Chapitre 7
La sonnerie marquant le début des cours retentit et le brouhaha des couloirs se vida, les élèves entrant dans leur salle de classe. Talia était stressée, elle avait attaché ses cheveux en une tresse serré, le tout caché sous un bonnet, minimisant ainsi les regards que l’on pouvait porter sur elle, du moins elle l’espérait. Seulement, dans la classe, elle allait devoir retirer son bonnet et cela…. L’ennuyait. Elle entra dans la salle et se faufila dans le fond. Elle n’avait pas reçu tous ses livres pour le moment et sentait qu’elle allait avoir droit à la fameuse « présentation ». Elle espérait juste que la professeure de français ne serait pas trop à cheval sur cette phase. La classe se remplissait, et la jeune femme se fit toute petite derrière sa table. Elle vit un groupe de trois personnes entrer et se diriger directement vers le fond. Elle se mordit la lèvre, espérant qu’on ne lui demanderait pas de bouger. Les jeunes s’installèrent à côté d’elle laissant une place libre, comme souvent dans les groupes. Elle releva la tête, les regardant légèrement du coin de l’œil, reconnaissant Samiael. Elle n’eut pas le temps de se cacher qu’il s’écria soudain,
- Hey ! Talia c’est ça ? dit Samiael en se levant et allant vers elle.
Talia perdit un peu de couleur, hochant la tête,
- Salut… murmura-t-elle intimidée par les regards que lui lançaient les deux autres adolescents qui accompagnaient Samiael, surtout celui du jeune homme. Elle avait l’impression qu’il allait la foudroyer sur place.
- Tu vas bien ? Tu commences aujourd’hui ? la questionna Samiael en souriant.
Talia cligna des yeux, se retenant de se tortiller sur place, elle n’avait pas d’endroits où fuir, elle ne pouvait pas se sauver. Elle répondit d’une voix incertaine,
- O-oui… bafouilla-t-elle.
- Sam ! Tu vois pas que tu l’intimides ? Laisse-la respirer, dit la jeune femme habillé dans un style lolita, Excuse-le, dit-elle à l’adresse de Talia en se penchant pour voir la jeune femme. Il est envahissant mais pas méchant, je suis Samira.
- En… chantée, bafouilla la jeunette, Talia.
- Je leur ai parlé de toi ! dit Samiael.
Mickaël jeta un regard étrange à Samiael. Quelque peu décontenancé avant de sentir Samira lui donner un coup de coude dans les côtés. Il lui jeta un regard et la jeune femme lui murmura de se présenter.
- Mickaël.
Il était trop froid, distant. Il le savait mais… c’était Elle. Elle. La fille de son rêve. Sa Talia. Elle existait, réellement. Elle n’était pas juste le fruit de son imagination et… cerise sur le gâteau, il n’entendait rien de ces pensées. Pourtant il essayait, il voulait savoir ce qu’elle pensait, pourquoi elle semblait aussi mal à l’aise et craintive. Mais elle était silencieuse, aussi silencieuse que la nature lorsqu’il neigeait. Elle détourna le regard, et il cligna des yeux se rendant compte qu’il devait la fixer depuis un moment maintenant. La professeure entra et Samiael retourna s’asseoir. Le cours commença. Bien évidement Talia fut invitée à se présenter, son âge, d’où elle venait, elle eut droit à des regards en tout genre, dédaigneux, curieux, du jugement. Elle les ignora, oui elle était différente et parlait peu. La prof finit par sentir qu’elle ne dirait rien de plus et l’invita à se rasseoir au grand soulagement de la jeune femme. Elle se concentra ensuite dans le cours, un peu désorientée car elle n’avait pas encore le livre demandé, mais tenta de suivre. Puis elle sentit du mouvement à sa gauche et tourna la tête surprise en voyant Mickaël à présent assis à côté d’elle.
- Suis avec moi, tu comprendras mieux, dit-il à mi-voix en glissant le livre entre eux.
- M-merci…, dit-elle en baissant la tête quelques mèches éparses s’échappant de sa coiffure et une légère rougeur de gêne envahissant ses joues.
