplement parce qu’il va se renseigner sur toi et ton passé est loin d’être blanc comme neige mon garçon !!
- Je saurai lui faire comprendre comme à toi que je ne suis pas celui qu’il pense !!
- (Philippe) C’est à souhaiter !! En espérant qu’il viendra lui-même et non qu’il te fasse arrêter par les flics du coin !!
- Eh bien, nous verrons ça !! Je crois qu’il est temps que je rentre à la maison, on se revoit demain ?
Philippe se lève pour accompagner son jeune ami jusqu’à la porte, ils s’embrassent en riant car Philippe est conscient que l’humidité qu’il ressent sur ses joues est donné volontairement par Florian et c’est avec un grand sourire qu’il referme la porte derrière lui en prenant bien garde de ne pas avoir le réflexe de s’essuyer le visage.
CHAPITRE 87 (Paris) (Résultat d’examen)
« Centre académique de Paris, bureau de collecte et d’analyse des résultats du bac. »
La femme soupire de lassitude devant le tas de copies qui lui reste à classer, elle entre en informatique le nom et prénom de chaque élève ainsi que ses notes aux différents examens, les résultats ne sont pas meilleurs et de loin à ceux des années précédentes, démontrant s’il en était besoin combien le niveau encore cette fois ci est tombé bien bas.
Elle prend un nouveau dossier sur la pile et recommence pour la énième fois les mêmes gestes qui consistent à lire au bas de chaque folio la note et éventuellement les remarques du correcteur quand il y en a, s’amusant néanmoins de certaines perles soulignées en rouge qu’elle note sur son carnet pour les mettre sur les réseaux sociaux.
C’est presque machinalement au début qu’elle entre les résultats par matière d’un bachelier parmi tant d’autres, jusqu’au moment où elle reste figée les doigts à quelques centimètres du clavier devant ce qu’elle tape depuis le début de son dossier.
Elle reprend fébrilement depuis le premier exercice et ses yeux s’arrondissent devant les notes qu’elle y lit, se levant brusquement de son bureau pour aller au pas de charge dans celui de son supérieur hiérarchique tout en relisant encore et encore ce qu’elle a du mal à prendre pour autre chose qu’une gageure ou du moins une tricherie manifeste.
« Toc ! Toc ! »
L’homme relève la tête, surpris d’être ainsi dérangé.
- Oui !! Entrez !! Ah !! C’est vous Nadège !! Mais entrez donc, vous me semblez bien perturbée ?
- Il y a de quoi monsieur !! Pouvez-vous jeter un œil sur ce dossier s’il vous plait ?
L’homme tend la main pour s’en saisir.
- Encore un zéro pointé ! Hi ! Hi !
- Tout au contraire monsieur !!
L’homme ouvre le dossier et commence à en prendre connaissance, ses gestes d’abord calmes deviennent de plus en plus rapides au fur et à mesure qu’il se rend compte à quoi il a à faire.
- Il doit y avoir une erreur !!
- C’est également ce que j’en ai retenue monsieur.
- Laissez-moi seul s’il vous plait, je vais reprendre les corrections d’exercices un par un pour comprendre ces notes.
- Bien monsieur.
Il voit bien qu’elle est déçue de s’être fait mettre à la porte, comprenant la curiosité qui la tient tout comme la sienne d’ailleurs et attend qu’elle ait refermé derrière elle pour reprendre à tête reposée la lecture des réponses aux divers exercices.
« Une heure plus tard. »
L’homme repose son stylo après avoir une nouvelle fois comptabilisé les points attribués par lui à chaque matière et le résultat corrobore en tous points les notations à l’aveugle des différents collègues qui ont eu le dossier en mains.
Moyenne générale de vingt-cinq sur vingt s’il tient compte des options prisent ainsi que des sur-notations préconisées par l’académie afin d’éviter la dégradation annoncée des moyennes d’obtention de l’examen dans les matières les plus sensibles.
Chaque matière ayant un résultat optimum avec la mention excellence inscrite en rouge en dessous de chaque notation.
Il reprend alors les indications sur l’étudiant et prend son téléphone pour appeler le directeur du lycée mentionné comme étant celui où le garçon était inscrit.
- ….
- Oui bonjour, Alain Mareséche du centre de contrôle académique !! Pourrais-je avoir le responsable de l’établissement s’il vous plait ?
- ….
- Merci beaucoup !!
Plusieurs longues secondes passent.
- ….
- Lui-même !! J’ai sous les yeux la correction du bac d’un de vos étudiants, j’aimerai en discuter avec vous !!
- ….
- Plutôt le contraire je dirais !! Il vient d’obtenir la note la plus haute qu’il est possible d’avoir !!
- ….
- Oui bien sûr, attendez !! Il s’agit de…. Florian De Bierne !!
CHAPITRE 88 (Aix en Provence) (Yuan)
« Devant la maison des De Bierne, le lendemain en début d’après-midi. »
La limousine s’arrête en silence devant le portail, le chauffeur descend pour ouvrir à son patron ainsi qu’à son fils qui poursuivent une conversation qui semble fortement les intéresser.
- (Ming) Tu es certain de ne pas revenir sur ta décision alors ?
- (Yuan) Certain p’pa !!
Ming soupire en souriant, fier malgré tout de le voir bien décidé à se prendre en mains.
- Alors soit !! Je vais faire les démarches nécessaires pour que tu puisses poursuivre tes études à Paris, tu ne veux vraiment pas accepter la proposition d’Hellènes à ce que tu ailles vivre chez eux ? J’avoue que ça me rassurerait de ne pas te savoir seul à l’appartement.
- (Yuan) Oui mais je préfère quand même cette solution, je me sentirai plus chez moi et si j’invite des amis, je suis certain de ne gêner personne.
Ming n’est pas dupe de l’excuse.
- Surtout quand tu voudras être seul avec Florian pas vrai ?
- Aussi, oui !!
Il va pour expliquer encore une fois à son père que cette solution lui évitera de se sentir mal à l’aise avec les parents de Florian, même si ceux-ci semblent accepter leur début de liaison avec le sourire.
Quand une voix venant du jardin lui coupe la parole.
- Ah quand même !! Nous vous attendions plus tôt !!
Ming se tourne amuser vers celui qui les interpelle.
- C’est qui, nous ?
- Tu le demandes ?
Yuan sourit au vieil homme qu’il considère un peu comme son grand père et qui vient de les interpeller depuis la barrière de son petit potager.
- Florian est là ?
- (Michel) Dans la piscine avec Antoine, tu n’as qu’à les rejoindre !! Si tu veux mettre un maillot, tu n’as qu’à monter tes affaires dans ta chambre !!
- (Yuan) Laquelle je prends ?
- (Michel) Celle de « Flo » !!
- (Yuan) Et c’est laquelle ?
- (Michel) Suis-je bête ! Hi ! Hi ! Celle de gauche en haut de l’escalier ! Hi ! Hi !
Ming observe son fils devenu soudainement fébrile d’impatience pour ouvrir le coffre, en sortir un sac à dos ainsi qu’une valise et pour entrer ensuite en trombe dans la maison.
Il fait signe à son chauffeur de descendre le reste des bagages et rejoint Michel dans le jardin pour le serrer dans ses bras.
- Excuse l’impolitesse de mon fils, mais il ne tient plus en place depuis que nous sommes partis de chez nous !!
- (Michel) Qui aurait dit ça un jour pas vrai ? Enfin, bon !! Je préfère ça même si la surprise a été de taille.
- (Ming) A qui le dis-tu ! Hi ! Hi !
- (Michel) Tu restes un peu avec nous j’espère ? Tu te faisais rare depuis quelques temps !!
***/***
« A l’étage. »
Yuan découvre la pièce ensoleillée relookée par Antoine avec un bon goût évident, il ne se rappelle que trop de l’ancienne décoration des chambres aux tapisseries murales datant d’une époque dépassée.
Le grand lit l’interpelle aussitôt en lui amenant une bouffée de chaleur à l’estomac qui en dit long sur la pensée qui vient de lui traverser l’esprit.
Yuan entre avec ses affaires qu’il amène jusqu’à la grande armoire, celle-ci une fois ouverte lui montre qu’il y a déjà deux personnes qui l’utilisent tout en ayant pris soins de laisser la place suffisante pour qu’un autre y range les siennes et c’est sans trop se poser de questions qu’il y dispose ses vêtements, gardant juste un maillot de bain qu’il enfile à la volée.
Ce n’est qu’à ce moment-là que le problème se pose à lui, son sexe n’ayant pas débandé depuis son entrée dans la chambre et la gêne qu’il ressent lui amène une rougeur aux joues caractéristique.
Il préfère attendre le temps qu’il faudra que tout se soit calmé avant d’aller rejoindre ses amis, la fenêtre côté jardin attire son attention ne serait-ce déjà que part les bruits de plongeons qui lui parviennent aux oreilles et il vient s’y accouder pour les regarder s’amuser.
Il ne voit qu’Antoine qui remonte pour retourner sur le plongeoir et s’élancer une nouvelle fois dans l’eau accompagner d’un gros « plouf » qui fait sourire Yuan.
Sa main part dans son slip pour vérifier l’état de tension qui apparemment est toujours au maximum et c’est avec un petit soupire agacer, qu’il commence à se manipuler la tige en écartant bien les jambes pour avoir tous loisirs à se caresser l’entrejambe de l’autre main.
CHAPITRE 89 (Aix en Provence) (Yuan) (fin)
« Quelques minutes plus tôt, côté piscine. »
J’entends des voix venant de la rue, je reconnais celle de Ming et c’est en attrapant au passage une serviette pour me sécher, que je fais le tour de la maison pour rejoindre en souriant les nouveaux arrivants en laissant Antoine continuer sa série de plongeons.
C’est au moment où mon grand-père fait la réflexion à Ming qu’il se fait rare depuis quelques temps, que celui-ci m’aperçoit.
- Maintenant que beaucoup de choses ont changé, je serai ravi d’être plus présent parmi vous !! Tiens !! Voilà celui qui a amené tous ces chamboulements, comment tu vas mon garçon ?
C’est en l‘embrassant que je lui réponds.
- Cool !! Yuan n’est pas avec toi ?
- (Ming) Manquerait plus que ça ! Hi ! Hi ! On voit bien que tu n’as pas eu à le supporter depuis ces derniers jours !!
- C’est vrai maintenant que tu le dis !! Je pensais vous voir bien plus tôt ?
- (Ming) J’avais des obligations et comme je voulais profiter de l’invitation pour prendre quelques jours de vacances, j’ai préféré me mettre à jour dans mon travail avant de partir.
- Bonne idée !! Il est où « Yu » ?
- (Michel) Il est monté porter ses affaires dans votre chambre, il ne devrait plus tarder à vous rejoindre dans la piscine.
- Je vais voir s’il a besoin d’un coup de mains !! Tu pourrais venir faire trempette toi aussi.
- (Ming) Pourquoi pas !! Dans l’après-midi je n’y manquerai pas, ça fait un bail que je n’ai pas piqué une tête dans l’eau.
Je lui mets une main sur le ventre.
- Je vois que tu as déjà prévu la bouée ! Hi ! Hi !
Je n’attends pas sa réponse que je file déjà comme un dératé dans la maison en riant encore de son air faussement outragé et c’est en silence que j’ouvre la porte de ma chambre pour faire la surprise à Yuan.
La vision que j’en ai alors me laisse un instant figé de surprise, Yuan visiblement se donne un petit plaisir en matant par la fenêtre et sa position plus qu’excitante me fait dresser le sexe qui s’échappe alors de mon slip de bain devenu subitement beaucoup trop petit pour le contenir entièrement.
Le sien déjà au sol n’est plus retenu que par un pied, ses jambes écartées font saillir ses petites fesses musclées dont la vue m’amène une forte poussée de libido et c’est sans réfléchir que je m’avance vers lui en venant me coller à son dos, mon sexe venant se nicher dans son sillon offert de si belle façon.
Bien sûr la surprise le fait sursauter et pousser un petit cri effarouché qui me fait me serrer encore plus contre lui en lui faisant bien sentir l’ampleur de la raideur qui me tient.
- Hééé !!!
Je lui plaque mes deux mains sur les abdos en le caressant doucement.
- Hum !! Je suis bien comme ça !! Alors mon cochon ? On se donne du plaisir en louchant sur mon cousin ?
Yuan comprend qui est derrière lui à s’exciter dans ses fesses et le moment de surprise passé, se cambre encore plus pour bien sentir le membre aux proportions qui ne le laisse certainement pas indifférent s’insérer encore plus virilement dans son sillon imberbe.
- Putain !! Tu m’as foutu la trouille de ma vie ! Hi ! Hi !
- On ne le dirait pas pourtant !! Hum !! Arrête de remuer du popotin comme ça sinon tu vas finir par me faire jouir !!
- Ah, oui ? Vraiment ?
Ma main droite descend sur son pubis en caressant ses longs poils noirs fins comme des cheveux, puis attrape sa hampe pour remplacer sa main qui maintenant s’agrippe au rebord de la fenêtre.
- Ne t’en prive pas alors !! Arrhhh !! Ouuiii !! Continue comme ça, je vais… jouir !! Ahhh !!
Il n’a pas terminé son dernier gémissement que je sens mon sexe libérer son jus en même temps que le sien, mes muscles se tétanisent d’un orgasme autant inattendu que puissant qui me surprend par l’énorme plaisir que je ressens.
- Arrhhh !!! Moi aussiiii !!!
Le hic c’est qu’apparemment nous n’avons pas été des plus discrets et c’est quelque peu honteux, que nous nous retrouvons devant le regard surpris d’Antoine levé vers nous, qui comprend très vite à voir son sourire moqueur à quel jeu nous venons de nous adonner.
CHAPITRE 90 (Paris) (Hôpital Salpetrière) (Maurice)
« Le lendemain matin, dans le bureau du chef de service traumatologie. »
- Vous êtes certain de ne pas vous être laissé berner ?
- (Le chirurgien) Certain, oui !! Ce garçon n’était plus le même que celui que je ne connaissais hélas que trop bien, c’est comme…. Comment dire…. Si c’était une autre personne, vous comprenez ?
Maurice écoute depuis un moment, il a passé le reste de son après-midi d’hier et une bonne partie de la soirée à prendre des renseignements sur le jeune De Bierne et au fur à mesure des différents témoignages et retours d’informations, il commence à se faire une image assez précise de la situation.
Situation qui au départ n’était pas si évidente que ça, au point d’avoir failli faire arrêter le garçon pour complicité de meurtres au prétexte qu’il aurait dû dénoncer ces horreurs bien avant.
Maintenant en y réfléchissant bien, il se rend compte qu’il a eu raison de ne pas le faire et que ses intentions premières n’étaient dictées que par la colère mais aussi le dégoût dus aux découvertes macabres qui ont suivi la perquisition et l’arrestation de ce Wanek.
- J’ai déjà entendu cette réflexion !! Comment l’expliquez-vous ?
- La facilité serait de dire qu’il a perdu la mémoire de tous ses actes de délinquance.
- (Maurice) Une amnésie ciblée en quelque sorte ? J’ai du mal à y croire, ce serait une explication trop facile !!
- J’ai eu un expert psychiatre au téléphone dernièrement, un certain Espinach ! Philippe Espinach !! Il me disait avoir le jeune De Bierne comme patient et voulait lui aussi avoir notre ressenti sur la perception que nous en avons eue à son réveil.
- (Maurice) Que lui avez-vous répondu ?
- Comme à vous !! Que je ne comprenais pas mais qu’il était pourtant évident que le garçon n’était plus du tout le même, ne serait-ce l’aspect physique bien sûr !!
Maurice note le nom du psychiatre sur son calepin.
- Vous a-t-il donné des pistes sur ses sujets de réflexions ?
- Plusieurs en effet !! La plus plausible à mon sens étant que son cerveau s’est reconstruit autour d’une image ou d’un rêve que le jeune Florian faisait pendant son coma.
- (Maurice) Hum !!! Un petit peu tiré par les cheveux, vous ne trouvez pas ? Une autre piste ?
- Celle d’une autre personnalité qui aurait pris la place de l’ancienne !!
- (Maurice ahuri) Wouff !! Ces « Psy » sont aussi atteints que leurs clients.
- C’est aussi la première impression que j’ai eue, il faut quand même que je vous montre quelque chose qui va très certainement vous faire sinon changer d’avis, du moins réfléchir peut-être différemment.
Le toubib ouvre un tiroir de son bureau pour en sortir un dossier semblant déjà assez volumineux, il étale quelques clichés se trouvant à l’intérieur sur sa table de travail en montrant du doigt ce qui pour lui est évident mais certainement pas pour son visiteur.
- Qu’est-ce que vous voyez sur ces clichés ?
- (Maurice) Un cerveau avec des zones colorées ? J’ai déjà eu l’occasion d’en voir et les couleurs montrent les parties actives si je ne me trompe pas ?
Exact !! Vous n’y voyez donc rien de bizarre ? Même si je vous dis que le cliché est celui du jeune De Bierne et si je vous montre celui-ci qui vient également de lui mais prise à moins d’une semaine d’intervalle avant la première ?
Maurice prend le temps de bien observer les deux images car il se doute bien que s’il les lui montre, c’est très certainement parce que quelque chose les différencie.
- Il y a moins de zones actives sur cette deuxième image et cette zone plus sombre n’apparaît pas non plus sur la première, qu’est-ce que c’est ?
- Quoi donc ? La partie sombre ? Et bien c’est tout simplement la zone sclérosée par le choc dû à l’accident, une zone morte en quelque sorte !!
- (Maurice) Et pour la partie active ? Elle est nettement plus petite !!
