Écrire
La feuille de papier est posée devant moi, comme une évidence.
Je la regarde, intriguée. Est-ce moi qui l'ai mise là?
À côté se trouve un livre que j'ai déjà lu de multiples fois.
Un de ces livres où l'histoire est racontée à travers de belles phrases et de magnifiques mots.
Un de ces livres qui t'accompagne à travers ton enfance, à travers ta vie.
Un de ces livres qui te marque profondément et qui te change petit à petit, par son histoire, ses mots, sa philosophie.
J'ouvre une page, au hasard.
Les mots écrit en noir danse sur le papier blanc, et mes yeux suivent cette danse immédiatement.
Je me sens emportée vers un univers si merveilleux que je l'ai fait mien au fil du temps, et je retiens mon souffle en admirant ce qui m'entoure.
Je tourne la page, l'histoire m'aspire.
On m'appelle, au loin, on m'incite à interrompre ma lecture pour faire quelque chose.
Mais je ne veux pas partir, alors je referme le livre, doucement, je le pose sur la table, lentement,
Et si ses pages ne disent plus rien, dans mes pensées elles parlent encore.
Elles me murmurent la forêt aux bêtes merveilleuses que je traverse d'un pas tranquille,
Ou le pic enneigé que je fuis, avec sur sa pointe de multiples ennemis,
Ou bien le lac habité par de mystérieuses entités que j'essaye de protéger,
Et encore les collines vertes aux douces prairies qu'un voile de brume cache des regards.
Et la journée passe et je pense toujours à ces aventures imaginaires que mes pensées tissent.
Un personnage apparaît avec des contours si nets que je l'intègre aussitôt dans mes péripéties biscornues.
Il m'enchante avec son air rieur, ses vêtements étranges et sa voix profonde, sa silhouette agile et son amour pour la Lune, le ciel et les étoiles.
Je ris avec lui, vis avec lui, parle avec lui tous en grignotant distraitement mon repas du soir.
Mais je suis frustrée, si frustrée, que tous cela ne soit que dans ma tête, que je ne puisse pas développer les histoires qui me viennent le temps d'une pensée avant d'aller mourir comme les vagues sur une plage.
Mon regard glisse sur une feuille blanche, et je fronce les sourcils.
Mes yeux se focalise sur cette petite feuille basique, que je retrouve au quotidien un peu partout, sans jamais y prêter attention.
Je me lève d'un coup, je prends un stylo et m’assois devant la feuille.
Et j'écris.
J'écris les histoires qui se bousculent dans ma tête avec mon écriture maladroite et bariolée, en butant sur des mots et en semant des incohérences.
J'écris le sourire aux lèvres en laisser le stylo me guider.
Et je crois que je n'ai jamais vraiment arrêté.
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