Mickaël la regarda un instant curieux, à quoi pouvait-elle donc bien penser ? Il reporta son attention sur le cours sans dire un mot. Son attitude pouvait sembler froide, il était toujours ainsi ; froid, distant, bourru lorsqu’il ne savait pas comment agir ou réagir. Pourtant il mourrait d’envie de lui parler, lui poser toutes sortes de questions. Le cours passa assez rapidement. Trop vite presque au goût du jeune homme qui avait observé discrètement sa voisine durant toute l’heure de cours sans réussir à apprendre quoi que ce soit de plus sur la jeune femme. Il connaissait déjà son visage par cœur, il avait rêvé d’elle tellement de fois ! Pourtant son visage avait une douceur et une candeur qu’il n’avait jamais vue en rêve mais surtout… Elle était bien plus mystérieuse en chair et en os et aussi…. Bien plus attirante. La sonnerie retentit et le jeune homme ramassa ses affaires avant de sortir précipitamment.
- Attends ! Commença Talia en voyant qu’il oubliait son livre mais trop tard, l’adolescent aux cheveux d’ébène était déjà parti. Talia regarda le livre avant de se tourner vers les amis de Mickaël, il… a oublié son livre… dit-elle.
- Donne, je vais le lui rendre, dit Samira en levant les yeux au ciel, c’est tout lui ça. Tu arrives à te repérer dans le lycée ? lui demanda-t-elle en la voyant regarder son emploi du temps.
- Je… crois, répondit Talia, tu… saurais où est la salle 106 ?
- Oui, viens, on a tous cours là-bas après, c’est l’anglais c’est ça ?
- Oui… Merci, dit la jeune fille en glissant son emploi du temps dans son sac avant d’emboiter le pas à Samira.
- Qu’est-ce que vous fichiez ? Demanda Samiael.
- Tu étais pas obligée de m’attendre je suis grande tu sais, répliqua Samira. Je suis capable de changer de salle sans avoir un garde du corps, rit-elle.
- Mais bien sûr ! Et après tu m’aurais reproché d’être parti comme une furie ! rit Samiael, ça va Talia ? Tu es pas trop perdue ?
Talia leva la tête, un peu perplexe en entendant leur échange.
- Ca va… On avait pas commencer par la même partie de programme dans mon ancien lycée… mais ça va aller, il faut juste que j’aille acheter les livres…
- On t’a donné la liste ? demanda Samira.
- Je crois…, il faut que je regarde dans le dossier qu’on m’a fourni…
- D’accord, tu me diras au besoin je te passerais les titres qu’il faut lire en priorité cette année.
- Merci… dit la jeune femme en redevenant silencieuse tandis que les deux amis discutaient de tout et rien. Soudain elle tourna la tête et s’arrêta. Elle avait le sentiment d’être observé. Une fille aux cheveux violets foncé les observait, elle lui sourit mais son sourire lui fit froid dans le dos. Il ne montait pas à ses yeux. Elle pressa le pas, rejoignant Samira et Samiael devant elle, avant d’entrée à leur suite dans la salle de classe. Elle s’installa à nouveau en fond de classe, un peu isolée sauf qu’elle ne le resta pas longtemps. La classe se remplissait rapidement et Samira et Samiael s’étaient installés près d’elle. Talia guetta sans se l’avouer l’arrivée de Mickaël mais il ne vint pas, ni le reste de la matinée.
Lorsque la sonnerie annonçant la fin de ses cours pour la matinée retentit, la jeune femme sortit. Elle avait besoin d’air, d’espace. Elle suffoquait à l’intérieur. Elle sortit par l’arrière, cherchant un coin de verdure pour se poser. Elle n’avait pas forcément faim. Elle savait qu’Alban s’inquièterait si elle revenait avec son casse-croute mais… Elle était trop anxieuse pour manger quoi que ce soit. Elle n’aimait pas être au milieu des autres, c’était fatiguant pour elle. Elle regarda ses pieds, inspirant à fond. Elle devait encore supporter l’après-midi. Elle s’allongea dans l’herbe, regardant le ciel. Elle respira de plus en plus profondément. Son bonnet profondément enfoncé sur sa tête, cachait en bonne partie ses cheveux argent. Elle serra son écharpe autour d’elle, regardant les nuages. Le soleil d’automne réchauffait bien l’atmosphère, permettant à la jeune femme de profiter encore un peu de la nature mais l’air se rafraichissait de plus en plus et malgré ses vêtements elle n’avait pas très chaud. Elle sursauta en voyant soudain le visage de Samiael au-dessus d’elle.