- Justement, c’est là où ça ne va plus !! Il semblerait que la zone de conscience ait doublé en à peine une semaine, ce qui est déjà une gageure scientifique !! Mais en plus qu’il y ait eu guérison de la partie accidentée et là c’est absolument impossible !!
- (Maurice) La première photo serait donc truquée ? Pour quelle raison ?
CHAPITRE 91 (Paris) (Hôpital Salpetrière) (Maurice) (fin)
- (Le chirurgien) Truquée !! Mais absolument pas !! C’est là où justement le bât blesse !! Les deux clichés sont authentiques !! Et s’il n’y avait que ça en plus, rendez-vous compte qu’après trois mois de coma profond notre jeune accidenté n’est resté qu’une petite semaine en rééducation avant de nous quitter comme s’il n’avait jamais eu cet accident !!
- (Maurice) Ça me semble un peu court en effet !!
- Un peu court ?? Normalement il lui aurait fallu au moins un mois avant que ses muscles lui permettent de se tenir debout !! Le jour où nous lui avons ôté ses attelles sur sa jambe fracturée, il est parti seul prendre une douche en nous disant qu’il était temps et qu’il commençait à sentir le fennec !!
- (Maurice) Plus je vous écoute et plus je me pose de questions !! En gros ce que vous essayez de me faire entendre, c’est qu’il n’y a rien de normal dans la guérison de ce garçon et que vous envisagez même que ce ne soit plus le même, c’est bien ça ?
- Tout ce que je peux affirmer, c’est que médicalement c’est impossible !! Il semblerait même qu’il y ait eu un cas sensiblement identique dans un hôpital de la région et justement ces dernières semaines, un accidenté de la route avec des lésions nécessitant des opérations lourdes et qui se serait réveillé sans même la trace d’une cicatrice sur le corps.
- (Maurice) Vous êtes certains de vos sources ?
- Vu le ramdam que ça a fait depuis dans les différents services !! Je peux vous assurer que c’est bien ce qui s’est passé !!
- (Maurice) Rien d’autre ? Je ne sais pas moi !! Par exemple un mort qui est sorti de la morgue parce qu’il se plaignait qu’il y faisait trop froid ?
- Oh !! Vraiment très drôle !! Je vous assure que tout est exact pourtant, vous n’aurez qu’à vérifier par vous-même !!
- (Maurice) Je n’y manquerais pas c’est évident !! Maintenant j’aimerais que vous ne parliez pas du cas De Bierne à l’extérieur et que vous passiez le même message à vos assistants, faites-moi également la liste de ceux qui sont au courant de cette histoire de clichés !! J’enverrai quelqu’un ayant les connaissances nécessaires, très certainement demain dans la journée pour vérifier le dossier de ce garçon.
- Vous ne lui voulez rien de mal j’espère ?
Maurice est surpris autant par le ton qu’elle a été posée que par la question en elle-même.
- Vous semblez vous être attaché à ce garçon, je me trompe ?
- Honnêtement ? Je vous répondrais, comme tout le monde ici dans mon service et qui se sont occupé un tant soit peu de lui !!
- (Maurice) Pourtant vous ne le portier pas dans votre cœur avant ça ?
- C’est peu de le dire en effet !! Mais comme je vous l’ai dit déjà, ce n’est plus du tout le même et celui qu’il est devenu est particulièrement attachant, vous vous en rendrez compte par vous-même le moment venu quand vous le rencontrerez.
Maurice va pour prendre congé, il en a appris suffisamment pour que sa curiosité soit suffisamment accrochée afin qu’il aille au bout de cette histoire et ce n’est que l’air songeur qu’il peut lire sur le visage du spécialiste, qui lui fait poser la question.
- Autre chose peut être ?
- Il y a bien cet enfant dont la tumeur au cerveau a disparu en quelques heures !!
- (Maurice) C’est quoi encore que cette histoire ?
- L’information est venue depuis le centre hospitalier d’Orléans, un tout jeune gamin qui devait se faire opérer d’urgence par un confrère de Paris. Un cas semblant désespéré pour tout dire, j’ai visionné son dossier avec mon confrère et je ne vous cache pas que nous étions conscients des risques d’une telle opération avec la quasi-certitude de ne pas pouvoir le sauver.
- (Maurice) Je présume que sa disparition est elle aussi une impossibilité médicale ?
- Ça commence à faire beaucoup en quelques semaines, je dois bien le reconnaître !!
- (Maurice) Et vous comptiez avertir les autorités quand ??
- Mais !!! Les dossiers concernés ont été envoyé à qui de droit, comme à chaque fois qu’il y a une cause de guérison inexplicable.
Maurice montre celui qui trône toujours sur le bureau.
- Alors pourquoi celui-là est-il encore en votre possession ?
- Parce que j’en suis encore à l’étudier !!
- (Maurice) Je pense plutôt que vous n’aviez pas l’intention de l’envoyer !!
Le chirurgien baisse la tête, ce qui pour Maurice équivaut à un aveu.
- J’avoue ne pas comprendre votre empathie envers ce garçon !!
- Attendez de le connaître !!
Maurice vérifie qu’il a bien noté tout ce dont il a besoin pour poursuivre ses recherches, il referme son calepin et le range dans sa poche avant de se lever pour quitter son hôte.
- J’attendrais donc !! Je vous remercie pour le temps que vous m’avez consacré, vous recevrez rapidement la visite des spécialistes dont je vous ai parlé et ne vous inquiétez pas s’ils confisquent toutes les preuves qui vont avec ce dossier.
- Vous en ferez quoi ?
- (Maurice) Comme pour toutes choses qui semblent impossible et qui pourtant arrivent jusqu’à nos services, nous allons mener une enquête pour tenter de comprendre !!
Ce n’est qu’une fois dehors que Maurice fronce les sourcils en prenant place dans sa voiture, ce qu’il n’a pas dit au chirurgien et que lui-même n’a appris que très récemment, c’est que cette histoire de guérison miraculeuse du jeune De Bierne n’est pas la première et qu’il lui est déjà arrivé la même chose étant bébé lors d’un accident d’avion, les clichés pris alors ont démontré un important traumatisme crânien qui s’est étrangement résorbé en quelques heures, une grosse demi-journée tout au plus, en créant déjà une polémique médicale à l’époque des faits.
C’est d’ailleurs à cause de cette information, qu’il a décidé cette visite à la Salpêtrière pour essayer d’en apprendre un peu plus sur ce qui il doit bien le reconnaître, le laisse encore plus perplexe qu’à son arrivée.
CHAPITRE 92 (Aix en Provence) (Chambre des garçons)
« Huit heures du matin. »
« Proutttt !!!!! »
Yuan ouvre un œil et se redresse d’un bond.
- Pouahh !!! C’est qui qu’a lâché une caisse ??
- Hi ! Hi !
- (Yuan) C’est toi « Flo » ??
- (Antoine) Qui veux-tu d’autre ?? En plus ça sent le rouquin crevé ! Hi ! Hi !
Je secoue un bon coup les draps et comme ils sont à côté de moi, j’ai vite droit à un retour tonitruant de mon geste.
- (Yuan) Mais c’est une horreur !! Tu es pourri de l’intérieur ma parole !!
- (Antoine) Tu parles d’un réveil !!
- Hi ! Hi !
- (Antoine) Ça le fait rire en plus !! Putain tu as raison « Yu », c’est infect !!
- Attendez !!
Ils tournent leur visage vers moi, le nez toujours plissé en se demandant bien ce que je leur veux.
« Proutttt !!! »
- J’envoie les contre-mesures ! Hi ! Hi !
Ce coup-ci c’est le branle-bas de combat, ils se lèvent tous les deux pour se précipiter à la fenêtre la plus proche afin d’aérer la pièce et en profiter pour prendre un bon bol d’air.
- Pourquoi vous faites ça les gars ! Hi ! Hi ! Je trouve que ça sent super bon !!
Antoine se tourne vers moi pour voir si je suis sérieux.
- Tu plaisantes là !! Un putois ne tiendrait pas une minute de plus à tes côtés ! Hi ! Hi !
- (Yuan) J’espère que tu ne vas pas nous faire un coup pareil tous les matins, sinon tu vas vite te retrouver dans l’autre chambre, parole !!
Je me lève car je sens mon estomac qui grouille et je me suis assez amusé avec eux pour savoir m’arrêter.
- Il faut que j’aille aux toilettes, j’ai dû attraper la turista ! Hi ! Hi !
- (Antoine) A Aix ?? Ne sors jamais du pays alors !!
Yuan regarde sortir son copain avec les yeux brillants d’amusement, son regard se reporte ensuite sur Antoine qui se tourne vers lui à son tour.
- Je pense qu’on n’en a pas fini avec un loustic pareil !!
- (Antoine) Je l’adore !!
- Qui aurait pensé dire ça il n’y a pas encore un mois ??
- Dis-moi « Yu » ? Vous allez vraiment vous mettre ensemble ?
- Je pense oui, pourquoi ?
- Juste pour savoir !!
- Ne me dis pas que toi aussi tu voudrais….
Antoine rougit en baissant la tête.
- Je sais bien que c’est impossible, c’est mon cousin tu comprends ?
- Oui mais !! Tu l’aimes aussi pas vrai ?
Antoine hoche la tête comme s’il en avait honte, il se force à regarder son copain pour lui répondre.
- Même avant qu’il ne…change !! Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à lui et pourtant crois-moi qu’il m’en a fait voir !!
- Pareil pour moi tu sais !! Pourtant c’était toujours son image que j’avais en tête quand je me donnais du plaisir.
Yuan réfléchit quelques secondes et reprend.
- Tu devrais lui en parler !!
- Pour quoi faire ? De toute façon il est avec toi maintenant !!
- Pour l’instant oui, du moins c’est bien parti pour !! Mais est ce qu’il t’a parlé de Thomas ?
- Bien sûr !! Tu crois qu’il existe toi ? Je veux dire ici ?
- Va savoir !! Apparemment nous existions bien dans ses souvenirs, alors pourquoi pas lui aussi ?
- C’est dingue quand même son histoire !! Tu ne t’es jamais demandé ce qui peut bien avoir remplacé l’autre dans sa tête ?
- A quoi bon !! De toute façon je préfère de loin ce qu’il est devenu et qui sait !! Peut-être qu’un jour nous saurons à quoi nous en tenir sur la finalité de cette histoire, ce que j’en retiens pour l’instant c’est que nous devons l’aider à retrouver son Thomas et cela même si les conséquences seront que je le perdrai sûrement, il m’a d’ailleurs bien prévenu et j’apprécie son honnêteté, même si je suis conscient que ce sera très dur de m’en remettre.
Antoine pose sa main sur l’épaule de son copain en signe de soutien.
- Peut-être devrais tu faire comme moi et te contenter de n’être que son ami !!
- Tu as sans doute raison, mais tu vois Antoine, je ne sais pas comment tu y arrives toi !! Pour ma part je ne m’en sens ni l’envie, ni le courage !!
CHAPITRE 93 (Aix en Provence) (Une visite imprévue)
« Dans la cuisine, pendant ce temps-là. »
Maryse, Michel et Ming, prennent leurs petits-déjeuners en discutant tranquillement quand un coup de sonnette retentit venant de l’entrée.
- (Maryse) Tiens ?? Qui peut bien venir à cette heure ??
Ce n’est qu’une fois la porte ouverte, qu’elle a sa réponse et sa surprise n’en est qu’encore plus forte, quand Maryse reconnaît sa visiteuse.
- Anne-Lise ?? Quelle bonne surprise !!
- Je ne vous dérange pas ? Je sais bien qu’il est un peu tôt pour les visites, mais je passais par là et je voulais prendre un peu de vos nouvelles.
- Mais entre donc !! Tu seras toujours la bienvenue et c’est gentil d’avoir pensé à nous !!
Maryse laisse entrer sa visiteuse en lui indiquant le chemin de la cuisine d’un geste de la main, elle referme ensuite la porte et elle arrive juste derrière elle quand Anne-Lise aperçoit Ming.
- (Anne-Lise) Je ne savais pas que vous aviez un invité, j’aurais dû téléphoner avant de venir !!
- (Michel) Mais entre donc Anne !! Notre ami Ming ne te mangera pas ! Hi ! Hi !
- (Maryse) Veux-tu un café ma grande ? Je viens de le faire !!
- (Anne-Lise) Volontiers, merci !!
Les politesses continuent le temps que tous terminent de petit-déjeuner, ce n’est qu’une fois la table débarrassée qu’Anne-Lise pose enfin la question qui lui a fait faire le détour jusque chez ses vieux amis.
- Chloé est passé pour vous faire un coucou il n’y a pas longtemps, elle n’a pas osé entrer parce qu’elle a vu que vous aviez de la visite.
Michel qui se rappelle les paroles d’Antoine.
- Ah, oui !! Notre petit neveu Antoine m’en a parlé, il s’inquiétait d’avoir aperçu une jeune fille qui a semblé paniquée en l’apercevant à la fenêtre !!
Tous voient bien son soupir de soulagement ainsi que son visage devenu subitement souriant.
- (Maryse) Pourquoi n’a-t-elle pas osé entrer ?
- (Anne-Lise) Elle a cru reconnaître ton petit fils et elle s’est mise en mode panique tu comprends ? Pourtant elle savait bien que c’était impossible !! Mais que voulez-vous, les années passent mais l’oubli ne vient pas et les souvenirs restent hélas bien présents, elle a encore souvent des cauchemars de cette journée tu sais !! En parlant de ton petit fils, comment va-t-il ? D’après Chloé les médecins ne lui donnent guères de chances de s’en sortir, c’est bien triste même si quelque part ce ne peut être qu’un soulagement pour vous.
Maryse va pour répondre à sa question quand un bruit de pas descendant quatre à quatre l’escalier leur fait tous tourner la tête vers la porte de la cuisine pour voir apparaître deux garçons le visage rayonnant d’amusement.
- (Maryse) Voilà Yuan le fils de notre grand ami Ming et notre petit neveu Antoine que Chloé a pris pour Florian.
- (Anne-Lise) La ressemblance n’est pas frappante pourtant, mais ça fait si longtemps que nous n’avons pas revu votre petit fils que ça reste subjectif.
- (Antoine) Surtout qu’il n’y a pas photo sur celui des deux qui a le plus de charme, pas vraie tatie ?
- (Maryse) Si tu le dis ! Hi ! Hi !
Ils n’ont pas le temps d’en dire plus que des sons venant du couloir les laissent dans l’expectative d’une catastrophe annoncée.
***/***
- Youppiiiii !!
« Vlan !! »
- Aïeee !!!
« Boum !! »
- Houlà !! Oh !! Putain ça fait mal !!! Aïe ! Aïe ! Aïe !
***/***
Tous se précipitent pour comprendre ce qui arrive et la vue du petit rouquin les quatre fers en l’air à se tenir le service trois pièces des deux mains, leur amène tout à la fois un mouvement d’anxiété quand à ce qu’il se soit fait mal, mais également un fou rire phénoménale de le voir dans cette position.
C’est encore pire quand ils voient son regard lui donnant la têtard attitude qui se pose avec surprise et colère sur la boule qui sert de butée à la rampe de l’escalier.
***/***
- Qui c’est qui a mis ce truc là au bout de la rampe ?? Il n’y en avait pas dans mes souvenirs !! Je me suis éclaté les burnes dessus du coup !!
Je jette un œil vers eux, surpris de les voir tous mort de rire alors que j’ai le bas ventre en vrac.
- Et ça vous fait rire en plus !!!
CHAPITRE 94 (Aix en Provence) (Une visite imprévue) (fin)
- (Maryse) Mais non mon chéri !! C’est juste que tu verrais ta tête ! Hi ! Hi !
Anne-Lise est écroulée de rire comme les autres, elle n’a pas encore fait le rapprochement entre le jeune rouquin si comique affalé par terre et le petit fils des De Bierne, ce n’est que quand Maryse emploie le « mon chéri » que la question se pose à elle et que son visage se fige de stupeur en comprenant d’un coup qui il est en réalité.
Michel s’en aperçoit, il la prend doucement par le bras en la faisant revenir avec lui dans la cuisine pendant que les autres s’occupent au sauvetage du grand blessé qui en rajoute très certainement pour se faire plaindre par ses amis.
Anne-Lise hésitante.
- Ce garçon ? C’est Florian ?
- C’est bien lui en effet !!
- Mais !!! Je le croyais à l’article de la mort ?
- Et bien il s’en est remis comme tu as pu le voir !!
- Je….
Michel lui coupe volontairement la parole pour ne pas qu’elle regrette ensuite les mots forcément durs à entendre qu’elle allait prononcer.
- Ce n’est plus le même depuis l’accident !! Il a oublié ce qu’il était et il n’est pas encore au courant pour Chloé.
- Il a perdu la mémoire ??
- Oui et non !! Disons que ses souvenirs ne sont plus ceux de l’ancien Florian, tu as bien entendu ses paroles tout à l’heure quand il ne comprenait pas qu’il y ait une butée en bas de la rampe ?
- Bien sûr oui !! Et alors ?
- Elle a toujours été là pourtant !!
Anne-Lise s’assoit, encore toute chamboulée par les derniers événements.
- Je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir avec cette histoire de souvenirs ?
Un énorme éclat de rire retentit alors à l’étage, suivit par un tohu-bohu de paroles venant de tout le monde à la fois.
- (Michel) Tu te rappelles nos conversations au sujet de Florian ? Que nous nous plaignons de sa façon d’être et du fait que toute la famille et nos amis le détestaient.
- Bien sûr !! Et je n’y trouvais rien à redire après tout ce qu’il vous faisait voir !!
- (Michel) Mon petit neveu Antoine, mon ami Ming et son fils Yuan, étaient sans doute de ceux qui le détestaient le plus et écoute les à présent ?