- Ah ! Te voilà ! On te cherchait partout !
- Pardon ? dit Talia surprise.
- Bah oui, on a décidé d’être tes guides jusqu’à ce que tu te repères dans le lycée !
- Qui ça on ?
- Bah Samira, Mika et moi !
- Oui, enfin surtout Sam et moi, Mika a encore disparu, rit Samira, mais il t’aidera aussi.
- Mhm…, elle en doutait elle avait surtout l’impression que le jeune homme aux cheveux ébènes ne l’appréciait pas vraiment. Merci… dit-elle mais pourquoi vous me cherchiez ? demanda-t-elle à mi-voix en se redressant alors que les deux jeunes s’asseyait près d’elle.
- Bah pour manger avec toi ! Mais t’es partie super vite à la fin du cours du coup on a pas eu le temps de te proposer ! rit Samiael.
- Oh… dit Talia en clignant des yeux, elle n’avait pas l’habitude de ça.
Samira regarda Talia, un peu surprise de ses réactions,
- Tu manges où à midi ?
- Alban m’a fait un casse-croute. J’ai pas encore de carte de self…
- Alban ? demanda Samiael alors que Samira lui donnait un coup de coude en le regardant sévèrement. Samiael fit un sourire confus, désolé.
- D’accord, tu nous accompagnes ? On va aller s’acheter de quoi manger, dit Samira.
- Vous n’êtes pas obligés… bredouilla la jeune femme.
- Obligés ? répéta bêtement Samiael.
- De manger avec moi… De vouloir me servir de guide, vous n’êtes pas obligés, je peux me débrouiller seule vous savez.
Samiael et Samira s’échangèrent un regard avant que le rouquin n’éclate de rire.
- On se sent pas obligé ! On a envie de faire ta connaissance, allez viens la miss ! rit-il en lui tendant la main pour l’aider à se lever.
Talia cligna des yeux avant qu’un sourire timide n’étire ses lèvres et qu’elle prenne la main que lui tendait Samiael.
La journée se déroula plus ou moins rapidement. Mickaël ne réapparu qu’à la fin de celle-ci, à la sortie des cours.
- T’étais où tête de pioche ? dit Samira sur un ton de reproche.
- Parti faire un tour, répondit assez froidement Mika.
- Ca va mec ? demanda Samiael en regardant Mickaël.
- Ouais, on a fait quoi en cours ?
Talia resta silencieuse, un peu à l’écart, écoutant distraitement la musique de son iPod tout en guettant le bus mais elle ne pouvait s’empêcher de glisser son regard vers Mickaël. Il était revenu.
- Fallait rester si ça t’intéressait, le taquina Samira.
- Je pouvais pas.
- Je me doute, je te filerais les cours ce soir quand je les aurais retapé dac ?
- Merci… Ils ont fait l’appel ?
- Pas aujourd’hui non, tu auras pas à justifier tes absences, dit Samiael.
- Super, dit Mickaël soulagé. Il vit alors Talia et la désigna d’un signe de tête. Et elle ? Ca a été ?
- Va lui demander gros benêt, dit Samira en riant, elle va pas te manger.
- Haha très drôle.
- Pourquoi tu nous pose la question ? Demanda Samira à mi-voix, les deux meilleurs amis de Mickaël savaient pour ses dons, ils avaient leur propres dons eux-aussi, tu avais oublié ça au faite, Talia me la rendue pour toi, ajouta-t-elle en lui rendant son livre.
- Elle est silencieuse… Je peux pas la lire, répondit Mickaël à voix basse, Merci.
- Comme nous ? demanda Samiael un peu surpris.
- Non c’est différent…, vous je peux vous entendre si je le cherche.