Anne-Lise fixe son vieil ami dans les yeux, ce qu’elle y voit lui donne à réfléchir car il est évident que pour Michel aussi la vision de son petit-fils a changé.
- Tu crois réellement que c’est suite à son accident qu’il a autant changé ?
- Il n’y a aucun doute qu’il y a cause à effet même si ce n’est pas aussi simple, maintenant je dois bien t’avouer que nous avons nous aussi eu des doutes sur sa bonne foi et que nous avons entendu son histoire avec scepticisme, au début tout du moins.
- Je veux bien te croire !! Comment peut-on avoir des souvenirs différents ? L’amnésie, ça ok je comprends !! Mais ce que tu laisses entendre ne s’est jamais vu il me semble ?
Michel hoche la tête en signe qu’il est entièrement d’accord avec ses paroles.
- Pourtant c’est bien le cas et nous en avons eu des preuves irréfutables !!
- Comment ça ? Explique-toi ?
- Comme par exemple le fait de révéler des choses qu’il n’aurait pu savoir, ou du moins que le Florian que nous connaissions ne pouvait pas connaître !! Des faits auxquels il n’a jamais été témoin et pour cause puisqu’il ne s’est jamais intéressé à quoi que ce soit d’autre qu’à ses affaires crapuleuses où il trempait avec un plaisir évident.
- Il aurait très bien pu les apprendre sans que vous vous en rendiez compte !!
- Certains secrets qu’il avait en mémoire n’avaient jamais été révélés à quiconque, ils étaient ou bien trop personnels ou encore si anciens qu’il n’était pas né quand ça s’est produit.
- J’avoue avoir du mal à le croire !!
- Je te comprends, je te demande juste de lui laisser une chance de s’expliquer et je suis certain que tu changeras vite d’opinion à son sujet.
Michel voit bien qu’elle reste sur sa réserve et ne peut bien sûr pas lui en vouloir, une pensée lui vient alors qui lui amène un franc sourire semblant déplacer vu le contexte.
- Mais suis-je bête !! Il y a peut-être une solution pour que tu me croies sans qu’il ne te reste plus le moindre doute sur la véracité de mes paroles ?
- Et c’est ?
- Faire venir Marc et Chloé au plus vite pour écouter ce qu’il a à dire et réparer certainement ce que la folie de l’autre a occasionné à ta fille.
- L’autre ??
- Oui !! Enfin…. Je voulais parler du Florian d’avant !!
CHAPITRE 95 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?)
« Au même moment, à l’étage. »
- (Ming) Tu devrais aller aux toilettes si tu te sens mieux, il est recommandé d’aller pisser après un coup pareil au cas où il y aurait un problème interne.
La douleur commence à s’estomper et j’arrive à me tenir debout en me maintenant d’une main à l’épaule de Yuan qui me regarde avec inquiétude depuis qu’il m’a vu monter l’escalier en grimaçant à chaque pas.
- Tu devrais écouter mon père, on ne sait jamais après un choc aussi violent !!
- Je viens d’y aller !!
- (Antoine) Tu devrais suivre les conseils d’oncle Ming !!
- Ok ! Ok !
Je m’essaie à faire un pas tout seul, une douleur violente venant du bas ventre me plie à nouveau en deux.
- Aie !! Ce n’est pas gagné d’avance !!
Yuan me tient par la taille pour m’aider à rester debout.
- Je t’emmène !!
- J’arriverai bien à pisser tout seul, merci !!
Antoine en riant.
- A moins que tu préfères que ce soit tatie ? Hi ! Hi !
Maryse comprend où il veut en venir, elle lui met une tape sur le bras.
- Je ne tremble pas encore, non mais !! Hi ! Hi !
***/***
D’où l’éclat de rire entendu par Michel et Anne-Lise dans la cuisine, s’en suit ensuite une cacophonie amusée sur l’idée lancée par Antoine et qui finalement se termine quand Florian repousse gentiment Yuan et entre seul aux toilettes.
***/***
C’est quand même avec soulagement que j’arrive à uriner, la douleur s’estompe aussitôt comme par miracle et c’est avec le sourire que j’en ressors alors qu’ils sont encore tous là à m’attendre.
- (Ming) Alors ?
- C’est cool !! Tu avais raison, ça va beaucoup mieux maintenant !!
- (Maryse) Redescendons alors, ton grand père est resté seul avec Anne-Lise et ce n’est pas très poli de laisser notre visiteuse en plan comme ça !!
- C’est la mère de Chloé ??
- (Maryse) Tu te rappelles d’elle ?
- Bien sûr puisque j’ai souvent eu l’occasion d’être invité chez eux !!
Je vois immédiatement que mes dernières paroles ont eu un impact instantané sur leurs sourires qui se sont figés presque immédiatement après que je les aie prononcées.
- Non !! Ne me dites pas qu’à eux aussi j’ai fait des crasses ??
Les visages de ma grand-mère ainsi que celui d’Antoine sont visiblement bouleversés, alors que ceux de Ming et de Yuan sont devenus sérieux et c’est Antoine qui hoche la tête en signe que j’ai eu raison de penser qu’une fois encore celui qui était moi n’est pas resté sans laisser un souvenir désagréable de ses passages à Aix en Provence, voire même encore plus grave si j’en juge par les larmes qui perlent sur les joues de ma grand-mère.
- Qu’est ce qui s’est passé encore !!
***/***
Maryse d’une voix émue raconte alors à son petit-fils la folie qui l’a pris à ses onze ans alors qu’il venait encore en vacances chez eux, Florian écoute avec horreur cette histoire et son visage marque à son tour tout son ressenti sur les actes qui lui sont révélés, dont il était encore une fois l’instigateur.
- Mais ce n’est pas possible !! Il était complètement taré ce mec !!
Antoine ne sait plus quoi faire, Maryse révélant tout ou presque de ce qu’il avait promis à son grand-oncle de taire et il n’est donc pas surpris quand il voit Florian descendre quatre à quatre l’escalier pour se rendre dans la cuisine.
Il fait signe à Yuan de le suivre, dévalant les marches à leur tour à la suite de leur ami et c’est avec une certaine satisfaction qu’ils constatent que Michel est assis seul, visiblement perdu dans ses pensées.
***/***
Je stoppe devant la porte de la pièce en m’apercevant que la mère de Chloé n’est plus là et c’est directement vers mon grand-père que je me dirige pour me mettre en face de lui, le visage encore marqué par ce que je viens d’apprendre.
- Anne-Lise n’est plus là papi ??
- (Michel) Elle vient juste de partir !! Je pense qu’elle ne se sentait pas encore l’envie ni le courage de te rencontrer, maintenant elle m’a promis de revenir dans la soirée avec Marc et Chloé, une fois celui-ci rentré du travail.
- Mamie m’a raconté ce qu’il s’est passé avec Chloé !! C’est terrible !!
- (Michel) Ta grand-mère t’a dit quoi d’autre ??
CHAPITRE 96 (Aix en Provence)
« Bureau du docteur Espinach, fin d’après-midi. »
Philippe termine son dernier rendez-vous quand sa secrétaire frappe à la porte de son bureau, elle entre juste la tête à l’intérieur et le prévient qu’une dernière personne attend d’être reçue.
- Je pensais ne plus avoir de rendez-vous pour aujourd’hui ??
- C’était bien le cas docteur !! Cette personne vient directement de Paris et souhaite juste vous parlez au sujet du jeune De Bierne !!
Philippe comprend immédiatement qui doit être ce personnage, le responsable du service traumatologie de la Salpêtrière lui ayant fait part en fin de matinée de sa visite dans ses locaux.
Il fait signe à sa secrétaire que c’est bon, le temps de prendre congé de son dernier patient lui laisse de quoi mettre ses idées en place.
Il se dit ensuite que si le responsable de la DST car il ne voit vraiment pas qui d’autre ce pourrait être, vient en personne pour le rencontrer, c’est que déjà il a suffisamment de renseignements sur Florian pour que ceux-ci lui aient mis le trouble voire même une forte curiosité à en apprendre davantage sur lui.
Curiosité que Philippe comprend très bien pour y être sujet lui aussi et même de plus en plus au fur et à mesure qu’il commence à se faire une idée plus précise de ce qu’est, de ce que pourrait être, mais aussi de ce que n’est pas son jeune protégé.
Philippe raccompagne son client en traversant la salle d’attente et ne manque pas de jeter un œil en passant sur l’homme assis qui capte également son regard curieux posé sur lui d’un air narquois, mais dépourvu il doit bien le reconnaître de toute animosité.
Philippe revient donc vers lui pour lui tendre la main et l’inviter à entrer dans son cabinet de consultation.
- Monsieur Désmaré je suppose ?
- Lui-même !!
- Enchantez de mettre un visage sur un personnage aussi important pour l’état, je présume que vous venez pour notre jeune rouquin et que vous aimeriez avoir des explications sur toute cette affaire, qui encore maintenant me laisse dans l’expectative d’en connaître tous les méandres.
- Vous n’êtes pas le seul, rassurez-vous !!
Philippe referme derrière son visiteur en le priant de s’asseoir dans le salon de discussion et va lui-même s’installer sur le canapé en face de Maurice qui sourit dans son fauteuil en s’apercevant des rôles inversés.
- Je vous écoute ??
Philippe comprend bien la pointe d’humour dans l’invitation à parler de son visiteur et décide d’entrer dans son jeu pour voir si ses déductions sont les bonnes.
- Vous avez découvert qui était l’auteur de cette lettre et vous venez me questionner sur divers points qui vous bloquent encore dans la compréhension du personnage.
- (Maurice) Je suis bluffé sur ce coup-là !! Mais continuez donc !!
- Je présume donc que les renseignements fournis étaient hélas exacts !!
- (Maurice) Pourquoi dites-vous hélas, je ne comprends pas très bien le sens de vos paroles !! C’est au contraire grâce à ces renseignements « heureusement » exacts que nous avons pu stopper ce fou criminel qui mettait mes services sur les dents depuis de nombreuses années.
- Mes paroles ont été mal interprétés de votre part, leur sens n’allait pas dans celui que vous avez compris !!
- (Maurice) Expliquez-vous, je ne comprends pas dans quel autre sens il fallait prendre votre phrase !!
- Promettez-moi juste de prendre le temps de bien comprendre mes prochaines paroles avant de me prendre pour un de mes patients ! Hi ! Hi !
Maurice visiblement surpris du rire qui s’échappe des lèvres du psychiatre, le regarde avec encore plus d’attention.
- Je vais essayer de m’en souvenir, je vous écoute !!
- Quand je vous disais penser que les renseignements que vous a envoyé Florian son « hélas » exacts, c’était surtout qu’ils s’étaient produits également dans cette réalité !! D’où le « hélas » dans ma phrase, vous comprenez ?
Maurice n’est pas loin de se dire que le type en face de lui est tout autant cinglé que ceux qui viennent le consulter, s’il reste en apparence calme c’est tout simplement parce que lui aussi a découvert des choses et que celles-ci racontées de but en blanc dans une conversation, donneraient de lui la même impression qu’il en a actuellement de l’homme en face de lui et qui le fixe du regard en semblant le sonder en profondeur.
Philippe bien sûr n’est pas dupe des réactions de Maurice et du coup se pose lui aussi un tas de nouvelles questions, questions qui assurément vont lui faire sans doute découvrir d’autres facettes de son petit rouquin ou au pire lui valider celles qu’il connaît déjà.
- Si nous mettions cartes sur table de tout ce que nous connaissons de Florian ? Mon métier comme le vôtre est tenu au secret professionnel et tout cela restera donc parfaitement entre nous.
- (Maurice) Entendu !! Pour ma part, je me suis intéressé à son cas suite à cette lettre anonyme que j’ai reçu en personne et au sujet de laquelle vous semblez être bien au courant.
- (Philippe) En effet, Florian m’a tout raconté !! De plus elle n’était pas si anonyme que ça puisqu’il avait laissé ses initiales et savait pertinemment que ses empreintes seraient rapidement découvertes ainsi que son identité étant donné ses antécédents, ou plutôt les antécédents du Florian d’avant l’accident. Mais veuillez poursuivre je vous prie, j’amènerai ensuite les réponses aux questions que vous vous posez dans la mesure bien sûr où je les connais moi-même.
Maurice fait un signe de la tête pour donner son accord et poursuit.
- Je passerai donc l’aspect criminel de notre découverte qui n’a rien à voir ou très peu avec ma présence ici !! Mes services ont en effet très vite donné un nom à l’émetteur de cette lettre, ce nom bien connu des différents départements de police m’a dans un premier temps convaincu qu’il y avait sinon une complicité, du moins une connivence par la dénonciation tardive des faits impliquant le criminel que nous avons arrêté.
- (Philippe) Quelque chose vous a fait changer d’avis pourtant ?
- Plusieurs choses en fait !! Je n’aime pas prendre des décisions sans en avoir au préalable analysé toutes les conséquences, ma première question a été de m'interroger sur le pourquoi de cette dénonciation ? Pourquoi maintenant ? Plusieurs réponses me sont venues à l’esprit dont une qui m’a fait réfléchir et surtout vouloir en savoir plus sur le personnage de ce Florian De Bierne.
- (Philippe) Vous vous êtes dit que peut-être il ne l’aurait appris que récemment et qu’il vous aurait donné l’information dans la foulée, ce qui du coup n’en faisait plus un complice mais tout simplement un témoin.
- C’est tout à fait comme ça que j’ai vu les choses !! J’ai donc pris le temps de me renseigner sur ce garçon et plusieurs informations ont piqué ma curiosité à un point que vous ne pouvez même pas avoir conscience !!
- (Philippe) Oh que si croyez-moi !! Je pense même que ce sont les mêmes pour tout vous dire !!
CHAPITRE 97 (Aix en Provence) (suite)
« Continuation de la conversation entre Maurice et Philippe, dans le cabinet de ce dernier. »
La conversation se poursuit encore durant plus d’une heure entre les deux hommes, chacun se voyant confirmer ou apprenant des choses qui quoique des plus étranges voire même démentes à entendre, les laissent toutefois beaucoup moins ahuris qu’ils ne devraient l’être et ce peut-être à cause de leurs fonctions qui ne les prêtent pas à refuser de croire en des faits semblant avérés, surtout sans en avoir suivi tous les aspects en y amenant des preuves irréfutables dans un sens comme dans l’autre.
Maurice apprend alors que tous les rapports de guérisons extraordinaires auxquels il a été confronté, que ce soit à Paris comme à Orléans auraient en point commun ce garçon prétendant ne plus être dans sa réalité.
- (Maurice) Puis-je emprunter votre téléphone ? Mon portable est resté dans la voiture pour être certain de ne pas être déranger !!
- Mais faites donc je vous en prie !!
- (Maurice) Merci !!
Maurice se dirige donc vers le bureau, regarde son hôte qui lui fait signe d’un geste de s’asseoir afin de faire comme chez lui et pour rester discret, Philippe se dirige vers la salle d’attente pour ne pas entendre cette conversation qui ne le concerne sans doute pas.
- (Maurice) Vous pouvez rester !!…. Allô !!
- ….
- C’est Moi !! Redonne-moi le numéro de téléphone des parents du jeune Ludovic s’il te plait !!
- ….
- C’est bien du même qu'il s'agit, en effet !! Attends !!
Maurice cherche un stylo dans sa poche, pendant que Philippe fait glisser vers lui un bloc de post-it.
- (Maurice) Merci !! Non ce n’est pas à toi, alors je t’écoute ?
- ….
Maurice note les informations qu’il a demandées.
- Je te remercie, ce sera tout !! Ah, oui !! Je ne rentrerai que demain sur Paris si tout va bien, préviens Alain !!
- ….
- Ok !! Salut !!
Il raccroche, regarde Philippe qui lui fait signe que oui de la tête, sourit et compose le numéro qu’il vient juste de noter.
***/***
« Au même moment chez les Lemont. »
Henriette est en plein repassage, elle ne quitte jamais longtemps du regard son petit dernier qu’elle a failli perdre et sa joie peut se lire sur son visage de l'avoir près d'elle en bonne santé, quand la sonnerie du téléphone retentit.
- Ludovic !! Tu peux voir qui c’est ?
- Oui m’man !!
Le gamin repose son bouquin et court vers le téléphone qu’il décroche aussitôt, en demandant avec une petite voix timide.
- Allô !!
- ….
- Il y a ma mère monsieur et aussi mon grand frère, mais il est dans sa chambre !!
- ….
Ludovic regarde sa mère en tendant le combiné vers elle.
- C’est un monsieur qui veut te parler M’man !!
Henriette se serait bien passée d’aller répondre à un inconnu, seulement son éducation fait qu’elle y aille même si ce n’est qu’en soupirant contre les représentants et les trouble-fêtes en général.
- Oui !! Allô !! Désolez mais je n’ai besoin de rien !! Au revoir monsieur !!
Elle va pour raccrocher quand quelque chose la retient, sans doute la voix virile mais aussi autoritaire à l’autre bout du fil qui tente de se faire entendre.
- ….
CHAPITRE 98 (Aix en Provence) (fin)
***/***
« Dans le cabinet du docteur Espinach. »
- (Maurice) Non !! Attendez !! Ne raccrochez pas !!
- ….
- Je ne suis pas un représentant madame, je me présente !! Maurice Désmaré, Directeur de la DST et je voudrais juste vous posez une question au sujet de la guérison rapide, voire miraculeuse de votre fils Ludovic !!
- ….
- Je vous assure que je suis bien ce que je prétends être, si vous préférez je peux aussi vous faire convoquer par le commissariat de police de votre quartier.
- ….
- J’ai juste besoin d’une information qui est capitale pour l’enquête que je mène actuellement.
- ….
- Les trois lettres de la signature du courrier accompagnant le paquet adressé à votre aîné madame, rien de plus et pour le reste je viendrais moi-même me présenter à vous pour que nous en parlions de vive voix avec votre famille.
- ….
- Je me doute bien que vous vous posez un certain nombre de questions et j’y répondrai volontiers si elles ne révèlent pas un secret jugé d’importance capitale par nos services.
- ….
- C’est bien ça, oui !! Rien que les trois lettres de la signature !!
- ….
Philippe qui bien sûr a tout suivi de la conversation, voit bien les yeux de Maurice s’allumer d’intérêts et n’en est pas plus étonné que ça vu que c’est lui qui l’a informé de l’envoi de ce colis.
- (Maurice) Merci bien madame !!
- ….
- Dès que mon emploi du temps me le permettra, je vous le promets !! Je rentre d’Aix en Provence sans doute demain dans la journée et je passerai certainement par chez vous en regagnant Paris.
- ….
- Je ne peux vous en dire plus pour l’instant, mais sachez tout de même que votre cadet a eu une chance que d’aucuns diraient de cocu si vous voulez bien m’excuser du terme !!
- ….
- Entendu !! Je vous confirmerai ça demain matin, au revoir madame !!
Maurice raccroche en soupirant, son regard se reporte alors sur Philippe et le sourire qu’il voit sur ses lèvres lui fait hausser les épaules.
- Je ne doutais pas de vos paroles, juste que je voulais en avoir le cœur net !!
- (Philippe) Serait-il possible que vous ne révéliez pas le nom de famille de Florian à cette famille ?
- Pourquoi donc ?
- Si Florian avait voulu qu’ils le sachent, ne croyez-vous pas qu’il l’aurait écrit en entier plutôt que de ne mettre que ses initiales ?
- Sans doute oui, mais encore une fois pourquoi ??
- Peut-être tout simplement parce que son nom pourrait être associé à son ancienne existence et qu’il n’y tient pas pour la raison simple que ça pourrait lui créer des difficultés au cas où quelqu’un de proche de cette famille en aurait entendu parler, il préfère sans doute se présenter à eux comme il l’a fait pour vous sans le lourd passé qui le suit.
- (Maurice) Ça se tient en effet !! Avez-vous quelque chose de prévu pour ses prochaines heures ?
- Non et même si cela était, je suis beaucoup trop curieux d’assister à cette rencontre qui n’en sera une que pour vous d’ailleurs !!
- (Maurice) Comment ça que pour moi ?
- Parce que dans les souvenirs de Florian vous et votre famille étiez plus que des amis, c’est du moins ce que je me rappelle avoir entendu de sa propre bouche et ne vous étonnez pas de ses réaction en vous voyant, d’autres que vous en ont déjà eu l’occasion et croyez-moi c’est assez …. « Spéciale » comme situation, même si comme pour vous, vous en êtes prévenu à l’avance.
- (Maurice) Nous nageons décidément en pleine science-fiction !!
- Chaque croyance a quelque part un fond de vérité, rappelez-vous bien de mes paroles !!
Maurice se lève en souriant, même si son sourire reste crispé et indique combien toute cette affaire lui semble pour le moins abracadabrante.
- Et bien soit !! Il ne me reste plus qu’à vérifier tout ça in visu !!
- Votre fils sera certainement heureux lui aussi d’avoir un nouveau copain ! Hi ! Hi !
- (Maurice) Mon fils ??
- Vous avez bien un fils qui se prénomme Erwan ??
Philippe voit de suite ce que ces paroles amènent comme tristesse à cet homme qu’il commence à apprécier.
- (Maurice) C’était bien son prénom en effet, mon fils est décédé il y a plus de dix ans suite à un accident de la route.
- Désolé !! Je ne pouvais pas le savoir, Florian en parle comme de tous ses autres amis avec tellement de joie et d’amitié dans la voix que je ne pensais pas que… enfin désolé de vous avoir remis un tel moment en mémoire.
- (Maurice) Vous ne pouviez pas savoir en effet !!
Maurice voit également le regard inquiet de Philippe et croit bon préciser.
- Je ne vous en veux pas vous savez ? Ce n’est pas la peine de faire cette tête-là !!
- (Philippe) Je pensais à « Flo » !! Ça va lui faire un sacré coup d’apprendre ça !!
CHAPITRE 99 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
« Dix-huit heures trente, chez les De Bierne. »
Pendant que les garçons profitent de la terrasse pour discuter entre eux maintenant qu’elle se trouve à l’ombre, Maryse prépare le repas du soir en regardant fréquemment l’horloge de la cuisine et ses lèvres se crispent d’appréhension au fur et à mesure que l’heure avance inexorablement, le moment approchant à grands pas de l’instant de vérité entre son petit-fils et l’arrivée de Chloé accompagnée de sa famille.
C’est surtout au vu des réactions de Marc qu’elle appréhende ce moment, connaissant bien la colère qui ne l’a jamais quitté envers Florian depuis cette sinistre journée.
Michel l’observe depuis un moment déjà, lui aussi tend le dos quand à cette rencontre et reste prostré dans son fauteuil à tenter vainement de lire la première page de son journal quotidien.
Des rires leurs parviennent venant de la terrasse, démontrant s’il le fallait combien le stress qu’ils ressentent n’est pas de mise pour les trois garçons qui ont l’air bien au contraire de s’amuser comme si de rien était.
Le portillon donnant sur la rue émet son grincement caractéristique comme lors de chaque ouverture, des bruits de pas sur le gravier suivit d’un coup de sonnette bref lui noue un instant l’estomac.
- (Michel) Laisse maman !! J’y vais !!
C’est d’un pas traînant qu’il se dirige vers la porte pour l’ouvrir, son cœur s’affolant soudainement du stress qu’il ressent à être mis en présence de ceux qui pourtant sont des amis.
***/***
« A l’intérieur du véhicule de Maurice, en chemin vers chez les De Bierne. »
La radio se coupe au moment de l’appel, Maurice appuie sur la touche main libre du tableau de bord.
- Désmaré !!
- C’est vous patron ?
- Qui veux-tu d’autre ?
- Oui !! Heu !! J’ai une information qui devrait vous intéresser sur le jeune De Bierne patron !!
- Je t’écoute !!
- Ça vient suite aux compléments d’enquêtes que vous nous avez demandés sur ce garçon !!
- Va à l’essentiel tu veux bien ?
- Heu !! Oui patron !! Nous sortons tout juste du lycée où il est toujours inscrit patron, tenez-vous bien sûr ce que nous venons d’apprendre !! C’est assez troublant pour que je vous en fasse part immédiatement patron !!
Maurice jette un œil vers Philippe en souriant et en poussant un bref soupire d’exaspération, celui-ci comprenant pourquoi lui renvoie son sourire en retour.
- Tu veux que je te paie en heure supplémentaire ou tu me dis ce qu’il en est ?
- Comment ?? Ah, oui !! Le garçon a passé son BAC dernièrement et vous ne devinerez jamais les résultats qu’il a obtenus ?
- C’est pour ça que tu vas me le dire !! Enfin si tu te décides un jour !!
- Tenez-vous bien patron !! Vingt-cinq sur vingt !! Vous vous rendez compte patron ??
J’ai fait répéter le gars plusieurs fois en lui demandant comment c’était possible ??
Maurice troublé.
- Qu’est-ce qu’il t’a répondu ??
- Qu’avec les options et les sur-notations c’était le maximum qu’un élève pouvait avoir mais que ça ne c’était encore jamais vu !!
- Et c’est tout ??
- (L’homme) Comment ça c’est tout ??
- Hum !! Débrouille-toi pour avoir une copie du dossier et tu le mets dans les mains de nos spécialistes, je veux que tout y passe tu comprends ? Reprise des notations, étude graphologique et tout le toutim !! Je veux ça sur mon bureau pour demain soir, capitche ??
- Ok patron !! Reçu cinq sur cinq !!
Maurice appuie une nouvelle fois sur le bouton du kit main libre et se tourne ensuite vers Philippe.
- Ne me dites pas que vous vous attendiez à celle-là quand même ?
- (Philippe) J’avoue volontiers que non, quoiqu’en y réfléchissant un tant soit peu j’aurais dû m’y attendre !!
- Comment ça ??
- Parlez-vous des langues étrangères ??
- L’Anglais et je comprends un peu l’allemand, pourquoi cette question ?
- (Philippe) Quand j’ai posé cette question à Florian, vous savez ce qu’il m’a répondu ?
- Comment pourrais-je le savoir ?
- (Philippe) Toutes !!
- Hein ????
- Vous m’avez très bien entendu, il m’a répondu qu’il les connaissait toutes.
- Et bien sûr, vous l’avez cru sur parole ?
- (Philippe) J’ai appelé quelques confrères étrangers qui assistent à des séminaires en France de temps en temps et je leur ai demandé à chacun de discuter dans leurs langues natales avec Florian qui était à côté de moi, savez-vous ce qu’ils m’ont dit ensuite ?
- Bien sûr que non, quoi donc ?
- (Philippe) Que je me moquais d’eux en leur faisant parler avec des compatriotes, j’avoue que j’en suis resté un moment sur le cul ! Hi ! Hi !
Maurice ne peut s’empêcher de rire à son tour.
- Tu sais quoi ?
Philippe est tout d’abord surpris du tutoiement employé, il sourit ensuite amicalement en croisant le regard brillant de son interlocuteur.
- Non, dis-moi ?
Maurice obéit d’abord aux instructions de son GPS et se gare devant une maison de type provençal toute pimpante au jardin magnifiquement fleuri, avant de se tourner cette fois franchement vers Philippe.
- J’ai vraiment envie de faire sa connaissance à votre jeune prodige ! Hi ! Hi !
C’est donc en souriant chacun pour sa propre raison mais qui tourne de toute façon autour de la même personne, qu’ils ouvrent le portillon d’accès au petit jardin et qu’ils franchissent les derniers mètres les menant à la porte principale du pavillon, Philippe appuyant d’un coup bref sur le bouton de sonnette.
CHAPITRE 100 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
La porte s’ouvre et il se retrouve face à Michel, qui le regarde avec un soupir de soulagement tellement visible qu’il en fait sourire Philippe.
- Vous attendiez le percepteur sans doute ??
- (Michel) Ça aurait été le moindre mal !! En fait nous attendons la visite de Chloé et de sa famille, ils ont appris que Florian était chez nous et j’appréhende comme tu dois bien t’en douter ce qu’il va en ressortir !! Mais entre donc !!
Michel ne s’aperçoit qu’à ce moment-là que Philippe n’est pas venu seul, Maurice étant resté en retrait suffisamment discrètement pour observer leur face à face et se faire ainsi une idée plus précise du degré d’intimité entre le vieil homme et le psychiatre.
- Mais tu n’es pas venu seul ?
- (Philippe) En effet !! Voici monsieur Désmaré qui arrive de Paris, il enquête sur cette affaire de meurtre dont nous a parlé Florian et il aimerait avoir sa déposition, ce qui ne devrait pas t’étonner outre mesure.
Michel fixe Maurice dans les yeux avec une lueur de respect que ne manque pas d’apercevoir celui-ci.
- (Michel) Mon petit-fils nous avait prévenu de vos compétences, je ne m’attendais toutefois pas à une visite aussi rapide de votre part. Mais entrez donc !! Nous serons mieux à l’intérieur que sur le pas de la porte.
Maurice ne peut retenir son sourire devant ce vieillard avenant qui il s’en rend compte, lui amène déjà un fort élan de sympathie alors qu’il vient juste de le rencontrer.
- Je constate que ma présence ne vous apporte aucune crainte quand à mes intentions en venant me présenter chez vous ??
- (Michel) Nous vous attendions, ce n’est pas comme si je ne connaissais pas la raison de votre démarche.
Les trois hommes prennent place dans les fauteuils et le canapé du salon, Maryse curieuse sort de sa cuisine, le regard étonné en voyant son visiteur et c’est Philippe qui a le visage tourné vers elle qui le lui présente en souriant.
- C’est Maurice Désmaré !!
- (Maryse) Déjà !! Eh bien, vous êtes plutôt rapide !!
Philippe s’amuse devant l’air surpris de Maurice.
- Je te présente Maryse, la grand-mère de Florian.
- Enchantez madame et pour répondre à votre question, je dirai juste que nous avons pu mettre fin aux exactions d’un criminel de la pire espèce grâce aux renseignements envoyés par votre petit-fils et qu’il est normal pour ne pas dire capital de connaître de quelle façon il en a eu connaissance.
- (Philippe) J’ai déjà donné ce renseignement à monsieur Désmaré vous vous en doutez bien, comme vous vous doutez bien également de sa réaction !!
- (Michel) Je comprends qu’à prime abord ça semble complètement surréaliste, n’est-ce pas ?
- (Maurice) C’est le moins qu’on puisse dire !! N’y aurait eu d’autres preuves sur certaines…particularités que semble avoir développé récemment votre petit fils, je n’en aurais pas cru un mot !!
Michel plonge son regard dans celui de Philippe, visiblement troublé par les paroles de Maurice et celui-ci croit bon de préciser pour ne pas qu’il pense que la révélation vienne de lui.
- Monsieur Désmaré s’est rendu à la Salpetrière et a eu en mains le dossier médical de Florian.
- (Michel) Ah !! Je comprends !! Ça a dû vous perturber plus que de raison, je me trompe ?
- (Maurice) C’est pour comprendre que je suis là ce soir justement, je voulais me faire ma propre idée de tout ceci avant de prendre les décisions qui s’imposent et je dois bien reconnaître qu’à chaque nouvelle information que je reçois, de nouvelles questions encore plus perturbantes se posent à moi.
Philippe croit bon de faire un bref résumé de ce qu’a déjà appris Maurice, Michel tout comme sa femme l’écoutent avec un petit sourire en coin qui démontre bien aux yeux de Maurice qu’ils n’apprennent rien qu’ils ne connaissaient déjà et c’est seulement quand Philippe donne les résultats obtenus par Florian au BAC, que le sourire des deux vieillards devient resplendissant sous la surprise de cette annonce.
Leurs yeux emplis de fiertés d’apprendre la nouvelle démontrent une fois de plus s’il n’en faut, combien l’adoration de ce couple envers leur petit fils est sincère et ce sont des rires venant de l’arrière de la maison qui lui fait tourner la tête dans leurs directions, curieux d’en connaître les auteurs.
Philippe bien sûr n’en est pas dupe, il se lève en faisant signe de le suivre à celui qui déjà est devenu presque un ami et s’approche d’une baie vitrée donnant vue sur la piscine où les deux hommes peuvent voir trois jeunes garçons et un adulte s’en donner à cœur joie en s’éclaboussant, dans l’eau jusqu’à la ceinture.
La joie qu’ils dégagent à s’amuser ensemble fait sourire Maurice qui oublie un instant le pourquoi de sa visite et n’est plus que spectateur des jeux qui se déroulent sous ses yeux, ne voyant bientôt plus qu’un des protagonistes qui s’éclate visiblement en se donnant en spectacle devant ses amis avec une drôlerie tellement communicative qu’elle en atteint Maurice qui ricane à son tour sans même s’en rendre compte.
Philippe tout comme Maryse et Michel sont captivés par cet homme, qui semble à l’évidence s’être fait prendre à son tour aux pitreries de Florian et sursautent en l’entendant s’exclamer d’une voix amusée alors qu’ils n’ont pas suivi sa vision des choses, mais qu’ils n’en doutent pas un instant vient d’une frasque particulièrement burlesque du jeune comique dans ses œuvres.
- Oh le con !! Hi ! Hi !
CHAPITRE 101 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
Maurice en a les yeux qui s’humidifient de larmes devant le spectacle auquel il assiste et ce n’est que l’exclamation qu’il pousse bien involontairement, qui le fait revenir à la réalité des choses.
Il se tourne alors vers ses hôtes en s’essuyant les yeux, l’air un peu gêné quand même
de s’être laissé aller ainsi devant eux et c’est en apercevant leurs sourires de compréhension, qu’il sourit à son tour en reprenant la direction du salon.
- Il est toujours comme ça ?
- (Michel) Depuis son accident, oui !!
- Et avant ça ?
- (Michel) Nous préférons oublier comment il était avant !!
- Je comprends !!
- (Maryse) Vous pensez comprendre !! Seulement vous n’y étiez pas, mes paroles ne sont pas péjoratives mais ce qu’était notre petit fils avant tous ces événements vous feraient dresser les poils des bras si vous l’aviez connu.
- (Maurice) J’ai eu son dossier de police sous les yeux, alors permettez-moi de m’en être fait une idée suffisamment précise.
- (Michel) Il ne reflète que ses actes illégaux envers la société, du moins pour ceux où il s’est fait prendre en flagrant délit !! Mais certainement pas la vie qu’il nous faisait vivre ou plutôt subir au quotidien.
- (Maurice) La transition a dû vous paraître incroyable alors ?
- (Maryse) Nous pensions au début que c’était encore un de ses tours, pour échapper une nouvelle fois au châtiment qu’il méritait suite à ses dernières exactions.
- (Maurice) Alors que maintenant ?
- (Michel) Vous êtes au courant tout comme nous de ce qui a changé en lui, de plus vous venez d’avoir une approche in visu de ce qu’il est devenu et je vous assure qu’il ne se force pas, c’est bien le corps de notre petit fils que vous avez vu mais ce qui est à l’intérieur n’a plus rien à voir avec l’ancien tout en étant toujours notre Florian soyez en assuré.
Maurice se tourne vers Philippe qui n’a pas pris part à la conversation.
- Tu ne dis rien ?
- (Philippe) Je préfère te laisser te faire ton idée par toi-même, de toute façon tout ce que je pourrais dire n’irait que dans le sens des paroles de Michel et Maryse.