- Mhm… Bah t’as plus qu’à aller lui parlé mon ami ! dit Sam en lui donnant une tape sur l’épaule. Fais gaffe tu vas faire un grand pas : te socialiser comme un être humain lambda !
Mickaël leva les yeux au ciel avant de remonter son sac sur son épaule et de s’approcher de Talia.
- Hey, dit-il en arrivant à sa hauteur.
- Salut… murmura Talia en retirant un de ses écouteurs et baissant sa musique.
- Merci pour le bouquin…
- De rien… dit-elle.
- Ça a été ? Tu te fais au lycée ?
- Ça peut aller… Oui, Samira et Samiael m’ont bien aidé… murmura-t-elle.
- Tant mieux, tu verras, ils sont gentils.
- Oui, ils le sont…, elle se tut. Elle parlait peu, vraiment peu. Pourtant cela ne dérangeait pas Mickaël plus que cela. Soudain elle ouvrit la bouche, est-ce que… j’ai fait quelque chose ?
- Comment ça ? demanda Mickaël un peu prit au dépourvu, il s’était perdu dans ses yeux gris.
- Tu es parti comme un fou après le cours de français…
- Ah ! Non, j’avais besoin de prendre l’air… J’ai des soucis perso.
- Oh… je vois, dit Talia en regardant le jeune homme avant de détourner le regard, elle était mal à l’aise. Son cœur battait fort, elle avait la sensation d’étouffer, fort heureusement, le bus arriva et ils montèrent. Elle s’installa à une place près de la fenêtre au fond du bus, les trois autres s’installant près d’elle en discutant. Mickaël prenant les diverses infos des cours d’une oreille distraite. Il regardait Talia, elle était tellement mignonne emmitouflée dans son bonnet et son écharpe. Ils arrivèrent à leur arrêt firent le trajet plus ou moins ensemble. Talia était silencieuse, n’osant se mêler à la conversation. Mickaël ne savait pas vraiment comme l’inviter à rire avec eux, alors il la laissa enfin, presque, il lui jetait régulièrement des regards. Et puis Samira et Samiael partir de leur côté, et Mickaël et Talia d’un autre.
- Tu habites par là aussi ? demanda Mickaël.
- Oui… dit Talia.
- Tu habites où ? Je ne t’avais jamais vue dans le quartier.
- J’en emménager il y a peu… dit-elle.
- Je vois, dit Mickaël en cherchant qui avait récemment emménagé dans le quartier sans réussir à le savoir.
- Bon… je vais te laisser… dit la voix cristalline de Talia. Il leva les yeux,
- Tu vis avec monsieur Alvins ?
- Oui, tu le connais ?
- Oui, c’est mon voisin, et il a été aussi mon prof. J’habite la maison juste là, dit Mickaël en désignant la maison qui jouxtait la sienne.
- Oh… d’accord, répondit Talia se sentant un peu bête, elle vivait depuis quelque temps dans le quartier et n’avait été faire la connaissance de personne. Et bien… à demain… dit-elle un peu mal à l’aise.
- A demain, répondit le jeune homme avant de dire, attends… Est-ce que tu joues du piano ?
- Je… oui, pourquoi ? demanda-t-elle un peu surprise.
Un mince sourire étira les lèvres de Mickaël,
- Tu joues magnifiquement bien, dit l’adolescent avant de rentrer chez lui après lui avoir fait un signe de la main.
Talia le regarda s’éloigner bouche bée, comment pouvait-il savoir ça ? Elle rentra chez elle, se disant qu’il l’avait peut-être entendu un soir alors qu’elle jouait tout en se demandant comme diable cela pouvait être possible.
Elle vit Alban au téléphone et laissa glisser son sac à terre. Elle avait un mauvais pressentiment et la mine soucieuse d’Alban ne la rassurait en rien.
- Alban ? Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle inquiète une fois qu’il eut raccroché.
- C’était l’hôpital…
- Alban…
- Ne panique pas Talia, dit-il en s’approchant de l’adolescente et posant les mains sur ses épaules. Ton oncle a fait une nouvelle tentative de suicide… et il a eu une sorte de crise d’hystérie et s’est blessé à la tête, il est en unité de soin intensif. On ne peut pas le voir pour le moment, mais son état est stabilisé, ses jours ne sont plus en danger pour l’instant.