Un bruit venant de la rue interrompt alors la conversation, les visiteurs qui s’annoncent ramènent le stress des grands parents et ni Maurice, ni Philippe n’en sont dupes.
- (Maurice) Est-il possible que je puisse ne pas me montrer devant vos visiteurs ? J’aimerai voir comment les choses vont évoluer avant de me dévoiler à eux !!
« Ding ! Dong ! »
Michel lui montre la porte de la cuisine en se levant pour aller ouvrir, Maurice s’éclipse alors en repoussant celle-ci derrière lui une fois à l’intérieur sans toutefois la refermer entièrement afin de pouvoir suivre les prochaines minutes en toute discrétion.
S’il agit ainsi, c’est pour voir comment la rencontre va se réaliser mais surtout de se faire sa propre opinion de ce qui en découlera, étant parfaitement au courant pour en avoir parlé avec Philippe du ressentiment de cette famille entre autres à l’encontre du jeune rouquin.
Michel ouvre la porte et accueille comme il se doit Chloé et ses parents avec un sourire avenant, quoique légèrement forcé quand même.
- Nous vous attendions !!
Il embrasse Chloé.
- Comment vas-tu ma grande ?
- Ça peut aller papi !!
- Tu me dis ça avec une petite mine, j’en comprends bien les raisons mais dis-toi que tout va très vite aller beaucoup mieux après ce soir.
- Si tu le dis papi !!
Michel sert la main à Marc qui a la mâchoire crispée d’une colère sourde prête à éclater à la moindre occasion, Michel bien sûr s’en rend compte et tente en paroles de la désamorcer, du moins suffisamment pour que les choses qui doivent être dites le soient jusqu’au bout.
- Vous connaissez la maison alors entrez !! Je sais ce que tu ressens « Marco », je ne te demande rien d’autre que de laisser Florian s’expliquer et ensuite tu seras seul juge de savoir si tu accepteras ses paroles ou si la colère que je sens en toi restera justifiée.
Marc d’une voix difficilement contrôlée.
- Il est bien là alors ?
- Oui !!
- Je croyais que les médecins ne pouvaient plus rien faire pour lui ?
- C’était exact !!
- Alors je ne comprends plus rien !!
- C’est bien pour cette raison que je vous demande de l’écouter, nous avons nous aussi eu du mal à croire ce que vous allez entendre !! Il vous donnera une preuve irréfutable de sa bonne foi si vous le laisser aller jusqu’au bout de ce qu’il a à vous dire, promettez-moi juste tous les trois de rester calme jusqu’à ce que cette preuve vous soit donnée ?
- (Marc) Je ferais mon possible je te le promets !!
Michel se tourne vers Chloé.
- Et pour toi ma grande ?
- Je ne vois pas bien comment il va s’y prendre pour que ce qu’il a fait lui soit pardonné, mais je l’écouterai, promis papi !
- Je ne te demande rien d’autre ma puce !! Non !! Rien d’autre !!
Anne-Lise voit le regard de son vieil ami se tourner vers elle, la conversation qu’elle a eue avec lui le matin même est encore si présent dans sa mémoire, qu’elle en est encore troublée et c’est donc d’une voix calme qu’elle le devance en répondant à sa question.
- J’ai beaucoup réfléchi à ce que tu m’as dit ce matin et je ne demande qu’à entendre les explications de ton petit fils !!
CHAPITRE 102 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
- (Michel) Laissez-moi quelques minutes alors, le temps que je prévienne Florian que vous êtes là !!
- (Maryse) En attendant qu’est-ce que je vous sers ? C’est l’heure de l’apéro et après ça j’ai fait une paella comme je sais que vous l’aimez tous !!
- (Marc) Tu es donc certaine que nous aurons envie de rester après la…. Confrontation ?
- (Maryse) Mon petit doigt me dit que oui figurez-vous !! L’invitation va aussi pour toi Philippe !!
- (Philippe) C’est avec plaisir que je l’accepte, je ne voudrais surtout pas manquer vos retrouvailles ! Hi ! Hi !
- (Chloé) A vous écouter, c’est comme si nous étions déjà amis ???? Vous avez l’air d’être tellement sûr de vous que je n’en reviens pas !! Vous semblez oublier tout ce qu’il m’a fait ?? Ce n’est pas rien quand même !! Maman nous a raconté ce que papi lui a dit et nous n’y avons rien compris, ou plutôt que c’était tellement délirant que nous ne comprenions pas que vous ayez pu un seul instant croire à cette histoire !!
Philippe se racle la gorge pour leur signifier qu’il va prendre la parole, le ton de Chloé montant dans les aigus ne lui dit rien de bon pour quand Florian va se présenter devant eux.
- Ça ne sert à rien de vous énerver à l’avance mademoiselle, nous comprenons bien toute la rancœur naturelle et compréhensible soit-elle que vous ressentez en ce moment. Rappelez-vous juste votre promesse et excusez-nous si nos paroles ont devancé notre envie de mettre toute cette sombre affaire au passé.
- (Anne-Lise) Et pour le garçon ?? N’oubliez pas que le handicap de ma fille n’est pas grand-chose à côté de ce qui lui est arrivé à lui !!
- (Philippe) Je vous demanderai de ne pas y faire allusion, chaque chose en son temps et si tout se passe comme nous le souhaitons, nous aurons alors l’opportunité d’en reparler avant que Florian ne soit mis au courant.
- (Marc) Mais enfin !! C’est quoi ce délire !! Il y est déjà au courant puisque c’est lui qui a commis cet acte criminel !! Ah !! Je vois !!! C’est encore votre histoire d’amnésie ou de je ne sais trop quoi d’encore plus incroyable !!
***/***
« Pendant ce temps-là, sur la terrasse. »
Michel sourit en voyant Ming s’éclater tel un gamin avec son fils, Antoine et Florian, il s’inquiète quand même sur ce que la rencontre va donner même s’il espère de tout son cœur que ça se terminera au mieux pour tout le monde.
***/***
Je vois mon grand-père arriver vers nous la mine soucieuse et je comprends bien qu’elle peut en être la raison, aussi j’arrête de faire le pitre en faisant signe à Antoine et Yuan, qu’il est temps pour eux d’engager les actions que je leur ai demandées plus tôt dans l’après-midi.
Ils sortent de l’eau en attrapant une serviette au passage pour se sécher et la nouer ensuite autour de leur taille, ils reportent ensuite leurs regards sur moi en attendant un signe de ma part que je leur envoie d’un hochement de tête et Antoine attrape alors la pochette cartonnée pendant que Yuan prend le pot de pommade qui était posé à l’ombre sur la table de la terrasse.
Ils passent rapidement sans rien dire devant mon grand-père pour entrer dans la maison, Ming me regarde gravement en sortant à son tour et c’est avec un soupire de stress que je le rejoins au côté de mon grand-père, me sèche à mon tour en le regardant car j’attends bien sûr la question qu’il ne va pas manquer de me poser.
- (Michel) Chloé et ses parents sont arrivés, ils n’attendent plus que toi et je te préviens que leur humeur n’est pas à la plaisanterie !!
- Je m’en doute un peu tu sais !! C’est pour ça que j’ai déjà envoyé les contre-mesures !!
- Tu parles d’Antoine et Yuan ??
- Exactement papi !! Nous allons encore attendre un petit peu avant d’y aller à notre tour et tu verras que leurs humeurs ne seront déjà plus les mêmes !!
- (Ming) Je confirme !!
- (Michel) Tu pourrais m’expliquer si ce n’est pas trop te demander ??
- Le mieux serait que tu les suives à ton tour pour voir ce qu’il se passe au salon, comme ça tu auras tes réponses mieux que des paroles ! Hi ! Hi !
- (Michel) Comment saurez-vous que ce sera le moment pour vous de venir ?
- T’inquiète papi !! Nous le saurons sans qu’il y ait le moindre doute ! Hi ! Hi !
***/***
« Dans le salon. »
L’arrivée des deux garçons coïncide avec les dernières paroles de Marc, celui-ci s’aperçoit de leur entrée et reste un moment figer en les suivant du regard, les voyant venir vers eux avec le sourire aux lèvres.
Dire ce qu’il ressent à ce moment précis serait une vraie gageure, la surprise bien sûre mais aussi une énorme perplexité car il se rend bien compte qu’aucun des deux garçons ne peut être Florian et ne serait-ce déjà le physique asiatique de l’un d’eux, leurs cheveux en serait une preuve irréfutable.
- A quoi on joue là !!
Antoine ne lui laisse pas le temps d’en rajouter, qu’il est déjà devant Marc à lui tendre ce que Florian lui a confié.
- Tenez, regarder les images contenues dans cette pochette.
Yuan en fait de même pour Chloé en se dirigeant droit sur elle et en lui tendant ce qu’il tient précieusement pour en connaître l’effet foudroyant, pour ne pas dire magique.
Chloé reste un instant subjugué par le physique des deux garçons, mais surtout par la beauté manifeste de celui qui se dirige vers elle en tenant elle ne sait quoi exactement dans sa main mais qui semble important à la façon dont il le lui présente.
- (Yuan) Pouvez-vous appliquer cette pommade sur votre cicatrice mademoiselle ? Il est recommandé de mettre tout le pot en une couche bien épaisse sur toute sa longueur et ensuite laisser agir jusqu’à ce que le produit ait été entièrement absorbé par l’épiderme.
- (Philippe) Il serait bien de montrer votre bonne volonté en faisant ce que ces deux garçons vous demandent !! Quant à vous mademoiselle, n’ayez aucune crainte car je me porte garant de la composition de cette pommade.
- (Chloé) Elle est censée me faire quoi ?
- (Philippe) Du bien de toute évidence, si madame De Bierne veut bien aller avec vous dans la salle de bains pour vous l’appliquer, je pense que vous serez beaucoup plus à l’aise que devant nous ! Hi ! Hi !
- (Chloé) Mais !!!
Marc en suivant cette conversation d’une oreille, a ouvert la pochette et la surprise qu’il éprouve à regarder son contenu le rend de plus en plus fébrile, il jette un œil vers sa fille en prenant un ton pressant.
- Fais ce qu’on te demande ma chérie !! Mon dieu !! Mais c’est incroyable !!
- (Chloé) Quoi donc papa ?
Maryse lui tapote doucement l’épaule.
- Viens avec moi ma grande, tu auras tout le temps ensuite de regarder ces dessins et je pense même que tu les regarderas d’un tout autre œil.
Anne-Lise elle aussi sent son cœur qui palpite devant les pages qu’elle tient en mains après que son mari les lui ait passées.
- Vas-y chérie !! Je crois que ce que nous aurions dû prendre beaucoup plus au sérieux les paroles de Michel !!
CHAPITRE 103 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?)
(Suite)
« Terrasse des De Bierne. »
Assis tous les deux sur un banc, Ming et Florian discutent en attendant le bon moment pour rejoindre les autres dans le salon.
- (Ming) Tu es sûr que ça aura le même effet que pour l’eczéma de Yuan ?
- Bien sûr !! Juste que comme c’est plus profond, il faudra certainement attendre un peu plus longtemps !! Je sais bien que ce n’est pas l’idéal, mais je ne me voyais vraiment pas lui ouvrir la cuisse devant tout le monde ou lui demander d’avaler un verre de salive de but en blanc.
- (Ming) J’imagine la scène ! Hi ! Hi ! Mais j’y pense d’un coup !! Tu ne m’as pas montré ce qu’il y a dans la pochette qu’Antoine a emporté ?
- Juste quelques dessins que j’ai faits spécialement pour cette rencontre.
- (Ming) Des dessins ?? Mais de quoi ??
- De qui devrais-tu plutôt dire !! En fait chaque feuille représente un anniversaire de Chloé comme je me les rappelle, nous étions ses meilleurs amis et chaque année ses parents nous invitaient pour une petite fête à thèmes, j’ai donc retranscrit de mon mieux le moment le plus marquant de chacune de ces journées.
- (Ming) Moment où bien sûr elle n’a pas son handicap ??
- Ça va de soi puisque rien de tout ceci n’était arrivé, mais ce n’est pas le plus important !! Il y a aussi tous nos amis et c’est là où ils se rendront compte des différences entre mes souvenirs et les leurs.
- (Ming) Pourquoi donc ?
- D’après mamie beaucoup ont déménagé après ce drame, Chloé comme ses parents ne les ont donc plus jamais revus depuis leurs dix ou onze ans et mes dessins les montrent comme ils sont avec les années en plus, tu comprends ?
- (Ming) C’est un peu un coup de poker quand même, rien ne dit qu’ils vont croire qu’ils ressemblent maintenant à l’image que tu as faite d’eux !!
- Tu oublies juste que sur chaque dessin il y a également Chloé et même parfois quelques amies ou cousins à elle que je ne suis pas censé avoir connus, alors comment aurais-je pu les dessiner je te le demande ?
- (Ming) Mais enfin Florian !! Ça n’a pas la valeur ni la réalité d’une photo !!
- Je dessine très bien tu sais !
- (Ming) Oui mais quand même !!
Je prends l’autre pochette qui reste quasiment toujours près de moi et lui montre les portraits que j’ai fait de lui et de son fils, je vois bien alors ses yeux s’arrondir de surprise.
- Ne me dis pas que ce n’est pas ressemblant ??
- (Ming) Tu me bluffes là !! Je peux voir les autres ?
- Si tu veux !! Tu reconnaîtras certaines personnes, pour d’autres je ne pense pas car ils viennent de mes souvenirs les plus chers.
Ming tourne les pages une à une subjugué par le réalisme des dessins mais aussi par toute la palette des sentiments qu’ils font ressentir à ceux qui les regardent.
***/***
« Dans le salon. »
Philippe commence à avoir envie de se dégourdir les jambes, le couple visiblement pris dans ses émotions à dévorer et commenter incrédule les images qu’ils ont sous les yeux, le mette dans l’embarras comme s’il se sentait gêner de faire du voyeurisme sentimental.
Il lève les yeux vers l’escalier qui mène à l’étage, le silence qui en émane lui laisse à penser qu’il est encore trop tôt pour que les effets commencent à se faire ressentir et comme la cuisine est occupée par Maurice, il préfère aller voir ce qu’il se passe du côté de Florian qui doit être encore sur la terrasse à attendre le bon moment pour apparaître devant tout le monde.
Yuan et Antoine le suivent des yeux et après un regard entre eux qui en dit long sur ce qu’ils pensent de l’ambiance de la pièce, décident eux aussi de s’éclipser pour retourner faire quelques plongeons en attendant que tout se décante.
Ils surveillent néanmoins leur copain pour ne rien rater sur ces retrouvailles d’avec Chloé et sa famille, afin de le suivre quand il décidera qu’il est enfin temps de faire son apparition dans le salon.
***/***
« Sur la terrasse. »
Ce n’est qu’une fois à l’extérieur que Philippe remarque le garçon et l’adulte sagement installés sur un banc à feuilleter ce qui lui semble être des photos ou des dessins, il s’approche suffisamment pour en avoir le cœur net et tout comme Ming quelques minutes plus tôt, se laisse prendre et n’en revient pas du rendu presque vivant des personnages croqués sur les feuillets cartonnés.
Ce n’est que quand apparaît le visage de Maurice, que Philippe se souvient qu’il n’a pas prévenu Florian qu’il était venu avec lui.
- C’est Maurice Désmaré ? Tu le connaissais donc déjà ? Je sais bien que tu m’as parlé de lui mais …. Enfin, bref !! Passons !! Il est donc très important pour toi ?
- Bien sûr puisque c’était mon protecteur quand j’étais enfant, mais il est devenu aussi mon ami par la suite !!
- Il est venu avec moi tout à l’heure.
- Maurice est ici ??
- (Philippe) Oui !! Il s’est enfermé dans la cuisine pour ne pas troubler Chloé et sa famille qui sinon se demanderaient pourquoi il est là.
- Attends de mieux le connaître et tu verras que s’il a fait ça ce n’est certainement pas pour cette raison, ou tout du moins pas que pour ça !! Je suis certain qu’il est en train de guigner au trou de la serrure pour analyser leurs réactions et se faire une idée à travers eux de tout ce qu’il a appris sur moi depuis ces derniers jours.
Philippe tient toujours l’image représentant Maurice dans sa main, un sourire lui vient alors en pensant que peut être ce pourrait être beaucoup plus simple que prévu pour lui faire prendre conscience que Florian est bien ce qu’il prétend être.
- Tu pourrais nous en refaire un avec toute sa famille, comme dans tes souvenirs ?
- -Bien sûr mais je ne vois pas ce que ça changera, celui-ci est déjà assez évocateur tu ne penses pas ?
- (Philippe) Fais-moi confiance Florian, je ne peux pas t’en dire plus car je ne pense pas que ce soit le bon moment pour toi de gérer trop d’émotions en même temps !!
CHAPITRE 104 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
Je le regarde dans les yeux et sa façon qu’il a de tenter d’éviter les miens, me laisse à penser qu’il me cache quelque chose de suffisamment important pour qu’il ne veuille pas m’en parler, peut être encore un coup de l’ancien Florian qui sait.
- Bon !! D’accord !! Je n’aime pas qu’on me cache les choses et j’espère que si tu le fais, c’est que tu as de bonnes raisons ?
- (Philippe) N’en doute pas !! Tu les connaîtras très vite, c’est juste que je préfère que tu n’en saches rien pour l’instant !!
Je m’installe sans répondre à la table et commence à dessiner en me remettant à l’esprit un des moments les plus heureux que je me rappelle d’eux, en arrière-plan Maurice et sa femme avec devant eux Erwan et Ramirez qui tiennent la petite Coralie entre eux, tous les cinq souriants de joie de ce moment où leur petite famille au grand complet et heureuse d’accueillir leurs amis desquels je faisais partie, pour l’anniversaire de la petite princesse.
Philippe ébahi voit apparaître petit à petit tous ces gens au fur et à mesure qu’ils sont croqués sur la feuille, merveilleusement dépeints avec un réalisme qui lui en donne le frisson car il connaît à l’avance ce que cette image va occasionner comme perturbations émotionnelles à celui qui y reconnaîtra forcement et ce malgré qu’il ait disparu depuis bien avant de pouvoir avoir ce physique d’adulte, son fils Erwan dans toute sa beauté de jeune homme visiblement heureux et amoureux.
Une fois mon dessin terminé, je le tend à Philippe qui me surprend quand je sens que ses mains tremblent lorsqu’il en prend possession.
- Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ?? Si tu me caches quelque chose, dis-le !!
***/***
« Dans la cuisine. »
Maurice est trop loin pour comprendre ce qui perturbe autant le couple assis sur le canapé du salon, tout ce qu’il arrive à voir et à saisir de leur conversation, c’est l’immense stupeur qu’ils manifestent devant ce qui ressemble à des dessins.
Il voit aussi la grand-mère emmener la jeune fille handicapée à l’étage et ensuite le silence se fait, un long moment passe alors où plus rien ne semble vouloir bouger si ce n’est les exclamations de stupeurs de plus en plus fréquentes venant du salon.
Il tend l’oreille intrigué, le silence ambiant lui permettant de suivre un peu mieux ce qu’il se dit et en plus les timbres de voix l’y aidant beaucoup depuis qu’ils se sont rendu compte qu’ils étaient maintenant seuls dans la pièce et qu’ils ont tout naturellement montés le ton de plusieurs octaves tellement l’émotion de ce qu’ils découvrent leur ôtent la retenue qu’ils avaient jusqu’à présent à exprimer trop fort leurs ressentis devant des étrangers.
***/***
« Dans le salon. »
- (Marc) Comment est-ce possible ??
- (Anne-Lise) Ce n’est pas la réalité !! Du moins pas la nôtre !!
Marc montre du doigt un point sur l’image la plus marquante apparemment pour lui et qu’il garde en mains depuis déjà un moment.
- Je suis certain pourtant que ce garçon ne peut être qu’Éric, il ressemble trop au gamin de mes souvenirs !! De plus regarde !! Il y a les fils de ton frère et également nos petites nièces Manon et Amélie, c’est impossible qu’il ait pu les connaître puisqu’elles sont nées bien après qu’il soit parti vivre à Paris !! Et puis il y a encore ce garçon qui tient Chloé par la taille, je ne le connais pas et sa façon de se tenir démontrerait qu’il est parfaitement à l’aise avec nous !!
Anne-Lise tremble d’un coup comme une feuille en tenant une des autres images dans sa main.
- Oh !! Mon dieu !!
- (Marc) Qu’est-ce que tu as ma chérie ??
- (Anne-Lise) C’est Léa !! Tu te rappelles il y a deux ans quand elle est venue voir si Chloé allait mieux !! Ce doit être son frère Mathis à côté d’elle, quel magnifique garçon tu ne trouves pas ?? Quel dommage d’en être arrivé là !! Il est si beau sur ce dessin ? Regarde ses yeux rieurs comme ils sont magnifiques ? Pauvre garçon !! Pourquoi donc a-t-il fait une chose pareille !!
- (Marc) Je commence à me demander si toute cette histoire n’aurait pas un fond de vérité !! C’est impossible sinon de pouvoir reproduire avec autant d’authenticité et de réalisme ce que nous avons sous les yeux !!
***/***
Une exclamation mêlant la surprise la plus totale à la joie la plus pure, se fait entendre alors soudainement, venant de l’étage et très vite suivit de sanglots venant sans doute d’une émotion bien trop forte pour pouvoir être contenue, s’échappant de deux personnes visiblement perturbées au plus haut point par un événement autant inattendu qu’inespéré.
CHAPITRE 105 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
« A l’étage dans la salle de bains, quelques instants plus tôt. »
Maryse attend Chloé qui monte difficilement les marches, aidée de sa canne et l’immense espoir que sa petite Chloé puisse enfin redevenir comme avant, peut se lire comme à livre ouvert sur son visage marqué par l’âge.
Chloé est devenue au fil des ans une belle jeune fille, la gentillesse de chaque instant qu’elle a toujours eue envers eux a fait qu’ils la considèrent comme leur petite fille et Maryse prie de tout son cœur pour qu’enfin elle puisse retrouver une vie normale.
Ce n’est qu’une fois toutes les deux enfermées dans la salle de bains, que Chloé sort le pot d’onguent que lui a donné ce beau garçon qu’elle n’avait encore jamais vu jusqu’à aujourd’hui.
- C’était qui le garçon aux traits asiatiques mamie ?
- (Maryse) Je ne m’attendais pas à cette question, mais plutôt à ce que contient ce que tu tiens en main ! Hi ! Hi ! Mais je dois bien reconnaître que Yuan soit suffisamment beau garçon pour qu’une jeune fille s’y intéresse. Pour répondre à ta curiosité, sache qu’il est le fils de Ming un grand ami de mon fils et accessoirement depuis quelques semaines, redevenu celui de mon petit-fils.
- (Chloé) Redevenu ??
- C’est une longue histoire, je suis certaine qu’il se fera un plaisir de te la raconter. Maintenant occupons-nous plutôt de mettre cette crème en place pour voir ce que ça va donner, je t’avouerai en être aussi curieuse que toi.
- (Chloé) A vous entendre tous, on pourrait penser que c’est la solution miracle qui va me guérir de sept ans de souffrances ??
- Elle a déjà fait plusieurs fois ses preuves tu sais !! Entre autres sur Yuan puisque nous parlions de lui et aussi sur le père d’Antoine, l’autre garçon que tu as tout d’abord pris pour Florian. Mais nous discutons alors que nous ferions mieux de faire comme il nous l’a été demandé, enlève ton pantalon et donne-moi ta jambe que j’y applique cette pommade.
Ce n’est qu’une fois le pot entièrement vide et qu’une épaisse couche de produit recouvre l’horrible cicatrice qui enlaidit la cuisse de Chloé sur plus de la moitié de sa longueur, que la conversation reprend quand Maryse l’interroge sur ce qu’elle ressent.
- Tu sens quelque chose ?
- (Chloé) Au début c’était froid et maintenant ça me chauffe un peu mais ce n’est pas désagréable !!
- Yuan a dit qu’il fallait que le produit soit entièrement absorbé, il faut donc attendre le temps nécessaire pour qu’il fasse son effet.
- (Chloé) Tu sais mamie il ne faut pas non plus espérer de miracle encore cette fois ci !! J’ai subi tellement d’opérations depuis…. « L’accident », que j’ai fini par ne plus croire pouvoir retrouver un jour la mobilité de ma jambe et ce n’est très certainement pas une simple pommade qui va y changer quoi que ce soit !!
- Attendons que le produit agisse avant de perdre espoir !! Yuan était atteint d’une maladie génétique transmise depuis plusieurs générations dans sa famille, un eczéma purulent qui lui recouvrait le corps presque entièrement pendant de longues périodes chaque année depuis son plus jeune âge et l’empêchait d’avoir une vie normale, rends-toi compte qu’il restait cloîtrer chez lui les trois quarts du temps. Tu dois bien te douter qu’affligé d’un tel problème, il n’avait pas beaucoup d’amis et regarde-le maintenant !!
Toi-même tu as été conquise tout de suite par sa beauté, ne me dis pas le contraire Hi ! Hi ! J’ai bien vu comment tu le dévisageais !!
- (Chloé) Cette pommade l’a vraiment guéri alors ?
- Bien sûr qu’elle l’a guéri et d’après son père, il n’y a fallu que très peu de temps !! Pour le père d’Antoine c’était encore plus grave, son foie ne fonctionnait quasiment plus et il devait subir très rapidement une greffe pour rester en vie, Florian lui a fait prendre en solution buvable le même composé qu’il a mis dans cette crème.
- (Chloé) Et ensuite ?
- Ensuite ? Et bien plus rien !! Une guérison miraculeuse comme de celles que tu ne crois pas possible et pourtant je te demande de me croire car sa maladie était bien réelle !!
- (Chloé) Ça chatouille maintenant !!
Maryse observe la cuisse de la jeune fille, la couche de pommade s’est déjà réduite de moitié et il lui semble bien que les bords de la cicatrice aient déjà commencé à disparaître, car Maryse croit bien se souvenir qu’elle lui semblait beaucoup plus grande qu’à présent.
Elle préfère ne pas encore en faire la remarque, mais plutôt poursuivre la conversation pour que Chloé pense à autre chose et laisse agir entièrement la salive régénératrice de son petit-fils.
- C’est bon signe en général !!
Chloé hoche la tête pas vraiment convaincue, elle revient néanmoins sur la précédente conversation et c’est d’une voix toujours marquée de scepticisme qu’elle demande.
- Alors ce serait Florian qui les aurait guéris ?
- Qui veux-tu d’autre ma grande ?
- (Chloé) Vous croyez donc à son histoire ?
- J’y ai mis le temps tu dois bien t’en douter, mais oui !! J’y crois !!
- (Chloé) Ah !!! C’est comme croire aux extraterrestres ! Hi ! Hi !
- Il doit bien y avoir une vie ailleurs que sur cette planète ? L’univers est tellement grand !!
- (Chloé) Si je comprends bien, ce serait un autre Florian dans le corps de celui que nous avons connus ? Un Florian avec qui j’étais amie ? C’est quand même difficile à croire, reconnaît-le ?
Maryse hausse les épaules.
- C’est certain que vu sous cet angle avec nos connaissances et nos croyances, l’idée a du mal à faire son chemin mais pourtant depuis que j’y suis confrontée je peux t’assurer que c’est bien de ça qu’il s’agit !!
Maryse en disant ça, regarde à nouveau la cuisse de Chloé et pousse un cri qui fait sursauter la jeune fille en se demandant ce qui lui arrive.
- Mon dieu !!! Ma puce !!! Ta jambe !!! Ta cicatrice !! Elle a disparu, regarde !!
Des larmes de joies coulent sur le visage tout ridé de la brave grand-mère, bientôt suivies par celles de Chloé qui vient juste de constater que plus rien n’apparaît plus sur sa cuisse que sa peau nue à peine plus blanche que le reste de son corps.
CHAPITRE 106 (Paris) (Le SDF)
Le garçon reste recroquevillé derrière les deux énormes poubelles dans cette ruelle suffisamment calme et tranquille, pour qu’il y ait pris l’habitude de venir y passer ses nuits.
Il observe craintif l’entrée de celle-ci et respire un peu mieux de ne plus apercevoir le manteau gris de cet homme qui reste là quasiment chaque nuit depuis plusieurs semaines, semblant le surveiller en attendant il ne sait quel moment propice pour fondre sur lui tel un prédateur.
Il sait bien qu’il ne pourra rester encore bien longtemps comme ça, à errer tel un fugitif dans cette ville grouillante et que l’hiver prochain sans un toit pour s’abriter, sera certainement le dernier qu’il connaîtra si rien ne vient l’aider à s’en sortir.
Pourtant quelque chose le pousse chaque soir à venir se réfugier à cet endroit précis, un rêve ? Une prémonition ? Un sentiment de réconfort ? Il ne saurait bien sûr y répondre consciemment, mais ce qui est sûr c’est qu’une fois dans cette ruelle il se sent apaisé.
Les quelques argents que lui rapporte sa mendicité au carrefour à quelques dizaines de mètres à peine d’ici, lui donnent tout juste de quoi ne pas mourir de faim et de pouvoir une fois par semaine aller au bain douche pour se laver lui et ses seuls vêtements qu’il porte depuis la disparition de ses parents et qu’il s’est retrouvé dans la rue avec la peur au ventre de se faire arrêter et reconduire à la frontière.
Lentement un œil toujours fixé vers l’entrée de la ruelle qui en fait est une impasse ne servant juste qu’à desservir les commerces donnants sur la rue principale, il finit par s’assoupir et comme chaque nuit, il éprouve une nouvelle fois cette étrange sensation.
Celle de revivre en boucle plus ou moins les mêmes événements sans pour autant en retenir le pourquoi et en voir l’intérêt, souriant néanmoins à chacune des occasions quand son rêve lui amène la vision d’un grand blond magnifique mais surtout d’un jeune rouquin au visage tellement expressif qu’il en rit dans son sommeil.
Dans ses rares moments de bonheur, le jeune mendiant se sent revivre et au réveil le lendemain, ça se ressentira sur sa façon d’être et il le sait pour l’avoir plusieurs fois constaté, les gens seront alors plus généreux qu’à l’ordinaire comme cet homme élégant dans sa belle voiture qui ne manque jamais de lui donner une pièce de deux euros à chaque fois qu’il va lui tendre la main.
Il a été tenté plusieurs fois de lui parler, lui demander un conseil pour qu’il puisse avoir une chance de s’en sortir et d’avoir une vie moins rude, plus en phase avec sa jeunesse et son envie de ne plus traîner les rues, mais les mots n’ont jamais voulu sortir de ses lèvres alors qu’il est convaincu que s’il lui parlait….
Antonin se réveille brusquement, la crainte d’être découvert et chassé le fait se lever d’un bond, son corps est douloureux et son ventre vide gargouille pour réclamer sa pitance qui l’aidera à tenir cette journée de plus, il marche jusqu’à l’angle de la rue et fouille dans sa poche pour en sortir les dernières pièces qui lui reste, la somme totale à peine suffisante pour acheter la baguette de pain qui lui sert bien souvent de petit-déjeuner mais également de déjeuner, le dîner dépendant essentiellement de la générosité des gens.
Pourtant quelque chose pousse Antonin ce jour-là plus qu’un autre à ne pas écouter son estomac et à aller directement prendre sa place habituelle sur son carrefour de prédilection, bien lui en prend car c’est au moment où il va tendre la main devant la première personne qui passe devant lui, qu’il aperçoit l’homme généreux dans sa voiture lui faisant signe avec un grand sourire.
Antonin s’avance vers lui en lui rendant son sourire et reste un instant étonné quant au lieu d’ouvrir la vitre pour lui tendre sa pièce, l’homme ouvre au contraire la portière du passager avant en lui demandant d’une voix grave et fortement troublée.
- Monte mon garçon !! Fais-moi confiance !! Je peux t’aider à t’en sortir !!
- (Antonin) Moi monsieur ??
Un franc sourire illumine le visage de l’homme quand il lui répond.
- Qui veux-tu d’autre ? Prends vite ta décision car les gens commencent à se poser des questions et je n’aimerais vraiment pas qu’ils pensent des choses qui ne me viendraient même pas à l’idée.
Antonin est déjà dans la voiture que son cerveau en est encore à se poser la question s’il doit monter ou non et suivre cet homme pour lui presque inconnu, la surprise de son geste est tellement évidente que l’homme s’en aperçoit et s’en retrouve troubler à son tour.
CHAPITRE 107 (Paris) (Le SDF) (suite)
« Retour en arrière à la veille dans la journée. »
Pierre est à l’agence de la DBIFC de Paris pour les derniers préparatifs de sa tournée internationale des agences, qu’il va faire en compagnie de son épouse comme chaque année, quand son téléphone sonne et qu’il décroche en souriant quand il lit le nom de l’appelant sur l’écran.
- Allô chérie ?
- ….
Pierre surpris du ton hystérique de sa femme.
- Calme-toi allons !! Redis-moi ça plus calmement parce que là, je n’ai absolument rien compris !!
- ….
- Oui bien sûr que je vois qui c’est !! Je lui donne même une pièce à chaque fois que je le croise !!
- ….
- De quoi ??? Répète un peu !!!
- ….
- Comment tu sais ça d’abord ?
- ….
- Bien sûr que je me rappelle que tu m’en as parlé, mais je ne pensais pas…. Ça alors !!!! Tu as été le voir ? Tu lui as parlé ? Tu es certaine que c’est le même garçon que sur les dessins de Florian ?
- ….
- Ecoute chérie !! On en discute ce soir, pour l’instant je ne peux pas faire grand-chose car non seulement j’ai du travail, mais il faut aussi que je réfléchisse avant de faire quoi que ce soit pour aider ce gamin.
- ….
- Non !! Surtout pas !! Notre fils a déjà assez de choses à débrouiller sans qu’on en rajoute, nous mettrons quelque chose au point ce soir !!
- ….
- Que veux-tu qu’il lui arrive ? Ça fait déjà plusieurs mois qu’il fait la manche ici, ce n’est plus à une journée près et puis comme je te l’ai déjà dit chérie, il faut me laisser le temps de réfléchir. On ne sort pas comme ça un jeune homme de la rue, je lui dis quoi ? Viens mon garçon, il me semble que tu étais l’ami de mon fils dans une autre vie ?
- ….
- Tu trouves ça drôle en plus ? Bon !! On en discute ce soir, bisous !!
- …
Pierre raccroche, son visage soucieux démontre que ce qu’il vient d’apprendre, le touche particulièrement.
Sans doute parce qu’il ressentait déjà quelque chose pour ce jeune garçon dont la misère mais surtout l’extrême douceur de ses traits et de sa voix, le touchait vraiment et qu’il s’était également plusieurs fois posé la question de ce qu’il pourrait faire pour l’aider sans paraître avoir des vues sur lui comme beaucoup pourraient en avoir en le regardant de plus près.
Pierre sourit de cette pensée, qui ne lui serait certainement jamais venue avant d’avoir eu cette conversation avec son fils sur ses amours entre garçons et soupire en reprenant son travail là où il l’avait interrompu avant l’appel de sa femme.