Il sentait l’adolescente trembler sous ses doigts. Elle avait peur. Peur de perdre la seule famille qu’il lui restait. Il regarda la jeune femme dans les yeux,
- Tout va bien se passer Talia, on s’occupe de lui.
- Je… je veux le voir, bredouilla-t-elle, ses yeux la brûlant, mais elle ne voulait pas pleurer. Il était là, vivant. Il était encore là. Mais pour combien de temps ? Pourquoi avait-il tenté de se suicider encore une fois ? Pourquoi voulait-il l’abandonner à nouveau ? Elle ne comprenait pas.
- On ne peut pas pour l’instant, le médecin m’a dit que cela serait peut-être possible d’ici quarante-huit heure, pour l’instant ils ont besoin d’être sûr que tout va bien pour lui, tu comprends ?
- Oui… dit-elle d’un mince filet de voix, oui… Elle ferma les yeux, inspirant à fond, je… j’ai des devoirs à faire…
- D’accord, ça va aller ?
Elle hocha la tête, elle devait aller bien. Elle ne pouvait pas se permettre de s’effondrer, pas maintenant, elle ne pouvait pas. Elle retira chaussures et vêtements d’extérieurs avant de récupérer son sac et d’aller à l’étage, se réfugiant dans sa chambre. Elle resta de longue seconde à fixer le vide, essayant de refaire le point sur ce qu’il venait de se passer.
Son oncle avait à nouveau attenté à ses jours. Elle avait manqué de le perdre encore une fois. Un souffle tremblant s’échappa de ses poumons. Elle avait envie de crier, de hurler. Pourquoi ? Pourquoi tout cela lui arrivait-il ? Elle avait déjà perdu ses parents, elle n’avait plus que son oncle. Certes, il s’était complètement renfermé depuis quelques années maintenant mais… Il avait toujours été là pour elle. Présence rassurante, qui était toujours à la maison, qui descendait aux heures des repas ou mangeait de temps à autres avec elle. Il n’était pas forcément très présent, mais… Elle n’imaginait pas un monde sans lui. Les dernières années avaient été compliquées mais il était cette présence rassurante qui avait toujours été là, cette personne qui s’était occupée d’elle lorsqu’elle était petite ! Comment continuerait-elle à avancer ? Elle secoua la tête. Ne pas penser. Elle regarda son sac de cours et le récupéra avant de s’installer. Elle se noya dans son travail, jusqu’à ce qu’Alban l’appelle pour diner.
Quelques jours plus tard, ils furent autorisés à aller voir son oncle. Ce dernier était toujours dans un coma suite à son choc à la tête. Ce que les médecins n’expliquaient pas, ils ne comprenaient toujours pas le regain de force qu’avait eu le vieil homme. Elle le regarda par la fenêtre de la chambre avant d’entrer dans la pièce. Elle laissa glisser son sac à terre et s’assit sur la chaise regardant son oncle. Il avait l’air malade… Et si faible. Elle prit sa main, frémissant à son contact. Elle était tellement chaude comparé à la sienne.
- Oh… Tonton…, murmura la jeune fille, ne m’abandonne pas s’il te plait… souffle-t-elle en serrant la main du vieil homme, je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi… réveilles-toi vite s’il te plait, murmura-t-elle serrant la main de son oncle avec la force du désespoir. Elle se sentait bête à lui parler ainsi mais cela lui faisait du bien. Tellement de bien de le voir. Elle espérait qu’il se réveillerait et qu’il reviendrait vite vivre à la maison.
- Mademoiselle Myrdyr ? dit un médecin en entrant dans la chambre.
- Oui ? Bonjour… murmura la jeune fille en lâchant la main de son oncle.
- Votre tuteur est dans le coin ?
- Il est parti se chercher un café, pourquoi ?
- Pour parler de la suite du traitement de votre oncle.
- D’accord… Pouvons-nous… sortir ? demanda-t-elle, plus assurée qu’elle en avait vraiment l’air.