***/***
« Soirée chez les De Bierne. »
- Tu es certaine alors que c’est bien de ce jeune homme qu’il s’agit ?
- (Hellènes) Puisque je te le dis !! J’ai été suffisamment subjugué par le visage d’ange de ce garçon pour m’en souvenir et quand j’ai aperçu ce mendiant dans la rue, ça m’a immédiatement fait un choc à l’estomac.
- De toute façon ce n’est pas si grave que ça, que ce soit lui ou pas !! J’avais déjà envisagé de lui venir en aide et ton coup de téléphone fera juste que je me décide enfin à le faire !!
- (Hellènes) Je pense pouvoir te montrer quelque chose qui te fera y croire, attends-moi là !!
Hellènes se lève de son fauteuil et va tout droit dans la chambre de son fils pour revenir avec la poubelle où plusieurs feuilles à dessins s’y trouvent en boules et visiblement jetées là par Florian mais également quelques feuilles fripées qu’elle avait déjà dépliées et qu’elle avait laissé sur le bureau pour demander à son fils s’il voulait vraiment les jeter.
- Regarde ce que j’ai trouvé dans la poubelle de « Flo » ??
- (Pierre) Depuis quand tu fais ses poubelles toi ?
- Depuis que j’ai vu ses dessins et que ma curiosité à était plus forte que tout quand je me suis aperçue de quoi elle était remplie !!
- Qu’as-tu donc trouvé ? Une esquisse de ce garçon je présume ?
Hellènes lui tend plusieurs feuilles.
- Si tu appelles ça une esquisse !! Moi j’appelle ça un chef d’œuvre, regarde !!
Pierre a d’abord un sourire ironique en pensant que sa femme, comme toute mère n’est absolument pas objective quand il s’agit de juger des choses crées par un de leur enfant et a alors plus que tendance à en rajouter.
Son sourire toutefois ne tient pas longtemps devant les portraits qu’il a devant les yeux et les cinq garçons qui y sont croqués, il n’en reconnaît pourtant qu’un seul sans avoir souvenir de l’existence des quatre autres sauf bien sûr celui qui semble le plus fragile et dans lequel il reconnaît le jeune SDF sans erreur possible de sa part.
Le fait qu’ils soient cinq avec Yuan et que Florian lui ait révélé avoir eu dans ses souvenirs cinq amants, fait comme un flash dans la tête de Pierre qui comprend soudainement l’importance de ce jeune homme pour son fils.
Ses yeux ne peuvent d’ailleurs pas se détacher des portraits, mais surtout de la beauté resplendissante qui émane de ces visages et il n’est pas plus que ça étonné quand sa femme pointe son doigt sur l’un d’eux en particulier.
- Ce doit être celui-là le fameux Thomas !! Tu verrais le portrait de ce garçon qu’a fait ton fils !! Brrr !! J’en ai encore des frissons rien que d’y penser !!
CHAPITRE 108 (Paris) (Le SDF) (Fin)
« Retour en arrière, le matin avant la rencontre. »
Pierre s’est levé tôt ce matin-là, déjà et c’est la raison principale, parce qu’il n’arrivait pas à trouver le sommeil mais aussi pour être certain de ne pas manquer le garçon et ce même s’il ne se rappelle pas qu’il ait raté une seule journée, du moins pour celles où lui passait par cette route.
Il gare sa voiture en amont du carrefour, juste à quelques dizaines de mètres à peine et attend en écoutant à la radio les informations qui comme à leur habitude ne donnent que des mauvaises nouvelles et que ce soit des combats aux quatre coins du monde ou des accidents plus près de chez nous, il y a décidément toujours quelque chose qui tourne mal dans ce bas monde.
Pierre se dit que pour une fois ils pourraient annoncer quelque chose de joyeux ou au moins de rassurant, mais cette fois encore ce n’est que le lot habituel de chômage, pollution, crise économique, accident et tuerie qui dessert l’actualité du jour.
En parlant de tuerie, Pierre repense aux informations de la veille ou l’arrestation d’un tueur en série a été annoncé sans entrer dans les détails des découvertes macabres qui ont suivi sa capture et se félicite que le courrier de Florian ait été pris au sérieux aussi rapidement car il ne doute pas un instant que ce soit bien de la même personne qu’il s’agit, encore un d’arrêter pense-t-il alors mais ça ne changera pas grand-chose dans ce bas monde manquant de plus en plus d’humanité et de compassion.
Bien sûr cet hiver au moment des grands froids, quelques médias feront leur une de la misère humaine et il se dit que lui ce jour même et surtout sans faire d’effet d’annonce, fera en sorte d’en sortir au moins un de sa triste condition.
C’est à ce moment précis qu’il aperçoit la silhouette frêle et misérable du jeune blondinet sortir d’une petite rue, la démarche lente et hésitante montrant sa faiblesse, mais surtout à quel point de solitude et de misère il en est arrivé.
Pierre voit son regard qui se porte vers la boulangerie, il capte également le geste que le garçon fait à fouiller dans sa poche pour n’en ressortir certainement que quelques maigres centimes, trop peu apparemment pour qu’il les remette en poche et s’avance la main tendue et misérable vers le carrefour, lui faisant nerveusement mettre le contact pour démarrer la voiture et sans plus attendre aller à sa rencontre.
Les pensées de Pierre sont obnubilées par l’état de misère et de détresse physique tout autant que morale qu’il perçoit de ce gamin amaigri, il lui semble même qu’il soit encore plus chétif que lors de la dernière fois qu’il l’a vu et qui ne remonte qu’à quelques semaines.
Il ralentit son véhicule en s’approchant de lui, sourit néanmoins quand le visage angélique du garçon se tourne vers lui et le reconnais en lui adressant à son tour un maigre sourire, montrant la reconnaissance qu’il a par avance de la pièce qu’il va recevoir de lui.
Pierre lit la surprise dans ses yeux quand il ouvre la portière côté passager au lieu de baisser la vitre comme il le fait habituellement et qu’il l’invite à monter dans la voiture pour venir avec lui, il capte son œil craintif qui se demande certainement pourquoi et surtout s’il doit lui faire confiance et le suivre.
Pierre le fait enfin réellement sourire quand il lui parle de ce que risquent de penser les gens de lui s’il attend trop longtemps de prendre sa décision, il lit la même surprise sur son visage qu’Antonin a également ressenti quand il se retrouve assis à côté de cet homme sans réfléchir et surtout en ne s’en rendant compte qu’une fois chose faite.
Pierre voit bien combien il se retrouve troubler de son geste.
- N’aie aucune crainte, mes intentions à ton égard n’ont que pour but de t’aider à t’en sortir !! Moi c’est Pierre et tu vas bientôt connaître mon épouse qui se prénomme Hellènes !!
- Moi c’est…
- (Pierre) Laisse-moi deviner s’il te plait !! J’ai une chance sur trois de tomber bon du premier coup ! Hi ! Hi !
L’air ahuri du garçon lui fait revenir aux choses sérieuses, se rendant bien compte de ce que ses paroles peuvent amener comme questions sur sa bonne santé mentale vis à vis de son jeune passager.
- Ne t’inquiète pas, je ne suis pas fou et tu sauras très vite pourquoi je crois connaître ton prénom !!
- Ce serait étonnant vous savez !! Je ne l’ai pas entendu prononcer depuis bien longtemps !!
***/***
Pierre est dans ses pensées tout en conduisant, il se remémore la conversation avec son fils quand celui-ci lui demandait s’il ne connaissait pas ses « chéris ».
Il a parlé de ceux du sud, Thomas et Éric !! Ensuite il lui a parlé de Yuan et de deux autres garçons !! Un certain Raphaël, mais il semble bien à Pierre que Florian en parlant de lui l’avait mis avec Éric donc dans le sud !! Reste le dernier…. Ah !! Comment c’était déjà !! Antonin !!! Oui c’est bien ce prénom, Pierre s’en rappelle bien maintenant et se tourne un instant vers son passager en lui faisant un léger clin d’œil.
***/***
- Ça va Antonin ??
La tête que fait le garçon n’appelle aucune réponse tellement elle marque l’extrême surprise d’Antonin de s’entendre appeler par son prénom.
Il devient soudainement livide, une main sur la poignée de la porte prêt à s’enfuir.
- Vous êtes de la police ?
- (Pierre) Bien sûr que non !! Pourquoi te mets-tu dans un état pareil ? Tu as quelque chose à te reprocher ?
CHAPITRE 109 (Camping du Pyla)
« Accueil du camping de la dune. »
Jean s’éponge le front, enfin un peu de calme après cette dure journée consacrée comme chaque fin de semaine à placer les nouveaux arrivants sans les laisser trop attendre sous le soleil de plomb de ce samedi particulièrement chaud, voir même caniculaire.
Cette année encore le camping affiche presque complet, aussi les voilà tous en ce tout début d’été, lui et sa famille ainsi que ses employés saisonniers, sur la brèche pour satisfaire au mieux les désidératas de la clientèle cosmopolite qui cherche ses marques dans leur nouvel environnement de vacances.
Heureusement que son fils les a prévenus qu’il arrivait le lendemain pour les aider comme chaque année, laissant pour un temps les séances photos qui lui financent ses études.
Jean est fier de pouvoir mettre à la disposition de la clientèle, les revues où Raphaël apparaît pour promouvoir une des marques qui l’ont retenu pour les représenter.
Son fils il doit bien le reconnaître est devenu un magnifique garçon qui arrête les regards sur lui, l’idée de faire du mannequinat qui au début il doit bien se l’avouer ne lui plaisait pas plus que ça, est devenue une fierté pour lui quand il s’est rendu compte que toutes les photos où il posait restaient décentes et ne montraient que le physique avantageux de son fils, dans des poses subjectives certes mais sans réelles connotations sexuelles, ne l’exposant que pour présenter sur lui les vêtements des différentes marques qui paient pour ses services.
Ne serait-ce la santé précaire d’Anne son épouse, Jean serait très certainement ce que l’on pourrait appeler un homme comblé ; Aussi c’est avec rapidité en pensant justement à sa femme, qu’il ferme le bureau d’accueil pour aller la rejoindre afin de voir si tout va bien pour elle.
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« Bordeaux »
Les derniers flashs de la journée stoppent enfin leurs crépitements incessants et amènent un sourire radieux à Raphaël, au grand dam des deux professionnels de la photo qui ont baissé leurs objectifs juste quelques secondes trop tôt.
- Rhrraaa !!! Pourquoi tu ne souriais pas comme ça tout à l’heure « Raphi » ??
Le jeune rouquin se contente d’un clin d’œil amusé et quitte le plateau de sa démarche féline naturelle qui amène comme bien souvent le tumulte dans les émotions de ceux qui sont présents lors des prises.
Ce n’est que quand il est sorti du studio que les deux hommes se regardent en soupirant quasiment en même temps, ce qui les fait sourire à leur tour.
- Il me dirait oui que je ne dirais pas non !!
- Sûr !! Ce garçon est une vraie bombe sexuelle et il ne s’en rend même pas compte !!
- Tu le crois vraiment ?
- Si je te le dis !!
- Bah !! Peut-être que tu as raison !! C’est quand les prochains shoots pour les boxers Calvin Klein ?
- Fin août début septembre il me semble !! Oh !! Toi je te vois venir avec tes gros sabots, tu n’aurais pas dans l’idée de proposer le contrat à « Raphi » par hasard ?
- Si tu m’en trouves un plus sexy d’ici là, je veux bien y réfléchir sinon sur que c’est pour lui !!
- Encore faudra-t-il qu’il accepte ? Rappelle-toi la pub Éminence, comment il a refusé quand on lui a dit qu’il devrait se mettre juste en slip devant les objectifs !!
- Oui mais c’était il y a deux ans et il était encore novice dans la profession mais surtout beaucoup plus timide, rappelle-toi aussi ?
Le photographe sourit en sentant son sexe se redresser, la vision du jeune Raphaël à ses dix-huit ans venant frapper à leurs portes pour demander s’il n’y aurait pas possibilité pour lui de faire quelques photos contre un peu d’argent pour l’aider à payer ses études, est resté gravé pour toujours dans sa mémoire.
- Nous verrons bien !! De toute façon il n’en fera qu’à sa tête, trop conscient que nos clients le réclame à cor et à cri, tellement que ça en devient gênant pour les autres.
- Normal aussi !! Je trouve qu’il est de plus en plus craquant ce gamin !!
- Sa copine ne doit pas s’ennuyer avec lui c’est sûr ! Hi ! Hi !
- Ou son copain, qui sait !!
- Ne rêve pas ma poule, il ne sera jamais pour nous et tu le sais bien, ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Hi ! Hi !
- Et d’avoir pris le râteau de notre vie ! Hi ! Hi !
- Pourtant tu n’es pas un monstre ni moi non plus, alors il n’y a pas trente-six solutions !! C’est, ou il est hétéro pur et dur, ou il cherche l’introuvable et si c’est de ça qu’il s’agit je le plains de tout mon cœur parce que dans ce cas, il perd les plus belles années de sa vie.
- Tu en as oublié une, c’est qu’il soit déjà amoureux.
- Je ne crois pas, non !!
- Qu’est ce qui te fait dire ça ?
- Crois-moi sur parole !! Le jour où notre « Raphi » sera amoureux, je veux être là pour prendre les photos et ma notoriété sera faite pour longtemps !!
- Si Akira ne nous le souffle pas d’ici là !! Qu’elle connerie de les avoir réunis pour la dernière campagne de pub !! J’ai vu tout de suite à son premier regard qu’il a été captivé par Raphaël et je suis presque certain qu’il lui a déjà fait une proposition !!
- Ce serait déloyal de sa part !! C’est un peu aussi grâce à nous s’il est devenu ce qu’il est !!
- « Business is business » qu’est-ce que tu veux !! Nous aurions fait la même chose en plus !!
CHAPITRE 110 (Aix en Provence) (Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Fin)
L’émotion venant de l’étage est ressenti par tous les habitants de la maison, dans la minute qui suit les choses se précipitent à la vitesse de la poudre et bientôt à part bien sûr Maurice qui ronge son frein pour rester calme et à l’écoute, ils sont tous dans le salon le cœur battant à tout rompre.
Marc et Anne-Lise se tiennent nerveusement par la main et n’ont d’yeux que pour l’escalier où ils entendent des pas hésitants descendre vers eux, ne s’apercevant même pas que deux personnes encore inconnues pour eux sont entrés en courant à la suite des autres.
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« Quelques instants plus tôt, à l’étage. »
Chloé et Maryse pleurent de joies, n’en croyant pas de ce que pourtant leurs yeux leur montrent sans possibilité d’erreur et elles finissent par se retrouver dans les bras l’une de l’autre, poussant des cris qui doivent assurément alerter tout le quartier.
Maryse remarque que la jeune fille par réflexe ne pose pas sa jambe au sol depuis qu’elle est debout, sans doute son cerveau n’y est-il plus habitué et c’est avec sérieux qu’elle lui en fait la remarque, pensant que peut être la guérison miraculeuse n’est que superficielle en ne changeant rien à la douleur ni à l’atrophie de sa jambe.
- Tu as toujours mal ma grande ?
- (Chloé) Je ne sens plus rien mamie !! Juste quelques picotements au début qui semblent disparaître petit à petit !!
- Alors pourquoi ne poses-tu pas ta jambe au sol pour t’appuyer dessus ?
Maryse voit bien l’effort de Chloé pour faire ce qu’elle vient de lui demander, elle remarque surtout l’appréhension d’en ressentir une quelconque douleur et que s’arrête là l’immense joie qu’elle ressent depuis que sa cicatrice a entièrement disparue.
- (Maryse) Aie confiance ma grande !! Essaie de marcher !!
- Ça me fait tout drôle mamie !!
- (Maryse) C’est dans ta tête, il faut le temps que tu te réhabitues à marcher normalement sans ta canne !!
Chloé a son sourire qui se fige quand elle pose enfin son pied au sol et devant les encouragements de Maryse, s’appuie dessus pour faire son premier pas.
Quelques picotements sans plus, voilà ce que ressent Chloé qui du coup prend petit à petit de l’assurance et tourne lentement autour de celle qu’elle a toujours appelée mamie et qui la regarde en riant, les yeux rougis de larmes.
- Tu es guérie ma grande !! Viens avec moi rejoindre tes parents, ils ne vont pas en revenir tu sais ? J’espère qu’ils pardonneront à Florian toutes ces années difficiles que tu as vécues par la faute de l’autre !!
Chloé ne trouve pas les mots pour lui répondre, déjà parce qu’il lui faut le temps de se faire à l’idée de sa guérison et en plus à celle saugrenue qu’ils essaient de faire passer sur la nouvelle raison d’être de leur petit-fils, se contentant de prendre la veille dame par les hanches pour descendre ensemble rejoindre les autres au salon.
Une fois en bas de l’escalier, la jeune fille remarque bien qu’il y a beaucoup de monde dans la pièce mais ne voit seulement que ses parents qui se tiennent debout en se serrant la main et dans un tel état d’émotion comme elle ne les a jamais vus, à la regarder se tenir debout sans sa canne.
Le trouble du moment est encore très fort, trop peut-être pour certains des invités qui larmoient et reniflent eux aussi devant ce qui pour beaucoup tient du miracle.
Chloé voit néanmoins un garçon se détacher des autres et venir vers elle, il la fixe dans les yeux comme s’ils se connaissaient depuis toujours et ça trouble la jeune fille qui sait bien maintenant à qui elle a à faire, seulement il semble si misérable dans son attitude qu’elle ne peut s’empêcher d’en sourire.
Il ressemble à un gamin pris la main dans le sac à faire une grosse bêtise et sa démarche hésitante en rajoute encore davantage dans cette impression, mais ce qui va la rendre muette d’étonnement et lui faire remonter une étrange émotion qu’elle ne se serait pas crue capable de ressentir de nouveau un jour pour lui après ce qu’il lui a fait subir, c’est quand il lui pose la question qui tue d’une voix timide et contrite ne lui donnant qu’une envie, celle de le prendre dans ses bras pour le réconforter.
- Dis Chloé !! Tu veux bien redevenir mon amie ?
CHAPITRE 111 (Salon de Provence)
« Pavillon des Delierre. »
Dans sa chambre fermée à double tours, Éric est allongé nu sur son lit et depuis une bonne dizaine de minutes se caresse doucement le sexe, pour bien ressentir les crispations qui débutent l’annonce de sa jouissance prochaine.
Il fait durer le plaisir car de toute façon il n’a rien d’autre à faire, en plus il vient d’acheter le dernier numéro d’un magazine people où apparaît son mannequin favori en double page.
Depuis maintenant presque deux ans qu’il a découvert ce garçon, il recherche chaque mois ses nouvelles photos ou du moins les recherchait car le buraliste ayant fini par comprendre son manège les lui met maintenant systématiquement de côté en s’amusant toujours autant de la gêne que ce beau jeune homme brun éprouve à chaque fois qu’il va pour les lui prendre des mains.
Éric sait que c’est un mauvais moment à passer mais qu’ensuite il va pouvoir se donner du plaisir en admirant ce magnifique rouquin qu’il voit mûrir avec les années, le rendant de plus en plus accroc de son visage viril et souriant ainsi que de son physique d’apollon, au point d’en être littéralement et c’est peu de le dire, tombé amoureux.
Il y a bien eu quelques articles sur lui, mais qui restent suffisamment discrets sur sa vie privée qu’il ne saurait dire avec exactitude où il habite, seul son prénom et une photo de ses parents lui ont appris quelque chose de concret sur « son » Raphaël.
Son homosexualité il la connaît depuis qu’il est tout petit, tout comme ses préférences pour les garçons roux et ses premiers émois, il les a eus tout jeune en observant avec son amie d’enfance le petit fils de ses voisins.
Il ne pouvait le voir sans que son estomac se noue étrangement et que ses yeux le dévorent, tellement il était mignon déjà à cet âge.
Le souvenir de la dernière fois où il a voulu devenir ami avec lui le fait débander, l’image qui lui revient en mémoire lui ôtant toute envie de continuer à se masturber et une larme d’émotion coule une nouvelle fois sur sa joue comme à chaque fois qu’il y repense.
Pourtant ils s’étaient bien amusés cette après-midi-là, il croyait bien avoir enfin réussi à s’en faire un ami jusqu’au moment où la catastrophe est arrivée et où la terrible comme inattendue facette qu’il a alors découvert de la personnalité du petit rouquin quand il a entendu ces rires devant le spectacle atroce qu’il avait devant les yeux, est resté gravé comme au fer rouge dans son cerveau.
Depuis ce temps-là, Éric n’éprouve plus le besoin d’avoir des amis et préfère de loin rester seul comme aujourd’hui, n’acceptant de parler aux personnes de son âge que quand il ne peut faire autrement au grand désarroi de beaucoup qui souhaiteraient être son ami voir pour certains beaucoup plus.
Éric connaît l’attirance qui émane de lui au quotidien, il n’est pas fou et il voit bien quand il se regarde dans la glace, que lui aussi est devenu un beau garçon qui attire les regards tout comme « son » Raphaël, sauf que lui ne cherche pas à s’étaler sur les pages des magazines.
Maintenant il n’en tient pas rigueur au beau rouquin car toutes les photos qui ont été publiés de lui restent d’une correction exemplaire et rien jamais n’a dévoilé quoi que ce soit d’intime de ce garçon, à son plus grand regret quelque part dans sa tête mais à son plus grand bonheur pour l’estime et surtout « l’amour » qu’il lui porte.
D’y repenser lui fait reprendre ses caresses sur son sexe qui ne demandait pas mieux que de se redresser fièrement et c’est au moment où ses yeux se fixent sur le sourire resplendissant de Raphaël, que son orgasme le surprend par l’intensité du plaisir qu’il y prend une fois de plus en lui laissant échapper un long râle rauque.
- Arrhhh !!!!
***/***
Une voix inquiète résonne dans le couloir.
- Quelque chose qui ne va pas mon chéri ?
- (Éric) Non m’man !! Je me suis juste cogné contre le lit !! Ce n’est rien !!
- Ah !! Tant mieux alors, parce que tu m’as fait peur !!
- Fallait pas m’man !! Ce n’est rien je t’assure !!
Éric malgré tout ne tient pas à prendre plus de risques que ça, il nettoie vite fait le sperme qu’il a expulsé sur son corps avec une rare violence et referme le magazine pour le mettre avec les autres dans le tiroir de son bureau, préférant ensuite se rhabiller pour rejoindre ses parents au salon.
José baisse son journal en observant son fils, il sourit devant la naïveté de sa femme qui a encore une fois pensé que ce qu’elle a entendu était un cri de douleurs et il capte le regard d’Éric qui sous le sourire ironique de son père rougit comme un gamin pris en faute, faisant replonger José dans sa lecture pour ne pas le mettre plus mal à l’aise qu’il ne l’est déjà à comprendre que son père n’est pas dupe du petit plaisir solitaire bien naturel qu’il vient de se prodiguer avec autant de ferveur vocale, plaisir bien compréhensible somme toute pour un garçon célibataire et en pleine jeunesse qui plus est.
CHAPITRE 112 (Paris) (Antonin)
« Conversation en voiture entre Pierre et Antonin. »
- Je suis un fugitif sans papier et je serais mis en prison dans mon pays si on me retrouve !!
- (Pierre) Tu veux bien m’expliquer ça calmement ? Je n’ai pas du tout l’intention de te dénoncer à la police, alors arrête de trembler comme ça s’il te plait !!
Antonin d’une voix hachée par la peur et l’émotion raconte alors son histoire à cet homme auquel finalement il fait confiance, sans savoir quelles en sont les raisons qui l’y poussent.
La chute du mur, l’exode de ses parents qui ont profité de l’occasion pour s’enfuir et leurs errances pendant toutes ses longues années jusqu’à ce que la maladie les atteigne et qu’ils finissent par en perdre la vie, trop effrayés pour demander une aide quelconque.
Pierre écoute son histoire sans l’interrompre, comprenant combien le manque de connaissance des lois de ce pays et la peur d’être reconduit à la frontière, ont pu mettre cette famille dans cette terrible misère.
- Tu es dans la rue depuis combien de temps ?
- Depuis l’âge de huit ou neuf ans monsieur !! Mais tout seul sans mes parents depuis quelques mois seulement qui me paraissent déjà des années et j’ai peur de ne pas passer le prochain hiver !!
- Tu n’as plus rien à craindre, tu es entre de bonnes mains maintenant et nous ne te laisserons plus seul !
- Pourquoi faites-vous ça pour moi ? Je ne suis rien pour vous ?
- Ça ne s’explique pas, depuis que je te vois mendier j’ai ma conscience qui me travaille et ma femme m’a donné le déclic qu’il me manquait ce matin pour venir te chercher !! Tu as quel âge Antonin ?
- Bientôt vingt ans !!
- Sais-tu que tu fais beaucoup plus jeune, je t’aurai donné l’âge de mon fils.
- Vous avez un fils ??
- Oui et il va avoir dix-huit ans dans quelques semaines !!
- Vous pensez qu’il ne dira rien en me voyant ?
Pierre sourit, bien sûr qu’il dira quelque chose mais c’est encore trop tôt pour en dire plus à ce garçon qui est encore bien trop craintif pour connaître ce qui l’attend.
- Et bien nous verrons bien ses réactions !! Pour l’instant ce n’est pas le plus important, tu vas déjà prendre un bon repas ainsi qu’un bon bain et ensuite tu iras dormir, demain nous aurons tout le temps de discuter ensemble et de répondre aux questions que tu dois te poser sur nous et sur ton avenir.
- Vous savez monsieur !! Jusqu’à cette seconde je pensais ne pas en avoir !!
- Comme quoi les meilleures choses peuvent arriver quand on ne s’y attend plus !!
Pierre voit bien l’hésitation soudaine sur le visage d’Antonin.
- Vas-y, parle sans crainte !!
- Je…devrais faire quoi…pour…rester chez vous ?
- Dis-moi plutôt de quoi tu as peur ?
- Il y a déjà eu des gens qui ont voulu m’emmener chez eux, mais je voyais bien dans leurs yeux ce qu’ils voulaient de moi et je…. Ne fais pas ce genre de…choses !!
- Alors rassure toi mon garçon, ce n’est pas dans les habitudes de la maison et ces salopards devraient tous moisir en prison !! J’espère… qu’aucun d’eux ne t’a…. Disons forcé la main ?
- Non bien sûr, mais dernièrement la nuit il y avait toujours le même homme qui restait des heures à me regarder quand je voulais dormir.
- Tu es sûr que c’était après toi qu’il en avait ?
- Qui d’autres puisque j’étais seul à squatter dans cette impasse ?
- Je vois qu’il était grand temps que je me décide à réagir !!! Il était encore là cette nuit ?
- Non !! Je m’en suis d’ailleurs fait la réflexion, je dors toujours d’un œil vous savez même que depuis quelques jours je n’arrivais plus vraiment à trouver le sommeil et je le revois encore avec son long manteau gris, tapi dans l’ombre !! J’en ai encore froid dans le dos, mais comme je ne savais pas où aller ailleurs….
C’est quand Antonin fait mention du manteau que Pierre repense au flash spécial qu’il a entendu hier sur l’arrestation du tueur en série dénoncé par Florian aux services de la DST, son fils lui avait alors parlé de cet homme au manteau gris et c’est maintenant qu’il fait le rapprochement en jetant un regard sur Antonin qui devait très certainement faire partie de ses prochaines victimes.
Il préfère ne rien dire pour ne pas mettre plus en panique le petit blond qu’il n’y est déjà et ce malgré qu’il tente bien de le cacher.
- De toute façon c’est de l’histoire ancienne, n’y pense plus et dis-toi bien que tu n’es pas tombé sur ce genre de personnage, tu me crois au moins ?
Antonin regarde l’homme à la voix si prenante avec un sourire qui au fil des secondes devient resplendissant, quand il comprend enfin que lui aussi se sent bien en sa présence et que toutes ses méfiances n’ont pas lieu d’être.
- Pardon !!
- (Pierre) Mais de quoi ?
- D’avoir pu penser ça de vous !!…. Pardon !!
Pierre lui passe la main dans les cheveux et ne peut laisser échapper une grimace au contact de ceux-ci, aussi c’est d’un ton qui se veut légèrement grondeur qu’il lui dit.
- Ouaih !! Et bien en attendant, tu vas me faire le plaisir de prendre un bon bain dès que nous serons à la maison !!
Antonin sourit sous le faux ton bougon qui lui rappelle comment était son père qui même vivant dans la rue n’acceptait jamais la négligence, tant pour lui que pour sa famille et c’est sans réfléchir qu’il répond d’une phrase venant du cœur mais qui aura un impact très fort dans ses relations futures avec la famille De Bierne.
- Oui, p’pa !!
Pierre sent son cœur faire un bond dans sa poitrine et retient avec peine l’humidité qui commence à lui noyer les yeux, lui qui il n’y a pas si longtemps était malheureux du manque d’amour de son fils unique, se retrouve maintenant avec deux garçons à l’affectif à fleur de peau.
- Pardon monsieur, ça m’a échappé !!
Pierre se tourne vers lui et dévoile de ce fait à Antonin l’émotion qu’il ressent.
- Ce n’est rien…fiston !! Non !! Vraiment rien !!
CHAPITRE 113 (Aix en Provence) (Maurice)
Les Jourdan viennent juste de repartir avec la promesse de revenir rapidement, une fois qu’ils auront pris le temps de faire le point sur tout ce qu’ils viennent d’entendre et de vivre.
Maryse a pourtant insisté pour qu’ils restent dîner, mais ceux-ci ont refusé poliment en arguant du fait qu’il y avait encore trop de colères en eux et qu’ils ne préféraient pas prendre le risque d’avoir des paroles qu’ils pourraient regretter ensuite, seule Chloé leur ayant semblé avoir réellement pardonné à Florian les actes d’un passé où il ne se reconnaît pas.
Philippe se racle la gorge pour montrer qu’il désire prendre la parole, voyant l’air désolé qu’ils ont tous et en particulier Maryse et Michel, devant le départ de leurs amis.
- Il n’y a plus vraiment de colère en eux vous savez !! Il faut juste qu’ils en prennent conscience.
- (Michel) Pourquoi n’ont-ils pas accepté notre invitation à souper alors ?
- Parce qu’il y a encore trop de questions et qu’ils craignent certaines réponses qu’ils ne sont pas prêts encore à écouter ou encore de donner les réponses à celles que nous nous posons nous aussi !!
- (Maryse) Mais enfin que leur faut-il de plus !!! Chloé remarche comme avant et ils ont bien compris aux dessins de Florian, qu’il n’était pas le même que celui qu’ils ont connu !!
- (Philippe) Justement !! Tout le monde n’est pas prêt comme nous l’avons été tous ici présent, à croire qu’une histoire pareille ne soit pas qu’un tissu de mensonges !! Il va leur falloir du temps pour analyser cette soirée et ils finiront par admettre que ce qui y a été dit sonne comme l’exacte vérité.
Philippe repense soudainement qu’il n’est pas venu seul, il se dirige vers la table basse où il avait laissé la feuille cartonnée qu’il a demandé à Florian de dessiner et une fois celle-ci récupéré, il la roule précieusement en la gardant avec lui pour revenir à sa place.
- Peut-être que notre dernier invité voudra-t-il bien sortir enfin de la cuisine !! Depuis le temps qu’il y est, il doit déjà avoir un bon nombre de réponses à ses innombrables questions ! Hi ! Hi !
***/***
« Dans la cuisine. »
Maurice a tout suivi depuis la montée de l’escalier par la jeune fille handicapée jusqu’à son retour sans sa canne, ne semblant plus ressentir aucune gêne dans sa démarche tout comme il a également suivi avec attention toutes les explications qui ont été données par la suite, aussi bien par le jeune Florian lui-même, que part le psychiatre qui l’aidait à trouver les mots pour développer ce qui pour lui reste encore pour beaucoup inexplicable.
Maintenant il doit bien reconnaître étant habitué à juger les hommes de par son métier, que le comportement tout comme la voix du jeune Florian lui amène de quoi réfléchir entre ce qu’il a appris de lui et ce qu’il constate de visu depuis que le jeune rouquin a fait son apparition dans le salon.
Maurice comprend également que le couple ait préféré remettre à plus tard l’invitation à dîner de leur hôtesse, les explications qu’en a données Philippe étant exactement les mêmes qu’il aurait pu donner lui-même devant cet état de fait.
Les dernières paroles se terminant par le rire amusé de ce dernier, le surprennent encore dans ses pensées et Maurice comprend alors que c’est maintenant à lui d’intervenir, il jette un œil sur tout ce petit monde le regard dirigé vers la porte où il se trouve sans sembler s’interroger sur qui peut bien être cette personne que désigne Philippe.
Il n’est donc pas étonné de ne voir aucune expression de curiosité à son égard quand il la franchit, juste quelques expressions tendues pour certaines et souriantes pour d’autres dont justement le jeune rouquin qui s’avance vers lui avec un sourire resplendissant qui surprend Maurice malgré qu’il en ait eu un semblant d’explications avant de venir.
***/***
Je retrouve Maurice tel que dans mes souvenirs, mon sourire ne semble pas le choquer plus que ça et je me dis qu’il a déjà eu le temps de réfléchir à ce que je suis et c’est donc d’un pas décidé que je me dirige vers lui, voyant bien qu’il m’observe attentivement.
- Bonsoir Maurice !!
- Bonsoir jeune homme !!
- Tu as pu arrêter l’homme au manteau gris ?
- Pas plus tard qu’hier et je t’en remercie !! Tu as sauvé un jeune garçon d’une mort certaine, la fosse nous révèle encore ses terribles secrets et nous estimons déjà à plusieurs dizaines, les victimes de ce fou sanguinaire.
- Dans mes souvenirs il a été abattu par tes hommes !!
- Dans cette…réalité…il est actuellement en prison et nous l’interrogeons pour savoir s’il a agi seul.
- C’était le cas dans la mienne !!
- Nous pourrions changer de sujet si tu le veux bien, ce n’est pas une conversation à mener devant toutes ces personnes et je te demanderai de venir à mon bureau pour éclaircir certains…disons…détails !!
- J’aurais peut-être d’autres choses à t’apprendre, qui sait !! Nous étions très amis et nous avons eus certaines conversations sur des enquêtes en cours qui ont été résolues dans mes souvenirs et peut être qu’ici elles sont encore d’actualités.
- Volontiers si comme pour celle-ci tes…souvenirs sont aussi précis !!
- Je sens bien que tu restes sceptique à mes paroles, quelles preuves te faut-il de plus pour me croire ?
- Peut-être en commençant par le début, comment nous nous sommes connus par exemple ?
- La première fois que tu as entendu parler de moi c’était quand j’étais bébé après ma guérison suite à un accident d’avion où ont péri mes parents, mais aussi dans un autre souvenir parce que tu étais ami avec mon père.
- Parce que tu as plusieurs souvenirs différents ???
- (Maryse) Vous discuterez tant que vous voudrez après le dîner !! Ça va finir par coller au fond de la poêle et la paella trop cuite ce n’est pas ce qui s’apprécie le mieux.
Fin du livre 3 tome 1
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