- Oui bien sûr, venez, dit-il, nous allons tout de même attendre votre tuteur, vous n’êtes pas majeur mademoiselle.
- Oui, je sais, mais… pouvez-vous au moins me dire comment il va… ? demanda-t-elle en lui emboitant le pas avant de s’arrêter une fois la porte de la chambre refermé.
- Et bien… Physiquement il se remet, il devrait se réveiller d’ici quelques temps, j’espère, nous ne savons pas vraiment, il a vraiment pris un gros choc…
- Comment cela s’est-il produit ?
- Je préfèrerais attendre votre tuteur…
- Bien…, soupira la jeune femme.
Ils patientèrent quelques minutes avant qu’Alban ne revienne un café et un second gobelet dans les mains.
- Je t’ai pris un thé Talia… Bonjour, dit-il à l’adresse du médecin.
- Merci, dit la jeune fille en prenant le thé et serrant le gobelet entre ses mains.
- Bonjour, vous êtes le tuteur de mademoiselle ?
- Oui.
- Bien, si vous voulez bien me suivre, j’aimerais que nous fassions le point sur l’état de santé de monsieur Myrdyr mais aussi… la suite de son traitement.
Il les invita à entrer dans une salle, avant de leur faire signe de s’asseoir. Il ouvrit son dossier avant de les regarder.
- Alors… Monsieur Myrdyr a eu un épisode psychotique, dans lequel il a tenté de mettre fin à ses jours, il a eu un instant de lucidité où, il a appelé les infirmiers avant de tomber dans un épisode de violence. Il a blessé légèrement les infirmiers en se débattant, avant de se cogner plusieurs fois, violement la tête. Il s’est causé de grave blessure, votre oncle a une force incroyable pour son âge mademoiselle, et d’autant plus au vue de son état, dit-il avant de se reprendre, pardonnez ma rudesse mais… Ce n’est pas toujours facile d’expliquer des faits.
Talia secoua la tête, prenant sur elle. Elle ne reconnaissait pas son oncle dans cet accès de psychose. Etait-ce vraiment cela ? Son oncle si calme ? Et puis cette force ? C’était juste impossible qu’elle ait pu lui être donnée, même avec une poussée d’adrénaline. Pas au point qu’il se blesse à ce point.
- Que préconisez-vous comme traitement à son réveil ? demanda Alban.
- Nous le mettrons sous calmant, mais surtout il devrait absolument être suivi par un psychologue, tant qu’il ne sera pas considéré comme n’étant plus un danger pour lui-même ou les autres, il ne pourra pas sortir.
- Je vois, répondit le tuteur de Talia avant de jeter un coup d’œil à l’adolescente.
- Est-ce qu’il est stable, je veux dire, est-ce qu’il va s’en sortir ? demanda doucement Talia après un moment de silence.
- Et bien… physiquement, comme je vous l’ai dit plus tôt, il est tiré d’affaire, du moins pour le moment. Tant qu’il n’est pas réveillé nous ne pouvons pas nous avancer, mais, vous devez comprendre que votre oncle mademoiselle, n’est pas tout jeune. Nous n’avons effectué que les tests vitaux, mais… Je doute que votre oncle puisse supporter encore longtemps tout cela… Il a besoin d’aide, et ça guérison sera longue.
Talia avala sa salive hochant la tête. Elle comprenait bien, elle espérait de tout cœur ne pas perdre son oncle mais surtout qu’il guérisse qu’il aille mieux.
- Est-ce que j’ai le droit de venir le voir même seule ? demanda la jeune femme.
- Avec une autorisation de votre tuteur oui, vous n’êtes pas majeur…
- Alban… demanda Talia en se tournant vers lui, s’il te plait.
- Je dois lui faire un papier ?
- Vous devez remplir un formulaire… Vous pourrez le récupérer à l’accueil.
- Très bien.
Talia remercia Alban du regard. Le médecin leur parla encore un long moment avant qu’il ne les laisse finalement. Talia repassa finalement voir son oncle quelques minutes avant de rentrer avec Alban. Elle était inquiète, plus qu’elle ne le montrait… Elle mourrait littéralement de peur pour son oncle.
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